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ECCLÉSIASTIQUE (LIVRE DE L';

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ment, semble-t-il : a) Dans l'hypothèse où la 38 e année d'Évergète désigne l'Age du traducteur, la phrase est tout aussi mal construite; de plus, cette indication de l'âge auquel aurait eu lieu l'arrivée en Egypte manque- rait tout à fait son but, dater au plus près la traduction, puisque le lecteur ignorait la date de naissance du tra- ducteur. Fritzsche, op. cit., p. xiv ; Cornely, op. cil., p. 251 sq. b) Plolémée VII Physkon se décerna en réalité le titre d'Kvergète, sous lequel, du reste, il fut connu de l'histoire, cf. Eusèbe, Chroit., Il, 22, P. G., t. xix, col. 202; puis il aurait été assurément dange- reux pour le petit-fils de Ben-Sira de désigner le susdit monarque par un autre titre que celui-là, s'il'ne voulait lui donner son nom patronymique. Wright, op. cil., p. 35; Cornely, p. 252. c) « Si (le traducteur) a singu- gulièrement trahi l'ouvrage dont il vantait la beauté, c'est... par ignorance de l'hébreu biblique. » I. Lévi, L'Ecclésiaslii/in', Impartie, p. xxix. D'ailleurs, d'autres circonstances que celle d'un longtemps écoulé peuvent rendre raison du mauvais état d'un texte; et les fautes et bévues du traducteur de l'Ecclésiastique n'auraient force démonstrative dans l'espèce que s'il était prouvé qu'elles sont dues à des changements et variations subis par l'idiome hébraïque depuis l'époque de la composi- tion du livre, et tels que le traducteur ne pouvait plus saisir le véritable sens des mots et tournures employés par l'auteur, ce qui n'est pas démontrable et, dans quelques cas, souifre même contradiction absolue. Ryssel, loc. cit., p. 239.

2. Une autre donnée qui peut servir à dater l'œuvre de Jésus Ben-Sira est l'éloge poétique du grand-prètre Simon, fils d'Onias, que nous lisons au chapitre L, car l'auteur de l'Ecclésiastique parait bien avoir vécu sous le gouvernement de celui qu'il célèbre avec tant de pompe. Cf. L, 5 sq. et 24. Eusèbe, Demonstr. evang., vin, P. G., t. xxii, col. 616, et saint Jérôme, lu Dan., ix, 14, P. L., t. xxvi, col. 545, ont vu, dans ce grand- prêtre, Simon II, qui exerça les fonctions de la haute sacrificature au commencement du II e siècle, Schûrer, op. cil., t. m, p. 159, date qui concorde manifestement avec celle obtenue précédemment par les calculs basés sur la mention de la 38 e année du règne de PtoléméeVII Physcon, dit Évergète. Ce que nous savons par ailleurs de Simon II, ainsi que des événements et circonstances de son temps, reçoit en effet confirmation dès le début du passage cité et dans quelques autres du livre de Ben-Sira. Les travaux exécutés sous le pontificat et par les soins de Simon concernant la ville et le temple, i,, 1-4 (héb.), correspondent à ceux qui s'exécutèrent à Jérusalem, après 193, sous le règne et avec le concours effectif du roi de Syrie Antiochus III le Grand, vain- queur de Ptolémée IV Philopator. Josèphe, Aril. jud., XII, m, 3. Les sentiments d'hostilité à l'égard des païens à cause de leur orgueil et de la sujétion dans laquelle ils tiennent le peuple de Dieu, sentiments exprimés, xxxv (xxxn) 18; xxxvi (xxxiii), 1 sq., conviendraient au temps d'Antiochus IV Epiphane si, ne supposant toutefois aucune atteinte directe portée au libre exercice du culte juif, ils ne cadraient mieux avec celui de Ptolémée Philopator (222-205) et d'Antiochus le Grand (223-187), dont la perpétuelle rivalité fut une source de maux pour la Palestine.

