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ÉLECTION DES ÉVÊQUES


le IIe siècle et à des degrés divers, aux mains des évêques, du clergé et des gens de la cité. Confié au clergé, en présence du peuple qui manifeste ses désirs, fait entendre ses acclamations et parfois ses colères, le choix du candidat est dirigé’par les évêques de la province, arbitres en dernier ressort de la valeur des opérations électorales et de la dignité de l’élu. La ratilication du choix rentre dans les attributions métropolitaines.

Au cours du ive siècle, l’autorité civile eut sur les élections une inlluence assez souvent décisive, sans être officielle. Le Ve concile d’Orléans (549) consacra le fait de l’intervention royale : la volonté du roi devenait une condition de la régularité du sacre épiscopal.

De cette faveur, les princes abusèrent. Aux VII e, VIIIe et IXe siècles, il leur advint souvent de ne tenir point compte des désirs populaires, de violenter la liberté des électeurs et de nommer directement aux évêchés. A l’époque féodale l’élection n’existe plus. Sur une vaste échelle on traliquedes évéchés, on les donne, on les vend, on les cède en héritage. L’épiscopat est un apanage réservé aux cadets et aux bâtards de haute lignée. De son suzerain temporel l’évêque reçoit l’évêché ; de sa main, il est investi de la juridiction épiscopale. La crosse et l’anneau sont les signes de cette investiture.

Sous ce régime, le système électif a vécu, l’Eglise est en servitude. Grégoire VII porte remède à ces maux. Il entreprend une œuvre gigantesque, connue sous le nom de réforme grégorienne. Par ses soins l’antique assemblée électorale est restaurée. Peuple, laïques de haut rang, moines, abbés, chanoines, évêques, entrent dans l’enceinte électorale.

Cette restauration fut de courte durée. Les chanoines luttèrent pour le monopole d’élection. Vers la fin du xiie siècle, ils l’avaient conquis. Mais un siècle plus tard, les réserves pontificales, à leur tour, avaient raison de ce monopole. Le choix des évêques ainsi que leur institution ressortissait au siège apostolique.

Les rois virent de mauvais œil ces transformations successives. Ils entendaient bien ; ? rcer une inlluence dans les choix épiscopaux. La papauté dut compter avec eux. Elle leur céda de son droit, et, par les concordats, les autorisa à présenter et parfois à nommer aux sièges vacants, se réservant de conférer l’institution canonique, si le choix du prince était conforme aux prescriptions du droit.

Concessions faites aux princes, les concordats ne suppriment point les prérogatives qu’enregistrèrent les règles de la Chancellerie apostolique : en droit, la provision des évêchés et l’institution des évêques appartient exclusivement au pontife romain.

La courbe tracée par l’histoire des nominations épiscopales nous ramène à notre point de départ ; chose uniquement apostolique à l’origine, l’élection épiscopale semble être en voie de se concentrer de nouveau entre les mains du successeur de Pierre.

I. Sources.

S. Clément, / Cur., édit. Eunk, Tubingue, 1887, t. i ; Didachè, Les Pères apostoliques, collection Hemmer et Lejay, Paris, 1907, t. i ; Eusèbe, H. E., collection Hemmer et Lejay, Paris. 1905, t. i ; Canones apostolorum et conciliorum emc. iv-Yii, édit. Bruns, 2 in-8°, Berlin, 1839 ; Hardouin, Conciliorum collect. regia max., 17 in-fol., Paris, 1715 ; Labbe et Cossart, Concil. collect. max., 17 tom. en 18 in-fol., Paris, 1671-72 ; Mansi et Coleti, Sacrorum concil. nova et ampliss. collect., 39 in-fol., Florence et Venise, 1757-1798 ; Corpus juris canonici, édit. Friedberg, 2 iu-’r, Leipzig, 1879-1881 ; les volumes de la Patrologie de Mi^no, cites au cours de l’article ; Grégoire de Tours, Historia Francorum ; Monum. German. hist., Scrip tores, 23 In-fol., Hanovre, 1826-1883, t. i, ii v, vin : Leges, t. n ; Capitularia, petite édition de Berlin et de Hanovre : Matliieii Paris, Chronica majora, édil Luard, 7 in-8°, Londres, 1H72, 1880 : Cuillaume de Nangis, Chronicon, édit. Géraud Soc « s hist de France), 2 in-8° f Paris, 1813 ; Ordérle Vital,

Histoire ecclésiastique, édit. Le Prévost (.Soc. des hist. île France), 5 in-8°, Paris, 1852 ; Bouquet et Brial, Recueil des historiens des Gaules et de la France, nouvelle édit. sous la direction de Ldopold Delisle, Paris, 1809, t. xi-xviii ; Ottenthal, Regulse Cancellarise apostolicm, in-8° Inspruck, 1888 ; Registres des papes du xnr siècle : Registres de Grégoire IX, d’Innocent IV, d’Alexandre IV, d’Urbain IV, de Clément IV, de .lean XXII, publiés par les anciens membres de l’École française de Hume : Ordonnances des rois de France de la III’race, Paris, 1723-1849, t. i, u ; Liber Guillelmi Majoris, dans.1/élanges hist., t. ii, p. 203 sq. (Collection des Documents inédit* sur l’histoire de France) ; Der Trukliil des Laurentius dr Somcrcote Kanonikus von Chichester iiber die Vornahme von Bischofswahlen entstanden im Jahre 1254, publié par A. von Wretschko, in-8°, Weimar, 1907 ; Rymer, Fœdera, conventiones… inler regps Angliip et alios reges, 10 in-fol., La Haye, 1740 ; V. Nussi, Conventiones de rébus ecclesiasticis inler S. Sedem et civilem potestatem variis formis initie, in-12, Mayence, 1870 ; Coltectio lacensis. Acla et décréta s. conciliorum recentiorum, 7 in-i°, Fribourg-en-Brisgau, 1870-1890 ; Conventiones Leonis XIII, Rome, 1893.

