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ÉLUS (NOMBRE DES)

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Dictionnaire de théologie, art. Élu ; l’auteur des Tesori di confidenza in Dio ; le cardinal Gousset, Justification de la théologie morale du B. Alphonse de Liguori, Besançon, 1832, note de la p. 231, reproduite par le cardinal Deschamps, Libre examen de la vérité de la foi, Paris, 1857 ; Perrone, De Deo creatore, part. III, c. vi, a. 3, prop. I ; Guillois, Explication du catéchisme, part. I, leç. XXXI, $’3 ; Sala, O. S. I ! ., Kxplicacion de cuarenla y cinco textos sagrados que mal entendidos podrian inducir nos a desconfiar de la Salvacion, Barcelone, 1885 ; Mfl r lîesson, L’Eglise, œuvre de V Homme-Dieu, conf. m ; Lâchât, en note de la Somme théologique de saint Thomas, I », q. xxiii, a. 7, ad 3’"". D’autres enfin, tout en admettant la théorie du petit nombre des élus par rapport au genre humain tout entier, se refusent à l’accepter pour les catholiques en particulier. Le premier et le plus considérable de tous est Suarez, Dr prxdestinatione, I. VI, c. ni ; on cite également saint François de Sales (au témoignage de M" Camus, Esprit du IL Fr. de Sales, part. III, sect. x) ; François Carthagène, De prxdestinatione angelorum et hominum, dise. X, Rome, 1581, p. 348. Alcazar, cité par Corneille de la Pierre, In Apoc, xxi’16 ; Ruiz, cité par Gonet, op. cit. ; Sylvestre, Granado’Trigosus, Alarcon, Martinon, Pallavicini, Marin. Ramirez, cités par Lossada, Censura operum Fr. Joseph a S. Benedicto (la théologie du P. Marin, S..)., fut mise à Vlndex par décrets de 5 juillet et du 9 novembre 1728) ; François du Christ, In IV Sent., 1. I. dist. XLI, q. unica, concl. 32 ; Gibbon de Burgos, De prédestinatione, disp. V, dub. n ; Drexelius, Zodiaci coronis, etc., Munich, 1628, p. 144, col. 2, nola a ; Steyært, cité par Verschuren, Via arda cxli asserla, etc., Liège, 1706 ; Siuri, De novissimis, tr. XXXIII, c. iv, n. 78 ; Ferrari, In Apoc, c. iiv 9 ; Viva, Lipsin (allégués par Faber, Progrès de l’âme, c. xxi ; Le créateur et la créature, 1. III, c. n) ; Genér, Theol. dogm. schol., t.*n, part. I, tr. II, 1. III, c. iii, S 3 ; Hurter, op. cit. ; Migne, Bevision des démonstrations évangé ligues, sect. ii § 3, t. xviii, col. 999 ; Faber, op. cit. ; Paquet, De Deo uno etlrino, disp. VI, q. ii a. 5, et d’autres contemporains.

Parmi les interprètes de la sainte Ecriture, favorables au petit nombre des élus, ce sont surtout les anciens qui adoptent sans restriction la formule rigide. L’exégèse des textes de saint Matthieu et de saint Luc a suivi le mouvement de la théologie, et, de nos jours, nombre d’exégètes adoptent des interprétations différentes des anciennes et infirment par là les raisons scripturaires de la thèse du petit nombre. Voir Dictionnaire de la Bible, de M. Vigouroux, art. Elu. Matth., xxii, 14, ou xx, 16, est interprété dans le sens du petit nombre par Nicolas de Lire, Tostat, Salmeron, Stapleton, Barradas, Luc de Bruges, Tirin, Ménochius, de Ligny, Allioli ; Luc, xiii, 23, et Matth., iiv 13, reçoivent un sens analogue chez Jansénius de Gand, Jansénius d’Ypres, Talon, Histoire sainte du Xouveau Testament, t. i, c. lu ; Bernardin de Picquigny, dom Calmet, Fillion, Coleridge, Ceulemans, Klofular. Corneille de la Pierre, In Num., xiv, 30, défend la même thèse. Beelen, Van Steenkiste, Knabenbauer sont moins aflirmatifs, comme on peut s’en rendre compte en recourant à leurs commentaires.

