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ECCLÉSIASTE (LIVRE DE L’]


monarque où l’Ecclésiaste aurait été composé, Motais, op. cit., p. Isq. ; Cornely, In troductio, t. ii, 2, p. 174 sq. ; 13. Schâfer, op. cit., p. 21 sq. ; 3. le témoignage du livre lui-même, soit : à) dans ses données : le litre du livre, i, 1 (Salomon visé certainement sous le nom de Qôhélef est le seul des « fils de David » qui ait été « roi dans Jérusalem ») ; les faits et gestes de Qôhélef concordant trop bien avec ce qui est rapporté de Salomon, III Reg., (éminente sagesse, i, 16 ; XII, 9, et III Reg., iii, 12 ; auteur de proverbes, xii, 10, et III Reg., iv, 32 ; plaisirs et richesses, ii 1-20, et III Reg., X ; expérience des femmes, iiv 27, et 111 Reg., xi, 1-10) ; le nom même de Qôhélef, « orateur » ou « collecteur », s’appliquant parfaitement à Salomon réunissant le peuple de Dieu et lui recommandant la fidélité, III Reg., VIII, 1, 2. 5, 55-61 ; Motais, Salomon et VEcclésiaste, Paris, 1876, t. H, p. 38 sq. ; — b) soit dans son langage : multiples coïncidences de style et de phraséologie enlre lui et les Proverbes et le Cantique attribués à Salomon. li. Schàfer, Neue Untersuchungen ïiber lias Buch Kohclelh, Fribourg-en-Rrisgau, 1870, p. 128 sq. ; Motais, L’Ecclésiaste, p. 42 sq. ; surtout Johnston, A Treatiseon thevutliors/iip of Ecclesiasles, Londres, 1880.

2° On objecte : 1. le caractère non scientifique de la tradition juive qui attribue arbitrairement tel livre à tel personnage fameux de l’antiquité hébraïque, parce qu’il est parlé de lui dans ce livre, et qui n’est, du reste, pas sûre d’elle-même, cf. Baba Bathra, iba, où l’F.cclésiaste est attribué non à Salomon, mais à Ezéchias et à son « académie » ; 2. la dépendance étroite de la tradition chrétienne à l’égard de la tradition juive, ce qui entraîne valeur égale ; 3. l’insuffisance des arguments tirés du contenu du livre : a) que Salomon soit désigné comme l’auteur dans le litre, qu’il soit même regardé comme parlant dans le corps de l’ouvrage, cela ne prouve nullement qu’il soit en réalité l’auteur : le livre de la Sagesse est aussi attribué à Salomon par son titre et ce monarque y tient aussi des discours, et pourtant la Sagesse n’est point l’œuvre de Salomon ; b) la ressemblance de style et de vocabulaire, de l’Ecclésiaste avec les Proverbes et le Cantique, n’a rien de frappant ni d’étendu, et, du reste, il est plus que douteux que ces deux derniers livres bibliques soient de la main de Salomon. Auteurs catholiques : Jahn, Einleitung in die gôttlichen Bûcher des Allen Bundes, Vienne, 1802, 1803, t. ii §214 ; Herbst, Historisch-kritische Einleitung in die heiligen Schriften des Allen Testaments, Carlsruhe, 1840-1844, t. ii, 2, §99 ; II. Reusch, Zur Frage ùber tien Verfasser des Koheleth, dans Theologische Quartalschrift, 1860, p. 430-469 ; Movers, dans Kirchenlexikon, de VVetLer Welte, t. iii, p. 330 ; Kaulen, ibid., 2e édit., t. iv, p. 96, et Einleitung in die heiligen Schriften, Fribourg-enRrisgau, 1890, p. 322 sq. ; Rickell, Der Prediger… ; Condamin, dans la Revue biblique internationale, t. ix, janvier, juillet 1900, etc. Cf. F. Gigot, Spécial Introduction to the sludy of the Old Testament, New— York, Cincinnati, Chicago, 1906, t. ii, p. 116 sq.

/L OPINION CRITIQUE. — L’opinion critique fut inaugurée par Hugo Grotius, Præf. in Ecclesiast. (1644), dans Critici sacri, Francfort, 1695, t. ii, col. 2055. Luther, dans ses Tischreden (Werke, Erlangen, t.i.xii, p. 128), avait refusé à Salomon la composition de l’Ecclésiaste, mais était revenu à l’opinion traditionnelle dans son commentaire latin, Ecclesiastes Salomonis, Wiltemberg, 1532. Ce n’est pourtant qu’au xix 1’siècle que savants protestants et catholiques reprirent en nombre et appuyèrent de nouveaux arguments la pensée de Grotius que l’Ecclésiaste n’avait été écrit que longtemps après Salomon. Ils trouvèrent toutefois de nombreux contradicteurs qui leur reprochèrent principalement les divergences extrêmes de leurs conclusions

