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ECCLËSIASTE (LIVRE DE L’]


duit cette première version hiéronj mienne parallèlement à la « version vulgate », dans son Liber Ecclesiastes, Œuvres complètes, Bar-le-Duc, 1877, t. i.p. 159 sq.

Versions dérivées.

1. A mienne lutine : — «) primitive, exécutée sur les Septante. Un fragment seul, du VIIIe siècle, en a été publié par S. Berger, dans Notices et extraits des manuscrits, t. xxxiv b, p. 1 ; J7 sq. ; cf. Hastings, A Dictionary of the Bible, Edimbourg, 1900, t. iii, p. 51 ; — b) revisée par saint Jérôme d’aprè le texte grec hexaplaire et selon la manière critique d’Origène, Prsef. in libms Salomonis, P. L., t. xxviii, col. 1243 : le texte de cette revision ne nous est pas parvenu.

2. Autres versions.

Syro-hexaplaire. Édit., Middeldorpp, Pi’iv., Job, Cant., Threni, Ecclesiastes, e codice mediolanensi, Berlin, 1885. — Arabe, Polyglottes de Paris, 1615, et de Londres, 1652. — Arménienne, Amsterdam, 1666 ; Conslantinople, 1705 ; Venise, .1. Zohraii, 1805 ; Pères Méchitaristes, 1859-1860. — Coptes. Il ne nous est connu que la saliidique, c. i-ix, 3, et x, 3— xii, 14 (collection Borgia), publiée par A. Ciasca, Sacror. Biblior. fragmenta copto-sahidica Museei Borgiani, Borne, 1889, t. n ; c. xii, 12-14 (collection tie la Bibliotbèque nationale), publié par G. Maspero, Fragments de l’Ancien Testament, dans les Mémoires de la mission archéologique du Caire, Paris, 1892, t. VI. Cf. Hyvernat, Étude sur les version* coptes de la Bible, dans la Revue biblique, Paris, 1896, t. v, p. 550, 557 ; 1897, t. vi, p. 58, 61. — Élbiopienne, Eccle. non publié. — Géorgienne, Moscou, 1743 ; SaintPétersbourg, 1816. — Slavonne, Eccle. sur le grec de la recension de Lucien (selon De Lagarde). Cf. H. B. Swete, Introduction, p. 121.

II. CANONICITÉ.

L CHEZ LES JUIFS. — I" Avant l’ère chrétienne. — — Si l’on en croit le traité post-lalmudique, Aboth, ci, de R. Nathan, certaines difficultés auraient surgi « au commencement » touchant les Proverbes, le Cantique et Qôliclet. Ces livres auraient été pour un temps « cachés », c’est-à-dire détournés de la lecture publique, jusqu’à ce que vinrent les membres de la Grande Synagogue qui les interprétèrent. Ce fait prouverai ! Sa canonicité du livre à peu près dès l’origine ; et aussi bien le récit de R. Nathan doit-il correspondre à quelque réalité historique pour le temps des « hommes de la Grande Synagogue » — — comme il dit — car à une époque très voisine de celle-là, au I er siècle de notre ère, on agitait encore couramment dans les écoles rabbiniques des questions analogues et au sujet des mêmes livres. — Cf. L. Wogue, Histoire de la Bible et’te l’exégèse biblique jusqu’à nos jours, Paris, 1881. p. 56. Aucun autre témoignage direct, si ce n’est quelques récits du Talmud, dont l’historicité demeure naturellement sujette à caution, ne nous affirme la car nicité du livre de l’EccIésiasti pou’es temps qui précèdent immédiatement l’ère chrétienne. Cf. L. Wogue, op. cit., p. 56, 65-67. L’auleur du livre de l’Ecclé : iastique et celui du livre de la Sagesse connaissent bien et utilisent, le premier vers l’an 180, le second vers l’an 130 avant Jésus-Christ, le livre du Qôhélet (listes de passages, dans Wright, op. cit., p. 41 sq. ; Mac Neile, op. cit., p. 34, 38 sq. ; Casser, Die Bedeutung der Sprûche Jesu Ben Sira fur die Datieruna des althebrâischen Spruchbuches, Guterslob, 1904, p. 235 sq.) ; mais ils nous attestent par là son existence seulement, non son caractère canonique. M. N. Pelers croit, au contraire, que l’Ecclésiasle dépend de l’Ecclésiastique, et c’est pourquoi il reporte la date de sa publication après 145 (date de l’Ecclésiastique). Ekklesiastes und Ekklesiastikus, dans Biblisc/ie Zeitschrift, 1903, p. 47-54, 129-150. On a pu trouver même que le livre de la Sagesse, loin de tenir l’Ecclésiaste pour sacré, paraît plutôt le combattre dans certaines de ses conclusions touchant la jouissance de la

