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ÉLIE DE CRÈTE

KLIPAND DE TOLÈDE

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des adultères, la différence entre adultère et bigamie ou trigamie, la conduite à tenir envers les parents qui laissent leurs fils accomplir la fornication, la question des anadoques ou parrains, les cérémonies du baptême d’un enfant en danger de mort, enfin l’âge de puberté.

Nicolas Comnène Papadopoli, Prxnotiones mystagogicx, Padoue, 1697, cite sous le nom d’Elie de Crète un Liber de moribus ethnicorum, p. 213, et plusieurs Responsa : ad monaclios ascetenses, p. 188 ; ad monaclios Corinthios, p. 251 ; ad monachos solitarios, p. 190, 220. Mais on sait qu’il faut faire peu de cas des indications de cet auteur, lorsqu’il est seul à les donner. Alacaire Chrysocéphale cite Élie de Crète, sans préciser davantage, dans son commentaire de saint Matthieu et de saint Luc. Fabricius, BiblioUieca grxca, Hambourg, 1727, t. iiv p. 775.

Élie de Crète ne semble pas devoir être confondu avec le prêtre Elie Ecdicos, 7Tpe ?ë-jTspo ; noce k’y.oi-to ; , auteur d’un’AvOoXoyiov yvMtuxôv çiXocto^wv 177to’j£aî(i>-/ et d’un recueil de Gnosticx sententiir ou FvtoTT-iy.de ; l’un et l’autre recueil ont été imprimés dans un ouvrage intitulé :’PiXoxaXia tmv Uptov Nï]7tTix<5v, Venise, 1782, p. 527 sq. ; et réimprimés dans Migne, P. G., t. cxxvii, col. 1127-1176. L’histoire de la littérature byzantine connaît d’autres Élie originaires de Crète, mais n’ayant rien de commun avec le métropolitain du XIe ou XIIe siècle. Tels un Elie, moine, auteur d’un ouvrage De metris signalé dans Fabricius-Harles, BiblioUieca grxca, t. x, p. 508, en note, et un Juif crétois de même nom, philosophe à l’époque de Pic de la Mirandole, auteur d’ouvrages sur le premier moteur, l’être et l’existence, de commentaires sur Averroès, etc. Ce dernier est signalé par Rader au c. iv de son Introduction à la Scala paradisi, P. G., t. lxxxviii, ccl.618.

Lu meilleure étude a consulter sur Élie de Crète est celle do A. Jahn, Elix metropotilx Cretensis commentarii, etc., P. C, t. xxxvi, col. 737-902. On trouvera aussi quelques indications dans les ouvrages suivants : Fabricius-Harles, Bibliutheca grxca, Hambourg, 1790-1809, t. vi, p. 338 ; t. iivi p. 394, 430, 431, 679 ; t. IX, p. 524 525 ; t. xi, p. 615, 616, 6’15 ; Oudin, De scriptoribus ecclesiasticis, Leipzig, 1722, t. II, col. 1066 sq. ; Cave, Scriptorum ecclesia.tlicurum historia litteraria, Londres, 1088, t. I, p. 641 ; Ceillier, Histoire générale des auteurs sacrés et ecclésiastiques, 2’édit., Paris, 1862, t. xi, p. 690-691 : Krumbacher, G eschichlederbgzantinischen Litteratur, 2’édit., Munich, 1897, p. 137, 138, 144.

S. Salavii.li : .

ÉLIPAND DE TOLÈDE, hérésiarque. - I. Vie. II. Doctrines.

I. Vie.

Élipand, né le 25 juillet 717 ou 710, devint archevêque de Tolède vers 783, et mourut après 800. Cf. Enr. FloreL, Espaîia sagrada, 3e édit., Madrid, 1859, t. v, p. 334 ; .Tos.-Rod. de Castro, Bibliotheca espanola, Madrid, 1786, t. ii, p. 406 ; Froben, dans P. L., t. xevi, col. 329-332, 335 ; Madrisi, dans P. L., t. xcix, col. 563, 570, 583-581. Avec Félix d’Urgel il enseigna l’adoptianisme. Voir t. I, col. 403-413. On se demande quelles sont les origines de l’adoptianisme, et si le premier qui le mit en avant fut Élipand ou Félix. Des historiens en ont attribué la paternité à Félix. Ils allèguent les.4 n nales, dites d’Éginhard, an. 792, P. L., t. civ, col. 441, où il est raconté qu’interrogé par t, lipand sur ce qu’il fallait penser de la filiation, véritable ou adoptive, du Christ en tant qu’homme, Félix prononça qu’il doit être cru et appelé Fils adoptif de Dieu et, dans des écrits adressés à Elipand, défendit avec ténacité son erreur. Cf. encore le Poêla saxo (c’est-à-dire probablement Agius, moine de Corvey, cf. A. Molinier, Les sources de l’histoire de France, I, Epoque primitive, Mérovingiens et Carolingiens, Paris, 1902, p. 200), qui a transcrit les Annales en vers, dans Annalium de gestis B. Caroli magni libri quinque, 1. III, an. 792, P. L., t. xcix, col. 707 ; Jonas d’Orléans, De cullu imaginum, ! ., P, L., t. CVI,

