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1969

DU VERGIER

1970

messire Jean du Verger…, in-4°, Paris. La seconde brochure justifie l’évêque de Poitiers qui, à la tête de gens armés, avait combattu les protestants de sa ville épiscopale soulevés ; elle est intitulée : Apologie sur HenriLouis Chasteignier de la Rocheposaye, évêque de Poitiers, contre ceux qui disent qu’il n’est pas ]>er » >is aux ecclésiastii/ues d’avoir recours aux armes en cas de nécessité, in-12, 1615 ; les contemporains l’appelèrent VAlcoran de M. de Poitiers.

Vers 16’22, se termine la première période de la vie de Saint-Cyran. Il sait la réforme qu’il veut et par quels moyens il la réalisera. C’est alors qu’il se fixe à Paris où son action peut être plus féconde et il refusera toujours de s’en éloigner. Vainement Richelieu, dans les bonnes grâces de qui il est fort avant, lui offre en 162Ô le poste de premier aumônier auprès de la future reine d’Angleterre, Henriette de France, et plus tard, successivement, cinq évêchés à tout le moins : il remercie, mais n’accepte pas. Il écrit et surtout il agit pour préparer le succès de l’entreprise qui est celle de sa vie. En 1626, il fait paraitre sans nom d’auteur, c’est une tactique chez lui, 3 in-4°, l’ouvrage complet devant en comprendre 4, intitulés : Lu Somme des fautes et faussetés capitales contenues dans la Somme théologique de François Garasse. Garasse était un jésuite qui s’attaquait aux libertins de son temps. Il les avait dénoncés en 1623 dans sa Doctrine curieuse des beaux-esprits de ce temps : en 1625. il avait prétendu les réduire par une Somme théologique des vérités capitales de la religion chrétienne, in-fol. La Sorbonne censura ce livre ; Saint-Cyran déclara qu’il « déshonorait la majesté de Dieu » et Voltaire s’est beaucoup moqué du P. Garasse. Il semble bien que le P. Garasse n’avait tort que dans la façon de dire, cf. Brune tière, Etudes critiques, 4* série, Jansénistes et Cartésiens, p. 116-119 ; mais peut-être Saint-Cyran ne fut-il pas plus fâché que la Sorbonne d’atteindre tous les jésuites, derrière l’un d’entre eux. C’est encore contre les jésuites, autrement dit, contre les défenseurs du molinisme et les irréductibles adversaires de lîaius, qu’il dirige le Petrus Aurelius, dont les diverses parties parurent en 1632 et 1633, anonymes, mais qu’il faut lui attribuer en totalité, à moins d’admettre qu’il l’inspira, jusque dans le détail, à son neveu Barcos. Richard Smith, évéque in partibus de Cbalcécioine, nommé par Urbain VIII vicaire apostolique en Angleterre, avait soutenu en Sorbonne avec de Dominis et Richer la doctrine gallicane et l’épiscopalisine ; en Angleterre, il dénia aux bénédictins et aux jésuites, à peu près le seul clergé du pays, le pouvoir de conférer les sacrements sans la permission expresse de l’ordinaire. Les religieux, notamment les jésuites, protestèrent. Une controverse s’ensuivit qui gagna la France. C’est alors que parut le Petrus Aurelius : ce livre soutenait les droits et les prétentions des évéques, non seulement ne i— is des moines, mus vis i-vis du pape. On y trouve déjà, en effet, touchant l’Église, les doctrines essentielles du jansénisme si proches des doctrines de Dominis ou de Richer : l’Église n’est pas une monarchie, mais une aristocratie ; au milieu des évêques, ses pairs par l’autorité, le pape n’est le premier que par la dignité. L’Aurelius relevait aussi l’autorité des curés en face de l’autorité de l’évêque, parce qu’ils sont comme lui les sujets du sacrement de l’ordre et les dispensateurs des sacrements de pénitence et d’eucharistie ; et, si l’on ajoute, d’après Lancelol, Mémoires, t. ii p. 163, que Saint-Cyran était l’ennemi du concordat de 1516, on verra de combien il dépassait les gallicans comme Pithou. Enfin son livre proclamait la supériorité de l’esprit intérieur, et tendait à affranchir les justes et les élus de l’autorité. Ce livre fut fort discuté. L’Assemblée du clergé de 1635 l’approuva et alloua une somme à l’imprimeur ; celle

