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EBEDJESU — EBERWIN DE HELFENSTEIN


les nestoriens qui se sont réunis à l’Église romaine. De retour en Orient, Sulaqa créa Ebedjésu métropolitain de Djéziret ibn Omar. C’était un moine du monastère des saints Acha et Jean qui fut à son tour choisi pour patriarche, lorsque Sulaqa eut été mis à mort par suite des intrigues de son rival nestorien (1555). Ebedjésu vint aussi à Rome recevoir le pallium des mains du pape Pie IV (1562). L’année suivante (1563), il assista à la dernière session du concile de Trente et son portrait se voit encore au Vatican. De retour en Chaldée, il envoya aux Indes un évêqiie nommé Joseph ; il écrivit quatre poèmes, trois sur son prédécesseur, le dernier sur Pie IV, et il mourut en 1567. Les relations avec Rome ne tardèrent pas à être rompues pour être rétablies seulement vers 1681.

P. Martin, Lu Chaldée, Paris, 1867, p. 23 ; Bar-Hébru ; us, Vhronicon ecclesiasticum, édit. Abbeloos et Lamy, Paris, 1877, t. III, col. 571-072 ; J. Labourt, Les schismes de l’Église nestorienne, dans le Journal asiatique, 10’série, Paris, 1908, t. xi, p. 230-231.

F. Nau.

2. EBEOJÉSUS SAR-BERIKA, métropolitain nestorien de Nisibe et de l’Arménie vers 1290, mort en 1318. Il est l’un des derniers écrivains qui ont utilisé la langue syriaque. Dans le Paradis de VÉden, recueil de poèmes religieux écrit en 1290, il s’appliqua, à l’exemple des Arabes, à vaincre toutes sortes de difficultés de versification : la troisième pièce se compose de lignes métriquesde seize syllabes se lisant à volonté de droite à gauche ou de gauche à droite ; dans la quatrième pièce, tous les mots se terminent par la première lettre de l’alphabet ; dans la quinzième, au contraiie, cette première lettre n’entre pas, etc. Le succès obtenu par cet ouvrage engagea le patriarche nestorien d’alors à lui demander de composer un ouvrage de théologie « pour l’usage, l’étude et la méditation des élèves, comme pour l’utilité et l’instruction de tous les amis du Christ ». Cet ouvrage, intitulé : Le livre de la perle sur la vérité de la religion chrétienne, a été résumé par Assémani, Bibliolheca orientalis, t. ni a, p. 352-360, puis édité et traduit presque en entier par Mai, Sm vptorum veterum nova collectif), Rome, 1838, t. x, p. 317-366. C’est un spécimen important de la théologie nestorienne officielle au xiiie siècle. Il est divisé en cinq traités : 1. Sur Dieu : existence, unité, éternité, transcendance, trinilé. II. Sur la créature : création du monde, de l’homme, loi et jugements divins, prophéties sur le Christ. III. Nous allons donner quelques extraits du troisième traité consacre à l’incarnation, comme spécimen du sentiment de l’Église nestorienne : 1° Sur la venue du Christ : « Les prophètes ne suffisaient plus pour diriger les hommes dans la voie de la vérité, … il fallut que Dieu vint en personne, mais, comme Dieu est invisible par nature, il prit l’homme pour son habitation et il le fit son temple et son domicile ; il unit à sa divinité d’une union perpétuelle et inséparable celui qui avait une nature mortelle ; il se l’associa dans la domination, le pouvoir et l’empire ; la nature divine illumina la nature humaine par adhésion (ixuvaçeîx), comme une perle excellente et pure est éclairée par le soleil qui l’illumine, de manière que la nature éclairée devint comme la nature éclairante, et que (Dieu) devint visible parles rayons et les éclairs (qui jaillissent) de la nature qui les reçoit, aussi bien que de la nature qui les émet ; sans que la création du passible introduise aucun changement dans le créateur. » — 2° L’incarnation : « Dès la parole de l’ange à la bienheureuse… Dieu s’est uni sans doute (sans division ?) à celui qu’il forma aussitôt, sans semence humaine, dans le sein de la sainte Vierge. » — 3° Division des sectes : « A Éphèse, tous reconnaissaient que le Christ est Dieu parfait et homme parfait, il n’était question que du mode de l’union et des paroles qui

