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ECCLÉSIASTIQUE (LIVRE DE L’)

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Stirn. adv. Judxos, ni, 53 (Eccli., ni, 22), édit. Hartel, p. 155. La plus ancienne tradition grecque et latine dépose donc en faveur de la canonicité de l’Ecclésiastique, et la grecque s’affermit encore de ce fait que le canon de ses plus anciens manuscrits de la Bible, le Valicaïuis (IV e siècle) ; le Sinaiticus (IV e siècle), l’Alexandrinus (v e siècle), le Coilex Ephrœmiticus (v e siècle), correspond, pour l’Ecclésiastique comme pour d’autres livres, non à celui des grands écrivains de l’époque où ils furent copiés, voir plus loin, mais à celui de la version latine ancienne des Septante.

3. Aux iv et V e siècles. — A cette époque, et en Orient d’abord, se font jour quelques doutes assez bien marqués touchant la canonicité de l’Ecclésiastique, celui-ci partageant, du reste, en cela la fortune des autres livres ou portions deutérocanoniques de l’Ancien Testament. Ces doutes se propagèrent par contre-coup en Occident.

o) En Orient, le mouvement avait commencé avec Méliton de Sardes, cf. Eusèbe, H. E., iv, 26, P. G., t. xx, col. 397, et Origène, In l’s. i, P. G., t. XII, col. 1084, dont les listes des écrits de l’Ancien Testament n’énumérèrent que des livres faisant partie de la Bible hébraïque, et il se communiqua aux disciples du même Origène, lesquels, en fixant le nombre de ces livres à 22 ou à 24, « se conformèrent non à la plus ancienne tradition de l’Eglise, mais à une estimation rectificative de chrétiens éruditg qui avaient appris ce nombre à l’école de maîtres juifs. » Swete, Introduction to the Old Test, in Greek, Cambridge, 1902, p. 224. Ainsi saint Athanase, Ejiist. fest., xxxix, P. G., t. xxvi, col. 1436, place la i> ;  ? îa Sipây « hors du canon » et la range avec d’autres deutérocanoniques dans la collection des livres pieux qui conviennent aux nouveaux convertis. Ibid., col. 1176. Plus attaché qu’Athanase à la tradition juive, Eusèbe de Césarée reproduit encore le catalogue d’Origène, H. E., vi, 25, P. G., t. xx, col. 581, et nul doute qu’ayant partagé en trois classes la totalité des livres de doctrine ou de piété qui avaient cours dans l’Église, il n’ait rangé l’Ecclésiastique parmi ses àvrtXÉYoy|i.Eva, « contestés », entre les ôu.o).oyo-ju.svoc, « incontestés » (catalogue de Méliton et d’Origène) et les vô8a, « supposés ». Après avoir énuméré les « vingt-deux » livres de l’Ancien Testament « transmis par les sages et pieux apôtres », et donné aussi le canon du Nouveau Testament, saint Cyrille de Jérusalem relègue « tous les autres livres », dont l’Ecclésiastique, èv cvjzépto, et n’ose trop en recommander la lecture. Cal., IV, 33, 35, 36, P. G., t. XXXIII, col. 496 sq. Saint.Grégoire de Nazian/.e, Garni., i, 12, P. G., t. xxxvn, col. 472, et son ami saint Amphiloque d’Icône, Ianibi ad Seleueiim, dans S. Grégoire de Nazianze, Garni., n, 7, ibid’.., col ; 1593, omettent l’Ecclésiastique parmi « les livres inspirés » qu’ils veulent « énumérer en détail ». Moins catégorique, saint Épiphane dans son traité des « Hérésies ■ », vin, 6, P. G., t. xli, col. 413, écrit vers 374377, donne le canon des Juifs en 27 livres et constate que « chez eux » la Sagesse de Sirach » était èv àjj. ? i>iy.To>. Un peu plus tard, vers 392, il énumère deux fois encore les seuls 22 livres hébreux a qui sont 27 » en réalité, De pond, et mens., 4, /’. G., t. xliii, col. 244 ; 22-23, ibid., col. 277, et il relève simplement dans le premier de ces deux passages l’exclusion de r, (coyio.) toû’Iï]<joj to-j uiûO iZstpây— Quant à l’auteur anonyme du Dialoyns Timothei et Aquilœ, il range résolument

ivres, i] doîpta

parmi les àno’/.pvya, et après les Tïi<jo0 u’toO Eipiy. Swete, op. cit., p. 206. L’Ecclésiastique manque aussi, avec les deutérocanoniques, dans les listes du 60 e canon de Laodicée, Mansi, Concil., t. H, col. 574, et du 85 e canon des apôtres, P. G., t. cxxxvil, col. 211 ; ce dernier toutefois recommande aux jeunes gens rr, v o-oç-av to-j 7ro).u(j.a8&C ; Stpiy. b) En Occident, saint Hilaire de Poitiers, /** Psalm.,

prol., 15, P. L., t. ix, col. 241, inlluencé par Origène, Rufin, In symb. apost., 36-38, P. L., t. xxi, col. 373, influencé par saint Athanase, refusent la « canonicité » à la Sapieutia Sirach (Rufin). Saint Jérôme la rejette aussi, mais catégoriquement, comme « apocryphe », Prol. gai., P. L., t. xxvin, col. 1243, ou comme « pseudépigraphe », Prsef. in Esdr., P. L., t. xxvm, col. 1403 ; le catalogue de Y Epis t., lui, ad Paulin., 8, P. L., t. xxn, col. 545, ne la contient pas.

