Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 4.2.djvu/487

Cette page n’a pas encore été corrigée
2241
2242
ÉLECTION


été plus spécialement rapporté par beaucoup d’exégètes aux « élus du ciel ». On trouvera la discussion du texte à l’article Élus (Nombre des). Cette question nous amené logiquement au concept théologique de l’élection divine par rapport à la prédestination.

III. L’ÉLECTION DIVINE ET LA THÉOLOGIE DE LA PRÉDESTINATION. — Que les prédestinés au ciel soient l’objet d’une véritable élection de la part de Dieu, c’est une vérité de foi que l’on ne peut nier, sans tomber dans une erreur pire que le pélagianisme. Déjà la condamnation du pélagianisme laisse logiquement supposer que c’est au choix libre de Dieu que ceux qui seront sauvés le doivent. Cf. Tixeront, Histoire des dogmes, t. 11, p. 498. La doctrine relative à la prédestination et à l’élection divine, déjà exposée par saint Augustin contre les pélagiens, et supposée par le IIe concile d’Orange, tenu en 529 contre les semipélagiens, cf. Denzinger-Bannwart, n. 196, 200, ne sera directement enseignée par les conciles qu’au IXe siècle, au moment de la grande controverse prédestinatienne. Le concile de Quierzy, en 819, celui de Valence, en 855, traitent ex professa ces questions difficiles. Cf. DenzingerBannwart, n. 316 sq., 320 sq. ; Tunnel, Histoire delà théologie positive depuis l’origine jusqu’au concile de Trente, ^. 275 sq., 101 sq.

Les théologiens, pour prouver l’existence de l’élection divine par rapport aux prédestinés, s’appuient sur le texte de Matth., xxiv. 31, 24 ; Marc, xiii, 20, 27. Bien que l’expression electi dans ces textes ne désigne pas expressément les élus au ciel, on peut cependant en déduire ce sens très vraisemblablement. Cf. Billot, De Deo uno, thés. xxxii. § 1. Mais la nécessité d’un choix de Dieu vis-à-vis de ceux qu’il destine au salut s’impose logiquement à cause de la doctrine de la gratuité de la prédestination. Voir ce mot. Si, en effet, ceux-là seuls vont au ciel qui sont prédestinés sans aucun mérite de leur part, il faut de toule nécessité qu’ils soient l’objet d’un choix de la libre volonté de Dieu, qui les élit de préférence aux autres. De là, la définition théologique de l’élection : le décret par lequel Dieu entend donner la gloire à ceux qu’il prédestine et la grâce et les mérites nécessaires pour obtenir cette gloire. Gonet, Clypeus l/teologix l/iomisticsc, tr. Y, a. 2, S 1, n. 20. Paris, 1009, t. ii p. 7.

Il suffit d’indiquer ici brièvement ces notions qui se retrouveront expliquées avec plus d’ampleur à l’article Prédestination.

IV. Distinction de l’élection et de la prédestination. — Il convient néanmoins, dès maintenant, de distinguer l’élection de la prédestination. Souvent les Pères emploient indifféremment les termes élection et prédestination ; mais la théologie thomiste, expliquant selon notre mode de conception les actes divins, place l’élection avant la prédestination : celle-ci est un acte d’intelligence ; celle-là, un acte de volonté. Saint Thomas, Sum. theol., I a, q. xxiii, a. ï-, donne la raison de cette distinction. La prédestination est une partie de la providence ; or, la providence est « une raison existant dans l’intelligence divine, et déterminant l’ordre des êtres vers leur fin. » Mais il est impossible que l’ordre d’une chose vers sa fin soit déterminé si la volonté de la fin ne préexiste pas. Par conséquent, la prédestination de certaines créatures au salut éternel présuppose, selon l’ordre rationnel, que Dieu veut le salut de ces créatures. Or, c’est dans cette volonté que consistent la dilection et l’élection ; la dilection, en ce sens que Dieu veut à ces créatures le bien qui est le salut : aimer, en effet, n’est rien autre que vouloir du bien à quelqu’un ; Vélection, en ce sens qu’il leur veut ce bien, de préférence à d’autres, puisque les autres qui ne sont pas élus seront réprouvés. Les prédestinés le sont donc, parce que d’abord aimés et élus. Voir col. 2254.

dict. de théol. cathol.

