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ECCLÉSIASTE (LIVRE DE L’]


Sur l’Eccléalaste et le canon juif palestinien, voir Ginsburg, Coheleth, Londres, 1861, p. 9 sq. ; Grætz, Kohelet, Leipzig. 1871, p. 147 sq. ; Blocb, Ursprung und Entstehungszeil des Bûches Kohelet, Bamberg, 1872 : Studien zur Gescldchte der Sammlung der althebràùschen Literatur, Leipzig, 1875 ; Nowack, Die Sprùche Salomos und der Prediger Salomo, Leipzig. 1883, p. 206 sq. ; G. H. H. Wright, op. cit., p. Il sq., 465, 471 sq. ; Schiffer, Das Buch Kohelet, nach der Auffassung der Weisen des Talmud und Midrasch, Leipzig, 1884, p. 99 sq. ; Cheyne, op. cit., p. 279 sq. ; Euringer, Der Massorahtext des Kohelet hritisch untersucht, Leipzig, 1890, Anhctng, p. 5 sq. ; Wildeboer, De la formation du canon de l’Ancien Testament (trad. du hollandais), Lausanne et Paris, 1902, p. 45 sq. ; iMac Neile, op. cit., p. 3 sq^tZapleUil, op. cit., p. K6 sq.

; L i in/ les CHRÉTIENS. — 1° L’/ie : les écrivains du

Nouveau Testament. — On ne croit pas généralement que le livre de l’Ecclésiaste ait été cité verbalement par les auteurs des livres du Nouveau Testament. Saint Paul en a pourtant introduit dans deux de ses Épîtres quelques réminiscences caractéristiques : cf. Rom., iivi 20, et Eccle., i, 2 ; iii, 10, et Kccle., iiv 20 ; II Cor., v, 10 (cf. Rom., ii, 16 ; ix, 11 ; xiv, 10), et Eccle., XII, 14 ; et on doit remarquer ici que Rom., iii, 10, citant expressément l’Écriture, Ps. xiii, 1-3 (cf. LUI, 2-1), amorce la citation précisément par les mots à l’aide desquels Eccle., VII, 20, exprime, mais plus brièvement, la même pensée. Mais ce détail ne suffit pas, l’esprit de l’auteur de l’Épitre s’étant porté directement sur le psaume, à établir que saint Paul avait foi en la canonicité de notre livre. On ne peut conclure non plus de passages parallèles tels que Mattli., vi, 7, 9, et Eccle., v, 1 ; VI, 11, et Eccle., v, 17 ; Luc, xvi, 9, et Kccle., xi, 2 ; Rom., IX, 16, et Kccle., ix, 11 ; Joa., IX, 4, et Kccle., ix, 10, etc. ; cf. Volck, Der Prediger Salomo, Nordlingen, 1880, p. 110 sq., la concordance verbale y faisant entièrement défaut. On pourrait conclure néanmoins d’autres passages néo-testamentaires que les écrivains aposloliques tenaient pour tout à fait clos le canon des Eci itures anciennes dont le corps aurait alors renfermé l’Ecclésiaste. Ces passages bien connus sont les suivants : Mattb., xxii, 29 ; Joa., x, 35 ; xix, 36 ; xx, 9 ; Act., iixvi 24 ; Rom., i, 2 ; II Tim., iii, 15 sq. ; II Pet., I, 20 ; les expressions f| Ypaçrj, al ypoepai, et autres semblables paraissent, en effet, désigner un groupe d’écrits sacrés bien constitué et délimité. Le texte de Matth., xxiii, 35 (cf. Luc, xi, 51), où Notre-Seigneur parlant du sang d’Abel, Gen., iv, 10, et de celui de Zacbarie, II Par., xxiv, 21, semble faire allusion à tout le groupe des livres du canon juif palestinien défini par la mention de faits racontés dans le premier et le dernier de ces livres ainsi groupés, cause la même impression. Tous les Kefoûbim, dont Qôhélef, auraient donc été généralement reconnus comme saints et sacrés pour le I er siècle de notre ère.

A partir du iv siècle jusqu’à nos jours.

Dans la suite, le livre de l’Ecclésiaste a toujours été reconnu par les chrétiens comme canonique, bien qu’au commencement, dans les écrits des Pères apostoliques, par exemple, il ait été fort peu utilisé. Cf. pourtant Ilermas, Mmid., iiv 1 ; Sim., v, 3, 2 ; iivi 3, 8 ; 7, 6(Kccle., xii, 13) ; Kunk, Die apostolischen Vider, Tubingue, 1906, p. 173, 192 sq. Dès la fin du If siècle, il est commenté à titre de livre sacré. Voir plus loin les commentateurs. Seul dans l’antiquité, Théodore de Mopsueste l’a rejeté comme non prophétique ; il prétendait que Salomon n’avait eu pour l’écrire que l’esprit de sagesse, c’est-à-dire un degré inférieur de l’inspiration, et cette opinion fut condamnée par le concile de Constanlinople, V’— œcuménique. Cf. Mansi, Concil., t.ix, col. 223 ; II. Kihn, TheodorvonMopsuestia und Junilius Africanus >ds Exegeten, Fribourg-en-Brisgau, 1880, p. 77-79. Au XIIIe siècle, le patriarche jacobite Barhébræus a mis aussi en doute, quoique indirectement, la canonicité de l’Ecclésiaste en attribuant à son auteur la néga tion de l’immortalité de l’âme et de la résurrection future. Cornely, Introductio, t. ii, 2, p. 178. De même ne peut-il être question de reconnaître à l’Ecclésiaste inspiration et canonicité pour les interprètes protestants ou critiques qui l’accusent de pessimisme (manichéisme), de déterminisme, de matérialisme, de scepticisme, et d’épicuréisme. Voir plus loin.