La véritable tradition témoignait pourtant en faveur du caractère sacré, de l’inspiration de l’Ecclésiastique chaque fois qu’elle s’exprimait librement en dehors de toute préoccupation relative au canon juif palestinien, et ceux mêmes qui excluaient ce livre de leurs catalogues ou hésitaient à l’y admettre, ne se faisaient point faute de le citer ailleurs comme Écriture ou comme texte capable de définir, d’affermir ou d’attester la foi. Cf. S. Athanase, Oral. cont. arianos, il, 4, 79, P. G., t. xxvi, col. 153, 313 ; Apol. cont. arian., 66, ibid., t. xxv, col. 365 ; Epis t. ad episcop. JEgypti, 3, ibid., col. 514 ; Hist. arian., 52, ibid., col. 765 ; In Ps. cxvm, 60, P. G., t. xxvii, col. 489 ; Eusèbe, De eccles. theol., i, 12 (Eccli., m, 22), P. G., t. xxiv, col. 8i5 ; S. Cyrille de Jérusalem, Cal., vi, 4 (Eccli., ni) ; xi, 9, P. G., t. XXXIII, col.544, 7l6 ; Caf.mi/.s7., 5, 17, ibid., col. 1121 ; S. Grégoire de Nazianze, Oral., IV, 12 ; vu, 1, P. G., t. xxv, col. 541, 737 ; S. Epiphane, qui finit par admettre « le livre de Sirach » parmi les « Ecritures divines », Hxr., lxxvi, 5, P. G., t. xlii, col. 560, et qui le cite, Hœr., xxiv, 6 ; xxxm, 8 ; xxxvn, 9, P. G., t. xli, col. 316, 569, 653 ; S. Hilaire de Poitiers, /*/ Ps. i.xvt, 9 ; ca/., 5, P. L., t. ix, col. 441, 826 ; Rufin, De bened. palriarch., P. L., t. xxi, col. 326, 332, 333 ; S. Jérôme lui-même, Epist., cxvm, ad Jnlianuni, n. 1, divina Scriptura (Eccli., XXII, 6), P. L., t. xxn, col. 961 ; Adversns pelag., i, 3i ; il, 5, scriptum est (Eccli., III, 22, xl, 30), P. L., t. xxiu, col. 527, 541 ; In ls., m, 13, dicente Scriptura (Eccli., n, 30), P. L., t. xxiv, col. 67 ; //( Ezech., xvin, 6, seriptum est (Eccli., xxxn,), P.L., t. xxv, col. 174. Parallèlement aux catalogues qui l’excluent, d’autres catalogues des livres sacrés et canoniques de caractère tout à fait officiel dans l’Eglise d’Occident mentionnent l’Ecclésiastique. Cf. concile de Carthage (397 et 419), can. 39 ou 47 : Salomonis libri QUINQUE, Preuschen, Aiialecla, p. 162 ; catalogue de Mommsen, ras. du X e siècle, Saint-Gall, Cheltenham, attestant comme de l’an 359 une liste stichométrique des libri canonici (cf. pourtant Sam. Berger, Histoire île la Viilgale, p. 320) : Salomonis vers, vin (approximation du total détaillé dans le Claromoutanus, voir col. 2036, des versets de Prov., Eccl., Cant., Sap., Eccli.), Preuschen, o/>. cit., p. 139 ; décret de Gélase, I, 3 : item liber Sapientise quem Jesn filii Siracis esse Hieronymus hidical, Preuschen, p. 148. De même les Pères et écrivains de l’Église romaine : S. Innocent 1 er, Episi. ail Exsujterinm : Salomonis libri V, Mansi, Concil., i. n, col. 1040-1041 ; P. L., t. xx, col. 501 ; de l’Église d’Afrique : Lactance, De div. institut., IV, 8, P. L., t. vi, col. 468 ; Optât de Milève, De schism. donat., m, 3, P. L., t. xi, col. 1000 ; S. Augustin, De civ. Dei, xvn, 20 : Ecclesiaslicnm… in auctori latent maxime occidenlalis antiquitus accepit Ecclesia, P. L., t. XLI, col. 554 ; De doctr. christ., n, 8, 13 : Ecclesiasticus in anctoritatem recipi (meriins), inter {libros) propheticos (nnmerandiis), P. L., t. xxxiv, col. 41 ; De baplism. conlr. donalist., vi, 34, P. L., t. xliii, col. 218 ; Retr., i, 21, P. L., t. xxxn, col. 618, traitant Eccli., xxxiv, 30, comme texte de l’Ecriture, parole délivre saint, Ecriture divine ; de l’Église d’Espagne témoignant de la canonicité de l’Ecclésiastique par Priscillien, Liber de fide et apocnjphis, dans Schepss, Priscilliani quai super sunt, Vienne, 1889, Corpus scriptor. eccl. lai., t. xvm, p. 44-56 ; de l’école