Pour être complel, il faudrait encore citer les orateurs sacrés qui ont tranché la question du nombre des élus dans le sens rigide : nous avons déjà vu les saints dont l’Eglise n’a pas désapprouvé la doctrine, puisqu’elle leur a décerné les honneurs de la canonisation. Parmi les autres, qu’il suffise de rappeler les noms de Bourdaloue, Pensées sur le salut ; Bossuet, Méditations sur l’évangile, dernière semaine du Sauveur, 34e jour, et surtout Massillon, dont tout h ; monde connaît le célèbre sermon. Mais Massillon n’est pas une autorité’ : l’exagération de son raisonnement est

évidente ; pour aller au ciel, il va un autre chemin que celui de la sainteté héroïque ou de la pénitence extraordinaire ; il y a l’état de grâce conservé ou retrouvé par le sacrement de pénitence.

En face de toutes ces autorités, s’il s’agit du nombre des élus parmi tout le genre humain, il n’y a guère de noms à opposer. Gravina fut le premier à soutenir l’opinion du plus grand nombre absolu : il fut condamné ; au xixe siècle, on ne peut guère citer que les noms du P. Melguizo, de l’abbé Le Noir, op. cit., du P. Castelein, op. cit., de M" 1 Bougaud, Le christianisme et les temps présents, t. V, etdeM.Mauran, op. cit. On ne peut nier cependant que le P. Lacordaire et le P. Monsabré, sans l’affirmer nettement, ne la désapprouvent point, et l’autorité incontestable de l’Ami du clergé, en matière théologique, lui donne une sérieuse probabilité. Cf. Ami du clergé, 1906, p. 1060.

Néanmoins la longue liste des Pères, docteurs, théologiens, exégèles et orateurs, partisans de la théorie du petit nombre des élus ; l’apparition relativement récente dans le domaine des opinions théologiques, de la thèse opposée, laissent subsister un doute : la tradition serait-elle vraiment en faveur de l’opinion rigide’?

Certains auteurs, parmi lesquels le P. Jean-Baptiste, Etudes franciscaines, loc. cit., pensent qu’il ne serait pas impossible d’obtenir, en compulsant la patrologie, de nombreux textes en faveur de l’opinion large. Le travail n’est pas fait, et tant qu’il ne sera pas fait, les adversaires auront le droit de se réclamer du consentement unanime des Pères, et pourront contester cette affirmation de Bergier, Traité de la vraie religion, t. x, p. 356 : « Les compilateurs qui voulaient le petit nombre des fidèles sauvés ont cité soigneusement les textes qui semblent favoriser leur opinion ; mais ils ont laissé de côté ceux qui y sont contraires. »

L’Ami du clergé, loc. cit., nie purement et simplement que l’opinion, même unanime des Pères, constitue, dans le cas présent, une « tradition a catholique. Jamais, en ell’et, les Pères n’ont considéré la vérité en question comme une vérité enseignée par l’Église, c’est-à-dire comme une vérité révélée ou se rattachant à la révélation. On objecte (dom Maréchaux, op. cit.. qu’ « on ne saurait dire que la question du nombre des élus soit étrangère à la foi et aux mœurs. L’avertissement de Notre-Seigneur : « Ellbrcez-vous d’entrer par « la porte étroite, » a un incontestable retentissement sur toute la direction de la vie humaine. » Il y a ici une confusion évidente. Toute théorie qui a une répercussion directe ou indirecte en la conduite des fidèles n’appartient pas pour cela aux vérités « de la foi et des mœurs », telles qu’on les entend dans le langage tin illogique. Il faut que ce soit une vérité’révélée ou connexe à la révélation, et enseignée comme telle par le magistère de l’Eglise, dont le consentement unanime des Pères est une expression authentique. Or, que ce soit là le cas de la théorie du petit nombre des élus, c’est tWs contestable, c’est môme, on peut l’affirmer, absolument faux. Jamais les Pères n’ont parlé en ce sens, et leur opinion, toute respectable qu’elle est, reste toujours une simple opinion. Saint Cyrille d’Alexandrie écarte même expressément du sens du texte sacré l’affirmation du petit nombre des élus : Xou viilctur autem Dominas satisfacere quxrenli utrum pauci sunt qui salvantur, dum déclarât viam per quam quisque potesl /ieri justus. Scd dicendum quod mos erat Salvatoris non respondere inlerrogantibus secundum qtwd ris videbatur, quoties inulilia queerebant, scd respiciendo quod utile audientibiis foret. Quid autem commodi proveniret audientibus scire an multi sint qui salvantur, an pauci ? Neccssarius magis erat scire modum quo aliquis pervenit ad salutem. D’après la C.atena aurea de S. Thomas, sur