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ECCLÉSIASTIQUE (LIVRE DE L"

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du patriarche de Constantinople, Cyrille Lucaris et du moine macédonien Métophranès Kritopulos, au xviie siècle, fut condamnée par plusieurs synodes grecs de Constantinople et de Jérusalem, où la « Sagesse de Sirach » fut & comptée, avec les autres livres authentiques, comme partie véritable de la sainte Écriture ». A. Loisy, op. cit., p. 243 sq. ; M. Jugie, Histoire du canon de VA. T. dans l'Église grecque et l'Église russe, Paris, 1909, p. 34-53. Pour l'Église russe, voir M. Jugie, ibid., p. 61-62, 70, 71, 73, 74, 76, 79, 84, 85.

III. Auteur. Son époque. Son originalité. — Pour plusieurs Pères, surtout dans l'Église latine, l’auteur de l’Ecclésiastique ne fut autre que Salomon lui-même. Cf. S. Cyprien, Testim, cont. Jud., ii, 1 ; ni, 6, 12, etc., P. L., t. iv, col. 696, 735, 741, et ailleurs ; S. Optât, De schism. douât., iii, 3, P. L., t. xi, col. 1006, etc. ; S. Jérôme citant Eusèbe, Demoustr. evang., VIII, 2, 71, écrivait même : Plerisque (liber) Salomottis falso dicitur. In Dan., ix, 24, P. L., t. xxv, col. 545. On excuse toutefois d’erreur ces Pères et les catalogues, conciliaires ou autres, qui présentent la même anomalie, voir, plus haut, col. 2038, en faisant observer qu’ils n’ont par là voulu affirmer autre chose que la grande ressemblance de l’Ecclésiastique avec les Proverbes, par un genre de poésie gnomique, dont le représentant idéal en Israël était le roi Salomon. Cf. Dictionnaire de la Bible, t. ii, col. 1544 ; Gigot, Spécial Introduction, t. ii, p. 181. Du reste, saint Jérôme s’y laisse prendre lui aussi : Ipsc Salomon ait : Eccli., xxvii, 26. In Eccle., x, P. L., t. xxiii, col. 1149.

1° L’auteur certain du livre de l’Ecclésiastique est Jésus, fils de Sirach (forme grecque) ou mieux Sira (forme hébraïque), de Jérusalem, Eccli., L, 27 (Vulg., 29). On peut maintenir ce nom de Jésus malgré le texte hébreu de L, 27 ; li, 30 (deux fois) et celui de R. Saadia Gaon, Sep/ter Hagyaloui, édit. Harkavy, p. 151, qui donnent « Simon, (ils de Jésus…, ben-Sira ». Ce nom de Simon fut plutôt intercalé dans l’hébreu que retranché du grec quand se forma la tradition qui voulut faire de l’auteur de l’Ecclésiastique un parent des grands-prêtres Simon : car le Talmud nomme toujours cet auteur Ben-Sira, qualificatif patronymique, médiat ou immédiat, de lésus dans les textes ; et la donnée du grec se trouve confirmée par les versions syriaque et arabe, ainsi que par la légende de la Nativité de Ben Sira. Cf. Revue des Études juives, t. xxvin (1894), p. 197 sq. Voir aussi Ryssel, dans Kautzsch, Die Apokryphen, t. i, p. 233 sq. On a fait de Jésus Ben-Sira le fils et successeur dans sa cbarge du grandprêtre Simon II, cf. Georges le Syncelle, Chronographie, édit. Dindorf, Bonn, 1829, t. i, p. 525, sur la loi d’un passage d’Eusèbe, Chron., 137-138. mal compris. Voir Eritzsche, Kurz. exeg. Handbuch zn dru Apocr., t. v, Die Weisheit Jesus-Sirachs, Leipzig, 1859, p. x sq. ; Schiirer, Geschichte des judisehen Volkes, 3e édit., Leipzig, 1898, t. iii, p. 159. Cette légende paraît avoir donné lieu à la glose 'EXedtÇap ('EXiàÇapo ; , 'EXeocÇapov), introduite, L, 27, dans les manuscrits du type alexandrin, après Eipàx, et li, 30, dans L’hébreu, glose destinée à apparenter Jésus au grand-prêtre Eléazar ou Éliézer, qui aurait été alors son grand père. Voir Erilzsche, op. cit., p. x, 306 ; Edersheim, dans Wace, The Apocr y p ha, Londres, 1888, p. 3 ; Schiirer, op. cit., p. 158. Jésus fut-il du moins un prêtre, comme l’ont pensé quelques critiques, Linde, Zunz, Scbolz. dans Fritzsche, op. cit., p. xii, s’appuyant soit sur la variante it^z-'j ; à 20Xu[i.eÎT7]t du Sinailicus (l, 27), corruption graphique évidente de 'Iepoo’oXup.tTïjç ; soit suides passages tels que iiv 29-31 ; xlv, 6-25 ; xlix, 12, et l ? Non plus, car les textes invoqués n’impliquent nullement, malgré les éloges du sacerdoce aaronique qu’ils renferment, que leur auteur lit partie de celui-ci. Il reste seulement que Jésus Ben-Sira était un juif pieux

