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ÉGLISE


autorité suprême dans l’Eglise, s'élendant à tous les actes d’une sage et complète administration. Car selon l’usage des peuples orientaux dont témoigne l’expression classique noijjtiveç).aûv, et selon le langage de l’Ecriture, II Reg., v, 2 ; vii, 7 ; Ps. H, 9 ; xxii, 1 ; lxxvii, 71 ; Is., xi., 41 ; Jer., xxill, 2 ; Zach., xi, 9 ; Micli., v, 2 : Act., xx, 28 ; Epli., IV, 11 ; I Pet., v, 2 ; Apoc, II, 21, l’expression pascere, 7toc'[j.atvsïv, signifie le pouvoir de gouverner. Aucune restriction n'étant faite par JésusChrist, selon le texte scripturaire, dans cette concession de pouvoir, nous pouvons conclure que ce pouvoir est, de fait, illimité et universel, s'élendant à tout ce qu’exigent les intérêts de la nouvelle société chrétienne.

b) La commission donnée par Jésus à tous les apôtres conjointement : Eunles ergo docete ornnes génies, baplizantes eos in nominel’alris et Filii et Spirilus Sancti, docentes eos servare omnia quæcumque mandavi rubis, et ecce ego vobiscuni sum omnibus diebus usque ad consummationem sœculi, Matth., xxviii, 19 sq. ; Emîtes in mundum universum prædicale evangelium omni creaturse. Qui credideril et baptizalus fiteril. salvus erit ; qui vero non credideril, condemnabitur, Marc, xvi, 15 sq., comporte, comme nous le prouverons bientôt en parlant de l’infaillibilité de l'Église, le pouvoir d’enseigner toute la doctrine révélée par JésusChrist et de l’enseigner d’une manière intégrale, sans aucune diminution ni sans aucune infidélité, grâce à l’assistance constante promise par Jésus pour assurer effectivement cet enseignement perpétuellement fidèle, assistance positivement exprimée par les mots ecce ego vobiscuni, qui dans le langage scripturaire expriment habituellement la protection et la bénédiction de Dieu pour assurer finalement et complètement le succès désiré ou espéré. Exod., III, 12 ; Jud., VI, 12 ; I Reg., iii, 19 ; Is., xi.m, 2 ; Jer., xx, 20 ; Judith, VI, 18 ; Act., xviii, 9 sq.

3. Affirmation de Jésus-Christ relativement à la durée perpétuelle de son Eglise. — o) Cette affirmation résulte manifestement de ces deux assurances formelles données par Jésus : super liane petram sedificabo Ecclesiam meam, elportæ inferi non prxcalebunt adversus eam. Matth.. xvi, 18. Puisque tous les efforts des puissances de l’enfer ou des puissances des ténèbres, plusieurs fois mentionnées dans le Nouveau Testament, Luc, xxii, 53 ; Eph., vi, 12 ; Col., I, 13, doivent être à jamais frappés d’insuccès, il est donc certain que l'Église subsistera toujours. Comme, d’autre part, elle ne peut exister sans son fondement nécessaire qui est l’autorité sur laquelle Jésus l’a établie, cette autorité doit rigoureusement durer autant qu’elle, c’est-à-dire perpétuellement. — b) C’est aussi ce qu’exprime la promesse positive, faite par Jésus à ses apôtres, de les assister jusqu'à la consommation des siècles dans l’exercice de l’autorité doctrinale qu’il confère à eux et à leurs successeurs : et ecce ego vobiscuni sum omnibus diebus usque ad consummationem sœculi. Matth., XX VIII, 20. La perpétuité de l’assistance promise par Jésus suppose nécessairement la perpétuité de ce qu’il doit assister, c’est-àdire de l’autorité doctrinale établie dans son Église.

i. Affirmation implicitement contenue dans les paraboles employées par Jésus. — Ces paraboles, sans nous renseigner positivement sur la constitution de l'Église, nous apprennent quelques particularités qui ne sont pas sans importance, notamment le double fait qu’elle doit contenir non seulement des justes mais encore des pécheurs, comme l’indiquent les paraboles du champ mêlé d’ivraie, Matth., xiii, 21 sq., des filets, M sq., et du festin nuptial, xxii, 2 sq., et qu’elle doit se répandre dans tout l’univers, comme le signifient les paraboles du grain de sénevé et du levain. Matth., xiii, 31 sq.

Témoignage des apôtres.

