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ÉLIE T.AR-SINAYA — KLIE DE CRÈTE


contes amusants de Bar Hébræus. Ce dernier n’est qu’un recueil de sentences et de fables, tandis que l’ouvrage d’Élie de Nisibe est un livre de morale qui enseigne la manière d’acquérir la paix de l’âme. Le texte arabe vient d’être imprimé au Caire par les soins du Père Constantin Bacba. Cf. Revue de l’Orient chrétien, t. xi (1907), p. 443. L’auteur traite, en douze chapitres, de la piété, de la reconnaissance, de la continence, de l’humilité, de la miséricorde, du repentir, etc. A l’occasion de chaque vertu, il traite aussi du vice qui lui est opposé. Notons encore que ses « décisions ecclésiastiques » ont été résumées dans le Nomocanon d’Ébedjésu, que sa courte grammaire syriaque a été éditée par R. Gottheil, A treatise on syriac Grammar by Mar Elias of Sobha, lîerlin, 1887, et que son vocabulaire arabe-syriaque, intitulé : le Livre de V interprète, a été édité par Paul de Lagarde en tête de l’ouvrage : Prsetermissorum libri duo, Gœttingue, 1879.

Aux ouvrages cités ajouter : Assémani, liibliotheca orientalis, t. ma, p. 270-272 ; R. Duval, La littérature syriaque, Paris, 1907, p. 395 ; G. Brockelmann, Die syrische und die christlicharabische Lilteratur, Leipzig, 1909, p.56, 69 ; M.Steinsclineider, Polemische und apolog. Literatur in arabischer Spraclie, Leipzig, 1877, p. 29-32.

F. Nau.

5. ÉLIE DE CRÈTE, métropolitain de Crète, à la fin du xie ou au commencement du XIIe siècle, auteur de Scholies sur les discours de saint Grégoire de Nazianze et sur la Scala paradisi de saint Jean Climaque. Outre ces deux ouvrages, dont le second surtout est très volumineux, on a de lui, sous le titre : Bcsponsa ad Dionysium monachum, la solution de plusieurs questions canoniques et morales que lui avait posées un moine du nom de Denys.

La plus grande partie des Scholies sur saint Grégoire de NaLianze a été publiée en traduction latine par Lœwenklau et de lîilly dans leurs éditions des œuvres du saint docteur. Sancti Gregorii cognomento Theologi opéra, Bàle, —1571, t. i ; Paris, 1609-1611, t. ii avec pagination spéciale pour les commentaires d’Elie. Migne, qui s’était d’abord proposé d’éditer intégralement le texte grec des Scholies, en a seulement inséré, P. G., t. xxxvi, col. 737-902, un résumé sous forme d’extraits, dû à Albert Jahn qui le rédigea en 1858 sous ce titre : Elise métropolites Créiez Commentarii in S. Gregorii Nazianzeni orationes xixe codice Basileensi.

Le Conimenlarius in Scalam S. Joannis Climaci, que Mathieu Rader comparait, pour son étendue, à l’œuvre considérable d’Eustathe de Thessalonique sur Homère, est presque entièrement inédit. On en trouve seulement des fragments dans les éditions de saint .lean Climaque, après chaque chapitre ; spécialement dans celle de Rader, que Migne a reproduite, P. G., t. lxxxviii, col. 61l-l 164. Il en existe plusieurs manuscrits : entre autres, un du xiie siècle à Florence, Pluleus IX, Cod. XI, Bandini, Catalogus codicum manuscriptorum bibliolhecee Medicsese Laarentianæ, Florence, 1764, p. 406 ; un du XIVe siècle à Venise, Cod. marcian. 1 28— 130, Theupolo, Greeca D. Marci bibliolheca, Venise, 1740, p. 71, et plusieurs de la même époque à Paris, Bibliothèque nationale, fonds grec, Cod. 868, et fonds Coislin, Cod. 87, 89. Omont, Inventaire sommaire des manuscrits grecs de la Bibliothèque nationale, Paris, 1888-1898, 1. 1, p. 163 ; t. iii, p. 129. Cf. Montfancon, liibliotheca Coisliniana, Paris, 1715, p. 141.

Les Responsa ad Dionysium monachum ont été édités en grec et en latin par Lœwenklau, Jus grsecoromanum, 1. V, p. 335-341, et reproduits dans la P. G., t. CXIX, col. 985-997. On les trouve aussi dans d’autres recueils, par exemple, celui de Rhallis et Protlis, — yrzxyu.x reôv Œiwv xa îspûv xavdvcov, Athènes, 1855, t. v, p. 374-388.