DICT. DE THÉOL. CATHOL.

devaient l’exprimer. Cyrille disait que nous devons donner à la Vierge le nom de Mère de Dieu, et il anathématisait quiconque, après l’union, distinguait l’humanité de la divinité. Nestorius disait de ne pas l’appeler mère de l’homme pour ne pas ressembler à Paul de Samosate et à Pbotin, pour lesquels le Christ est un homme comme les prophètes, ni mère de Dieu pour ne pas ressembler à Simon et à Ménandre qui niaient que Dieu ait pris un corps et disaient que son humanité était une apparence et non une réalité, mais de l’appeler plutôt mère du Christ, nom employé par les prophètes et les apôtres et qui indique l’union (des natures)… Les dissensions durèrent jusqu’au temps de l’empereur Marcien, ami du Christ, qui réunit dans sa prudence, à Chalcédoine, un grand concile de 632 évêques… Ce concile confirma la confession des deux natures dans le Christ et la distinction des propriétés de chacune d’elles, au point de confesser deux volontés (les nestoriens sont monothélites) et il anathématisa quiconque disait mélange ou confusion des deux natures. Comme, dans la langue grecque, il n’y avait pas de différence entre hypostase et personne, il confessa une seule hypostase dans le Christ. Parce que ceux de Cyrille n’admettaient pas une hypostase, l’empereur ordonna que quiconque n’admettrait pas cela perdrait sa place… D’où trois sectes : l’une confesse dans le Christ une nature et une hypostase, c’est celle des jacobiles, ainsi nommés parce que Jacques (lîaradée) contribua beaucoup à affermir la doctrine de Cyrille chez les syriens et les arméniens. La seconde dit deux natures et une hypostase, c’est celle des melkites, ainsi nommée parce qu’elle a été établie par les empereurs à l’aide de la force. Les Romains, qui sont appelés les Francs, l’ont embrassée avec tous les peuples du nord. Ces deux sectes admettent mère de Dieu ; les jacobites ajoutent (au trisagion) : « qui a été crucilié pour nous ». La troisième secte qui dit deux natures et deux bypostases est celle de ceux qu’on appelle nestoriens ; on devrait les appeler Orientaux, parce que Nestorius n’a pas été leur patriarche et qu’ils ne comprenaient pas sa langue, mais lorsqu’ils ont appris qu’il disait deux natures et deux bypostases, un seul Fils de Dieu, un seul Christ, ils ont refusé de l’anathématiser parce qu’ils étaient du même aus. 9

IV. Des sacrements : l’ordre, le baptême, l’huile de l’onction, l’oblation du corps et du sang du Christ, la rémission des péchés, le saint ferment, le signe de la croix vivifiante ; « les chrétiens qui n’ont pas le ferment (rite pour préparer le pain eucharistique) disent que le mariage est le septième sacrement. » Pour la confection de chaque sacrement, il faut : 1° un véritable prêtre ; 2° la parole et le précepte du maître des sacrements ; 3° les volontés non hésitantes de ceux qui le reçoivent avec une foi vive. Assémani montre d’ailleurs que les nestoriens, comme tous les syriens, ont l’équivalent de la confirmation et de l’extrême-onction, dans les onctions dont ils oignent les nouveaux baptisés et les malades. Bibliolheca orientalis, t. 111, p. 271-285.

V. De ce qui a rapport au monde à venir : adoration, dimanches et fêtes, vendredi, jeûnes, prières et aumône. Ebedjésu aurait traduit lui-même en arabe ce livre de la Perle, en 1312, pour le rendre accessible à plus de lecteurs. Cet auteur intéresse encore l’historien et le canoniste par son catalogue des auteurs nestoriens et de leurs ouvrages et par son Traité de droit canon.

Rubens Duvat, La littérature syriaque, 3e édit., Paris, 1907, p. 240-246 ; Assémani, Bibliolheca orientalis, t. mu et t> ; —Mai, Scriptorum veterum nova collectio, Rome, 1838, t. x.

F. Nau.

EBERWIN DE HELFENSTEIN, religieux de l’ordre de Prémontré, premier prévôt du monastère de Steinfeld, mort le 9 octobre vers l’an 1160. Au concile de Pise, en 1134, il soutient devant Innocent II les droits de son couvent. Il combattit dans ses ser IV. — 63