Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 4.2.djvu/416

Cette page n’a pas encore été corrigée
2099
2100
ÉCRITURE SAINT F.


Cf. C. Pescli, De inspiralione sacne Scriptural, p. 586590.

La doctrine de l’Écriture, source de la révélation divine, a été étudiée surtout par les controversistesdu xvr siècle et envipar suite dans ses rapports avec les traditions divines et l’aiiturité de l’Église, que niaient les protestants. Elle a été exposée, avant le concile de Trente, par le B. Jean Fisher, Gochlée, Driédo et le cardinal Itosius, puis, après le concile, par Paiva de Anclrada, Perez de Ayala, Lindanus, Stapleton et Bellannin. Sur la doctrine de ce dernier controversiste, qui a dépassé ses prédécesseurs, voir le P. de la Servière, La théologie de Bellannin, Paris, 1908, p. 26-42. Voir aussi A. Humbert, Le problème des sources théologiques nu xvi’siècle, dans la Revue des sciences philosophiques et théologiques, Kain, 1907, t. l, p. 478-498.

III. L’Écriture, lieu théologique. — 1° Existence. — La théologie, étant la science de la révélation divine, voir Théologie, prend pour point de départ immédiat et pour principe le donné révélé, c’est-à-dire l’objet même de la révélation, ou la vérité 1 de foi divine, ce que saint Thomas appelle l’article de foi. Elle ne les prouve pas ; elle les conslate et les reçoit pour en déduire des preuves d’autres doctrines. C’est donc dans les sources de la révélation divine, et spécialement dans l’Ecriture, que la théologie va chercher ses autorités. S. Thomas, Sum. theol., I », q. I, a. 8. Il en résulte que l’Écriture est le premier et principal lieu théologique, c’est-à-dire le premier et principal principe, duquel le théologien tire ses arguments ou preuves. C’est pourquoi Léon XIII, dans l’encyclique J’rovidentissimus Deus, a déclaré qu’il était souverainement désirable et nécessaire que l’usage de la sainte Écriture indue sur toute la science théologique et en soit comme l’âme. Il rappelle la pralique des saints Pères et des théologiens les plus illustres. L’Écriture occupe, parmi les sources de la révélation, un tel rang que, sans son étude et son usage assidus, la théologie ne saurait être traitée d’une façon convenable et digne d’elle.

Autorité.

Le lieu théologique, que constitue l’Ecriture canonique, parce qu’il part d’une autorité fondée sur la révélation divine, est le principe de solution le plus efficace. S. Thomas, loc. cit., ad 2° m. Il est ferme et indiscutable, car l’autorité divine est la plus grave qui puisse exister. M. Cano, De locis theologicis, 1. II, c. i, dans le Cursus t/ieologiæ complétas de Aligne, t. t, col. 65. Mais pour que, dans les questions théologiques, le donné révélé contenu dans l’Ecriture soit un principe de solution nécessaire et efficace, il faut qu’il appartienne certainement au dépùt de la révélation. S’il est seulement probable qu’il fait partie de ce dépôt, il n’est qu’un principe de solution probable. Voir Dogme, col. 1590-1597.

Règles d’emploi des autorités scripturaires.


1. Les Livres saints, qui contiennent la révélation, étant ceux que l’Église reconnaît comme inspirés, tous les lieux théologiques scripturaires devront élre empruntés aux écrits de l’Ancien et du Nouveau Testament que l’Eglise a déclarés canoniques. — 2. Comme tous les énoncés de l’Écriture, telle qu’elle est sortie des mains de l’auteur inspiré, font parlie en quelque manière du dépôt de la révélation, ils sont susceptibles, de soi, de constituer, tous et chacun, des lieux théologiques scripturaires. Mais, pour cela, ils doivent être pris dans le contexte inspiré, en tenant compte du genre littéraire que l’écrivain sacré a adoplé et de l’intention générale qu’il s’est proposée. Ceux de ces énoncés, qui expriment explicitement des articles de foi, constituent des lieux théologiques scripturaires absolument certains et infaillibles. Ceux qui expriun ni des vérités n’appartenant à la foi qu’indirectement, secondairement et par accident, ne constituent des lieux théologiques scripturaires certains que quand il est constant qu’ils sont contenus dans la doctrine de la foi. S. Thomas, Sum. theol., II" II e, q. H, a. 5. Or,

