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ECCLÉSIASTIQUE (LIVRE DE L’)

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mudique Pirkc Abolit, i,2, dans M. Schuhl, Sentences el proverbes du Talmud et du Midrasch, Paris, 1878, p. 479, ne permet pas de confondre les deux Simon, puisqu’il fait du premier un des derniers membres de la Grande Synagogue, à la fin de l’époque perse, celle- ci indûment reculée encore d’un demi-siècle en ar- riére par la chronologie propre au Talmud. Ryssel, loc. cit., p. 237.

3. Les données des passages, II, 12 sq. (Vulg., 14 sq.), malédictions proférées contre les renégats ; iv, 28 (Vulg., 33), exhortation à combattre jusqu’à la mort pour la vérité ; x, 9 sq. (Vulg., 12 sq.), allusion possible au genre de mort qui atteignit Antiochus Épiphane, n’obligent pourtant pas à descendre encore, avec Hitzig, Die Psalmen ûbersel-l und ausgelegt, t. H, p. 1 18, la composition de l’Ecclésiastique au temps des Machabées ; car, si de tels passages supposent le peuple opprimé et des défections parmi les fidèles, il n’y est pourtant pas question de lutte ouverte contre les oppresseurs, et il n’est pas douteux que.Tésus Ben-Sira aurait fait men- tion des Machabées s’il eût écrit de leur temps. Fritzsche, op. cil., p. XVIII.

3° L’originalité de l’auteur de l’Ecclésiastique a été mise en doute relativement à la composition de son livre, qu’il aurait fait en tout ou en partie de pièces rapportées, ou à ses idées, dont il aurait emprunté quelques-unes à la philosophie grecque.

1. On a représenté Jésus Ben-Sira comme un simple compilateur qui aurait rassemblé en un seul corps soit une quantité de sentences et propositions doctrinales déjà mises en forme de proverbes, soit même des livres entiers, déjà composés, de ces proverbes. — a) Iluet, ,1. M. Jost, Bretschneider, voir Fritzsche, op. cit., p. xxxi ; Cornely, p. 250 ; Eichhorn, voir André, Les apocryphes de l’Ancien Testament, Florence, 1903, p. 292 ; cf. aussi Gigot, Spécial Introduction, t. Il, p. 184 sq.,pour appuyer la première de ces deux hypo- thèses, font appel au décousu du livre : i, contrastant avec les chapitres suivants ; xxxvi, 1-19, avec la suite 20 sq. ; xlii, 15-L, 24, avec ce qui précède immédiate- ment ; xvi, 22 ; xxiv, 1 ; xxix, 16, dénonçant des points de départ nouveaux ; à des répétitions des mêmes dires à différents endroits : xx, 29, 30 et xli, 14, 15 ; xxxvi, 15 et xlii, 24 ; xxxix, 10 et xliv, 15, etc. ; à des contradic- tions apparentes de pensée et de doctrine : xxv, 23, contre xiv, 17, xvn, 2, sur l’origine de la mort ; xlvi, 19 ; xiv, 16 ; xvu, 22 ; xxxvm, 21, contre xi, 24-26, à propos de la vie d’outre-tornbe ; vu, 17, contre xli, 10, relativement au châtiment éternel des impies. Mais le décousu du livre s’explique mieux si l’auteur ayant écrit ces morceaux à diirérentes époques de sa vie, ou même en divers lieux, lors de ses voyages, les a ensuite ordonnés suivant sa libre fantaisie et non suivant un plan réel et effectif. Les répétitions reprennent sans doute les mêmes sujets ; mais où est le mal si elles ont pour effet de les présenter en des formes nouvelles, sous un nouveau jour, avec de nouvelles leçons pra- tiques ? Les prétendues contradictions sur la mort, l’autre vie, la rémunération se résolvent d’elles-mêmes par une simple différence de points de vue, ainsi de xxv, 23, etc. ; ou par une erreur d’interprétation de la part des critiques, ce qui est le cas de xi, 24-26, et de xli, 10, où il s’agit de cette vie, non de l’autre. Cf. Fritzsche, p. xxx, et le commentaire des passages allégués. — b) Ewald affirme, de son côté, que l’auteur transcrivit d’abord presque mot pour mot deux recueils déjà existants de proverbes : le premier (Eccli., i-xvi, 21), composé au iv e siècle ; le second (Eccii., xvi, 22-xxxvi, 22), écrit au m e siècle, avec, à la fin, le mor- ceau, xxxix, 12-35 ; puis qu’il y ajouta de son cru, moins le susdit morceau, xxxvi, 23-li, 30. Dans Fritzsche, p. xxx sq. Mais Ewald a usé d’arbitraire pour la consti- tution de son second recueil. Les différences essen-

