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ÉLUS (NOMBRE DES) — ELVIRE (CONCILE D' ;

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M9 r Berteaud d’admirables passages sur les merveilleuses adaptations des manifestations divines à l'état du genre humain. On trouvera les références dans l’ouvrage cité du P. Jean-Baptiste, c. vii. Voir Église, col. 2171-2174.

La seule conclusion à tirer est, qu'étant donné les conditions de moralité souvent déplorables dans lesquelles vivent les païens, il est à craindre que le grand nombre ne soit damné. Quant à admettre un état intermédiaire entre le ciel et l’enfer pour les païens, à cause de l’invincible ignorance où ils sont des choses de la foi, et de l’impossibilité qui résulte pour eux de faire un acte de foi, cela est théologiquement insoutenable. Les limbes pour les adultes sont une hypothèse inadmissible. Voir Revue thomiste, novembre 1905, janvier 1906, article du P. Hugueny, 0. P. L’opuscule paru dans la collection Science et religion, sous le titre : De la prédestination et du sort final des païens, par un professeur de théologie, et qui soutient cette thèse invraisemblable, est en contradiction avec toute la doctrine catholique à ce sujet.

Comme conclusion, au sujet des infidèles, il plaît de citer cette pensée de l’abbé Martinet : « Usant de la liberté que l’Eglise me laisse, j’incline très fort à croire que, par l’abondance des secours intérieurs, la miséricorde divine supplée, pour les infidèles, au défaut des moyens extérieurs du salut. Je n’ignore pas que des théologiens de grand renom se sont montrés fort parcimonieux en matière de grâces, réduisant la part des infidèles à une bien faible portion ; mais je sais aussi que Dieu a placé le trésor de sa grâce, non dans l'écritoiredes théologiens, mais au Cœur de V Agneau immolé par l’amour des l’origine du monde, Apoc, xiii, 8, et dont le sang n’a pas attendu son elfusion réelle au calvaire pour faire éprouver à toutes les générations humaines sa vertu purificative. » La science de la vie, leçon xxvi, dans Œuvres, t. ii, p. 247. Et défait, Dieu est toujours et avant tout le Dieu de la miséricorde et du pardon.

VI. Conclusion.

Notre conclusion sera qu’on ne peut rien conclure au sujet du nombre relatif des élus et des damnés. Théologiquement, on peut préciser quelques points extrêmes au delà desquels la discussion ne semble plus légitime. En deçà, libre à chacun d’opiner comme il lui plait : les raisons ne manquent ni dans un sens, ni dans l’autre ; mais elles ne concluent péremptoirement en faveur d’aucune des deux thèses. La seule conclusion' possible à cet article est une conclusion morale, celle-là même que le P. Jean-Baptiste tire de sa remarquable étude sur le même sujet ; » Or donc, puisque la proidence divine, infiniment sage et bonne, veut bien nous laisser dans le doute et l’imprécision touchant la mystérieuse question du nombre des élus, il nous reste mieux à faire que de passer d’un excès à l’autre. Suivant l’invitation de l’Ecclésiaste, ou plutôt du Saint-Esprit, écoutons tous pareillement la fin de ce discours : Craigne : Dieu et observez ses commandements, car le tout de l’homme, sa destinée, est là, non ailleurs. Eccle., xii, 13. D’autre part cependant, parce que Dieu veut le salut de tous les hommes, quoique pécheurs, nous avons auprès de lui un avocat, Jésus-Christ le Juste, qui est lui-même propitiation pour nos péchés, non seulement pour les noires, mais pour ceux du monde entier, 1 Tim., Il, 4 ; II Pet., iii, 9. Allons donc avec confiance au trône de la grâce, afin d’obtenir miséricorde et de trouver les secours appropriés à nos difficultés. Ileb., IV, 16. » Op. cit.

La question du nombre des élus peut être étudiée utilement dans un petit nombre d’ouvrages qui résument tous les autres et contiennent toutes les références possibles.

Opinion sévère.

