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EGLISE


Ecclesix, xviii, 17 ; et les faits rapportés dans les Actes des apôtres, ii, 41 ; viii, 40 ; IX, 15 ; xiii, 47 ; et dans l’iipitre aux Romains, x, 18, attestant la propagation de l'Église d’abord dans la Judée, puis dans l’univers entier ; propagation continuée ultérieurement comme le témoigne toute l’histoire ecclésiastique. Principiorum fui ex doctrinalium demonstralio methodica, . II, c. I sq., Paris, 1 ô82, p. 35 sq. Après cette démonstration scripluraire, où la tradition est d’ailleurs solidement représentée par saint Augustin dont les interprétations scripturaires sont souent citées, Stapleton expose quatre raisons pour lesquelles cette visibilité de l’Eglise doit être manifeste aux yeux de tous : le bien des fidèles qui peuvent ainsi facilement suivre les enseignements de l’Eglise et obéir en toute sécurité à ses préceptes, c. VI, p. 45 ; la nécessité pour les fidèles, exposés à perdre la foi, de pouvoir discerner facilement des sectes hérétiques l'Église catholique dont la vérité est devenue si resplendissante, p. 45 sq. ; la nécessité, pour les infidèles qui veulent embrasser la foi catholique, de pouvoir aisément reconnaître l’Eglise catholique, p. 46 sq. ; enfin la gloire de Jésus-Christ dont le règne sur toute la terre brille ainsi d’un merveilleux éclat, c. vii, p. 49 sq. Puis, dans le reste de son l. II, l’auteur répond en détail à toutes les objections des hérétiques, empruntées à l’Ancien ou au Nouveau Testament, ou à l’histoire de l’Eglise, et appuyées principalement sur le petit nombre des vrais serviteurs de Dieu, ou sur de prétendues défaillances de l'Église au moins dans sa partie visible, particulièrement pendant la tourmente arienne.

Dans ses célèbres Controverses publiées de 1586 à 1593, Bellarmin († 1625) complète la thèse de Stapleton. Son exposé scripturaire, enrichi de quelques textes nouveaux tels que, Super hanc pelram œdificabo Ecclesiam meani, Matth., xvi, 18 ; Attendite vobis et universo gregi in quo vos Spiritus Sanctus posuil episcopos regere Ecclesiam I)ei, Act., xx, 28, est à la fois plus concis, plus méthodique et plus démonstratif. Il montre particulièrement le fait, de la croyance universelle et constante à cette visibilité de l’Eglise, par la nécessité admise dans tous les siècles, sous peine d’exclusion de l’Eglise et de damnation éternelle, d’obéir au chef visible de cette Église et aux autres pasteurs légitimes, et en même temps de communiquer extérieurement avec les membres visibles de cette même Église. Controv., De Eccl. milit., l. III, c. xi, Lyon, 1601, t. : , col.919 sq. Puis il répond, comme Stapleton, aux diverses objections des protestants, mais d’une manière plus serrée et plus complète. Il montre que l'Église, bien qu’elle soit visible, est en même temps objet de la foi, parce que ce que l’on voit d’elle n’est point ce que l’on croit. On voit la société des hommes professant la même foi sous l’autorité des pasteurs légitimes, principalement des pontifes romains, et l’on croit que cette même société, instituée par Jésus-Christ, est la seule véritable Eglise ; vérité en elle-même révélée et inévidente, à laquelle nous pouvons donc adhérer par l’acte de foi, c. xv, col. 957.

Les auteurs subséquents ne font guère que reproduire les arguments de Bellarmin et de Stapleton. Nous citerons particulièrement Suarez († 1618) dans sa Defensio fidei catholiciB adversus anglicanx seclse errores, adressée en 1613 au roi d’Angleterre, l. I, c. vu sq. ; S. François de Sales († 1622), Controverses, part. I, c. ii, a. 1 sq., Œuvres complètes, Annecy, 1892, t. i, p. 40 sq. ; liossuet († 1704), Conférence avec M. Claude, Œuvres complètes, Paris, 1836, t. ix, p. 70 sq. ; Réflexions sur un écrit de M. Claude, p.HOsq. ; Libère de Jésus († 1719), Controversiurnm de Ecclesia militante, part. II, disp. II, controv. VI, Milan, 1757, t. viii, p. 214 sq. ; Tournely († 1729), Prxlecliones theologiae de Ecclesia, q. il, a. 7, Paris,

