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EGLISE


canon duarum velut partium prorsus est ad veram Ecclesiam m’cessaria, sic fere ut ad naturam liumanam intima animse corporisque conjunclio. Car l'Église n’est point un cadavre, elle est le corps de Jésus-Christ animé de sa vie surnaturelle. Et s’il est vrai que c’est mutiler le Verbe incarné que de supprimer sa nature humaine ou de s’attaquer à sa divinité', il est également vrai que le corps mystique de JésusChrist est la véritable Église, à cette seule condition que ses parties visibles tirent leur force et leur vie des dons surnaturels : sic corpus ejus mysticum non vera Ecclesia est nisi propter cam rem ijuoil ejus parle* conspicuse vim vilamque ducunt ex donis supernaturalibus rebusque cœleris, unde propria ipsamm ratio ac ualitra ef/lorescit.

b) Si l’on admet, avec saint Thomas, l’impossibilité d’avoir la foi en ce qui est, de soi, évident aux sens on à la raison, on devra reconnaître que la visibilité de l'Église, telle qu’elle vient d'être délinie, ne peut être l’objet de la foi, si on la considère simplement en elle-même comme fait matériel, éclatant aux regards de tous et aisément constaté par la perception des sens ; de même que la sainte humanité de Jésus-Christ considérée en elle-même, et pour ceux qui en avaient la perception sensible, ne pouvait être l’objet d’un acte de foi.

.Mais rien ne s’oppose à ce que, par un acte de foi, l’on croie à la vertu surnaturelle ou au principe divin qui anime l’organisme visible de l'Église, de même que l’on pouvait, par un véritable acte de foi, croire à la divinité de Jésus-Christ hypostatiquement unie à son humanité et dirigeant tonles ses actions. Alors ce n’est point la visibilité même de l'Église qui est l’objet de notre foi, c’est le caractère surnaturel, c’est la divine vérité de cette Eglise qui se manifeste extérieurement à nous par une si merveilleuse organisation visible.

Il est, d’ailleurs, bien assuré que de l’Eglise divinement établie avec toutes ses prérogatives surnaturelles nous n’avons point la pleine évidence rationnelle, de soi inconciliable avec l’acte de foi, selon la doctrine de saint Thomas, mais seulement une évidence de crédibilité, préparatoire à l’acte de foi, et solidement appuyée sur toutes les preuves précédemment apportées pour démontrer le fait très certain de l’institution divine de l'Église. C’est ce qu’observe justement le P. Billot : Simili ilaque modo Ecclesia objectum fidei non est, prœcise ut Ecclesia in suo esse sociali inlrinsece visibilis, sed solum ni Ecclesia vera, videlicet ut vera supernaturalis socielas in qua est xlernse salulis via, et sub Iwe respeclu non habet plus quant visibilitatem credibililatis. De Ecclesia Christi, 2e édit., Rome, 1903, p. 120.

3° Indèfectibilitè de l'Église. — L'Église, pour atteindre la fin qui lui a été assignée par son divin fondateur, doit encore être perpétuellement indéfectible dans sa durée à travers les siècles, dans sa constitution toujours identique à elle-même en ce qui est d’institution divine, et dans son enseignement toujours intégralement lidele de toute la doctrine révélée par Jésus-Christ.

I. Enseignement néo-testamentaire. —a) Promesses de Jesus-C/irist. — En même temps que Jésus promet particulièrement à Pierre la primauté d’autorité dans son Eglise, il lui assure solennellement que cette autorité continuera toujours, et que tous les efforts dirigés contre elle par les puissances de l’enfer seront à jamais frappés d’insuccès, et portse inferi non prsevalebunt adversus eam, -Lai r.-Jlai xSoj où x.*xi<rx<)Gov<m a^Tr, ; . Matth., xvi, 18. Si, comme le laisse entendre l’expression ou y.aTt<r/ij<70u<jiv, l'Église peut, au choc de ses ennemis, ressentir quelque atteinte ou quelque dommage, dans ses membres ou dans sa vie sociale, ce ne sera jamais jusqu’au point d'être vaincue par ses

DICT. DE THÉOL. CATHOL.

adversaires, en perdant quelque chose de ses divines prérogatives, ou en subissant une atteinte dans sa doctrine par l’acceptation de l’hérésie, qui est l'œuvre principale des puissances de l’enfer dans leur lutte contre l'Église. Donc, en faveur de l’Eglise, promesse formelle d’indéfectibilité dans la durée, dans la doctrine et dans tout ce qui la constitue d’après la volonté de son fondateur.