F. X. Godts, C. SS. R., De paucitate salvandorum quid ducuerunt suncti ? 3e édit., Bruxelles, 1899 ; dom B. Maréchaux, O. S. B., Du nombre des élus, Paris, 1910 ;

J. Coppin, G. SS. R., La question de l'Évangile : « Seigneur y en aura-t-il peu de sauvés ? » ou Considérations sur l'écrit du R. P. Castelcin, S. J., intitulé : Le rigorisme et la question du nombre des élus, Bruxelles, 1899.

Opinion large.

A. Castelein, S. J., Le rigorisme, le nombre des élus et la doctrine du salut, Paris, 1899.

Critique des opinions.

R. P. Jean-Baptiste du PetitBornand, Simples notes sur la question du nombre des élus, dans les Éludes franciscaines, avril, juin, août et septembre 19(>6 r éditées en une brochure à part, Paris, s. d. ; 2e édit., revue et augmentée, Paris, 1909 ; Ami du clergé, 1906, p. 1061.

A. Michel.

ELVIRE (Concile D'). — I. Importance. IL Tenue. III. Canons.

I. Importance, — Ce n’est pas seulement parce qu’il est le premier en date des conciles de l’Espagne et le plus ancien concile de l'Église dont il reste des canons disciplinaires que le concile d’Elvire offre un puissant intérêt, c’est encore par sa constitution qui permet de se faire une idée de l’extension du christianisme en Espagne à la fin du iiie siècle, par l’objet de ses décisions qui montrent l'état de la société chrétienne à la veille de la dernière persécution, surtout par la sévérité de sa discipline et quel jues-uns de ses canons qui ont soulevé de vives polémiques : à tous ces points de vue, il mérite une attention particulière de la part de l’historien, du canoniste et de l’apologiste.

Intérêt historique.

Jusqu’en 258, l’histoire n’offre que peu de faits avérés et certains sur l’introduction et la diffusion du christianisme en Espagne. A part deux allusions, l’une de Tertullien attestant que la religion chrétienne s’est répandue dans les frontières espagnoles, Adv. Sud, , 7, P. L., t. ii col. 600, l’autre de saint Irénée disant que la foi est confessée et se transmet intacte en Espagne, Cont. hmr., I, x, 2, P. G., t. VII, col. 553, le premier épisode historique nous révèle l’existence d’au moins cinq évêchés, lors de la persécution de Dèce, ceux de Lion et de Mériila, dont les titulaires, Basilide et Martial, ayant été libellatiques, sont dénoncés à saint Cyprien par Félix, évêque de Saragosse, qui envoie deux de ses collègues, Félix et Sabinus, pour obtenir leur déposition. Ces évêchés ne devaient pas être les seuls, car, à sept ou huit ans de là, sous la persécution de Valérien, l’importante cité de Tarragone eut son évêque, saint Fructueux, condamné à mort. Leur nombre dut s’accroître encore pendant les trente années de paix qui suivirent, sans qu’on puisse préciser dans quelle mesure. Toujours est-il qu’il dépassait la vingtaine à la fin du iiie siècle, puisque 19 évêques assistèrent au concile d’Elvire, non compris celui de Tarragone ni ceux d’autres villes qui pouvaient posséder un siège épiscopal.

Ce qu’il faut remarquer, c’est que, des six provinces constituant le diocèse d’Espagne d’après la division introduite par Oioclétien, une seule, celle de la Maurétanie Tingitane, n’envoya pas d'évêque, ou parce qu’elle n’en possédait pas, ou parce qu’elle ne fut pas convoquée, ou parce que le détroit qui la séparait de l’Espagne continentale rendait le voyage difficile ou peu sur. Quant aux cinq autres, la Carthaginoise, la Bétique, la Lusitanie, la Tarraconaise et la Galice, elles sont toutes représentées, bonne preuve qu'à cette date le christianisme, de plus en plus en progrès, avait pénétré partout. D’autre part, la teneur des canons permet de conclure que les chrétiens étaient fort nombreux sans toutefois former la majorité de la population, attendu qu’ils avaient, en dehors des villes épiscopales, des centres de réunion sous la direction de simples prêtres et même de diacres.

Quant à la question de savoir comment ces sièges épiscopaux étaient reliés entre eux hiérarchiquement, elle est d’une solution fort délicate. Car, à Elvire, ce n’est point de métropolitain qu’il est fait mention, mais simplement de prima cathedra, can. 58. Or