de’1641 ordonna sa réimpression en un seul corps ; de là, l’édition de 1642, avec cette suscription : jussu et impensis cleri gallicani. L’assemblée de 1645 en ordonna la réimpression, d’où l’édition de 1646 avec un Eloge de l’auteur par l’évêque de Grasse, Godeau. Mais VAurelius rencontrait, par contre, une opposition puissante, de la part desjésuites naturellement, et aussi d’évêques comme le cardinal de La Rochefoucauld, fort malmené d’ailleurs dans l’ouvrage. Ces adversaires obtinrent de Louis XIV la saisie de l’édition de 1642, que le clergé’, disaient-ils, n’avait votée que par surprise ; puis l’assemblée de 1656, mieux avertie peutêtre que celle de 1645, condamna formellement l’Aurelius et MM. de Sainte-Marthe durent rayer dans le t. iv de la Gallia christiana l’éloge qu’ils avaient fait de l’auteur présumé, mais non avoué, Saint-Cyran. Cf. Gallia christiana, Paris, 1666, t. iv, col. 381. L’Aurelius est la préface de VAugustinus ; le titre l’indique : saint Augustin s’appelait Aurelius Augustinus ; et I’.Ikrclius est destiné à gagner les évéques, juges futurs de VA ui/ustinus, et à paralyser ainsi l’hostilité’certaine à l’avance des jésuites. Ce calcul est bien dans l’attitude générale de Saint-Cyran que, dès 1622, Jansénius félicitait déjà de « ménager si bien les personnes qualifiées pour l’allaire spirituelle ». Parmi ceux qu’il cherche à gagner, il y a le P. de Bertille et saint Vincent de Paul : avec eux, il eût acquis une place d’armes et une armée. Mais saint Vincent de Paul ne se laissa pas tenter ; et si de Bérulle ne fut pas aussi ferme à défendre l’Oratoire, du moins la vraie conquête de Saint-Cyran ne fut pas là. Ce fut Port-Royal et les Arnauld. Depuis qu’il connaissait Arnauld d’Andilly, il n’était pas un étranger pour la mère Angélique à qui il pouvait écrire, en 1623, une lettre île félicitation, lorsqu’elle ramenait de Maubuisson à Port-Royal trente religieuses pauvres. A partir de là des relations, rares encore, s’établirent entre elle et Saint-Cyran. Ce ne fut toutefois qu’en 1635 et par un détour que Saint-Cyran entra à Port-Royal, lui 1626. cette abbaye avait été transférée des Champs.i Paris, à l’hôtel de Clagny au faubourg Saint-. lacques ; en 1627, un décret d’Urbain VII l la faisait passer de la juridiction de Citeaux à la juridiction de l’ordinaire. L’homme écouté’y est alurs Zamet, évéque de Lan grès, qui semble supérieur a l’appréciation que donne de lui Sainte-Beuve, après tous les amis de Port-Royal. Cf. Perrens, Sur une page incomplète de l’histoire de Port-Royal, dans la Revue historique, t. i i, p. 265-272. Il introduit à PortRoyal les oratoriens comme confesseurs, et en 1633, il détermine les religieuses à ouvrir, rue Coquillière, une maison nouvelle uniquement vouée à l’adoration perpétuelle. Mère Angélique y fut supérieure. Or, une religieuse de cette maison, la mère Agnès, ayant écrit, pour elle-même, une méditation en seize points, en mémoire des seize siècles écoulés depuis l’institution du saint-sacrement, ces pages, connues sous le nom de Chapelet secret, tombèrent dans le domaine public, des 1633. Des rivalités de personnes déchaînèrent une " tempête » autour de cet écrit. Il fut soumis à l’examen d’un docteur en Sorbonne, Duval, qui, avec sept de ses collègues, le condamna, et de Rome qui le supprima. Sur le conseil de Zamet, la mère Angélique demanda l’avis de Saint-Cyran, bien connu pour sa science théologique. Le Chapelet secret était plus près du quiétisme que du jansénisme ; néanmoins Saint-Cyran déclara n’y trouver rien à reprendre. Il sollicita l’approbation des docteurs de Louvain, Jansénius et Fromondus, pour l’opposer à l’autorité des docteurs de Sorbonne ; il lit même paraître, en 1634, une Réponse aux remarques contre le Chapelet secret, puis une Réfutation de l’examen de la doctrine du Chapelet secret du Suint-Sacrement. Cette attitude lui valut l’amitié de Zamet qui l’introduisit bientôt à