1. Témoignage de saint Paul. — Laissant les textes où l’apôtre parle,

d’une manière générale, de l'Église de Dieu, I Cor., x, 32 ; xi, 10 ; xiv, 4 ; xv, 9 ; Gal., i, 13 ; ou.la mentionne simplement sous le titre d'épouse de Jésus-Christ, Eph., v, 23 sq., ou de corps mystique de Jésus Christ, Eph., i, 23 ; v, 23, 30 ; Col., i, 18, nous nous arrêterons aux deux textes, où saint Paul esquisse le concept de l'Église nouvelle, Eph., iv, 4 sq., etl Tim., ni, 15, deux textes dont l’authenticité paulinienne est, pour nous, hors de contestation.

a) Au c. iv de l'Épitre aux Éphésiens, l’apôtre, après avoir rappelé que les fidèles forment un seul corps, puisqu’il n’y a qu’un seul Seigneur, une seule foi, un seul baptême, affirme que Jésus-Christ lui-même a donné des apôtres, des prophètes, des évangélistes, des pasteurs et des docteurs, ni non jam sinms parvuli /Incluante* et circumferamur omni renia doctrinæ, in nequitia hominum, in astutia ad circumventionem erroris, 14. Quand même, dans l'ënumération précitée, il serait partiellement question de quelques ministères passagers, ou de quelques charismes temporaires qui ne devaient point subsister après l'âge apostolique, il reste cependant vrai que le but, positivement indiqué aux versets 15 sq., doit se réaliser dans tous les temps et pour tous les fidèles, puisque aucune restriction n’est indiquée, Ce but ne pouvant être réalisé qu° par une autorité infaillible perpétuellement subsistante, il est dès lors manifeste qu’une telle autorité doit perpétuellement exister. Ainsi le texte de saint Paul contient une affirmation explicite de l’autorité qui doit exister dans l’Eglise chrétienne. En même temps, cette autorité est clairement signalée comme établie par JésusChris I lui-même, d’après le. Il : />'/ ipse dédit qimsdam quidem apostolos, quosdam autem prophetas, ulios vero evangelistas, alios autem pastores et doctores. Saint Paul n’invente donc point le concept de l'Église ; il se borne à reproduire l’enseignement du Maître.

b) Dans la I" Kpitre à Timothée, saint Paul appelle l'Église de Dieu columna et firmamentum veritatis, paroles qui supposent manifestement, dans l’Eglise, une complète immunité de toute erreur. Cette parfaite immunité ne pouvant se réaliser sans une autorité doctrinale infaillible, l’existence de cette autorité doit être conséquemment admise. Cet enseignement de saint Paul, n'étant que la reproduction de l’enseignement précédemment donné par l’apôtre comme celui de Jésus lui-même, Eph., IV, Il sq., doit également provenir de Jésus-Christ, bien que l’apôtre ne fournisse ici aucune indication positive sur ce point.

2. Témoignage de saint Pierre.

En exhortant les TipîaS-jTipoi à paître leurs troupeaux, nocfivtovtoO 8so0, de manière à recevoir l'éternelle récompense de Fàpy17toîjxevo ; , I Pet., v, 2 sq., saint Pierre fait clairement entendre que leur autorité vient de Jésus-Christ à qui ils en devront un compte rigoureux ; interprétation d’ailleurs confirmée par l’appellation donnée àJésusde noiu.r|V y.a’t £71 : 1x0710 ; tgSv tyvyûri. I Pet., ii, 25. Ce témoignage de saint Pierre n’est nullement affaibli par le passage où les fidèles sont appelés ylvo ; èxXextô/, fiaofteiov ÊepaTc-ju.*, é'ôvo : â^tov, Xaôiç s !  ; uspc7ro171(nv, I Pet., il, 9, car le contexte et la comparaison avec Exod., xix, 6, indiquent assez clairement, comme sens unique, celui de race sainte et de peuple de Dieu.

3° Ensemble des faits néo-testamentaires relatifs à l'Église. — 1. Le Nouveau Testament présente tout un ensemble de faits gravitant autour de l’apostolat établi par Jésus et exercé en son nom avec pleine autorité. — a) L’apostolat, tel qu’il a été établi par Jésus, comporte, comme le montrent les textes précédemment cités, la mission spéciale d’envoyés ayant reçu de Jésus la plénitude de ses propres pouvoirs, pour enseigner en son nom aux fidèles la doctrine révélée par lui et pour les gouverner ou les diriger en tout ce qui est