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EAU BENITE


entraient en priant dans l’eau, landis que le baptiseur faisait l’infusion sacrée. Marc., i, 4, 8 ; Matin., ni, 6, 11 ; Luc, nt, 3, 16, 21.

Les Nombres, xix, 1-22, donnent les règles de la préparation et de l’emploi de l’eau lustrale, obtenue par le mélange avec des cendres de la vache rousse. Voir Dictionnaire de la llible de M. Vigouroux, art. Aspersion, t. i, col. 1116-1119 ; Lusl ration, t. iv, col. 423124. La Mischna, traité Parait, et les Talmuds de.Jérusalem, traités Berakhoth, iv, 1 ; iiv 1 ; Sota, ii 1, donnent des renseignements sur les rites de l’aspersion, et sur l’emploi de l’eau lustrale. L’aspersion d’eau, qui devait être faite par un prêtre, se faisait par sept coups vers l’objet à purifier, au moyen d’un faisceau de trois brandies d’hysope. Cf. Ps. L, 8. Il est à remarquer que les Juifs, pas plus, à ce que nous savons, que les autres peuples de l’antiquité, ne bénissaient l’eau ; on ne proférai ! aucune parole, on ne faisait aucun geste, qui parût le symbole d’une consécration. Elle étail bénite, pour ainsi dire, par destination. L’acte même de prendre de l’eau pure, d’y mêler de la cendre du sacrifice de la vache rousse, avec l’intention, suffisait à l’adapter à son usage. L’eau ainsi préparée pouvait perdre sa consécration si elle recevait des poussières ou des impuretés : c’est pour cette raison qu’on la mettait dans un vase fermé, non consacré.

2° Chez 1rs païens. — Dans l’ancienne Egypte, cf. Maspero, dans Bibliothèque égyplologique, t. j, p. 293, 294, 322 ; Histoire ancienne des peuples de l’Orient classique, t. i, p. 123 ; chez les Babyloniens, F. Martin, Textes religieux, assyriens et babyloniens, Paris, 1903, p. XXIII-XXV, chez les Grecs primitifs, nous trouvons des coutumes analogues. L’Iliade et l’Odyssée abondent en traits de ce genre. L’eau « lustrale », ou purilicatrice, se faisait à peu près de la même manière que l’eau d’expiation des Juifs. C’était de l’eau ordinaire, de source, de préférence ; pour les actes solennels, on y niellait un charbon ardent pris à l’autel des sacrilices. Une autre eau lustrale se faisait plus solennellement, pour L’aspersion des champs au mois de mai : sa confection incombait à la plus âgée des vierges prêtresses ; on la composait d’eau et de la cendre des génisses sacrifiées, mêlée de sol. Une troisième espèce d’eau lustrale était simplement mêlée de sel, pour l’aspersion des maisons. Les littérateurs romains y font de fréquentes allusions : Ovide, Fastes, ii 46 ; IV, 639-640 ; Plante, Aululaire, III, vi, 43 ; IV, ri, 5 ; Macrobe, Saturnales, III, 1 ; Tibulle, ii, 1, 13-14 ; Perse, Satyr., n, 15-16 ; Virgile, En., Il, 718-720 ; iv, 625 ; VI, 229-230. Cf. Daremberg et Saglio, Dictionnaire des antiquités grecques et romaines, t. v, col. 1407-1408. Tertullien en parle dans son traité du baptême : Nant et sacris quibusdam per lavacrum initiantnr, Isidis alicttjtts aul Mithrae : ceterum villas, domos, templa, totasque urbes aspergine circumlattB aquee expiant jiassim. Idque se in regenerationem et impunitateni perjuriorum suorum agere prsesumunt. lt<"tn pêne apud veteres quisquis se homicidio inférerai, purgatrice aqua se expiabat. De baplisnto, v, P. L., 1. 1, col. 1205. L’aspersion avait lieu avec un rameau d’olivier.

