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EGLISE


malgré les pouvoirs humains qui déployaient aussi contre elle toute leur puissance, malgré le manque absolu de ce qui aurait dû humainement assurer le succès de la nouvelle institution. Développement d’ailleurs toujours persistant sinon dans tous les pays à la fois, du moins dans l’ensemble des pays ouverts à l’activité des prédicateurs de la foi chrétienne ; et développement certainement unique, auquel rien ne peut être comparé dans l’histoire des religions de l’humanité.

2. Avec ce merveilleux développement l’Eglise présente aussi, à travers les siècles, une admirable continuité malgré tous les obstacles qui devaient humainement causer la destruction de cette Église ou mettre en péril les propriétés qui lui appartiennent essentiellement ; obstacles extérieurs résultant de la fréquente hostilité des pouvoirs humains souvent obstinés à asservir l'Église sous leur despotique domination, ou des assauts répétés des schismes et des hérésies luttant à toutes les époques contre ce qui constitue la vie de l'Église ; obstacles intérieurs de tout genre, scandales se produisant au sein de l'Église, parfois même de la part de ceux qui doivent plus particulièrement contribuer au bien de l'Église, discordes paralysant presque toute action efficace pour le bien, souvent aussi condescendance ou faiblesse trop grande à l'égard de tendances novatrices ou d’erreurs, qu’on laisse se répandre au sein de l'Église à son grand détriment.

Celte persistante continuité de l'Église est d’autant plus remarquable qu’elle est toujours accompagnée d’une non moins constante indéfectibilité, dans tout ce que sa constitution renferme de divin, ainsi que dans toute la doctrine révélée dont elle a la garde. Indéfectibilité toujours intacte, qu’elle seule retient perpétuellement au milieu des changements incessants des sociétés humaines et des systèmes humains, et en face des variations non moins fréquentes des sectes hérétiques, fatalement entraînées, par les conséquences logiques de leurs faux principes, à d’incessantes contradictions avec ce qu’ils s’efforcent vainement de retenir de la doctrine véritable, comme le montre particulièrement Bossuet dans son admirable Histoire des variations des Eglises protestantes.

3. Une troisième circonstance non moins remarquable du fait de l’existence continue de l'Église catholique, c’est son incomparable fécondité spirituelle se manifestant par de nombreux et très puissants moyens de produire la sainteté dans tous ses membres ; moyens qui, de fait, ont à toutes les époques, dans la vie indh iduelle comme dans la vie sociale, produit des fruits éminents auxquels rien ne peut être comparé dans aucune autre institution. Cette merveilleuse fécondité est d’ailleurs fréquemment accompagnée de miracles qui sont le sceau de Dieu sur cette œuvre et que l’on ne rencontre point ailleurs, du moins au même degré et avec les mêmes circonstances. P. Schanz, Apologie des Christenthums, 3e édit., Eribourg-en-Brisgau, 1906, p. 366 sq.

2° Preuve déduite de ce faii.cn faveur de la divinité de l’Eglise catholique. — Cette preuve consiste en ce qu’un tel fait, avec toutes les circonstances indiquées, ne peut provenir que d’une action divine s’exerrant en faveur de l’Eglise catholique et prouvant conséquernment sa divinité. Assurément l’existence, la propagation et une continuité assez relative de religions d’origine humaine, telles que le brahmanisme, le confucianisme, le bouddhisme, le mahométisme, peuvent s’expliquer par des causes naturelles, dès lors que l’on admet, comme point de départ, le besoin qu’a l’homme d’une religion et les ressources naturelles qu’il possède pour réaliser son but. Parmi ces causes’naturelles, selon le témoignage de l’histoire, nous devons principalement compter la satisfaction donnée aux passions

humaines par ces religions, l’influence souveraine des pouvoirs humains qui les favorisaient ou les imposaient, et la parfaite adaptation de ces religions au caractère et aux habitudes des peuples chez lesquels elles se sont répandues. C’est ce qu’indiquait déjà saint Thomas pour la rapide diffusion du mahométisme, Cont. génies, I. I, c. vi ; c’est encore ce que montrent les apologistes contemporains. De Broglie, Problèmes et conclusions de l’histoire des reliqions, 2e édit., Paris, 1886, p. 191 sq.

Mais aucune de ces causes ne peut suffisamment expliquer toutes les circonstances si particulières qui accompagnent constamment la rapide propagation et la merveilleuse continuité de l'Église catholique à travers les siècles, surtout sa parfaite indéfectibilité et son éminente fécondité. Ces propriétés si singulières, qui ne se rencontrent dans aucune institution humaine, et qui, à raison de leur caractère en lui-même surnaturel, dépassent absolument toutes les activités naturelles, ne peuvent manifestement être attribuées qu'à la causalité divine, d’ailleurs clairement manifestée par les miracles accomplis en faveur de l’Eglise catholique.

C’est, en réalité, ce que démontrent presque tous nos apologistes, quand ils établissent, dune manière générale, la divinité du christianisme, par toutes les circonstances spéciales qui accompagnent sa diffusion et sa conservation dans le monde entier. Bien qu’ils parlent directement de la seule religion chrétienne, c’est vraiment la religion catholique qui est constamment présente à leur pensée, et c’est à la vérité de l'Église catholique qu’aboutit finalement toute leur démonstration.

D’ailleurs, quelques auteurs, omettant la démonstration générale en faveur de la religion chrétienne, prouvent immédiatement la divinité de l'Église catholique par le fait merveilleux que nous venons de rappeler, en faisant ressortir toutes ses particularités humainement inexplicables, .). Didiot, Logique surnaturelle objective, Paris, 1892, p. 3Il sq. ; tandis que d’autres apologistes exposent séparéknent les deux démonstrations, en insistant, dans la deuxième, sur ce qui est plus particulièrement propre à l'Église catholique. Wilmers, De religione revelata, Ratisbonne, L897, p. 631 sq.

Toute cette démonstration est confirmée par celle argumentation sans réplique, que le christianisme, malgré les promesses formelles de Jésus-Christ, a entièrement failli, ou qu’il n’est autre que le catholicisme actuel, qui seul, avec sa hiérarchie, avec son magistère infaillible, avec sa constante indéfectibilité et avec toutes ses autres prérogatives, peut justement revendiquer une réelle identité avec le christianisme primitivement établi par Jésus-Christ. Car toutes les autres communions ne possèdent qu’un christianisme incomplet, sujet à de nombreuses et fréquentes variations, comme le montre toute leur histoire ; christianisme d’ailleurs incapable de maintenir une unité effective, à cause du manque d’autorité doctrinale. m

Seul le catholicisme actuel peut justement revendiquer une véritable identité substantielle avec le christianisme primitif. Contre cette identité substantielle on ne peut objecter les développements dogmatiques adoptés par" l'Église catholique au cours des siècles, car, Comme' nous l’avons montré à l’article Dogme, col. 1641 sq., ces développements dogmatiquesn’ontjamaisintroduit djins l’rJglise une doctrine nouvel le ; ils n’ont jamais été qu’une manifestation explicite de ce qui était cru jusque-là d’une manière moins explicite ou moins claire, comme l’affirment les documents officiels de 1'r.glise catholique précédemment cités, notamment la bulle Pncffabilis de Pie IX définissant le dogme de l’immaculée conception, et le concile du Vatican. Sess. III, c. iv ; sess. IV, c. iv.

Quant aux.développements survenus, au cours des