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1904, col. 1270-1271 ; par A. Lasson, dans Ueberweg-Heinze, Grundriss der Geschichte der Philosophie, 9° édit., t. II, p. 352-353 ; par H. Delacroix, Essai, p. IX-XVI.

F. Vernet.

2. ECKART LE JEUNE, mystique allemand, mort en 1137. Dominicain, il fut un des hommes éminents de ce couvent d’Erfurt, qui compta toute une pléiade de mystiques illustres. Cf. M. de Villermont, Un groupe mystique allemand, étude sur la vie religieuse au moyen âge, Bruxelles, 1907, p. 16. Disciple de maître Eckart, il lui voua une sorte de culte et s’inspira de ses doctrines, quitte à éviter les formules plus ou moins panthéistes auxquelles maître Eckart avait paru se laisser prendre. Nous avons de lui deux sermons et une lettre, dans les diverses éditions de Tauler. Cf. D. Joannis Tauleri opera omnia, édit. L. Surius, Cologne, 1603, p. 11-13, 46-48 (il y parle avec émotion de maître Eckart, dont il révèle une pieuse confidence), 807-808. W. Preger a cru vraisemblable qu’il est l’auteur d’un petit traitė précieux intitulé : l’on der wirkenden und möglichen Vernunft, « de l’intellect agent et possible » ; si cette attribution est fondée, Eckart le jeune a abandonné une théorie de son maitre sur l’intellect agent. Cf. W. Preger, Geschichte der deutschen Mystik un Mittelalter, Leipzig, 1881, t. 11, p. 149. W. Preger a édité le traitė l’on der wirkenden und möglichen Vernunft, dans les Sitzungsberichten der k. Akademie. Philos. hist. Classe, Munich, 1871, p. 176 sq., et quatre fragments d’Eckart le jeune dans Geschichte der deutschen Mystik un Mittelalter, t. 11, p. 434-439.

W. Preger, op. cit., p. 143-149, et les travaux indiqués par Ul. Chevalier, Répertoire des sources historiques du moyen âge, Bio-bibliographie, 2 édit., Paris, 1903-1904, col. 1271. La Realencyklopädie, 3 édit., Leipzig, 1898, t. v. p. 142, et 1904, t. xv, p. 650, a annoncé qu’elle s’occuperait d’Eckart le jeune ; mais elle a oublié de tenir cette promesse.

F. Vernet.

ECKBERT, abbé bénédictin, mort le 28 mars 1185. D’une famille noble, il fut d’abord chanoine de Saint- Florent de Bonn, puis, en 1155, embrassa la vie monastique à l’abbaye des bénédictins de Schönau, dont il devint abbé en 1166 ou 1167. Il combattit avec force et éloquence les cathares dans une conférence où il avait été appelé par l’archevêque de Cologne, Rainald. Les discours qu’il prononça en cette circonstance nous ont été conservés : Sermones adversus pestiferos fœdissimosque catharorum qui manichæorum hæresim innovarunt damnatos essores ac hæreses, in-8°, Cologne, 1550. Ils se trouvent, P. L., t. cxcv, ainsi que les autres ouvrages d’Eckbert De laude crucis ut hujus venerationem contra adversariorum exceptiones tueretur ; Soliloquium sive meditationes ; Stimulus ardoris, petit traité attribué sous les titres de Sermo de vita et passione Domini, Speculum evangelici sermonis, de humanitate Christi à saint Anselme, à saint Bernard et à saint Bonaventure. Eckbert a, en outre, fait connaître la vie et les visions de sa sœur sainte Élisabeth, abbesse d’un monastère de bénédictines dans la même ville de Schönau : De sancta Elisabeth virgine magistra sororum ord. S. Benedicti Schonaugiæ in dicecesi Trevirensi, dans Acta sanctorum, t. III junii, p. 604.

Bern. Pez, Bibliotheca ascetica antiquo-nova, in-8°, t. VII (1725) ; Roth, Die Visionen der hl. Elisabeth und dit Sobristen der Aebte Eckbert und Emecho von Schönau, in-8°, Brunn, 1884 ; 2 édit., 1886, avec une vie d’Eckbert, p. 448-454 ; Fabricius, Bibliotheca latina mediæ et infimæ ætatis, in-8°, Florence, 1858, t. II, p. 490 ; Ziegelbauer, Hist. rei literariæ ord. S. Bénédiou, in-fol., Augsbourg, 1754, t. I, p. 59 ; t. iv, p. 49, 80, 127, 177, 192 ; Gallia christiana, in-fol., 1785, t. XIII, col. 610 ; Histoire littéraire de la France, t. Ix, p. 431 ; [dom François,] Bibliothèque générale des écrivains de l’ordre de S. Benoît, in-4o, Bouillon, 1777, t. 1, p. 276 ; Journal des Savants, an. 1887, p. 509 ; Hurter, Nomenclator, 3e édit., 1906, t. II, col. 173.

