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ÉCRITURE SAINTE

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rite de ces livres par les formules : ysYpaîtrat Y*P> **8&î YÉ-j-pamat. Les livres divins étaient l'Écriture, les Ecritures, par antonomase.

2° So ?t application. — 1. Dans le Nouveau Testament. — Notre-Seigneur et ses apôtres emploient ces noms et ces formules de citation, lorsqu’ils parlent des livres de l’Ancien Testament ou en citent quelque passage. On trouve Yéyparcrat sur les lèvres de Jésus : Matth., iv, 4, 6, 7, 10 ; xi, 10 ; xxi, 13 ; xxvi, 31 ; Marc, vu, 6 ; xi, 17 ; xiv. 27 ; Luc, iv, 4, 8, 10 ; iiv 27 ; xaflù ; êirriv y£Ypau.a£vov..Ioa., vi, 31, 45. Une fois, le Sauveur cite Ps. cxviii, 22, 23, comme étant âv xxlç, ypocpatc, Matth., xxi, 42 ; mais, dans les passages parallèles, saint Marc, XII, 10, dit r/)v Ypaçô v Ta-Jnrjv, et saint Luc, xx, 17, tô Y^YPaM-Ji^vov to-jto. Mais Jésus en appelle souvent aux Ecritures, désignant ainsi tout ou partie de l’Ancien Testament. Matth., xxil, 29 ; xxvi, 54 ; Luc, xxiv, 27 ; Joa., v, 39. De leur côté, les évangélistes citent les passages bibliques par les mêmes formules. Matth., ii, 5 ; Marc, I, 2. Saint Jean se sertde ysYpajij/ivov è<mv, ii, 17 ; xii, 14, et il emploie le singulier ypa ?r, pour désigner des passages isolés de l’Ecriture, iiv 38 ; x, 35 ; xiii, 18 ; xix, 24, 36, 37 (ï-loz YP a ¥*l >-évei). Les évangélistes appellent encore les Ecritures les écrits de l’Ancien Testament, Luc, xxiv, 32, 45, et saint Luc fait de même dans les Actes, xvii, 2, 11 ; xviii, 21, 28. Dans les Actes, nous retrouvons aussi les formules de Citation : yÉypa7rrat Y*p, vta6ô> ; OU wç) ysypairrai, dans la bouche de saint Pierre, i, 20 ; xv, 15, de saint Etienne, iiv 41, et de saint Paul, xiii, 33 ; iixxi 5. Le passage d’Isaïe, que lisait l’eunuque éthiopien, est une irepioj£T| tîjç ypaçr, ; , iivi 32. Dans quatre grandes Epitres de saint Paul, on constate l’emploi des formules de citation de l’Ancien Testament : xtxOùç (ou y.afliTtsp) yiypamat, Rom., I, 17 ; ii, 24 ; iii, 4, 10 ; iv, 17 ; iivi 36 ; ix, 13, 32 ; x, 15 ; xi, 8, 26 ; xv, 3, 21 ; I Cor., i, 31 ; il, 9 ; xv, 45 ; Il Cor., VIII, 15 ; ix, 9 ; ojuTrep Ysypairtat, I Cor., x, 7 ; YÉYP a7rTa ' Y « P> ^om., xii, 19 ; xiv, 10 ; XV, 9 ; I Cor., i, 19 ; iii, 19 ; îx, 9 ; xiv, 21 ; Gal., iv, 27 ; et le nom rj YP*?') P our des passages isolés, Rom., iv, 3 ; ix, 17 ; x, 11 ; XI, 2 ; Gal., ni, 8 ; iv, 30. Ce nom est aussi employé, ITim, v, 18. Cf. Prat, La théologie de saint Paul, Paris, 1908, p. 35-36. L’apôtre parle encore des Écritures au pluriel, au sujet des prédictions de l’Ancien Testament, I Cor., xv, 3, i ; Rom., xv, 4 ; xvi, 26, et de l'Écriture au singulier. Gal., iii, 22. Il affirme l’inspiration de toute Ecriture, ou de l’Ecriture entière. I Tim., iii, 16. Saint Pierre cite des passages de l’Ancien Testament par les formules féxpamxoLi, I Pet., i, 15, et èv ioa.yf, , H> 6. Il compare les Épitres de saint Paul aux autres Ecritures. II Pet., I, 20. Saint Jacques cite enfin comme Écriture divers passages de l’Ancien Testament, ii 8, 23 ; iv, 5.

2. Chez les écrivains juifs.

Jésus et ses apôtres, dans leur prédication, s’adressaient principalement à des auditeurs juifs. L’emploi qu’ils font des formules : « Il est écrit », et des noms : « l’Ecriture, les Écritures » montre que ces expressions étaient usitées de leur temps parmi les Juifs. Nous en trouvons d’autres preuves dans les ouvrages de Philon et de Josèphe. Philon représente les Juifs d’Alexandrie ; or, il désigne les livres de l’Ancien Testament comme aï ispoù y ?*?*-', fà tfpa Ypi(J.[jaTa. Quis rer. div. Itères, 52, n. 528 ; De vila Moi/sis, 1. II, ^ 39, n. 290, etc., édit. Colin et Wendland, t. ii p. 230 ; t. iii, p. 59 ; t. iv, p. 268. L’historien Josèphe est un palestinien ; il nomme aussi les livres de l’Ancien Testament xà îspa Ypây-^a-a. Anl. jud., proœm., 3 ; XIX, xi, 2. Parmi les noms que les talmudistes donnaient au recueil entier, le plus répandu était WTpn '2ro, « Ecritures saintes », Sabbath, 1, 61, etc., ou encore air : , « l’Ecriture ». Une catégorie spéciale de livres portait le nom de D>31rQil, « écrits », àyioYpx-fx ou ypaçsïa, les hagiographes. Cf..1. Fùrst, Der Kanon

des Allen Testaments nach deu Ueberlieferungen in Talmud und Midrasc/i, Leipzig, 1868, p. 2 ; L. Wogue, Histoire de la Bible et de l’exégèse biblique jusqu'à nos jours, Paris, 1881, p. 5-6, 7.

