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EGHARD — ECK


nis habitorum, denique index eorutn qui ail ecclesiasticas dignitates promoti fuerunt, vel in hociomolauilalorum, vel alias ab aliis omissorum. Inchoavit R. P. F. Jacobiis Quetif S. T. P., absolvit R. P. F. Jacobus Echard, ambo conventus SS. Annuncialionis Parisiensis ejusdem ordinis alumni. Cet ouvrage est en 2 in-fol., le 1 er parut à Paris en 1719, le 2e en 1721. Trois petits suppléments parurent, l’un en 1721, Stipplementum novissimum (4 p.), le 2e en 1722, Addenda adhuc qumdam vel emendanda, le 3° en 1723, Addenda adhuc et emendanda.

Les Scriptores d’Echard constituent aujourd’hui encore la contribution la plus importante à l’élude de la pensée philosophique et théologique du moyen âge. Comme on l’a dit, « ils sont la plus importante et la meilleure des nombreuses histoires littéraires d’ordres

  • monastiques qui furent composées par les soins des

congrégations intéressées ». Pour apprécier de quel secours peut être cet ouvrage aux érudits de l’histoire théologique et philosophique, on ne doit pas oublier le rôle prépondérant des prêcheurs dans tout le cours du moyen Age. C’est dans les Scriptores que l’on trouvera sur les théologiens de Tordre de saint Dominique les renseignements les plus authentiques et les plus nombreux. La valeur de cet ouvrage, au point de vue critique, ressort d’ailleurs de son mode de composition. Ainsi que nous l’avons dit, il fut commencé par Le P. Quétit, qui mourut à l’âge de 78 ans. Ce religieux avait passé sa vie entière à recueillir les matériaux de son histoire. Il procéda au dépouillement systématique de toutes les sources imprimées ; pour cela, il compulsa toutes les histoires ou annales tant ecclésiastiques que civiles de l’Italie, de l’Espagne, de l’Allemagne, de la Belgique, de la Grande-Bretagne, de l’Irlande et surtout de la France. Déjà en possession de la vraie méthode bibliographique, il avait travaillé à se procurer les catalogues des principales bibliothèques dans tous les pays, en même temps que de celles des autres ordres religieux. Il compléta ces données par de nombreux voyages en Belgique, sur le Rhin et surtout dans les différentes provinces de France ; il entretenait en même temps une correspondance littéraire très étendue à l’étranger. Lorsque l’œuvre fut remise aux mains d’Echard, celui-ci orienta ses recherches surtout vers les deux premiers siècles de l’ordre et commença une véritable chasse aux manuscrits. Il n’est pas indifférent de connaître quels fonds le retinrent plus longtemps. Il dépouilla successivement la bibliothèque Royale, alors la plus riche d’Europe, la bibliothèque Colbert, alors possédée par Jacques Colbert, archevêque de Rouen, la bibliothèque de Saint-Victor, où il passe en revue plus de 1500 manuscrits, la bibliothèque de la Sorbonne, où il consulta plus de 1200 mss. ; même les maîtres de Sorbonne, justes appréciateurs de sa science paléographique, lui demandent de composer le catalogue de ces mss. Il passe également en revue la bibliothèque du Collège de Navarre, celle du collège dit de Maître Gervais, du collège de Cholet. Les bibliothèques des monastères l’occupent aussi beaucoup, en particulier celles de l’abbaye de Saint-Germain-desî’rés, des Augustins où il étudie 300 mss. La bibliothèque du couvent dominicain de Saint-Jacques ne lui fut presque’d’aucune ressource. En relations continuelles avec Bernard de Montfaucon, il eut par lui les catalogues dressés avec soin des mss. de diverses bibliothèques, en particulier des collections de SaintMarc et du couvent des servîtes de Florence. Il s’était également procuré les index des manuscrits de la riche bibliothèque du couvent de Toulouse, ainsi que de celle de Clermont qui comptait alors une collection de 379 rnss. Il revoit aussi les catalogues des diverses bibliothèques d’Europe, en particulier, d’Angleterre, d’Augsbourg, de ISàle, deLeipzig, de Suède, etc. Enfin il bénéficia