De même, la promesse faite conjointement à tous les apôtres et à leurs successeurs jusqu'à la consommation des siècles de les assister dans l’enseignement qu’ils doivent donner à toutes les nations, Matth., xxviii, 19 sq., comporte l’indéfectibilité constante dans la doctrine, fidèlement gardée, avec l’assistance divine, comme un dépôt inviolable.

b) Enseignement de saint Paul. — L’enseignement qui résulte des textes déjà cités dans notre démonstration apologétique, particulièrement Eph., iv, 14 ; I Tim., iii, 15, c’est surtout l’indéfectibilité dans la doctrine comme nous le montrerons bientôt ; indèfectibilitè supposant d’ailleurs, au moins implicitement, l’indéfectibilité du magistère divinement établi.

2. Enseignement traditionnel.

a) Dans les trois premiers siècles, une affirmation implicite de l’indéfectibilité de l'Église est évidemment contenue dans la croyance absolue à l’Eglise et à ses divines prérogatives, telle qu’elle est exprimée dans les symboles et telle qu’elle résulte de la pratique universelle et constante de se soumettre intégralement à l’autorité de l’Eglise, sous peine d'être exclu de sa communion et d’encourir ainsi la damnation éternelle. On rencontre aussi, dans plusieurs écrils de cette époque, des affirmations assez explieites, comme nous le constaterons bientôt en prouvant l’infaillibilité de l’Eglise.

b) Du IVe au xve siècle, on rencontre fréquemment, chez les Pères et chez les écrivains ecclésiastiques ou chez les théologiens, des affirmations explicites de l’indéfectibilité de l'Église ; affirmations portant d’une manière particulière sur l’indéfectibilité ou infaillibilité doctrinale de l'Église en face de toutes les hérésies, ou affirmations simplement générales sur l’inébranlable fermeté et la constante identité de l'Église au milieu des persécutions et attaques de tout genre.

Nous omettrons présentement les textes traitant particulièrement de l’infaillibilité doctrinale ou de l’infaillibilité du pape, et nous signalerons uniquement ceux qui concernent, d’une manière générale, l’immuable identité de l’Eglise à travers les siècles, en omettant d’ailleurs les documents où cette merveilleuse identité est attribuée spécialement aux promesses faites à Pierre et à ses successeurs jusqu'à la consommation des siècles.

L’indéfectibilité de l’Eglise, ainsi entendue, est particulièrement affirmée au ive siècle, à l’occasion de la victoire définitive de l'Église sur les persécutions des trois premiers siècles, ou de son triomphe éclatant sur les hérésies de toute cette période. Saint Hilaire (-j- 366) montre que les hérésies dans leurs attaques constantes contre l’Eglise n’obtiennent jamais la victoire et que l’Eglise triomphe toujours d’elles. De Trinilate, l. VII, n. 4, P. L., t. x, col. 202.

De même, saint Ambroise, après avoir remarqué que l'Église a son temps de persécution et son temps de paix, ajoute qu’elle ne peut jamais défaillir. Elle peut, il est vrai, subir quelque diminution par la défection de plusieurs dans l'épreuve de la persécution, mais c’est pour être enrichie par les confessions des martyrs, et pour que, glorifiée par le triomphe du sang généreusement versé pour Jésus-Christ, elle répande, dans tout l’univers, la lumière plus forte de sa foi et de sa dévotion. Hexæmevon, l. IV, c. ii, n. 7, P. L., t. xiv, col. 190. L'Église, dit-il encore ailleurs, éprouve le choc des vagues de ce monde, mais, elle n’est jamais submergée

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