On trouvera à l’article Prédestination l’exposé complet de la théorie de saint Thomas, qui, distinguant nettement l’élection de la prédestination, répond victorieusement à toutes les difficultés qu’on oppose à la doctrine catholique de la réprobation. Voir ce mot.

D’autres théologiens confondent l’élection et la prédestination. Nomine prxdeslinationis, decrelum voluntatis divinæ dandi gratiam et gloriam, semper intelligimus, sive illavoxetiam ad intellectum ada/itari possit, sive non. Suarez, De prsedestinalione,

I. I, c. xvii. Ils font de la prédestination un acte de la volonté divine. De là, des difficultés très grandes lorsqu’il s’agitde concilier la réprobation des pécheurs avec la volonté salvilique et la bonté de Dieu. Au nom de Suarez, on peut ajouter ceux de presque tous les théologiens de la Compagnie de Jésus, sauf Bellarmin, Granado, Buis et quelques autres. C’est.substantiellement l’ancienne opinion de Scot et de saint Bonaventure, In IV Sent., 1. I, dist. XL, a. 2, q. II.

C’est cette conception de la prédestination et de l’élection divine qui donne naissance logiquement aux théories de la prédestination ad gloriam post prmvisa mérita, et de la réprobation antécédente. On les étudiera dans les articles correspondant à chacun de cesmots.

S. Thomas, Sum. theol., I q. xxiii ; In IV Sent., 1. I, dist. XLI ; De veritate, q. vi ; Gonet, Clypeus theologiæ thomistiese, tr. V ; Billuart, De Deo, diss. IX ; Suarez, De prædestinatione, 1. I ; Bellarmin, De gratin et libero arbitrio. Sur les termes élus et élection ilans l’Écriture sainte, ait. Elus, du Dictionnaire >h— lu / ; //>/< de.M. Vigouroux ; Prat, I.a théologie de saint Paul, Tari.-, 1908, t. i, p. :  ; .^— :  ; ou.

A. Michel.

2. ÉLECTION, ACTE HUMAIN. — I. Notion.

II. Problèmes. 111. Applications théologiques.

On ne s’occupera ici de l’élection qu’autant qu’elle constitue l’un des actes ou mouvements de la volonté qui concourent à former un acte humain Intégral, on renverra au mut Liberté

toutes les questions connexes.

Pour guider le lecteur et lui permettre de se rendre compte de la signification précise des termes que nous employons dans le présent article, nous croyons indispensable de lui remettre sous les yeux le tableau synoptique des phases de l’acte humain que nous avons données à propos de ce mot. On trouvera la justification de ce tableau, t. i, col. 348.

ln, VEMENTS it INTELLIGENCE l.r DE VOLONTÉ QUI INTÈGRENT VA Il, Li/o ». IL COMPLET D’APRÈS SAINT THOMAS. Suitl. ttieol.^

I" II*, q. viii-xxi.

Intelligence. Volonté.

I. En regard de notre fin.

Ordo intent

I. Idée de notre bien, de notre perfection, q. ix, a. 1.

III. On juge que notre bien doit être cherché dans un objet en rapport avec notre nature raisonnable (bonum lumestum), et réalisable qudicium synderesis proponens objectum ut conveniens et assequibilé), q. xix, a. 4 sq.

lonis, q. vin.

II. Amour de complaisance pour notre bien (appetitus inefficaoc boni propositi), q. VIII.

IV. On se propose comme fin de son activité le bien honnête et réalisable. C’est l’intention morale et efficace (actus quo voluntas tendit in objecturn ut conveniens secundum rationem etassequibile), q. VIII, a. 1, 4 ; q. XIX, a. 7 sq.

II. En regard des moyens. A. Ordo electionis.

V. On recherche les moyens VI. On approuve au fur et à

de réaliser l’intention morale. mesure de leur invention, sans C’est le conseil (consilium), préférence, les moyens aptes „ XIV, ù la réaliser. C’est le consen tement (consensus), q. xv.

VII. On juge quel est le VIII. On choisit le meilleur

IV. — 71