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suivent, il fait paraître de nombreux ouvrages dont les principaux sontle£)<> prenitentia et confessione secrela, s. 1. n. d. ; le De sacramentis, dans lequel il défend l’ouvrage du roi d’Angleterre contre les réformateurs ; le De purgatorio, le De satisfacdone et le De inilio psenitentiæ, tous publiés à Rome en 1523. Il intervient auprès de Charles-Quint et du duc de Bavière pour obtenir la répression de l’hérésie. En 1525, il imprime à Landshut son principal traité : Enchiridion locorum communium, dirigé contre les Loci de Mélanchthon. Il y coordonne tous les textes scripturaires et patristiques nécessaires à la défense des dogmes attaqués par les protestants, h’Enchiridion eut 46 éditions en un demisiècle.

La Suisse allait lui fournir de nouveaux adversaires. Il prend part à la dispute de Baden (1526) contre Zwingle et défend contre lui la doctrine traditionnelle sur l’eucharistie. Il donne sur ce sujet le De sacrificio missse (1527) et divers traités ou sermons traduits en allemand qui paraissent à Ingolstadt de 1530a 1533.11 discute à Augshourg contre Mélanchthon en 1530 et rédige avec quelques autres théologiens catholiques la Confutatio aug us taure Confessionis. Il publie en même temps la Repulsio articulorum Zwinglii et entreprend une traduction complète de la Bible en allemand. Elle voit le jour en 1537. En 1540, il est invité aux travaux préliminaires du concile que l’on croit prêt à s’ouvrir. On le trouve aux colloques de Haguenau, de Worrns et de Ratisbonne. Dans ce dernier il s’oppose énergiqueinent aux concessions que les partisans de la conciliation, Contarini, Pllug et Gropper, voulaient faire à BuceretaMelanchthon.il se trouve ainsi d’accord avec Luther qui traitait alors ceux-ci de faux frères. Ses derniers ouvrages, Apologia pro principibus catholicis, Ingolstadt, 1542, et Replica Eekii, ibid., 1543, sont dirigés contre Bucer.

Cette activité littéraire prodigieuse, ses nombreuses missions ne l’empêchent pas de se livrer aux travaux du ministère pastoral. Curé de Saint-Maurice, puis de Notre-Dame d’Ingolstadt, il déploie un grand zèle pour l’instruction de ses paroissiens. En l’espace de six ans, il ne leur donne pas moins do 476 sermons. Il a laissé de cette activité un curieux monument dans son Cura auimarum, où l’on trouve les détails les plus précis sur son œuvre pastorale. Tout cela suffit à rendre très suspectes les accusations dont ses adversaires l’ont chargé et que les historiens protestants ont complaisamment accueillies. Il n’est pas de vice qu’ils ne lui aient attribué. A part un naïf amour du paraître, aucune de ces accusations ne semble fondée. Eck demeure l’un des plus grands théologiens catholiques du xvi 6 siècle.

Lœmmer, Vortridentinische Théologie, 1858 ; Wiedemann, J. Eck, Ratisbonne, 1863 ; Schneid, J. Eck Und das Ziusverbot, d ; ms Histor. —politise ! te Blutter, 1891, p. 241 sq. ; Friedensburg, Nuntiaturberichte, t. i, p. 1-4 ; Seitz, Der authentische Texl der Leipziger Disputation, 1903 ; Greving, J. Eck, als junger Gelehrter, Munster, 1900 ; Id., J. Ecks Pfarrbuch, Munster, 1908.

A. HUMBERT.

1. ECKART ou Aycard, Eccard, Eckard, Eckardt, Eckehard, Ekart, dit maître Eckart ou Eckart l’ancien, mystique allemand, né vers 1260, mort probablement en 1327. — I. Vie. II. Œuvres. III. Doctrines.

