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ÉLOI — ÉLUS (NOMBRE DES ; — 2350
faut faire pénitence, car si Dieu est bon, comme la

passion du Sauveur le prouve, n. 11, et comme le ciel de gloire qu’il nous prépare le prouve mieux encore, n. 12, il est aussi très juste, et les châtiments qu’il réserve aux impies sont terribles. Pendant des milliers de milliers d’années, c’est-à-dire pendant des siècles qui n’auront pas de fin, les coupables subiront la peine du feu, sans lumière, sans rafraîchissement et sans trêve, n. 12.

Et l’heure « de la justice ne saurait tarder ». Préparez-vous, dit Eloi, par les bonnes œuvres à l’avènement du dernier jour. Car, « nous le savons avec certitude, eertissime tenemus, a. fin du monde est proche, la fin du siècle arrive. Le mal qui se fait chaque jour est si grand, si grandes sont les tribulations qui nous affligent, que le monde semble ainsi nous annoncer lui-même sa fin. Voici que tout ce que les prophètes ont annoncé, tout ce que les apôtres ont prédit est presque accompli, il ne reste plus à venir que le jour du jugement et l’avènement de l’Antéchrist, » n. 15. On retrouve ici le langage que saint Grégoire le Grand tenait aux Romains cinquante ans plus tût. Du reste, cette idée de la fin du monde toute proche hantera encore l’esprit de bien des prédicateurs pendant le cours du moyen âge.

En somme, la prédication d’Éloi représente assez bien le thème que développaient devant les fidèles les orateurs de son temps, et (sauf en ce qui regarde certaines pratiques superstitieuses et la fin du monde) les orateurs chrétiens de tous les temps.

Vita Eligii, P. L., t. lxxxvii, col. 479 sq. : édit. B. Kruscb, dans Rerum merovingicarum Scriptores, in-4°, t. iv (1902), p. 635 sq. ; Bibliotheca hagiologica latine, t. i, n. 2474-2480 ; Concilia sévi merovingici, édit. Maussen, dans Monumenta Germanise hislorica, in-4’, Legum seclio, III, 1893, t. i : Pardessus, Diplomata, chartse, epistolse, etc., 2 in-fol., Paris, 18431849 ; Sarvaas, Disquisitio de vita et scriptis Eligii episcopi Noviomensis, Amsterdam, 1859 ; O. Reich, L’eber Andoens Lebensbeschreibung des hl. Kligius (dissertation), Halle, IN72 : Deloche, Mémoire sur la procession dite de la I.unade et les feux de la Saint-Jean à Tulle, dans les Mémoires de l’Institut, Académie des inscriptions et belles-lettres, Paris, 1891. t. xxxil, p. 189 sq. ; Louis de Nussac, Saint Éloi, sa légende et son culte, dans le Bulletin de la société scientifique, historique et archéologique de la Corrèze, Brives, 1895, t. XVII, p. 554 sq. ; Saint Éloi, ses résidences en Limousin, ibid., t. XIX (1897), p. 309-339 ; M. Prou, Les monnaies mérovingiennes, Catalogue des monnaies françaises de la bibliothèque nationale, 1892 ; Vacandard, Vie de saint Ouen, évêque de Rouen (641-684), Étude d’histoire mérovingienne, in-H", Paris, 1902 ; L’idolâtrie en Gaule au vi’et au vu’siècle, dans la Revue des questions historiques, avril 1899, t. lxv, p. 424-454 : VanderEssen, SaintÉloi, dans Étude critique et littéraire sur lesVitse des saints mérovingiens de l’ancienne Belgique, in-8°, Paris et Louvain, 1904, p. 324-336 ; Parsy, Saint Éloi, collection Les saints, Paris, 1907.

E. Vacandard.

2. ÉLOI DE LA BASSÉE, nomme dans le monde Éloi Façon, naquit à La Bassée (Nord) en 1585. Après ses premières études il entra chez les chanoines réguliers de Saint-Augustin, au monastère de Cysoing ; mais dans la suite, désirant mener une vie plus austère, il passa chez les mineurs capucins de la province de Gaule-Belgique, où il fut reçu le 30 novembre 1630. Ses nouveaux supérieurs, appréciant l’étendue de ses connaissances, le chargèrent bientôt d’enseigner la théologie, ce qu’il fit avec succès pendant de longues années ; on lui confia plus tard différents emplois dans sa province. Parvenu à l’âge de 85 ans, il mourut au couvent de Lille, le 25 novembre 1670. On a de lui : Flores lotius theologise practicx, tum sacramentalis, tum moralis, dont la première édition parut à Douai en 1639, in-fol. Le P. Eloi, suivant l’exemple des anciens auteurs des Sommes de cas de conscience, divise son travail en articles rangés alphabétiquement. Un index très copieux, placé à la fin du livre, facilite

