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ECCLÉSIASTE (LIVRE DE L")


Çrjv, la vertu de chacun se trouvant déposée dans l’ordre de l’univers, ôiônep xsXo ; y : vexat rb àxo), oû9(o ; t ?) çj<jsi pjv, 07T£p êo-ri vcocx’àp£Tï)v aùxoO xai xaxà xï|V x<iiv SXtov, VII, i, 88. En fixant à chaque chose et à chaque action son temps déterminé, iii, 1 sq., temps que l’homme droit prendre en considération, mais dont le méchant ne tient pas compte, ib’td., 16, l’Ecclésiaste n’a-t-il pas du moins professé cette morale fondée sur la Raison éternelle qui se manifeste dans la Nature’.’Tyler, d’après Zapletal, p. 50 sq. Pas davantage, car l’idée que chaque chose a son temps est aussi hien d’origine hébraïque. Gen., iivi 22 ; .1er., v, 24. Puis, le passage, iii, 16, 17, n’est point à comparer avec la liste des « temps » de m, 1-8, comme si l’auteur avait entendu y formuler la moralité de celle-ci ; il exprime seulement le sentimenl personnel du sage, qui trouve l’injustice sur la terre, et s’en console par la pensée que le méchant paiera sa méchanceté « à l’heure » de la justice. — d) Le fatum des stoïciens, l’inexorable s ? ii apuivv), à laquelleobéissent les dieux eux-mêmes, et qui fait « nécessairement » de nous ce que nous sommes, « malades ou perclus, grammairiens ou musiciens » — ce qui doit s’entendre également « de nos vertus ou de nos vices », Chrysippe, Ilspt epû(TE(oç, cité par Plutarque, De stoic. répugnait tiis, 34, paraît trouver son expression correspondante dans Eccle., ix, 12, où « l’homme ne connaît pas son heure, » prisonnier qu’il est du sort fatal, « du malheur », qui Y « enlace » comme « le poisson pris au tilet, l’oiseau pris au piège. » Mais cela aussi répond à l’idée hébraïque que « si l’on jette le sort dans le pan de la robe, toute décision néanmoins vient de Jahvé, » Prov., xvi, 33 ; que le sort des peuples et de chacun repose entre les mains divines, Amos, IX, 7 ; Job, xii, 16 sq. ; que l’homme enfin propose, mais que Dieu dispose, Prov., xvi, 9 ; xix, 21 ; xxi, 30 sq. ; Job, xiv, 5, etc. ; Zapletal, p. 52 sq. — é) Les dieux sont en nombre infini ; infini aussi le nombre des mortels : ainsi le veut du moins rî<rovou. ! a d’Épicure. Cicéron, De natura deoruni, i, 19, 50. Or, les dieux vivent parfaitement heureux. Polydème, ïlepl xr É ; twv 6eiv E’J<rxcr/o’j[j.Év ?) ; S’.afàiYT, : . Le philosophe, de son côté, qui « jouit de biens immortels », ne « ressemble plus à un être mortel » et « vit comme un dieu ». Epicure, dans Diogène de Laërte, x, 135. Il y a donc, entre’es dieux et les hommes qui savent jouir du bonheur des dieux, comme un répons mélodieux allant d’un chœur à l’autre ; et c’est à ce répons que fait allusion l’Ecclésiaste lorsqu’il affirme, v, 19, que « Dieu Çélôhim) répond (ma’âneh) à la joie (de l’homme heureux) dans le cœur de celui-ci. » Si l’auteur hébreu conserve à’elôhim le nombre singulier, c’est qu’il y est contraint par l’opinion religieusequi règne autour de lui ; mais il pense aux « dieux », et sa phrase est épicurienne. Tyler, op. cit., d’après Mac Neile, p. 5’i ; Zapletal, p. 57 sq. Pure exégèse de poète : ma âueli n’a pas ici le sens de « répondre », mais, comme l’indiquent huit passages du livre, i, 13 ; H, 23, 26 ; iii, 10 ; iv, 8 ; v, 2, 13 ; iivi 16, cette forme verbale doit se rattacher à la racine dnâlt, « s’occuper » — Dieu s’occupe de la joie du cœur de l’homme heureux ; cette joie est son œuvre ; c’est la simple répétition de la même idée exprimée déjà au verset 18. Cf. ii 24 ; ix, 7.

Ainsi l’on ne peut réellement établir une dépendance directe de l’Ecclésiaste à l’endroit de la philosophie grecque. Les doctrines qui, de prime abord, paraissent leur être communes, ou bien se trouvent déjà exprimées sous forme traditionnelle et orthodoxe dans des livres de caractère hébraïque auxquels se réfère tacitement l’auteur du Qôhélef, ou bien ne sont attribuables à ce dernier que sous le couvert, suspect à bon droit, d’une pure mésintelligence de son texte.