des travaux importants du P. Gilbert de la Haye ; celuici avait réuni tous les matériaux d’une Bibliolheca Belgo-Dominicana, qui resta inédite, mais qu’Echard a fondue dans son œuvre. Cette information, considérable pour l’époque et conduite avec un sens critique de premier ordre, fait de l’œuvre d’Echard une mine inépuisable de renseignements sur toutes les parties des sciences ecclésiastiques : philosophie et théologie scolastiques, morale, exégèse, littérature religieuse, éloquence, droit canon, hagiographie, liturgie, etc. Pourtant, à raison des progrès immenses accomplis à notre époque surtout par les sciences historiques et par les résultats de la critique, il importait tout d’abord de continuer une œuvre aussi importante, jusqu’à une époque relativement proche, et de refondre ensuite l’œuvre entière d’Echard en la faisant bénéficier de tous les résultats acquis. C’est à ce labeur immense que nous nous sommes consacré, en assurant d’abord la continuation, puis la réédition des travaux de Quétif et d’Echard.

Th. Bonnet, Spécimen d’une nouvelle édition d’Echard, Lyon, 1885, p. 1-6.

R. Coulon.

ECHELLENS18. Voir Abraham, t. i, col. 116-118.

ECK Jean, Ilans Maier, né à Egg sur la Gunz, en Souabe, le 15 novembre 1486, prit de son pays natal le surnom de Eckiusou Eccius. Il commença ses études chez son oncle, curé de Rothenbourg, et les continua aux universités de Heidelberg, Tubingue, Cologne, enfin Fribourg-en-Brisgau. Sentent tarins en 1506, il fut ordonné prêtre à Strasbourg en 1508. Appelé deux ans plus tard à Ingolstadt, il devint bientôt l’un des professeurs les plus célèbres de l’académie bavaroise, dont il fut le prorecteur, puis le recteur, et où il enseigna jusqu’à sa mort, 10 février 1543.

Eck fut un humaniste de talent, sachant le grec et l’hébreu. Il se livra avec succès à l’élude de la géographie. Mais son renom comme théologien et polémiste a rejeté dans l’ombre ses autres travaux. Dès 1514, il publiait le Chrysopassus predeslinalio)iis[ypv< ; ônç>a.<70c ; , Apoc, xxi, 20, la dixième pierre précieuse des murs de la Jérusalem céleste], dans lequel il étudiait les problèmes de la prédestination et de la grâce. S’attachant à saint Bonaventure, il admettait la doctrine de la prédestination et de la réprobation conditionnelles comme la plus satisfaisante. La même année, il prenait part aux discussions sur le prêt à intérêt qui soulevaient l’Allemagne. Contre Cochlœus et Adelmann, il soutenait la légitimité du taux de 5 p. 100, ce qui lui valut, de la part de ses adversaires, le surnom de théologien des Fugger. Il écrivit sur ce sujet un long traité resté manuscrit.

Mais c’est sa polémique contre Luther qui le mit en relief. En réponse "aux 95 thèses sur les indulgences, il communiquait à l’évêque d’Eichstàtt, sous le titre d’Obelisci, de courtes remarques où il maintenait le caractère et la valeur des indulgences et le pouvoir de l’Église sur elles. Luther y répondit par les Asterisci. Dès lors Eck n’eut de repos qu’il n’eût provoqué une discussion publique sur le sujet. Ce fut la dispute de Leipzig. Contre Carlstadt, Eck soutint la nécessité d’un concours de la grâce et de la volonté pour toute action méritoire ; contre Luther, il défendit l’autorité du pape et l’origine apostolique de la primauté. Les théologiens de Leipzig lui attribuèrent la victoire. Il développa ses raisons dans un volumineux traité De primatu Pétri adversus Luderum, Ingolstadt, 1520, qu’il alla luimême présenter au pape. Il poussa activement à la condamnation du novateur, et fut chargé, avec Aléandre et Caracciolo, de publier en Allemagne la bulle Exm-ge, qui le condamnait. Cette mission lui procura beaucoup de déboires et faillit lui coûter la vie. Dans les années qui