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ECKART


a dans le génie allemand : « un singulier mélange de rudesse grossière et de sentimentalité mystique, d’appétits violents et de religion tendre et intime. » A. Baudrillart, L’É’/lise catholique, la Renaissance, le protestantisme, Paris [1904], p. 1 16, 117, cf. p. 1 19-120, 1 40. Luther, du moins, garde le Dieu personnel et vivant. Mais combien qui ont substitué à Dieu l’absolu, ou l’esprit, ou le moi, ou pour qui Dieu a cédé la place au divin, le divin à l’idéal, l’idéal à je ne sais quoi de vague, de Huilant, d’indéfinissable. ! Quelle que soit la théorie mise en avant, on la sert avec une ferveur toute religieuse, avec un sentiment intense qui confine à l’adoration. Par là ceux-là même qui sont le plus éloignés de la foi si franchement catholique d’Eckart et des mystiques de son école ont avec eux un air de famille.

I. Œuvres. — 1° Œuvres allemandes. — Quelques sermons et fragments ou petits traités avaient élé imprimés dans les éditions de Tauler, de Leipzig (1498), de Bàle (1521, 1522), de Cologne (1543), dans l’édition latine qu’a publiée le chartreux L. Surius, Cologne, 1603, p. 18-20. 232-235, 537-510, 660-671. F". Pfeiller, Deutsche Mysliker der vierzehnten Jahrliundcrls, Leipzig, 1857, t. ii, publia, sous le nom d’Eckart, cent dix sermons, dix-huit traités, soixante-huit fragments, et un écrit par demandes et réponses où il crut reconnaître un ouvrage désigné par Trithème sous le titre de Liber positionum ; Pfeiffer ne considérait pas son édition comme définitive. Nous avons vu qu’en ellet tout ce qu’il a publié, et, en particulier, le Liber position uni, est loin d’être sûrement authentique. Des écrits allemands, d’une attribution souvent douteuse, ont été publiés, comme l’œuvre d’Eckart par W Piéger, Zeitschri ft fur deutsches A Iterthum, Leipzig, 1851, t. vin ; Zeilschrift fur historische Théologie, Leipzig, 1864, t. II, p. 166-181, et 1866, t. iv ; Geschichte der deutschen Mijslik im Miltelallcr, t. i, p. 484-488 ; cf. p. 317-324 ; Sievers, Zeitschrift fur deutsches Alterthum, Leipzig, 1872, t. XXVI, p. 373-439 (vingt-six sermons nouveaux) ; A. Jundt, Histoire du panthéisme populaire au moyen âge et au xiV siècle, Paris, 1875, p. 231-280 ; Birlinger, Alemannia, 1875-1876, t. iii, iv (texte plus complet de l’écrit publié par Pfeiffer comme élant le Liber positionum mentionné par Trithème) ; W. Wackernagel, Altdeutsche Predigten und Gebete, Bàle, 1876, p. 156-179 ; K.Bach, Germania, Stuttgart, 1863, t. iivi p. 223-226 ; et 1865, t. x. p. 391-392 ; F. Jostes. Meister Eckart und seine Jùnger, ungedruckle Texte zur Geschichte der deutschen Mystik (4" fascicule des Collectanea Friburgensia, Fribourg (Suisse), 1895. Des fragments d’Eckart se lisent dans H. S. Denille, Dos geistliche Leben, Blumenlese aus den deutschen Mystikern und Gottesfreundend.es 14 Jahrhundcrls, Graz, 1873 ; 4°édit., 1895 ; la 4’édition a été traduite en français en entier, Troyes, 1897, 2 vol., et en partie par la comtesse de Flavigny et M. —A. de Pilleurs, Paris [1904J ; malheureusement Denille a supprimé, dans lai’édit., l’indication des sources, pour faciliter la pratique du conseil de l’Imitation, i, 5 : non q uniras guis lioc dixerit sed quid dicatur attende ; elles ont été reproduites de la 3’édit., dans la traduction Flavigny et Pitteurs ; Ph. Strauch, Meister Eckharts bucli der gôttlichen trostung und von dem edlen menschen Liber Benedi(lu)s, Bonn, 1910. Sur la langue d’Eckart, cf. R. Euken, Geschichte der philosophischen Terminologie, Leipzig, 1879, p. 118-122 ; E. Kramm, Meister Kckarls Terminologie in ihren Grundzùgen dargestellt, dans Zeilschrift fur deutsche Philologie, Halle, 1884, t. XVI, p. 1-47.