I. Vie.

Quétif et Echard disent, Scriptores ordinis prœdicatorum, Paris, 1719, t. i, p. 507, que maître Eckart était saxon, originaire de la Thuringe. Pierre de Nimègue, dans la préface de son édition des œuvres de ïauler, Cologne, 1545, le dit natif de Strasbourg. A..lundt, Essaisur le mysticisme spéculatif de maître Eckart, Strasbourg, 1871, p. 39, et Histoire du panthéisme populaire au moyen âge et au x vie siècle, Paris, 1875, p. 57, a essayé d’établir qu’il faut accepter l’indi cation de Pierre de Nimègue. La plupart des critiques, principalement W— Preger, Geschichle der deutschen Mystik ini Mittelalter, Leipzig, 1874, t. i, p. 325, ont maintenu la valeur du renseignement fourni par Quétif et Echard. Une découverte du P. Denifle a confirmé cette manière de voir ; il semble maintenant démontré que maître Eckart naquit à Ilochheim, à deux milles de Gotha. Cf. H. Denille, Die Ileimat Meister Eckeharts, dans Archiv fur Litteratur und Kirchengeschichte des Mittelalters, Berlin, 1889, t. v, p. 319-364. Eckart entra chez les dominicains, à une date inconnue. Il inaugura sa vie religieuse au couvent d’Erfurt, d’où, son noviciat fini et ses premières études achevées, il se rendit à Cologne, afin d’étudier la dogmatique. Plus tard, nous le retrouvons prieur à Erfurt, et vicaire de la province de Thuringe (1298). En 1300, il va poursuivre à Paris ses études théologiques et prendre ses grades, tout en remplissant les fonctions de lector biblicus. C’était le * temps du conllit entre Boniface VIII et Philippe le Bel. Bernard Gui, dans un manuscrit cité par Quétif et Echard, op. cit., p. 507, dit que le pape appela Eckart à Borne et lui conféra lui-même le doctorat. Cf. M. Eéret, La faculté de théologie de Paris. Moyen âge, Paris, 1896, t. iii, p. 454. W. Preger, Geschichle der deutschen Mystik, t. i, p. 333-335, est d’avis qu’il reçut de l’université parisienne tous ses grades, sans qu’on ait le droit de conclure qu’il prit parti contre le pape dans la lutte entre Boniface VIII et le roi de France. En 1303, Eckart est nommé provincial de la Saxe, qui vient d’être érigée en une province dominicaine distincte de la province d’Allemagne. Le chapitre général de l’ordre, tenu à Paris en 1306, se plaint des tertiaires dominicains, et admoneste là-dessus les prieurs des provinces de Saxe et d’Allemagne. Jusqu’à quel point cet acte vise l’inlluence possible des béghards sur les tertiaires et la responsabilité d’Eckart, c’est ce qu’il est impossible de préciser. En tout cas, s’il fut plus ou moins suspect, Eckart ne le resta pas longtemps ; le chapitre général de 1307, tenu à Strasbourg, le nomma vicaire généra] pour la Bohême, et il était bientôt réélu provincial pour la Saxe. Le chapitre général de Xaples (1311) le décharge du provincialat, et l’envoie à Paris ad legendum, pour enseigner, et conquérir la dignité de maître en théologie. Cf. II. Denille et E. Châtelain, C/iartidarium universitatis Parisiensis, Paris, 1891, t. nb, p. 148. De là, il passe à Strasbourg, où il se livre à la prédication. C’était le temps où les béghards avaient recruté d’assez nombreux adhérents à Strasbourg et dans le diocèse, et où l’évêque, Jean de Dùrbheim, travaillait énergiquement à leur répression. Voir t. ii col. 530, 534. Ch. Schmidt, Etudes sur le mysticisme allemand au XIVe siècle, Paris, 1847, p. 13, a avancé, mais sans preuves, qu’Eckart « y fut en relations avec les béghards, condamnés en 1317 par l’évêque. » W. Preger, Geschichle der deulsclten Mystik, t. I, p. 351-353, présume même que les mesures de l’évêque de Strasbourg contre les béghards ne seraient pas sans quelque lien avec le départ de maître Eckart pour Francfort, là, il aurait été prieur des dominicains, et il aurait été atteint par une lettre d’Hervé, général de l’ordre, lequel donna mission aux prieurs de W’orms et de Mayence d’enquêter sur des delaliones graves de fratre Eckardo nostro priore apud Franckefort, et de fratre Theodorico de Sancto Martino, de malis farniliaritatibus suspectis, et, s’il y avait lieu, de sévir en conséquence. Mais H. Denille a démontré, dans Archiv fur Litteratur und Kirchengesc/iich te des Mittelalters, 1886, t. ii, p. 619, que le frère Eckart de Francfort n’a que le nom de commun avec maître Eckart. Rien ne prouve que ce dernier ait été inquiété pour ses doctrines, avant 1326, à Cologne. Il y était venu professer la théologie au studium générale des dominicains. Le chapitre général de l’ordre, qui se tint à Venise, en 1325,