1739, t. i, p. 231 sq. ; Gotti († 1742), Vera Ecclesia Christi, trad. de l’italien par le P. Covi, c. ix, p. vii, Venise, 1750, p. 92 sq. ; Billuart († 1757), De regulis /i’dei, diss.III, a.3 ; Perrone(† 1876), De locis theologicis, part. II, c. ii, a. 2, Prselccliones Iheologicse, Louvain, 1843, t. viii, p. 38 sq. ; P. Murray, Tractatus de Ecclesia Christi, disp. V, Dublin, 1860, t. i, p. 266 sq. ; Eranzelin († 1886), Thèses de Ecclesia, 2e édit., Rome, 1907, p. 345 sq. ; Ilurter, Theologicæ dogmaticm conipendium, De Ecclesia Christi, part. I, c. il, 4e édit.. Inspruck, 1883, t. i, p. 195 sq. ; Mazzella, De religione et Ecclesia, disp. III, a. 4, 5e édit., Rome, 1896, p. 367 sq. ; Pesch, Prælectiones dcrjmalicse, De Ecclesia Christi, 4e édit., Fribourg-en-Brisgau, 1909, p. 214 sq. ; de Groot, Summa apnlogetica de Ecclesia catholica, q. ni, a. 2, 2e édit., liatisbonne, 1892, p. 49 sq. ; Wilmers, De Christi Ecclesia, l. I, c. ni, a. 1, Ratisbonne, 1897, p. 58 sq. ; Billot, De Ecclesia Christi, (|. i, th. ii, 2e édit., Rome, 1903, p. 106 sq. ; P. Scbanz. Apologie des Christenthums, 3e édit., Fribourg-enBrisgau, 1906, t. iii, p. 88 sq. ; B. Poschmann, Die Sichtbarkeit der Kirche nach der Lehre des hl. Cyprian, Paderborn, 1908.

Cet enseignement traditionnel est confirmé par Léon XIII dans son encyclique Satis cognitum du 29 juin 1896. Il y affirme que, selon le plan divin, l'Église est à la fois spirituelle et extérieure ou visible : spirituelle dans le but qu’elle poursuit et dans les causes immédiates par lesquelles elle produit la sainteté dans les âmes ; extérieure ou visible, si l’on considère les membres dont elle se compose et les moyens par lesquels les dons spirituels arrivent jusqu'à nous. Car ses membres doivent non seulement avoir la foi dans leur esprit, mais encore la manifester extérieurement par une profession très évidente. De même, les moyens ordinaires et principaux qui produisent la sainteté dans leur âme, sont des moyens extérieurs, consistant dans les sacrements administrés, avec des rites spéciaux, par des ministres nommément choisis pour cette fonction. D’où Léon XIII déduit que ceux-là sont dans une grande et pernicieuse erreur qui, façonnant l'Église à leur gré, l’imaginent comme cachée et nullement visible ; et ceux aussi qui la regardent comme une institution humaine ayant une organisation, une discipline et des rites extérieurs, mais sans aucune communication permanente des dons de la grâce divine, sans rien qui atteste, par une manifestation quotidienne et évidente, la vie surnaturelle puisée en Dieu.

3. De cet enseignement néo-testamentaire et traditionnel, on peut déduire plusieurs conclusions doctrinales, relatives à la nature de ! a visibilité de l'Église.

a) Ce qui constitue la visibilité de l'église, c’est son organisation extérieure, autant du moins qu’elle est de droit divin, organisation manifeste à tous les regards, et à laquelle tous les fidèles doivent appartenir par le lien visible de la même foi obligatoire, extérieurement professée, par le lien de l’obéissance à l'égard d’une commune autorité visible, et par le lien d’une même communion dans la participation aux sacrements établis par Jésus-Christ. C’est ce que l’encyclique Satis cognitum de Léon XIII du 29 juin 1896, indique, selon l’enseignement constant de la tradition, comme l'élément visible de l'Église.

Mais en même temps que l’on affirme cet élément visible de l'Église, on doit affirmer, d’une manière non moins formelle, qu’il n’est point, à lui tout seul, toute l'Église. C’est l’enseignement de la même encyclique Satis cognitum, taxant d’erreur ceux qui, façonnant ['Église à leur gré, se l’imaginent ou comme absolument invisible ou comme purement extérieure, séparant ainsi violeinmentdeux éléments qui doivent s’unir pour constituer la véritable Église : complexio copulatioque