Pour une influence de la philosophie grecque sur l’Ecclésiaste dans quelques traits et expressions, voir Van der Palm, Eccle siastes philologice et critice illttstratus, Leyde, 1784 ; G. Zirkel, Untersuchungen i’tber den Prediger, YVurzbourg, 1792 ; HitzijLr, Der Prediger Salomo’s. Leipzig, 1847 ; Kleinert, Der Prediger Salomo, Berlin, 1864, et dans Theologische Studiett und Kritiken, 1883, p. 761-782 ; Grætz, Koheleth, Leipzig, 1871. — Pour une dépendance formelle de l’Ecclésiaste à l’égard de la philosophie stoïcienne et épicurienne : Tyler, Ecclesiastes, Londres, 1874 et 1899 ; cf. Modem Review, 1882, p. 225-251, 614617 ; Plumptre, Ecclesiastes, Cambridge, 1881 ; Aug. Palm, Qohelet und die nacliaristotelisclte Pliilosopltie, Mannheim, 1885 ; Cornill, Einleituttg. Leipzig, 189(1, § 45, 4 ; Siegfried, dans Xeitschrift fïtr wissenschaftliche Théologie, 1875, p. 284291, 465-489 ; Prediger und Hoheslied, 1898 ; Wildeboer, Die funf Megtllot, 1898 ; de la philosophie d’Heraclite : Pfleiderer, Die Philosophie des Heraklit… Berlin, 1886, p. 255-288, et dans Jahrbiïcher fi’tr protestantische Théologie, 1887, p. 177180. — Pour une influence de la philosophie grecque en général : M. Friedlander, Griechische Philosophie im Alten Testament, Berlin, 1904, p. 131-162.

Contre l’influence grecque : Franz Delitzsch, Hoheslied und Koheleth (Bibl. Kontin., 1875, t. IV, p. 319) ; Benan, L’Ecclésiaste, Paris, 1882, p. 63 sq. ; Nowack, Die Spriiche Salotnoe und der Prediger. Leipzig, 1883, p. 194 sq. ; Cheyne, .lob and Salomon. Londres, 1887, p. 260-272 ; Menzel, Der griechische Einfluss auf Prediger und Weisheit Salomos, Halle, 1889, p. 8-38 (contre Tyler) ; H. Bois, Essai sur les origines de Ut philosophie judéo-alejcandrine, Toulouse, 1890, p. 53-128 (contre Pfleiderer) ; Peake, art. Ecclesiastes, dans A Dictionary oPthe Bible de Hastings, Edimbourg ; A. B. Davidson, art. Ecclesiastes, dans Encgclopxdia biblicade Cheyne, Londres ; Volz, dans Theologische Literaturzeitung, février 1900 (contre Tyleri ; Mac Neile, An Introduction to Ecclesiastes, Cambridge, 1904, p. 43-54 ; V. Zapletal, Dus Bttch Kohelet, Eribourg (Suisse), 1905, p. 43-01 ; Die vcrmeintlichen Einflùsse der griechischen Philosophie im Bûche Kohelet, dans Biblische Zeitscltrip, 1905, p. 32-39, 128-139.

VI. Enseignements doctrinaux et moraux.

/, BiVSEIGNEMENTS DOCTRINAUX. — 1° Dieu. — 1. Créateur et provident : il a bien fait le monde, ni, II, 14, y mettant de l’ordre, donnant des lois à ses créatures, i, 4-11 ; ni, 1-8, et gouvernant jusqu’aux pensées et sentiments des hommes, 1, 13 ; iii, 10, 15 ; ix, 1, dispensant à ceux-ci les biens et les maux, iiv 14 (u, 24 ; ni, 13 ; v, 18 ; vi, 2 ; ix, 7) et les éprouvant surtout par la mort, m, 18 sq. — 2. Juge souverain : il rend son arrêt pour le juste comme pour le méchant, iii, 17 ; il appelle à son tribunal toute cause bonne ou mauvaise, toute œuvre humaine apparente ou cachée, xi, 9 ; xii, 14. — 3. Tout-puissant, supérieur à l’homme, vi, 10 ; iiv 13, qui ne peut rien changer d’essentiel à ce qu’il a statué, il comprime ainsi l’activité humaine, dans tous les ordres où elle manifeste son action, afin qu’on le « craigne », ni, H.

L’homme.

1. Dans son être propre : — n) Son être physique est fait de poussière, iii 20 ; xii, la, et du « souffle de Dieu », ni, 21 ; XII, 7 6. — b) Son être moral est fait d’une « droiture » originelle, sujette pourtant à être faussée, iiv 29, qui constitue sa con. science ; mais son intelligence, bien que capable de saisir quelque chose de l’œuvre de Dieu, iii, 11 », reste impuissante néanmoins devant le profond mystère de cette œuvre, ni, 116 ; xi, 5, et devant l’avenir, iiv 14 ; ix, 12 ; sa volonté, de même, son action, ne peuvent rien sur l’ordre essentiel du monde, vi, 10 ; iiv 13, ni sur la mort, iivi 8. — 2. Dans sa destinée : — a) En ce monde. Individuellement, Dieu l’a soumis à des occupations de plusieurs genres, et cela pour l’éprouver ; car toutes, sauf une seule, ne lui rapportent icibas que fatigue, déboires, incertitude : ainsi, la recherche du plaisir, ii 1-11, des richesses ou de la gloire, iv, 7-8 ; v, 9-11, 12-16 ; vi, 1-6, de la science même et de la sagesse, I, 12-18 ; ii 12-23 ; vi, 7-12 ; iiv 23-29 ; iivi 16-17. Socialement, l’épreuve n’est pas moindre pour lui ; car l’injustice est partout : dans les tribunaux, ni, 16 ; dans le gouvernement, iv, 1 ; v, 7 ; même (qui le croirait ?) dans la rémunération opérée dès cette vie, à ce qu’on croyait, par la justice provi