sauf le cas d’évidence, cette certitude n’est donnée qu’après détermination de l’Église. I », q. xxxii, a. 4. Voir col. 159(5 1 598. Par déduction on peut tirer des énoncés de l’Ecriture un article de foi ou une vérité définie qui y est contenue implicitement. Cette déduction, si elle est évidente, peut être reçue comme un lieu théologique certain, même lorsque l’Église ne l’a pas déterminée elle-même. Sa détermination, si elle existait, serait utile si les déductions n’étaient pas évidentes. — 3. Au point de vue de l’interprétation, les énoncés de l’Écriture, dont le sens littéral explicite est certain, fournissent, par eux-mêmes et sans déclaration de l’Église, des preuves théologiques certaines et des arguments efficaces. Le sens littéral implicite est de soi apte à fournir aussi aux théologiens des arguments certains, mais parce que le passage du sens implicite au sens explicite exige une explication des termes, une vérité implicitement contenue dans l’Écriture n’équivaut, en fait, à un principe de foi qu’après déclaration de l’Eglise. Le sens littéral, explicite ou implicite, qui n’est pas certain, ne peut donner que des arguments théologiques probables. Quand l’Eglise a défini le sens littéral, explicite ou implicite, ou même le sens spirituel, de quelque passage scripturaire, ce sens ainsi défini devient un principe de foi qu’on ne pourrait contredire sans hérésie et un argument Ihéologique, certain et infaillible. Lorsque l’Église se sert de passages bibliques à l’appui de ses définitions dogmatiques, sans définir que le sens littéral ou spirituel qu’elle leur donne, est le véritable sens, cette signification fournit une preuve théologique certaine, mais non infaillible, et il serait téméraire, quoique non hérétique, d’y contredire. Dans les choses qui concernent la foi et les mœurs, le sens d’un texte biblique, adopté par le consentement unanime des Pères, constitue un lieu théologique certain, auquel il serait téméraire de contredire. Mais si les Pères, même unanimement, et à plus forte raison les docteurs et les théologiens, emploient un texte biblique en preuve d’un dogme, de leur autorité’propre et non pas au nom de l’Église, leur interprétation constitue un lieu théologique certain, mais non infaillible, en faveur de ce dogme. Le sens spirituel, voulu par le Saint-Esprit, est, de soi, une preuve certaine ; toutefois elle n’est valable que quand l’existence de ce sens est constatée avec certitude. Or, elle l’est, certainement ou probablement, lorsque le sens spirituel est attesté, certainement ou probablement, par un écrivain sacré, par l’Eglise ou le consentement unanime des Pères. Le sens conséquent, qui se déduit d’un texte biblique par voie de raisonnement, a pour le théologien une autorité certaine. S’il est déduit d’un sens littéral explicite ou défini, ce serait une erreur d’y contredire. S’il résulte du rapprochement de deux textes, ou d’une majeure rationnelle et d’une mineure scripturaire, ou encore d’une majeure scripturaire et d’une mineure rationnelle, il a la valeur d’une conclusion théologique de même nature. Le sens d’une proposition scripturaire, opposé à l’analogie de la foi, est toujours faux ; mais le sens, conforme à cette anale n’est pas toujours vrai, etil ne constitue un argument théologique scripturaire que s’il est certain par ailleurs. Le sens accommodatice ne peut jamais servir directement d’argument scripturaire. Cf. S. di Bartolo, Les critères théologiques, trad. franc., Paris, 1883, p. 258-280. — 4. Sous le rapport des texte ?, traductions et éditions de la Bible à utiliser, le théologien tire des arguments certains des textes qui ont élé et sont encore dans l’usage de l’Eglise universelle, tels que ceux de la version des Septante et du Nouveau Testament grec. Des textes en usage dans des Églises particulières, tels que les versions syriaque, copte, italique, avec l’approbation, au moins implicite, de l’Eglise universelle, ont pour le théologien une valeur un peu moindre. La Vul