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op. cit., p. 100. Les témoignages invoqués sont les suivants : vision de Moïse, Exod., xxxiii, 18 sq. ; XXX.IV, 6, 7 ; vision d’Elie, III Reg., xix, 11, où Dieu passe dans un souflle doux et léger ; Ezech., XVIII, 2-22 ; Ps. lxxxviii, 1 ; CLXIV, t : xxxv ; en, qui exaltent la bonté et la miséricorde de Dieu ; Is., liv ; Sap., XI, XII ; Matth., xvni, 1 1 ; Luc., xix, 10 : Venit… salvuni facere quod perierat ; .Matth., XVIII, 12, 13 ; Luc, xv, 4, 6, 1 1-32, où est proclamée la joie causée par le retour du pécheur et de l’enfant prodigue ; Joa., vni, 4, où nous lisons l’épisode si significatif de la femme adultère ; Matth., xviii, 21, 22 ; Luc, xvii, 4, 5, le pardon seplante fois sept fois répété ; Act., x, 31 ; Rom., H, 1 1 ; x, 12, 13 ; Col., iii, 1 1 ; Gal., iii, 28, où la volonté salvilique universelle est proclamée ; Rom., ix, 16 ; v, 5-10 ; Vin, 31-39, où l’amour de Dieu pour nous éclate dans le mystère de noire prédestination, mystère de bonté et de miséricorde avant tout.

2. La cause méritoire — I Tim., ii 6 : Qui dédit redemplionem semetipsum pro omnibus ; II Cor., v, 14, 15 : Unus pro omnibus mortuus est…, pro omnibus mortuus est Clirislus ; I Joa., ii 2 : Ipse est propitiatio pro peccatis : non pro noslris autem tantum, sed etiam pro totius mundi ; Rom., VIII, 32 : Pro nobis omnibus tradidil illum. Rapprocher de ces textes les expressions si fortes de l’apôtre, Heb., ii 17 ; iv, 15, et la prophétie d’Isaïe, lui, 2-6.

3. La cause efficiente, la grâce, donnée par Dieu, méritée par Jésus-Christ, ne restera pas ineflicace, car la récompense de ces efforts du Christ, en vue de notre salut, ne peut être illusoire. Dans le ps. xxi, le triomphe du sacrifice et de la prière de Jésus-Christ sur sa croix est célébré comme un triomphe de rédemption et de conversion universelles. Rapprocher de cette prophétie, Ps. xliv, xlxi, lxxi ; Is., xi, 4-13 ; xlix, 22-23 ; iil 7-9 ; lui, 10-12 : lx, 1-2 ; lxi, 1-11 ; Dan., iiv 14-27 ; Ezech., xx, 32-44. D’ailleurs, le sacerdoce de prière, fécondé de la vertu du sacrilice, est souverainement efficace en Notre-Seigneur : Exaudilus est pro sua reverentia, dit saint Paul, Heb., v, 7, et Jésus-Christ ne proclame-t-il pas lui-même : Omni a traham ad me ? Joa., xii, 32.

Le péché originel a pu affaiblir la nature humaine, mais il ne saurait empêcher l’œuvre de la grâce dans nos âmes ; il ne peut ni arrêter la volonté divine, volonté toute pleine de miséricorde et d’amour, ni empêcher le sang et les mérites de Jésus-Christ d’avoir leur action sanctifiante sur l’humanité. Le Christ, nouvel Adam, a réparé la faute du vieil Adam, et le don de la grâce, retrouvé par le Christ, l’a emporté sur la faute. Cf. Rom., v, 15. L’argumentation de saint Paul, relative â cette réparation du genre humain déchu tout entier, fait conclure aux partisans du grand nombre des élus que la condition d’innocence et de justice originelles n’est point préférable à l’état de réparation pour opérer notre salut, lit ils insistent sur des textes tels que celui-ci : Dieu a laissé toute l’humanité tomber dans l’abîme du mal, pour montrer sa miséricorde vis-à-vis de tous.

Cette conclusion est consolante pour nous, puisqu’elle fortifie notre espérance ; mais logiquement est-elle en faveur de la thèse du plus grand nombre des élus ?

C’est ce que nient les adversaires de cette opinion ; et facile est leur réponse à tous ces textes où les écrivains sacrés exaltent la bonté, la miséricorde de Dieu, l’universalité et l’efficacité de la rédemption. Tout d’abord, ils font remarquer l’omission des textes où éclatent la justice et la sévérité, cf. Sap., ix, 6 ; x, 3 ; XII, 17, 22, 26, 27 ; l’exagération des auteurs donnant une portée universelle à ce qui s’applique â une situalion bien déterminée (vision de Moïse), etc. Mais surtout ils n’ont garde d’oublier la célèbre distinction scolastique qui, en deux mots, réduit à néant l’argumentation ci-dessus. Redemptio Christi est universalis quoad

SVFFICIENTIAW, non autem quoad BFFICACIAM. Et l’Ecriture sainte ne peut rien nous apprendre du nombre de ceux pour qui la rédemption sera vraiment efficace, tout comme elle nous laisse ignorer le nombre de ceux qui bénéficient de la volonté salvifique conséquenle de Dieu. Cf. Coppin, La question de l Évangile : Seigneur, y en aura-t-il peu de sauvés ? Bruxelles, 1899.