L’auteur de ces trois écrits est certainement différent de l’Elie de Crète présent au concile de 787. Dans le prologue des. Scholies sur saint Grégoire de Nazianze, il signale, parmi les scholiastes qui l’ont précédé, Basile et Grégoire, en ajoutant même qu’il vient longtemps après eux. P. G., t. xxxvi, col. 758. Or, ces deux commentateurs, l’un évêque et l’autre prêtre de la même ville de Césarée en Cappadoce, qui étaient contemporains, appartiennent au Xe siècle, puisque Basile a dédié ses Scholies à Constantin Porphyrogénète (912-959). P. G., t. xxxvi, col. 1073. Élie, étant postétérieur à ces deux scholiasles, doit être probablement du xie siècle ou du commencement du xir, puisqu’on possède un manuscrit du xiie siècle pour le Commentarius in Scalam paradisi. Cette date est confirmée par les Responsa. Dans la solution de la m c question, Élie mentionne le Top.o ; Ivwæwç de l’an 920 et y renvoie son correspondant au sujet de la trigamie. P. G., t. exix, col. 992. A la vil", il signale, à propos de l’âge de puberté, des fiançailles et du mariage, la nouvelle législation, r/j vsotpâ vo(j.oÛ£<jtx, laquelle désigne certainement la Novelle promulguée par Alexis Commène (1081-1118) sur ce sujet en 1084. Rhallis et Protlis, op. cit., p. 374, en note. Notre auteur doit donc appartenir à la seconde moitié’du XIe siècle et peut-être au commencement du xii e. Maries, après Oudin, le place vers 1120. Fahricius-Harles, Bibliolheca greeca, t. xi,

! p. 615, en note.

Le titre, mis par Élie en tête des Scholies sur saint Grégoire, nous apprend qu’il se trouvait en exil lorsqu’il le rédigea :’E !  ; r l i’Y) ? te e’.ç to — jç Àôyo-j ; toû àyio-j rpyjyopio’j toO ®co).6yo), rcovyjŒ’.’ia ~in EvreXeî (XïiTpoTtoMty) Kp-/, Tr, ;’HXfa, ÛTcepopCto njyyivovR. Lurwenklau en avait conclu qu’Élie devait vivre au temps de l’occupation de la Crète par les Sarrasins, entre 824 et 961. Telle est encore la conclusion adoptée par Ehrhard, dans Krumbacher, Gesckichte der byzantinischen Lilleratur, 2’édit., Munich, 1897, p. 137. Mais cette date est exclue par les données qui précèdent. Jahn suppose donc entre la victoire de Nicéphore Phocas (961) et la 4e croisade (1204) une seconde invasion de la Crète par les Sarrasins, qui aurait occasionné l’exil du métropolite Élie. P. G., t. xxxvi, col. 747. Mais aucun document ne nous permet de vérifier cette hypothèse. D’ailleurs, Élie peut avoir été exilé par Alexis Commène.

Jahn a montré, dans sa préface aux Commentaires d’Élie sur saint Grégoire, l’intérêt théologique qu’ils présentent. Ils contiennent, dit-il, beaucoup de choses qui méritent d’attirer l’attention des historiens du dogme. Il signale spécialement la manière dont le scholiaste souligne les relations entre l’ancienne théologie des Pères ou des chefs de secte et les principaux systèmes philosophiques. P. G., t. xxxvi, col. 750. Ajoutons une particularité importante que Jahn n’a pas signalée : dans le commentaire de YOratio xxxi, Elie expose que le Saint-Esprit est dit, dans l’Ecriture, accordé ou communiqué, ou envoyé par le Fils, mais qu’on n’y trouve nulle part que le Saint-Esprit procède du Fils comme il procède du Père. Les Latins, ajoute-t-il, considèrent comme synonymes les deux expressions envoyé par le Fils et procédant du Fils, mais il n’en est pas ainsi, et ces locutions différent du tout au tout. P. G., t. xxxvi, col. 837. Outre leur intérêt théologique, les Scholies sur saint (Irégoire sont d’une utilité plus immédiate pour une étude critique des discours du docteur de Nazianze, du texte et des endroits parallèles. Quant au volumineux commentaire de la Scala paradisi, sa publication apporterait une nouvelle contribution à l’histoire de la théologie ascétique et mystique chez les Byzantins. Les Responsa intéressent directement les moralistes et les canonistes. Ce sont des solutions de cas de conscience, concernant les points suivants : la communion d’un diacre fornicaleur, des moribonds,