col. 308 ; Dungal le reclus, Besponsa contra perversas Claudii Taurincnsis episcopi sententias, P. L., t. cv, col. 466. La plupart des historiens sont d’avis que l’initiative vint d’Élipand. Alcuin, observent ils, dit, dans sa première lettre aux évêques Leidrad et Nefridius et à l’abbé Denoit, envoyés en Espagne pour détruire l’adoptianisme, P. L., t. Ci, col. 232 : eunidem Elipandum sicut dignilate ila etiam perfidix malo primum esse partibus in. illis agnovi. Et saint Paulin d’Aquilée, Libellus sacrosyllabus contra Elipandum, n. 1, P. L., t. xcix, col. 153, appelle Élipand auctor noxii sceleris. En tout cas, la première manifestation de l’adoptianisme qui nous soit connue existe dans un écrit d’Elipand. Il entra en lice contre un hérétique, demeuré obscur, du nom de Migetius. Cf. Enhueber, P. L., t. ci, col. 355-359 ; Ilauck, Bealenci/klopâdie, 3e édit., Leipzig, 1903, t. xiii, p. 67-68 ; surtout Hefele, Conciliengeschichte, 2e édit., Fribourg-en-Brisgau, 1877, t. iii, p. 628-635 ; trad. Leclercq, Paris, 1910, t. iii, p. 985-992. Migetius, pour ne pas parler de ses idées sur la date de la célébration de la Pàque et de ses doctrines donatistes, renouvela, semble-t-il, les erreurs sabelliennes ; au lieu des trois personnes divines éternelles, il admettait trois apparitions temporelles de Dieu dans David, Jésus-Christ et saint Paul. Elipand le combattit par une lettre violente, qui nous est parvenue. Il réfute le sabellianisme de Migetius ; allant à l’extrême opposé, non seulement il distingue les trois personnes divines, mais encore il distingue, dans le Fils, le Fils engendré du Père de toute éternité et celui qui s’est fait homme et est né. dans le temps, de Marie. Cf. P. L., t. XCVI, col. 861-862, 863-864. « Quoique Elipand ne se serve pas du mot adoption, il enseigne cependant d’une manière très claire le fond de l’adoptianisme, car il ne rattache pas la nature humaine du Christ à la personnalité du Logos, mais il attribue à l’humanité du Christ une personnalité distincte de la personne du Logos ; en somme il enseigne l’existence de deux fils. » Hefele, trad. Leclercq, p. 997, cf. p. 1004-1005. Non content d’écrire contre Migetius, Élipand réunit contre lui un concile, probablement en 782. Cf. Hefele, p. 628 ; trad. Leclercq, p. 985. Une autre lettre d’Elipand était écrite en 785. Cf. Etherius d’Osina et saint lleatus de Liebana, Ad Elipandum epistola, 1. I, c. i, P. L., t. xevi, col. 894-895, et Froben, dans P. L., t. ci, col. 305-306. L’adoptianisme apparaissait d’une façon éclatante, puisqu’elle contient cette phrase, P. L., t. XCVI, col. 918 : Qui non fuerit confessus Jesum Christum adoptivum humanitate et iin/uaquam adoptwum dirinilate et hxrelicus est et exterminetur. La lettre était adressée à Fidelis ; Élipand lui transmettait une lettre d’adhésion de l’évêque Ascaricus. Ainsi, à cette date de 785, l’adoptianisme a été formulé par Élipand, d’abord sans prononcer le nom de cette hérésie, puis en termes explicites ; Élipand possède un lieutenant d’importance, l’évêque Ascaricus, et peut-être un second lieutenant, Fidelis ; il semble que Cordoue est comme son quartier général. Cf. Alcuin, P. L., t. ci, col. 231, et Elipand lui-même, P. L., t. xevi, col. 881. Nous ne voyons pas encore apparaître Félix d’Urgel ; quand Élipand lui écrivit la lettre dont parlent les Annales, dites d’Eginhard, ce fut sans doute moins pour savoir à quoi s’en tenir sur la filiation adoptive du Christ que pour obtenir son appui. En tout cas, le concours de Félix dut être acquis de bonne heure à Elipand, qui le connaissait de longue date, ainsi qu’il ressort de ce passage d’une lettre d’r-lipand à Charlemagne, P. L., t. XCVI, col. 868 : Felicem episcopum, quem novimus ub ineunte xtale in Dei servilio, proximum partis nostrx defensorem. Cf. la lettre d’Élipand à Alcuin, col. 870.

La suite de l’histoire de l’adoptianisme et du rôle d’Élipand est plus claire. Il rencontra l’opposition du