IL Travaux. — Sur les élections épiscopales du ie siècle à la réforme grégorienne, Hefele, Histoire des conciles, trad. Leclercq, Paris, 1907 : Thomassin, Ancienne et nouvelle discipline de l’Église, 7 in-4 Bar-le-Dur, 1865, t. i, iii, iv ; P. de Marca, Deconcordia sacerdotiiet imperii, in-fol., Roboreti, 1742 ; Lôning, Geschichte des deutschen Kirchenrechts, Strasbourg, 1878 ; Hauck, Die Rischofswahlen unter den Merovingern, Erlangen, 1883 ; Waitz, Deutsclie Verfassungsgeschichte,’i in-8°, Kiel, 1880-1883, t. ii, m ; Duchesne, Histoire ancienne de l’Église, 3 in-8 », Paris, 1906-1910 ; Fustel de Coulanges, La monarchie franque, Paris, 1888 ; E. Vacandard, Etudes de critiqué cl d’histoire religieuse, in-12, Paris, 1906 ; Imbart de la Tour, Les élections épiscopales dans l’Église de France du ix’au xn’siècle, in-8°, Paris, 1890 ; de Vie et Vaissette, Histoire générale du Languedoc, 2° édit., 12 in-’i°, Toulouse, 1875, t. v ; Lucliaire, Manuel des institutions françaises, in-8°, Paris, 1892 ; P. Viollet, Histoire des institutions politiques et administratives de la France, t. i ; Boucliarl.it, Les élections épiscopales sous les Mérovingiens, Paris, 1904 ; Lesne, La hiérarchie épiscopale, Paris, 1905, p. 13-10, 108-123, 742-882 ; J.Doizé, Les élections épiscopales en France avant les concordats, dans les Études, 1906, t. evn, p. 721-743 ; t. cviii, p. 38-54 ; E. Vacandard, Une élection épiscopale sous les Mérovingiens, d’après Grégoire de Tours, dans la Revue du clergé français du 15 juin 1906, p. 171-186 ; G. Mollat, Elections épiscopales, dans le Dictionnaire apologétique de la foi catholique, de d Mrs, Paris, 1910, t. i, col. 1343-1350.

Sur l’élection épiscopale et la réforme grégorienne, Imbart de la Tour, op. cit. ; Gallia christianu, C> in-fol., Paris, 1715-1865, t. iv ; Etienne de Tournai, Summa Stephani, édit. Schulte, Giessen, 1891 ; Bernard de Pavie, Summa Decretalium, Ratisbonne, 1861 ; Ottenthal, Régula Cancellarise apostoliese, in-8°, Inspruck, 1888 ; de Lesquen et Mollat, Mesures fiscales exercées en Bretagne par les papes d’Avignon, in-8°, Paris, 1903 ; Hauréau, Quelques lettres d’Innocent IV, in-’r, Paris, 1874 ; J. Doizé, Les élections épiscopales en France et l’investiture laïque, dans les Études, 1906, t. cviii, p. 359-381 ; Id., L’élection épiscopale et les chapitres cathédraux au xm° siècle, ibid., t cix, p. 627-656 ; E. Roland, Les chanoines et les élections épiscopales du xi’au xiv siècle (thèse), in-8°, Aurillac, 1909 ; G. Mollat. loc. cit., col. 1350-1353.

Sur les formalités do l’élection épiscopale au Xlll" siècie, Laurent de Somercote, op. cit. ; Henricus de Segusia, Summa aurea, Lyon, 1588 ; Guillaume de Mandagout, De electionibus, in-12, Lyon, 1509 ; Liber Guillemi Majoris, déjà cité ; Durand de Maillane, Dictionnaire de droit canonique, 5 vol., Lyon, 1776 ; Viollet, Les élections ecclésiastiques au moyen âge d’après Guillaume de Mandagout, dans la Revue catholique des Églises, 1907, t. IV, p. 65-91.

Sur les élections épiscopales du xv au xixe siècle, Rebuffe, C.oncordata inter S. S. D. iX. Papam Leonem X et sanctam sedem apostolicam ac christianissimum D. AT. Regem Franciscum et regnum édita, V édit., Paris, 1515 ; Imbartde la Tour, Les origines de la Reforme, 2 in-8°, Paris, 1905 et 1909 ; p. Combet, Louis XI et le saint-siège, Paris, 1903 ; N. Valois, la Pragmatique sanction, Paris, 1906 ; A. Baudrillart, Quatre cents ans de concordat, Paris, 1905 ; G. Goyau, L’Allemagne religieuse, Le catholicisme, Paris, 1905-1908 ; Le canoniste contemporain, 1905, t. xxviii, p. 365, 471 sq.

Suc les élections des évêques et les disciplines non concordataires, Thomassin, op. cit. ; Nussi, op. cit. ; Le canoniste contemporain, 1904, t. xxvii, p. 152 ; 1905, t. xxviii, p. 463 ;