envers Dieu, son temple et ses ministres, iiv 29 sq., studieux de la littérature sacrée et érudit, prol. et xxxvin, 24-xxxix, 5, peut-être assez gros personnage pour qu’un rival ait pensé lui nuire en le calomniant auprès du « roi », li, 1-12 ; un voyageur enfin « aux pays étrangers », qui fut plus d’une fois exposé à la mort au cours de ses voyages, xxxiv (xxxi), 10-13 ; xxxix, 5.

2° L'époque à laquelle l’auteur de l’Ecclésiastique écrivit son livre n’est plus guère controversée. Les données du problème sont les suivantes : 1. Le petitfils de Jésus Ben-Sira traduisit l’Ecclésiastique « quelque temps » après qu’il fut arrivé lui-même en Egypte « la trente-huitième année, sous le roi Évergète, » èizi toO IvjsprcTou paTiXéoç, prol. Le sens de ètù étant clairement défini par comparaison avec les passages similaires, Agg., I, 2 ; ii, 1 ; Zach., I, 7 ; iiv 1 ; I Mach., xiii, 42 ; xiv, 27, et surtout avec les inscriptions grecques des trois premiers siècles avant notre ère, où èttI est employé de la même manière pour dater les années de règne des rois, et la 38° année ne pouvant être raisonnablement l'âge auquel le traducteur descendit en Egypte, comme le pensaient quelques interprètes, voir Coinely, Introductio specialis, t. ii 2, p. 251, 253, mais la 38 année du règne de l'Évergète, il reste à identifier ce prince avec l’un des Lagides, puis, pour obtenir la date approximative de la composition du livre, à ajouter à la date représentant la 38e année du règne les quelque soixante années qui séparent le grand-père auteur du petit-fils traducteur. Mais il y eut en Egypte deux Évergète : Ptolémée III (247-222) et Ptolémée VII. Or, il ne peut être question du premier, lequel ne régna que 25 ans. Le second, bien que n’ayant régné seul sur toute l’Egypte que 29 ans, de 145 à 116, put compter néanmoins 54 années de règne, car il fut, en l’an 170, associé au trône par son frère Ptolémée VI Philométor. Le petit-fils de Jésus Ben-Sira serait donc arrivé au pays des Pharaons l’an 132 avant notre ère, et Ben-Sira aurait composé son livre vers l’an 180, si l’on accorde que le traducteur n’acheva son ii’uvre qu’après sept ou huit ans de séjour. Cf. A. Deissmann, Bibelstudien, Marbourg, 1895, p. 255-257. — On peut objecter toutefois à ce raisonnement : a) la mauvaise construction de la phrase du prologue bi tû rjyS. -Lai Tpiax. k’iei iic to-j Eùap-y. $a.aiét » ç, dans l’hypothèse où cette « année » désigne la 38e d'Évergète et non l'âge du traducteur, Westcott, Pusey, Winer, dans C. H. II. Wright, Tlte Baok o/ Koheleth, Londres, 1883, p. 34 sq ; b) contre l’identification de cet Évergète avec Ptolémée VII, la non-mention du surnom d’Evergète sur les monuments se rapportant à la mémoire de ce roi et la très mince probabilité qu’un Juif pieux tel que notre traducteur aurait appliqué à un prince que ses sujets nommaient Physkon (ventru), Kakergète (malfaisant) parce que sanguinaire, le beau titre d’Evergète (bienfaisant) que, seul, avait su mériter et obtenir sans conteste Ptolémée III, Pusey, toc. cit., p. 35 ; Vigouroux, Manuel biblii/ue, t. ii n. 878 ; c) pour allonger l’intervalle qui sépare Jésus Ben-Sira de son traducteur, la manière si souvent défectueuse dont ce dernier a compris son modèle : si ces défauts sont dus à un mauvais état du texte hébreu, est-ce bien en quelques dizaines d’années seulement que ce texte se serait corrompu à ce point'.' ou bien faut-il admettre que le descendant direct de l’auteur, son petit-fils même, si intéressé à ce titre à garder intacte l’interprétation de son œuvre, en avait déjà perdu la tradition ? et les mots 6 7rà7t71o ; jxou 'Irjaoûç ne seraient-ils pas mieux traduits : « Jésus, mon ancêtre », plongeant ainsi plus avant dans le passé que « Jésus, mon grand-père » ? J. Halévy, Étude sur la partie du texte hébreu de V Ecclésiastique récemment découverte, Paris, 1897, p. 63, dans Ryssel, loc. cit., p. 239. — On répond à ces objections, et victorieuse-