2° (Kuures latines. — H. Denifle a publié des fragments du plus haut prix, dans Archiv fur Lttteratur und Kirchengeschichte des Mittelalters, Berlin, 1886, t. ii, p. 533-615, à savoir le prologue de l’Opus tripartitum, p. 533 ; le prologue de l’Opus prop081tionum, p. 542 ; le prologue de l’Opus exposition u iii, p. 549 ; des fragments des commentaires sur la Cenèse, p. 550 ; sur l’Exode, p. 556 ; sur l’Ecclésiastique, p. 563 ; sur la Sagesse, p. 597. Denifle a publié encore, Archiv, 1889, t. V, p. 858-364, un Sermo in die B. Augustini.

II. Sources.

Citons d’abord les actes du procès d’Eckarl publiés par W. Preger, Geschichte der deutschen Mystik un Miltelallcr, t. I, p. 471-484, et mieux par II. Denille, Archiv fur l.itteratur und Kirchengeschichte des Mittelalters, t. ii p. 616-640. Les disciples d’Eckart firent passer dans leurs écrits les idées du maître et des fragments de ses écrits ; ils le citèrent fréquemment. Voir, entre autres, Tauler, Convivium magistri Eckardi de paupertate spiritus, de humililate, divino amore,

inatione et ttnione cum Deo, dans/J.. loannis Tauleri opéra omnia, édit. L. Surins, Cologne, 1608, p. H31-833 ; le B. Suso.De veritate dialogue, dans D. Henrici Susonis opéra, édit. L. Su rius, Cologne, 1588, p. 269-349 (c’est une apologie de mailre Eckart, qui est désigné clairement, quoique son nom ne soit pas prononcé ; sur l’authenticité de cet écrit, cf. H. Lichtenberger. dans Revue des cours et conférences, 9 juin 1910, p. 611) ; cf. Susonis vita, c. viii, XXIII, ibiiL, p. 463, 510. Maitre Eckart est cité par Eckart le jeune (voir l’article suivant) ; par l’auteur du traité Von den wirken den und môglichen Vernunft, publié par W. Preger, lequel croit que cet auteur n’est autre qu’l’.ckart le jeune, cf. Gescliichte der deutschen Mystik im Mittelatter, t. II, p. 146 ; par l’auteur du traité Von der Minne, publié par W. Preger, op. cit., p. 419-426, cf. p. 149 ; par la dominicaine Elisabeth Stagel, cf. W. Preger, op. cit., t. ii p. 252, note, etc. Un petit poème d’une dominicaine, auditrice de mailre Eckart, qui caractérise sa prédication, a été publié en partie par A.Jundt, Essai sur le mysticisme spéculatif de maitre Eckart, Strasbourg, 1871, p. 150, et en entier par Hoiler ; cf. W. Preger, op. cit., t. II, p. 138. Jacques Fournier, cardinal du titre de Sainte-Prisque, devenu plus tard le pape Benoit XII, avait écrit contre les articles d’Eckart condamnés par Jean XXII. Cf. Baluze, Vils paparum Avenionensium, Paris, 1693, t. i, p. 797, et F. Ehrle, Historia bibliotlwese romanorum pontificum tum Bonifatianx tum Avenionensis, n. 65.3, 656, Borne, 1890, t. i, p. 499. Le vénérable Jean van Leeuw (de Leuwis), disciple de Ruysbroeck, avait écrit un livre Contra errorem dogmatis magistri Eckardi. Cf. II. Pomerius, De origine monaslerii Viridisvallis, I. III, c. ii dans Analecta bollandiana, Bruxelles, 1885, t. iv, p. 310. Ruysbroeck lui-même, dont la pensée se rattache fréquemment à celle d’Eckart, a réfuté, dans son livre De duodecim beghinis, quelques-unes des dispositions d’Eckart condamnée> par Jean XXII, cf. A. Auger. De doctrina et merilis Joannis van Ruysbroeck, Louvain, 1892, p. 111-113, 146. Parmi les écrivains postérieurs, qui peuvent figurer comme sources, citons le cardinal Nicolas de Cues, Apologia doctx ignorantix, dans Opéra, Paris, 1514, fol. 39, et Trithème (Johannes de Titlenhem), De scriptoribus ecclesiasticis, Paris, 1494, fol. 118 recto) (il ne connaît pas très bien maitre Eckart, puisqu’il n’est pas sûr qu’Eckart ait été dominicain, mais il nous a laissé une liste précieuse de ses écrits).

