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ÉDESSE (ÉCOLE D') — EGER

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fit traduire les ouvrages de Théodore de Mopsueste et de Diodore de Tarse, el réunit à Edesseles ouvrages de Nestorius qui devaient y être traduits plus tard (vers 538).

C'est là, au point de vue théologique, la principale importance de l'école d'Édesse : elle a transmis aux Syriens les théories des écoles rivales d'Alexandrie et d'Antioche, et les Syriens nous les ont conservées. Celles de l'école d'Antioche, devenues nestoriennes, ont été adoptées par la majeure partie des Perses, compatriotes de Nestorius. Si nous en croyons Jean d Asie, « ces Perses, en général, étaient ardents aux recherches » et se complaisaient déjà dans la philoso- phie naturelle de Bardesane, comme dans les spécula- tions de Marcion et de Manès, avant d'apporter leur concours à Nestorius et de v dépasser même sa méchanceté », Land, Anecdota syriaca, Leyde, 1868, t. h, p . 77 ; ils ont cependant fourni aux jacobites les deux plus fougueux de leurs apologistes : Siméon de Beit-Arscham et Philoxéne de Mabhoug. Nous avons encore rattaché à l'école d'Edesse Etienne bar-Soudaili, né dans cette ville durant la seconde moitié du V e siècle, ancien monophysite devenu panthéiste, qui exerça une grande intlucnce sur la littérature pseudo-dionysienne en Syrie.

La cause de la fondation des écoles, par Mar Barhadbsabbà Arbayà, évêque de Halwan (vr siècle), dans Patrologia onentalis, Paris, 1908, t. iv, p. 380-386; Rubens Duval, His- toire d'Édesse, Paris, 1892, p. 145, 161, 176-181 ; F. Nau, Hagio- graphie syriaque : saint Alexis, Jean et Paul, Daniel de Galas, Hanninù, Euphémie, Sahdâ, etc., dans la Revue de l'Orient chrétien, t. xv (1910), p. 53-72, 173-197; I. Guidi, Gli statuti délia Scuola di Nisibi, dans le Giurnale délia Società Asiatica Italiana, t. iv (1890), p. 165-195; Rubens Duval, La littérature syriaque, 3" édit., Paris, 1907, passim.

F. Nau.

EDME, EDMOND (Saint), archevêque de Cantor- béry, né vers 1180 à Abingdon,dans le comté de Berks, mort à Soisydans le diocèse de Meaux, le 16 novembre 1240. Il était le fils d'un marchand d'Abingdon, nommé Réginald Rich, et reçut une éducation très chrétienne. Vers l'âge de 15 ans, il alla avec son frère étudier à Paris. Il s'y fit recevoir maitre-ès-arts et y enseigna, puis vint à Oxford. Après quelques années passées dans cette dernière ville, il revint à Paris pour y étu- dier la théologie et s'y fit recevoir docteur. C'est alors qu'il fut ordonné prêtre. Vers 1214, il était de retour à Oxford où il enseigna la théologie. Tout en continuant ses fonctions de professeur et de prédicateur, il fut nommé en 1222 trésorier de l'église de Salisbury et le pape Grégoire IX lui confia la mission de prêcher la croisade en Angleterre. En 121-13, il fut choisi pour arche- vêque de Cantorbéry et fut sacré le 2 avril 1234. Dès qu'il eut pris possession de son siège, saint Edmond s'efforça de ramener la paix entre le roi Henri III et ses barons. Il ne cessa de lutter contre la décadence des mœurs et le relâchement de la discipline. Nous en avons une preuve dans les Constitutiones provinciales S. Edmundi Cantuariensisarchiepiscopicircaan.1236. Cf. II. Spelman, Concilia, décréta, leges, constitutiones in re ecclesiarum orbis Britannici, in-fol., Londres, 1664, t. n, p. 199; Johnson, Collection of english ca- nons, t. n ; D. Wilkins, Concilia Magnœ Brilanniie et Hibertiim, 4 in-fol., Londres, 1737, t. i, p. 633. Après avoir courageusement combattu contre les empiéte- ments de Henri III dans le domaine ecclésiastique, saint Edmond se vit forcé de quitter l'Angleterre et il vint chercher un refuge à l'abbaye cistercienne de Pon- tigny, puis au monastère de Soisy, près de Provins, où il mourut. Il ne nousrestede ce saint qu'un petit traité intitulé : Spéculum Ecclesix, dans Bibliotheca Palnmi, in-fol., Paris, 1624, t. v, p. 765; voir plus haut t. il, col. 1900; et un sermon qu'il adressa aux moines de Pontigny. Six ans après sa mort, il fut canonisé par Innocent IV.