vie (passages, dans Plumptre, Ecclesiasles, Cambridge’1881, p. 71 sq. ; Wright, p. 67 sq.). Les récits du Talinud nous apprennent seulement aussi que leurs compilateurs acceptaient comme une authentique tradition les citations à titre d’Écriture de Eccle., iiv 12 ; x, 20 ; i, 9, censées faites par Simon ben Schetacb, au ie siècle avant notre ère, Talmud de Jérusalem, traité Berakoth, iiv 2, trad. Schwab, Paris, 1881, p. 131, par Baba ben Butha, sous Hérode le Grand, Baba Bal lira, 4 a, et par Gamaliel, au 1 er siècle de notre ère, Schabbath, 30 b. Cf. Wright, p. 19 sq. ; Mac Neile. p. 4. La valeur de cette tradition reste douteuse. Il est grandement probable cependant que l’Ecclésiaste avec tous les Kctoiibim avait été l’objet, de la part de la communauté juive, non sans doute d’une décision canonique, mais d’une sorte d’acceptation tacite équivalente en fait à une reconnaissance officielle, pour le commencement du I er siècle de notre ère. Cette probabilité semble résulter de ce que certains écrits du Nouveau Testament paraissent considérer le recueil des « Écritures » anciennes comme tout à fait clos. Voir col. 2003. De plus, ainsi que le remarque Ryle, The Canon of the Old Testament, Londres, 1892, p. 174 sq., on ne conçoit guère qu’un livre nouveau — l’Ecclésiaste — ait pu être introduit dans les limites du canon juif durant le siècle où llorissaient les écoles rivales d’Hillel et de Scbammaï ; les docteurs qui se faisaient gloire ic d’établir une haie autour de la Loi » n’étaient pas hommes à souffrir cette intrusion, sans soulever de plus véhémentes discussions que celles où fut intéressé l’Ecclésiaste avec d’autres livres, et dont le Talmud encore nous a gardé le souvenir.

Depuis l’ère chrétienne.

Aussi bien, ces discussions qui se poursuivirent entre docteurs jusqu’au il— siècle n’eurent-elles d’autreobjet que la question du maintien dans le canon du livre de l’Ecclésiaste et aussi de quelques autres. Ces livres avaient-ils été admis à bon escient’.’Ou ne renfermaient-ils pas plutôt i|iielques traits qui dussent justifier leur exclusion éventuelle du recueil tacitement constitué’’.’On reprochait au Qôhélet de se contredire lui-même : n, 2 et iiv 3 ; ii 2 (vin, I5)etiv, 2, Schabbath, 30 c, ou de contredire d’autres livres canoniques : xi, 9, contre Num., xv, 39, Midrasch Coheleth, c. ix ; de favoriser l’hérésie : i, 3 un, 9) contre la croyance à une autre vie, Schabbath, 30 b ; de n’être ainsi qu’un « produit delà propre sagesse de Salomon » et non le fruit de l’inspiration de l’Esprit— Saint. Megillah, 7 a ; Eduyoth, v, 3. Vers l’an 65 de Jésus-Christ, l’école de Scbammaï se trouvant avoir la majorité au Sanhédrin faillit obtenir l’exclusion. La question fut agitée de nouveau vers l’an 90, àJamnia (ou Jabné), dans un premier s ode. Elle fut résolue enfin en faveur du maintien dans un second synode tenu au même lieu en l’an 118. Ce qui décida les docteurs, ce fut que tout le livre parut garanti par « le commencement (i, 3) et la fin (xii, 13-14), qui se composent de mots tirés de la Loi. » Schabbath, 30 a b. Il fut arrêté définitivement que le Qôhélet « souillait les mains, » c’est-à-dire que, ce livre tenu pour « sacré’ », quiconque l’avait touché pour la lecture devait se purifier les mains devenues impures par ce contact. Cf. Schabbath, 14 a. Le souvenir des discussions touchant la canonicité du Qôhélet était encore vivant à l’époque d’Adrien, voire vers l’an 200 et au temps de saint Jérôme. Yailaïm, tu, 5 ; S. Jérôme, Com.in Ecclesiasten, P. L., t. xxiii, col. 1172. Désormais, ce livre est toujours cité comme Ecriture par les rabbins. Cf. les passages talmudiques : Berakoth, 16 b ; Schabbath, 151 b ; Pesakhîm, 53 b ; Khagigah, 15 a ; Yebamôth, 21 a ; Kethoubôth., 11 b ; Nedarîm, 15 a ; Kiddouschin, 30 a, 36 b, 40 a ; Baba Bathra, 14 a ; Sanhédrin, 101 a ; Schebouôth, 39 b ; Abudah Zarah, 27 b ; Zabakhim, 115 b ; Menakhôth, 110 a.