D’ailleurs, en réduisant à la stricte logique du raisonnement les arguments des partisans du grand nombre des élus, il faudrait conclure au salut de tous les hommes. Or, l’espérance du salut universel est une thèse condamnée par l’Eglise. Syllabus, prop. 16, Denzinger-Bannwart, Enchiridion, n. 1716. C’est le cas d’appliquer l’adage : qui nimis probat, nihil prabat. Néanmoins, on ne peut nier que ces textes de la sainte Ecriture, relatifs aux bienfaits de la rédemption, aient une grande force et donnent une sérieuse probabilité à l’opinion large.

En dehors de cette simple prohabililé, on ne peut rien trouver dans la sainte Écriture qui favorise la thèse du grand nombre des élus ; la thèse du petit nombre de son côté trouve un fondement sérieux dans le parallèle fait par Notre-Seigneur entre la voie étroite et la voie large. Luc, xiii, 23, 24 ; Matth., iiv 13. Mais c’est tout ; les autres arguments ne sont que de vaines sollicitations de textes ou des interprétations erronées.

IV. La tradition et le nombre des élus.

L’argument de la tradition en faveur du petit nombre des élus a été exposé en quelques lignes par le P. Godts : An major pars totius generis humani, generatini sumpti, ob peccata sua mortalia damnatur ? —Affirmative, respondet universalis traditio, quam testantur 13 Patres, doctores et sancti, 74 tlteologi et 28 S. Scripturse interprètes… « nec omnino quisquam Patrum invenitur, qui diversum scripserit, » uti notât Eslius. Op. cit., Compendium totius quæstionis.

La tradition se manifeste, tout d’abord, par les commentaires des écrits de l’âge apostolique sur la doctrine des deux voies. Doctrina duodecim apostolorum, 1 sq.. Patres apostolici, édit. Funk, Tubingue, 1901, t. i, p. 3 ; Epist. Barnabx, iv, 14 ; xviii, xx, ibid., p. 49, 89-95. Il est à remarquer, toutefois, que, sauf dans l’Epitre dite de Barnabe, il n’est point question du niûlli vocati, pauci electi. Mais dès le m c siècle, avec Clément d’Alexandrie, Strom., V, c v, P. G., t. ix, col. 53, l’interprétation du texte des deux voies devient plus nette, en faveur du petit nombre. On trouve 1 » même interprétation dans les pseudo-Clémentvies. homil. iiv P. G., t. ii col. 222. Le P. Godts donne les références suivantes : S. Irénée, Cont. hær., 1. IV, c xv, xxvii, xxxvi, P. G., t. iiv col. 1014, 1060, 1096 ; Tertullien, De fuga in persecutione, c. xiv, P. L., t. ii col. 142 ; Origène, Com. in Matth., tom. xvii, n. 24 ; In Jeremiam, homil. iv, n. 3, P. G., t. xiii, col. 1548-1549, 287 ; Lactance, Inst. div., . VI, c.iv, iiv P. L., t. vi, col. 646, 459 ; S. Athanase ( ?), Epist., i, ad Caslorem, S 13 ; Dial., ii cont. Macedon., conflit. 1 P. G., t. xxvni, col. 868, 1341 ; S. Hilaire, Tract, sup. Ps. lxiv, n. 5 ; Com. in Matth., xxii, n. 7, P. L., t. ix, col. 415, 1041 ; Pseudo-Basile. Com. in lsaiam, c. VIII, S 213 ; c. x, § 246, P. G., t. xxx, col. 485, 552 ; S. Basile, Serm. de renuntiatione sivculi, P. G., I. xxxi, col. 645 ; S. Ephrem, De psetiilenlia, Opéra, Rome, 1743, t. iii, p. 398 ; De parw.nes., 48, t. ii, p. 175 ; S. Grégoire de Nazianze, Orat., iixl ad i~><> episcopos, n. 7, 8 ; Orat., xxvii, n. 8, P. G., t. XXXVI, col. 468, 21 ; S. Ambroise, In ps. XL, n. 7 ; Apolog. pro David, c. ix, P. L., t. xiv, col. 1071, 868 ; Philon de Carpasia, Enarr. in Cant. canlic, iii, 2, n. 73, P. G., t. XL, col. 77 ; S. Jean Chrysostome, Adv. oppugnatores vitse monasticæ, 1. I, S 8, P. G., t. xi.vn, col. 330, et surtout la célèbre apostrophe au peuple