quant à la date de la composition du livre. Voir dans Cornely, lutroduclio, t. ii, 2, p. 167 sq., les listes des auteurs et des dates choisies. Il est clair cependant que le désaccord des critiques sur la question positive de la date n’est nullement contradictoire au déni de composition fait à Salomon, question négative. On peut bien dire sans manquera la logique : tel ouvrage n’est pas le produit de tel auteur, en tel siècle ; mais quant à lui assigner une date précise dans le cours de tel ou tel autre siècle, il est difficile de s’entendre. Condamin, hic. cit., p. 363 ; Gigot, o)>. cit., p. 119.

1° Les arguments des critiques opposés à l’authenticité salomonienne sont les suivants : 1. Les données mêmes du livre concernant : a) le Qôhélet, que l’auteur fait parler, et l’auteur lui-même ; le Qôhélef, qui figure réellement Salomon, n’est plus roi dans Jérusalem, i, 1, 12 ( « J’ai été roi… » — sans abandonner l’authenticité salomonienne, la paraphrase chaldéenne, le midrasch Jalkouth, in loco, ïe Talmud, Gîtin, 68b, Raschi, Hugues de Saint-Victor, ont reconnu la force de ce parfait, textes dans Ginsburg, Coheleth, p. 2’t6), et il est parlé de lui, tout aussitôt après le titre, à la troisième personne, I, 2, « Vanité…, dit (a dit, disait) Qôhélef » ; cf. aussi xii, 8 ; quant à l’auteur du livre, il parle de lui-même dans l’épilogue comme d’un « sage » qui a voulu instruire ses contemporains en collectionnant à leur intention les « dires des sages » en Israël, ses précurseurs ou prédécesseurs, d’où impossibilité de le confondre avec Salomon, qui ne fut point précédé d’une série de « sages » et qu’on ne pouvait, du reste, représenter leur empruntant la matière de son propre livre, Ginsburg, p. 245sq. ; Wright, p. 100 sq. ; cf. Gigot, op. cit., p. 122 sq. ; b) concernant le milieu social où vit l’auteur : celui-ci se plaint, en effet, de trouver la méchanceté à la place de la justice, iii, 16, des opprimés que nul ne relève, iv, 1 sq., un pouvoir tyrannique et des juges corrompus, v, 8 ; iiv 7 ; viii, 2 sq., mal choisis, viii, 40 ; x, 5-7, la délation partout, x, 20 ; Salomon, ce qui ne peut être admis, eût ainsi fait la satire de son propre gouvernement et revendiqué de gaité de cœur la responsabilité personnelle du mal qu’il manquait alorsà redresser, Ginsburg, p. 248 sq. ; Wright, p. 122sq. ; Condamin, Inc. cit., p. 359 ; Gigot, p. 123 sq. ; c) concernant des traits de doctrine et de mœurs incompatibles avec l’époque salomonienne, ainsi, selon Zapletal, op. cit., p. 62 : l’immortalité de l’àme, iii, 21 ; xii, 7, l’usage pour les princes de monter les chevaux, x, 7.

2. Le caractère postexilien de la langue. Voirplus haut, col. 1998. « Si le texte actuel (de l’Ecclésiaste) n’est pas une transcription de l’ancien, en langue de forme postexilienne, c’est qu’il a été mis par un écrivain postexilien dans la bouche de Salomon comme du personnage le plus qualifié pour en recevoir le patronage. » Kaulen, Einleitung, p. 272. « Mais une semblable transcription serait unique et, pour le livre du Qôhélef, d’autant plus invraisemblable qu’elle aurait eu lieu en. langage mesuré… Il faut donc simplement adm< lire que le livre n’est pas l’œuvre de Salomon, mais de quelque écrivain postexilien… Ici et là, bien qu’il parle commeSalomon, l’auteur laisse à entendre qu’il n’est pas Salomon, mais qu’il use de fiction littéraire.., , tel l’auteurdu livre de la Sagesse, vii-ix… Le véritable Salomon, du reste, nous aurait appris de lui-même plus quele Qôhélet, dont les maximes salomoniennes se réfèrent aux livres des Rois. Le véritable Salomon nous aurait peut-être parlédu temple qu’il bâtit, des encouragements qu’il donna à l’idolâtrie et de la punition qui lui fut infligée à ce sujet. Le Salomon du Qôhélef n’esl pas un Salomon pénitent. L’Ancien Testament ne nous dit nulle part que ce roi fit pénitence de sa faute. C’esl seulement plus tard, quand cela parut être une lacune qu’il fallait combler, qu’on attribua le Qôhélef à Salomon et que ce livre fut donné pour la somme des.