3. Chez les premiers écrivains ecclésiastiques.


L’usage d’indiquer les citations de l’Ancien Testament par les formules yÉypat7tTat et r YP^î'h est fréquent chez les Pères apostoliques. Ainsi yiyç>a.-K-a.i se lit dans Barnabœepistola, i ; 3, li ; v, 2 ; xi, 1 ; xiv, 6 ; xv, 1 ; xvi, 6, Funk, Patres aposlolici, 2e édit., Tubingue, 1901, p. '.6, 48, 50, 72, 82, 86 ; dans Clément de Rome, / Cor., iv, 1 ; xvii, 3 ; xxxvi, 3 ; xxxix, 3 ; xlvi, 2 ; xlviii, 2 ; i„ 4, 6, p. 102, 122, 146, 148, 158, 163, 164 ; dans saint Ignace d’Antioche, Ad Eph., v, 3 ; Ad Magn., xii, p. 218, 210 ; et r, ypaap-r, , dans Barnabe epislola, iv, 7, 11 ; v, 4 ; vi, 12 ; xiii, 1 ; xvi, 5, p. 46, 47, 50, 56, 78, 86 ; dans Clément de Home, I Cor., xxiii, 3, 5 ; xxxiv, 6 ; xxxv, 7 ; xi.ii, 5 ; p. 130, 142, 141, 152 ; dans la // Cor., vi, 8 ; xiv, 1, 2, p. 190, 200. Ce qu’il y a de particulier à noter, c’est que ces mêmes écrivains, qui citent de nombreux passages du Nouveau Testament, voir t. ii, col. 1583, en présentent explicitement quelques-uns comme Écriture. Ainsi Matth., xx, 16 ; xxii, 14, est précédé de la formule : ùç l’iypxnzixi. Barnabse epislola, iv, 11, Funk, p. 48. La parole de Noire-Seigneur : « Je ne suis pas venu appeler les justes, mais les pécheurs, » Matth., ix, 13 ; Marc, II, 17 ; Luc, v, 32, est citée après cette introduction : xsù èripx il ypasr, /lys-., et elle est juxtaposée à Is., Liv, 1, dans la // Cor., ii, 3, i, p. 186. La parole du Ps. iv, 5, reproduite Eph., iv, 26, est citée par saint Polycarpe, Ad Pliil., xii, 1, p. 310, comme parole des Écritures sans distinction, de telle sorte qu’on ne sait si l'évêque de Smyrne vise le psaume ou l’apôtre. Voir t. ii, col. 1581. On pense aussi que le Nouveau Testament était compris dans les Ecritures, dont on faisait lecture aux synaxes liturgiques. Il Cor., xix. 1, p. 208. Cf. Th. Zahn, Grundriss der Gesc/iichte des neuleslamentliclien Kanons, Leipzig, 1901, p. 38. Les écrivains postérieurs ont continué à citer de la même manière les livres des deux Testaments. Presque chaque page de saint Irénée, de Clément d’Alexandrie et de Tertullien contient des citations de l’un ou de l’autre Testament sous les noms « les Ecritures » ou « l’Ecriture ». Cf. Th. Zahn, Geschichte des Xeutestamentlichen Kanons, Erlangen, 1888, t. i, p. 88-89.

Sa signification.

Ce nom de ypa ?, , quii de sa nature, pouvait être appliqué à n’importe quel écrit et qui a conservé parfois cette signification générale, a pris cependant par l’usage chez les Juifs et chez les chrétiens une signification spéciale, qui est restreinte aux livres de l’Ancien et du Nouveau Testament et qui voit en eux les écrits par excellence, distincts de tous les autres écrits. Cette signification spéciale et restreinte est marquée par l’article placé devant ypaç^, et cet article fait des livres qu’elle désigne l’Ecriture par antonomase. Du reste, les épithètes qui qualifiaient les Écritures précisaient davantage leur nature. Philon et Josèphe les appelaient « les saintes Écritures ». L’adjectif iepou qu’ils emploient (cf. II Macli., iivi 23 ; II Tim., m, 15) considère ces écrits comme consacrés à Dieu, comme chose sacrée, inviolable, ayant un rapport étroit avec Dieu, plutôt que comme provenant de Dieu. Mais saint Paul les dit saintes, en Ieurappliquant l’adjectif âyiot, qui est la traduction de urnp, et qui était appliqué déjà aux Livres saints. I Macli., XII, 9. Or, l’idée exprimée par ces adjectifs hébreu et grec est celle de la séparation des usages profanes et celle de la consécration à Dieu, mais avec le sens moral de pureté, de sorte que les Ecritures saintes sont distinctes des écrits profanes, sont à Dieu, sinon même directement de Dieu, contiennent la vérité pure de toute erreur et sanctifient ceux qui les lisent. D’ailleurs, l'épithète « saintes », conservée par la tradition ecclésiastique