tielles qui devraient caractériser les trois livres sim- plement juxtaposés ne se laissent point apercevoir. Fritzsche, p. xxxi. Enfin, la personnalité d’un même auteur se trouve trop fortement inarquée (spécialement dans le style) d’un bout à l’autre du livre pour qu’on puisse accepter l’affirmation d’Evvald. Schùrer, op. cit., t. m, p. 158. — D’une manière générale, il faut recon- naître pourtant que Jésus Ben-Sira n’a pas dû puiser tous ses proverbes uniquement « dans son cœur », l, 27 (Vulg., 29), et que, « le dernier venu » des sages, il a dû réellement c< grapiller » quelquefois, xxxm, 16, en colligeant des maximes d’usage courant et populaire, ou en puisant même dans des écrits non livrés à la publicité, cf. H. Lesètre, Manuel d’introduction ù l’Ecriture sainte, Paris, 1890, t. il, p. 452 ; Toy, art. Ecclesiasticus, dans VEncijclopœdia biblica de Cheyne, t. il, col. 1173 ; mais la manière originale dont il usa dans l’adaptation ou l’imitation de nombre de sentences des Proverbes, par exemple, cf. Cheyne, Job and Solo- mou, Londres, 1887, p. 184sq. ; Gasser, Die Bedeutung i/er Spri’tche Jesu lien Sira, Gutersloh, 1904, p. 241 sq., nous garantit son effort personnel à s’assimiler et à marquer de sa touche propre le bien qu’il dut ainsi à autrui. Des rapports de même nature relevés entre l’Ecclésiastique et les Psaumes et Job, I. Lévi, L’Ecclé- sias tique, I re partie, p. xxxm sq. ; Gasser, op. cit., p. 225 sq., 233 sq., amènent à la même conclusion.

2. Malgré le caractère incontestablement palestinien du livre de l’Ecclésiastique, caractère que déterminent une foule de passages parallèles, ou, dans les passages originaux, de points d’attache aux livres hébreux de l’Ancien Testament, Fritzsche, p. xxxv ; Gasser, op. cil., p. 99-168, passim, et 199 sq., quelques auteurs ont cru y avoir trouvé des éléments de caractère plus ou moins alexandrin. Sous ce rapport, Fritzsche, op. cit., p.xxxivsq.,a fait bonne justice de la « mauvaise exégèse » et de la « négligence à scruter la Sagesse palestinienne » de Gfrorer, Philo und die ji’tdisch-alexandrinische Theo- sophie, t. il, p. 18 sq., et de Dàhne, Geschichtliche Darstellung der judisch-alexandriuisc/ien Religions- Philosophie, t. H, p. 141 sq. Cf. aussi Cornely, op. cil., p. 258. Mieux fondée, ou plus spécieuse, parait être la thèse de Maurice Friedlànder, qui trouve des preuves d’une influence directe et positive de la philosophie grecque sur l’esprit de l’auteurdans les traits sous les- quels celui-ci nous représente la Sagesse, après les Proverbes, vin, 22-31, et Job, xxvin, 12-28 : « Sortie de la bouche du Très-Haut », elle est toujours une puissance divine, créatrice, antérieure au monde créé ; c’est une personne, une hypostase, un être intermédiaire entre Dieu — qui ne peut avoir de rapport direct avec la ma- tière — et le monde, Eccli., i, 1-20 ; xxiv : représentation parente du Dieu démiurge du limée, personnel, provi- dent, ordonnateur de l’univers, cause d’application seu- lement de l’Idée (autre principe de la dyarchie platoni- cienne) aux phénomènes sensibles ; mais représentation qui se trouve constituer « un sacrilège formel », eu égard à l’ancien concept israélite du Dieu jaloux Jahvé, lequel ne souflre point à ses côtés de divine puissance semblable à lui. Griechische Philosophie im Alleu Tes- tament, Berlin, 1904, p. 13, 79, 165. — Il est clair que l’idée de la Sagesse, telle que se la représente l’auteur de l’Ecclésiastique, i, 1-20 ; xxiv, 3-22, bien qu’elle accuse chez lui un développement tout à fait indépendant (la Sagesse devenue la propriété du peuple juif, xxiv,6-22), se rattache à l’idée que s’en étaient faite lesauteurs des Proverbes, VIII, 22 sq., et de Job, xxvm, 12 sq. Mais, dans ces derniers passages, elle s’explique, contraire- ment à ce que pense Friedlànder, tout autrement que par l’influence de la philosophie grecque. La Sagesse ne s’y trouve pas évoquée, à propos de la création du inonde, d’une manière bien différente, sauf pour un trait qui va être discuté, de celle de Jérémie, X, 12 ; LI,