les recherches dans cette volumineuse collection que le savant compilateur ne cessait d’enrichir et dont il donnait deux nouvelles éditions successives chez Pierre Bélier à Anvers, 1643 et 1648. L’ouvrage parut encore à Lyon, 1653 ; Venise, 1655 ; 6e édit., Anvers, 1660. Mais les additions devenaient trop importantes, aussi l’auteur publiait-il un Sttpplementitm ad Flores… sive tomas secundus, dont on trouve des éditions de Lyon, 1658 ; Anvers, 1659. Comme toutefois cette division rendait les recherches difficiles, son imprimeur prit le parti de réunir, sans le fondre cependant, le texte des deux volumes dans un seul ouvrage qui parut en 2 in-fol., Lyon, 1663 ; Venise, 1666, 1689-1690. Ln confrère du P. Eloi, le P. Grégoire de Salamanque, donna un Compendium Summse P. Eligii Bassœi, qui parut à Lyon en 1674 et 1678.

Bernard de Bologne, Bibliotheca scriptorum ordinis minorum capuccinorum, Venise, 1747 ; Duthilleul, Bibliographie douaisienne, Paris, 1835, p. 253 ; Mannier, Recherches sur la ville de La Bassée, Paris, 1854 ; Huiler, Xomenclator, Inspruck, 1893, t. ii col. 297.

P. Edouard d’Alençon,

ÉLUS (NOMBRE DES). — I. Position du problème. II. Liberté de la discussion. III. La question du nombre des élus dans la sainte Ecriture. IV. La tradition et le nombre des élus. V. Les considérations théologiques et le nombre des élus. VI. Conclusion.

I. Position du problème.

II ne s’agit pas de discuter le nombre absolu des élus : ce nombre est le secret de Dieu, qui a choisi d’avance tous ceux qui doivent posséder un jour le bonheur du ciel ; il s’agit du nombre relatif des élus par rapport au nombre des réprouvés. Ce nombre sera-t-il supérieur, égal ou inférieur ?

Diversité des opinions.

A cette question, il a été répondu diversement. Le P. I’aber résume ainsi les opinions possibles : « Il y a, à ce sujet, une foule d’opinions diverses et peut-être trop peu claires ; faisons de notre mieux pour les reproduire ici : 1. Quelques auteurs tiennent que la majorité du genre humain sera perdue, parce que les païens, les infidèles, les hérétiques forment le plus grand nombre. 2. D’autres affirment que la majorité du genre humain, en y comprenant les païens et les hérétiques avec les chrétiens, sera sauvée. 3. Il en est qui, pour étendre encore la rigueur de leur sentiment, veulent qu’on tienne compte des petits enfants, et soutiennent que, même alors, la majorité du genre humain sera perdue ; ou, en d’autres termes, que très peu d’adultes seront sauvés 4. Chez les partisans du sentiment le plus doux, quelques-uns font abstraction des enfants et tiennent qu’alors encore la majorité sera sauvée. 5. Parmi les auteurs qui s’occupent exclusivement des catholiques, quelques-uns soutiennent que, même en comptant les enfants, la majorité sera perdue. 6. D’autres soutiennent que la majorité sera sauvée, mais en faisant entrer les enfants en ligne de compte. C’est peut-être l’opinion la plus commune. 7. D’autres soutiennent que, eu égard aux adultes catholiques seulement, il y en aura autant de sauvés que de perdus ; cette opinion se fonde sur la parabole des dix vierges. 8. D’autres enseignent que l’immense majorité des catholiques adultes seront perdus. 9. D’autres, qu’une petite majorité de catholiques sera sauvée. 10. D’autres, enfin, à l’opinion desquels j’adhère fortement, croient que la grande majorité des catholiques, peut-être presque tous, seront sauvés… » Le créateur et la créature, 1. III, c. II.

Toutes ces opinions, si nombreuses et si différentes soient-elles, n’embrassent pas encore, dans toute son ampleur, le problème du nombre des élus. Aucune, en effet, ne tient compte des anges, créatures intelligentes et libres, et appelés, comme les hommes, à jouir du bonheur céleste. Or, c’est un dogme de foi que parmi