III. Travaux.

Quélif et Echard, Scriptores ordinis prædicatorum, Paris, 1719, t. i, p. 507-508 ; Ch. Schmidt, Études sur le mysticisme allemand au xiV siècle (extrait du t. il des Mémoires de l’Académie des sciences morales et politiques, Savants étrangers), Paris, 1847, p. 1-104, 242-278, et Précis de l’histoire de l’Église d’Occident pendant le moyen âge, Paris, 1885, p. 293-297 ; II. Martensen, Meister Eckart, eine theologische Sludie, Hambourg, 1842, et M ester Eckart, et Bidrag til at oplyse Middelalderens Mystik, Copenhague, 1851 ; i ; . Greith, Die deutsche Mystik im Predigerorden, Fribourg-enBrisgau, 1861, p. 96-202 ; J. Bach, Meister Eckart, der Voter der deutschen Spéculation, Vienne, 1864 ; A. Lasson, V Eckart der Mystiker, zur Geschichte der religiôsen Spéculation m Dculschland, Berlin, 1868, et dans Uebcrweg-lleinze, Grundriss der Geschiclite der Philosophie, t. ii, Die minière oder die patristische und scholastische Zeit, 9’édit., Berlin, 1905, p. 350-370 ; W. Preger, Meister Eckart und die Inquisition, Munich, 1869, et Gescliichte der deutsclicn Mystik im Mittelatter, Leipzig, 1874, t. I, p. 309-458 ; 1881, t. ii p. 111-116, et passim (sur les autres publications de Preger relatives à Eckart, cf. Caspari, dans Bealencyclopàdie, 3° édit., Leipzig, 1905, t. xvi, p. l-31 : A. Jundt, Essai sur le mysticisme spéculatif de maitre Eckart, Strasbourg, 1871, et Histoire du panthéisme populaire au moyen àye et au xvr siècle, Paris, 1875, p. 57-93 ; H. Denifle, Meister Eckeliarts laleinische Schrifim uiiii die Grundanschauung seiner Lehre, dans.1 rchiv fur Litteratur und Kirchengeschichte des Mittelalters, Berlin, IKKli, t. ii, l>. 417-532, 672, et Uas cusaiiische Exemplar I nischer Schriften Eckeliarts in Cues, loc. cit., p. 673-687, et liir ileimath Meister Eckeliarts. 1889, t. V, p. 349-304 ; s. M. Deutsch, dans Realencyklop&die, 3’édit., Leipzig. 1898, t. v, p. 142-154 (cf. Realencyklop&die, 1909, t. XXll, p. 114, l’indication de tous les passages de la Realencyklop&die où il est question d’Eckart) ; II. Delacroix. Essai sur le mysticisme spéculatif en Allemagne au xive siècle, Paris, 1899. p. 135287 ; cf. P. Mandonnet, dans Bulletin critique, 25 janvier 1901, p. 41-47 ; M. de Wulf, Histoire de la philosophie médiévale, 2° édit., Louvain, 1905, p. 481-484, 489 ; Mortier, Histoire des maîtres généra u.e de l’ordre des frères prêcheurs, Paris, 1907, t. iii, p. 64-67 ; I). P., dans Bévue des cours et conférences, 19 mai 1910. p. 433-447 (analyse d’un cours important de M. II. Lichtenberger à l’université de Paris). Voir, en outre, les autres travaux mentionnés au cours de cet article, et ceux qui sont Indiqués par CI. chevalier, Répertoire des sources historiques du moyen âge, Bio-bibliographie, 2’édit., Paris, 1903