III. Composition. Unité d’auteur. — Le livre de l’Ecclésiaste frappe immédiatement l’esprit du lecteur par un décousu et un manque de logique à tout le moins des plus apparents ; d’où la question s’est posée finalement de l’unité de sa composition ou de la pluralité de ses auteurs ou rédacteurs successifs. Saint Grégoire le Grand pensait déjà la résoudre en supposant que l’Ecclésiaste ou bien cilait dans son livre les pensées d’autrui, ou bien les rapportait comme des sujets de tentation qu’il repoussait ensuite. D’ud., 1. IV. c iv, P. L., t. lxxvii, col. 321 sq. Un Juif du xvie siècle, Baruch Ibn Baruch, voyait dans ce livre un dialogue entre l’imagination avec ses doutes et la raison divine qui mène à la foi. Dans D. Leindorfer, Uie Losung lies Koheletrâtsels durch dm Philosophen Baruch Ibu Baruch, Berlin, 1900, p. 11. L’opinion de Grégoire le Grand s’exagéra dans celles de Grotius, lu Eccle.. i, 1, Opéra theologica, Amsterdam, 1679, t. i, p. 258, qui trouve « rédigées » dans l’Ecclésiaste « diverses opinions des sages touchant le bonheur ; » de Nachtigall, Das Bach Kohelelh, Halle, 1798, qui y découvre huit ou neuf collections de poèmes, de sentences, d’énigmes, etc. ; de Stàudlin, Geschichte der Sittenlehre Jesu, i (cf. Zôckler, Das Hohelied und der Prédiger, Bielefeld, 1868, p. 110), qui fait du livre un conglomérat de divers fragments salomonicns. L’hypothèse d’un dialogue entre personnages divers, orthodoxe contre inorthodoxe, a réuni les suffrages de Herder, Briefe uber das Studium der Théologie, Werke, Tubingue, 1805 sq., t. i, p. 200 ; d’Eichhorn, Einleitung in das A. Test., Leipzig, 1783, t. III, p. 648 sq. ; de Bergst, Der Prediger Salonw’s, Hambourg, 1799. Cf. aussi Rosenmiiller, Scholia in Eccle., p. 12 sq., et Schenkel, Bibellexicon, 1871, t. iii, p. 554. D’autres

auteurs ont expliqué par des interpolations les dissidences d’opinions ; ainsi Palm (1784), Dôderlein (1784), Umbreit (1818), Knobel (1836). Cf. Zôckler, op. cit.,’p. 111. G. Bickell, Der Prediger uber den Wert des Daseins, Inspruck, 1884, suppose que le défaut de logique provient d’un accident souiïert par un manuscrit, par celui même d’où dérive la recension du texte hébreu que nous possédons ; les feuillets de ce manuscrit auraient été inlervertis, d’où l’ordre actuel est fautif. Bickell réarrange habilement le texte sur un plan qu’il pense être l’ordre primitif. Voir aussi, du même auteur, Ka/telels Vntersuchung uber dru Wert des Daseins, Inspruck, 1886, et Zeitschrift fur katholische Théologie, Inspruck, 1886, p. 554 sq. Cette solution de Bickell n’a guère été acceptée que par Dillon, The Sceptics ofthe Old Testament, Londres, 1895, p. 87 sq., 241 sq. P. Ilaupt, Tlw Book of Ecclesiastes, Philadelphie, 1894 ; Kohelelh oder Wellsclnner : in der Bibel, Leipzig, 1905, pense que l’écrit original fut volontairement bouleversé et gâté de gloses multiples ; il le réarrange aussi. On a opposé au système de Bickell que les Septante offrant déjà eux-mêmes le texte dans l’ordre massorétique, il faudrait admettre, contrairement à toute vraisemblance historique, que le livre hébreu avait à cette époque des Septante ou à l’époque antérieure délaissé la forme de rouleau pour prendre celle de codex à feuillets transposables ; de plus, le nombre des transpositions, additions et altérations que nécessite le mode de reconstruction est tel, et cette reconstruction oblige à de telles violences à l’égard du texte que le système en est rendu tout à fait improbable. Cf. Mac Neile, p. 28 sq. ; Zapletal, p. 16 sq.. et les réfé