II. L’kau baptismale chrétienne aux quatre premiers SIÈCLES. — Les observances de la loi religieuse judaïque qui nécessitaient l’emploi de l’eau ne furent pas longtemps suivies par les chrétiens, dont au moins ceux d’origine païenne furent rapidement dispensés par les apôtres. Act., xv, 19, 28. Les premiers chrétiens n’avaient plus donc que le baptême qui nécessitât l’emploi de l’eau. Celle eau l’ut l’objet d’une bénédiction spéciale faite immédiatement avant la collation du baptême. Voir t. ii col. 213. Quand et où prit-on l’habitude do la bénir ? <>n l’ignore. Les premiers documents authentiques que nous ayons sur la bénédiction

de l’eau baptismale sont originairesde l’Église d’Afrique ; dés la fin du iie siècle, ils nous montrent que l’eau du baptême reçoit une consécration sacerdotale, et la théologie de cette sanctilication est déjà formée : supervenil enim statim Spirilus de cselis, et at/uis superesl, sayicliftcans eas. Tertullien, op. cit., iv, col. 1203. Les autres documents égyptiens, syriens, romains, postérieurs même de cent ans à ce témoignage, ne mentionnent encore rien pour la bénédiction de l’eau ; ni la Didascalie, ni le Testamentum D. N. J.-C, ni les canons de saint Hippolyte. A la prière pour demander la venue de l’Esprit-Saint sur les eaux, peut-être ajoutait-on déjà le souhait de la présence de l’Ange de Dieu, et de l’éloignement du mauvais : Ne quis durius cri’dat Angelum Uei sanctum aquis in sainte ») hominis temperandii adesse, cum angélus malus prof anum cont merci ien> ejnsdem elementi in pernicieni hominis frequentet. Tertullien, ibid. C’est la doctrine mémo du rituel romain : super hasaquasabluendis et purificandis ho minibus prseparatas, Angelum sanctitatis emittas. Benediclio fan lis extra sabbat uni Pasclue et Pentecostes, oraison : Domine, sancte Pater. Au cours du IIIe siècle, c’est toujours dans l’Église d’Afrique que nous trouvons mention de ce rite : Oportet ergo mundari et sanctificari at/uam prius a sacerdote, Ve concile de Carthage, c i ; lu quantum aqua sacerdotis perce in ecclesia sanctificata abluit delicta. Sedatus de Thuburbe, au VIIe concile de Carthage. Voir dom Cabrol, Monumenta Ecclesiæ liturgica, t. i, p. 2340, 2349. Le plus ancien formulaire que nous ayons pour la bénédiction de l’eau est celui de la liturgie du 1. VII des Constitutions apostoliques, P. G., t. i, col. 1043 ; il est fort curieux. C’est, en effet, moins un texte précis qu’un plan d’improvisation pour nue préface, où, en résumé, on indique à l’évêque comment il doit « bénir et glorifier le Seigneur Dieu tout-puissant, père de l’Unique, Dieu, lui rendant grâce qu’il ait envoyé son Fils pour prendre notre chair, à cause de nous et de notre salut, qui a supporté, s’étant fait homme, d’obéir à tous, qui a annoncé le royaume des cieux, la rémission des péchés, la résurrection des morts. Ensuite qu’il adore le Dieu unique, avec lui et par lui, rendant grâces qu’il ait souffert la mort sur la croix pour tous, mort dont il a donné comme image le baptême de régénération, » etc. Ce plan de préface est suivi de la mention, que « le prêtre dira cela et d’autres choses, » et d’une oraison ainsi formulée :

KânSs i% o’jpavoû y.a’i aYiacrov xo ûStap to-jto, c ! ô ; cl xàpiv xa 80vap.iv, wttô tôv paTTTiÇôu.svov xar’evTO X^VTOO XpCJTO’J ffOU aClTIO,

au(7Ta-jp<j)0ï ; v : xi xal TuyarcoBàvetv y.at CTuaratp/jvai y.a’t T-jvavaaxïjvai eiç uloôsaiav tt)v êv a ù toi, xû vexpcoôîjvat i.ï’i ri] àu-apTî’a, Çîjffai 2s t/ ; ôixatOffCivn.

Regarde du ciel et sanctifie cette eau, donne-lui la grâce et la force ; afin que celui qui y sera baptisé, selon le précepte de ton Christ, y soit avec lui crucifié, mort, enseveli, et ressuscité, pour être, en lui, adopté comme ton fils, mourir au péché, et vivre.ï la grâce.

Cette oraison paraît être le noyau central de la composition, autour duquel le célébrant développera le plan indiqué. La liturgie des Éthiopiens contient une consécration entièrement établie d’après ce plan. Trad. lat. dans P. L., t. i.xxxviii, col. 944, Deus cæli, … Deus glorise, qui habitas super Cherubim et Seraphim. Cf. une autre consécration à l’usage d’une église latine, Deus, eut super Cherubim ri Séraphin). Ibid., col. 1039. Ces oraisons peuvent servir à l’histoire de la curieuse formule Qui sedes super Cherubim et Seraphim, qu’on trouve en particulier dans la liturgie milanaise (transiiarittnt Te laudantus), el qui fut vivement attaquée par saint Jérôme. Le premier texte de consécration