B. Heurtebize.

ÉCOLE. — I. L’école et la famille. II. L’école et l’Église. III. L’école et l’État.

I. L’ÉCOLE ET LA FAMILLE. La question des rapports entre l’école et la famille se présente sur un double plan. Elle se pose dans l’ordre naturel, et elle se pose dans l’ordre surnaturel.

1o Dans l’ordre naturel. c’est-à-dire dans l’hypothèse où Dieu n’aurait pas fondé une société visible chargée de conduire les hommes vers les joies de la vision béatifique, la famille aurait seule originairement autorité sur l’école. En effet, à ne considérer que la nature des choses, l’instruction des enfants, qui fait partie de leur éducation, revient aux parents, comme un devoir et comme un droit. Deux arguments peuvent mettre cette prérogative en évidence. D’une part, la fin principale du mariage, qui est la propagation de l’espèce humaine, implique que les enfants seront munis par leurs protecteurs naturels du viatique intellectuel et moral qui leur est nécessaire. La responsabilité de leur éducation incombe tout d’abord à ceux qui leur ont donné naissance. D’autre part, l’ordre providentiel exige que les parents s’acquittent de cette mission éducatrice. Si l’on admet qu’une volonté sage et bienfaisante préside aux destinées de l’humanité, on ne peut imaginer que l’enfant soit naturellement et normaleiment abandonné à son dénuement. Qui donc veillera sur lui et cultivera son intelligence et son cœur ? Trois hypothèses seulement se présentent à l’esprit. Ou bien l’éducation de l’enfant doit être laissée à la collectivité, sans que personne, en particulier, n’en reçoive la charge. Ou bien elle sera confiée à des magistrats civils ou à des fonctionnaires. Ou bien elle restera entre les mains de la famille. Est-il besoin d’observer que livrer l’éducation des enfants à la collectivité, c’est la livrer au hasard ? Quant à transformer l’éducation en une fonction civile, c’est méconnaître d’abord, une vérité psychologique, à savoir, que les méthodes administratives ne comportent pas la souplesse, l’affection, le dévouement requis par l’œuvre de l’éducation ; ensuite, une vérité sociologique, à savoir, que toute fonction civile suppose, comme la société elle-même, les familles déjà constituées, et, par conséquent, l’éducation des enfants déjà mise en train. Reste ainsi le troisième terme du trilemme. La formation intellectuelle et morale de l’enfant est une prérogative de la famille. L’affection qui naturellement rapproche parents et enfants ; d’une part, ce besoin de protection, de l’autre, ce besoin d’être protégés : voilà qui, plus sensiblement que les raisonnements, manifeste le caractère domestique de l’œuvre de l’éducation. À une époque, où l’on cherche à éclairer les lois de l’humanité par des analogies tirées du règne animal, nous pouvons également indiquer un autre argument, et remarquer que les petits des animaux reçoivent eux aussi leur éducation de ceux qui leur ont donné la vie. Meyer, Institutiones juris naturalis, 1900, p. 103-106.

Aux parents il pourra manquer et ce sera le cas le plus fréquent soit le loisir, soit la science, nécessaires pour fournir eux-mêmes à leurs enfants l’instruction dont ils ont besoin. De là l’établissement des écoles, où, de la part des parents et avec leur agrément, les enfants recevront l’enseignement primaire ou secondaire. Mais cette délégation faite aux instituteurs, loin de ruiner ou de diminuer le droit paternel, le confirme el le manifeste. Ce sont les parents, en effet, qui organisent, ou qui choisissent, et qui, dans les deux cas, surveillent les écoles.

L’école à la famille : cette formule résume les données du droit naturel en la matière.

2o Dans l’ordre surnaturel, qui est l’ordre actuel, une autre autorité intervient, comme nous le verrons dans le paragraphe suivant. Aussi la formule : l’école à la famille, ne suffit plus à représenter le caractère désor-