Cette identification du grand-prêtre Simon, Eccli., L, avec Simon Ha souffert difficulté à son tour, et nombre de critiques ont plaidé l'identification avec Simon I er , dit le Juste, aussi fils d'Onias et contemporain de Ptolémée I er au commencement du ni" siècle: pontife renommé pour sa piété, son zèle, sa bienfaisance, trois vertus dont il avait fait son objectif et sa devise. Josèphe, Ant. jud., XII, ii, 5; iv, 1; Pirkê Abolh,i, 2. — a) Graetz, Geschichte der Juden, Leipzig, 1866, t. iv, p. 235, a tenu pour Simon I" sur une leçon de la ver- sion syriaque mentionnant expressément « Simon le

Juste », ]., 23 (24). Mais le texte hébreu récemment découvert a montré qu'il y avait eu là mauvaise lec- ture. — b) Le même, comme aussi Edersheim, J. Ha- lévy, voir Ryssel, loc. cit., p. 238, ont objecté que Ptolémée I er ayant fait démolir les remparts des villes fortifiées de Palestine, les ouvrages de reconstruction ou de réparation à Jérusalem auxquels il est fait allu- sion, l, 1-4, ont tout aussi bien pu être exécutés du temps de Simon I er . Mais l'histoire (Josèphe, Ant. jud., XII, m, 3), qui rapporte les reconstructions de Simon II, ne fait mention de rien de pareil pour Simon I er , et rien donc ne nous prouve que celui-ci fut réellement le reconstructeur que l'on voudrait. — c) Les maux, endurés par les Juifs, qui légitiment les sentiments exprimés, xxxv (xxxn) 18; xxxvi (xxxiii), 1 sq., sont, dit Edersheim, des maux passés, non rap- portables à l'époque de l'auteur qui est tranquille, heureuse, xlv, 26: L, 22 sq., comme cellede Simon I er , au contraire de celle de Simon II, qui, selon Halévy, fut trop mouvementée, trop pleine d'infortunes pour qu'un ouvrage d'une tenue aussi tranquille que l'Ecclésiastique ait pu y être écrit. Cf. Ryssel, ibid. Mais il faut observer qu'après 198 et le triomphe d'Antiochus le Grand sur Philopator, les contempo- rains de Simon II eurent aussi leur moment de répit, le puissant roi de Syrie faisant alors tout son possible pour se les concilier; les textes, XL, 26; L, 22 sq., con- viennent donc tout autant à l'époque de Simon II. — (/) Les nombreux partisans de Simon I et ont aussi fait valoir cette raison que le grand-prêtre Simon II ayant pris parti pour ses parents les fils de Tobie, réputés ardents propagateurs des idées païennes, dans les trou- bles et luttes politiques auxquels ils furent mêlés, Josèphe, Ant. jud., XII, iv, 10sq., l'auteur de l'Ecclé- siastique n'aurait pu, s'il vivait de ce temps, faire un si bel éloge de Simon II et aurait, au contraire, ce qu'il n'a pas fait, réprouvé ces doctrines païennes et censuré ceux qui les propageaient et soutenaient, lui surtout qui s'est montré si dur à l'endroit des Samaritains,!., 26 (28). Corneille de la Pierre, Goldhagen, Schol/., Welte, Danko, Vigouroux, Lesêtre, Holzammer, Hane- herg, Keil, Vaihinger, etc. Cf. Cornely, op. cil., p. 253. Mais il n'est pas prouvé que le mouvement helléniste d'idées et de mœurs, antipathique aux Juifs pieux et sincères de l'époque grecque, ait commencé si tôt, en même temps que les compétitions des To- biades à la souveraine sacrificature; lorsqu'il en est question, c'est Séleucus IV Philopator qui règne, et Simon II est mort. Josèphe, Ant. jud., XII, v, 1; Cornely, p. 252. — <■) Enfin, le grand argument en faveur de Simon I er est le grand renom de celui-ci dans la tradition juive. On n'imagine pas que si Jésus Ben-Sira a entendu louer Simon II dans le célèbre passage, L, 1 sq., la mémoire de ce pontife ait été oblitérée dans la suite au point de se perdre entière- ment, et que l'auteur de l'Ecclésiastique n'ait pas fait mention de Simon I r , plus illustre encore, dans son ca- talogue des ancêtres. Aussi quelques auteurs ont-ils voulu faire des deux Simon un seul et même person- nage, ou, tout au moins, ont-ils vu dans Simon II le Siméon le Juste de la tradition. Cf. Ryssel, loc. cit., p. 237. Mais la tradition juive, plus que contestable en elle-même par les contradictions et les anachronismes qu'elle adrnetau sujet de la personnalité de Siméon le Juste, voir I. Lévi, L'Ecclésiasiiipie, I re partie, p. xxx sq., ne la caractérise pas autrement que de piété et en cela reste au-dessous de ce qu'elle devrait au personnage si imposant et si actif dont il est parlé, Eccli., L. La postérité a laissé tomber dans l'oubli la mémoire de plus d'un homme illustre à des titres divers. L'auteur de l'Ecclésiastique a aussi oublié de mentionner Daniel, Mardochée, Esdras. Ryssel, ibid., p. 235 sq.; Cornely, p. 251, 252. Le passage tel-