ChamillarcI, Vie de saint Edmor.d, icvve, 1763 ;R. P. Masse, Vie de S. Edme, in-12, Paris, 1858; Jaspar, Notice biographi- quesur saint Edmond, Lille, 1878; W. Wallace, O. S. B., Life of St. Edmund of Canterbury, in-8", Londres, 1893 ; de Para- vïcini, St. Edmund of Abington, Londres, 1898; Ward, St. Ed- mund archbp. of Canterbury, Londres, 1903; Archer, art. St. Edmund, dans Dictionary of national biography ; Wisch, Biblioth. scriptorum ord. cisterciensis, in-4 Cologne, 1656, p. 88; du Boulay, Historia universitatis Parisiensis, 6 in-fol., Paris, 1666, t. m, p. 679; Fabricius, Bibliotheca lalina médise et inflmx setatis, in-8», Florence, 1858, t. Il, p. 494; Féret, La faculté de théologie de Paris et ses docteurs les plus célè- bres, t. i, p. 285-293.

B. Heurtebize. EFFINGER Romain, théologien bénédictin, mort le 30 juillet 1766. Il était religieux de l'abbaye de Rhei- nau dans l'ancien diocèse de Constance et publia : Ju- dicium D. Thomse Aquinatis in causa maxime con- troversa, sive concordia thomistica libertatis crealse in linea graliac et naturse cum inlrinseca effteacia voluntaiis divinse sine prœdestinalione physica et scientia média, in-4", Constance, 1734.

[Dom François,] Bibliothèque générale des écrivains de l'ordre de S. Benoit, in-4", Bouillon, 1777, t. I, p. 279; Hurter, Nomenclator, 3' édit., 1910, t. iv, col. 1013.

B. Heurtebize.

EGER ou EGHER Henri, chartreux, auteur de plu- sieurs ouvrages ascétiques, naquit à Calcar ou Kalkar, province de Élèves (Allemagne), en 1328, d'une famille noble. Il fut docteur et professeur de l'université de Paris, chanoine de Saint-Georges à Cologne et delà col- légiale de Kaiserschwert (Cœsaris insida). En 1365, il se fit chartreux au couvent de Sainte-Barbe, à Cologne, et vers la fin de l'année suivante prononça ses vœux. En 1368, le chapitre général l'institua prieur de la mai- son de Monichusen, près d'Arnheim, dans la Gueldre. Dom Egergouverna[cette"chartreuse pendant cinq ans, et y laissa des souvenirs ineffaçables. C'est durant ce priorat qu'il persuada au célèbre Gérard de Groote (1340-1384), son ancien disciple en Sorbonne, de chan- ger de vie et d'observer ses devoirs de diacre. Gérard, s'élant démis de ses bénéfices, alla s'enfermer à la char- treuse de Monichusen pour y vivre dans le recueille- ment et la pratique de la pénitence. La faiblesse de sa santé ne lui permit pas de se faire chartreux, et, vers 1373, il quitta le monastère et commença sa vie apos- tolique. Cependant, son souvenir demeura à Monichu- sen, et, dans la suite, la cellule qu'il y avait habitée devint un lieu de pèlerinage pour ses disciples. Cf. Tho- mas a Kernpis, Vila Gerardi Mar/ni, c. IV et VI. A la même époque, dom Eger passa de Monichusen à la direction de la nouvelle chartreuse de Ruremonde, dans le même duché de Gueldre, où il se distingua égale- ment par son zèle pour l'observance régulière et par la sagesse de son administralion. Aussi l'ordre ne tarda pas à lui confier des charges plus importantes. En 1378, il fut nommé prieur de Cologne, et sept années après il fut transféré au priorat de Strasbourg, où il demeura jusqu'en 1396, époque de sa démission de toutes charges et de son retour à la vie claustrale dans la chartreuse de Cologne. Il avait été, pendant vingt ans, visiteur de la province du Rhin, et fut aussi visiteur extraordinaire de plusieurs maisons de Picardie, de France, d'Allemagne'et d'Autriche. Le pape le délégua pour la défense de ses droits, et pour l'absolution des cas réservés au Saint-Siège. Rentré dans lavie privée, il s'occupa d'écrire l'histoire des chartreux et termina son ouvrage vers la fêle de saint Jean-Baptiste en 1398. H continua son commerce épistolaire avec les religieux qui avaient été ses sujets, et ne cessa cet apostolat qu'en 1107, lorsque la paralysie l'immobilisa pour toujours. Sa piété était vive, sa contemplation continuelle et sa dévotion envers la sainte Vierge très tendre. Il fut favorisé de dons extraordinaires et, dans une apparition,