Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 4.2.djvu/350

Cette page n’a pas encore été corrigée

19G7

DUR1E

DU VERGIER

1968

riens. Il écrivait tristement à la lin de sa vie : « Le seul fruit que j’aie retiré de toutes mes fatigues est la constatation du 1 1 ■ i >• I « ■ état dans lequel se trouve actuellement le christianisme ; je n’ai pas d’autre réconfort que le témoignage de ma conscience. » Parmi les nombreux ouvrages dans lesquels Durie défendit et exposa ses idées, on peul citer ses Cas de cm/science, Londres, 1650, 1651, 1650 ; son Mémorial concernant la paix ecclésiastique, présenté aux Communes, Londres, 1641 ; son Pacificateur, Londres, 1648 ; La voie simple de paix et d’unité dans les matières religieuses, Londres, 1660 ; son Conijilc rendu sommaire de ses négociations pacificatrices, Londres, 1657 ; sa Manière d’expliquer l’Apocalypse, Cassel, 1674, où il (’tend aux catholiques eux-mêmes ses projets d’union. Plusieurs de ces ouvrages ont été composés ou traduits en latin.

Brauer, Die Unionsthàtigkeit John Duries, Marbourg, 1907 ; .). Westby-Gibson, art. Dune, dans le Dict.ofnat. Biogr., t. xvi, p. 263 (avec bibliographie des œuvres de Durie).

.1. DE LA SERVIÈRE.

DUVAL André, sorbonisle, né à Pontoise le 15 janvier 1564, mort à Paris le’.) septembre 1638. Docteur en 1594, il fut nommé en 1597 à la première chaire de théologie que Henri IV avait fondée en 1596 au collège de Sorbonne. Grand adversaire de Hicher, il travailla aussi avec le P. de Bérulle à l’introduction des carmélites en France, et il fut le confesseur de saint Vincent de Paul. Outre sa réplique à Iiené Dumoulin au sujet du purgatoire, in-8". 1603, on a de lui:Libelli de ecelesiasiicael publicapotestale, Elenchusprosuprema romani pontifias in Ecclesiam authoritale, in-8°, Paris, 1612, contre flicher, ouvrage qui lui valut une lettre de Dellarmin au nom de l’Inquisition romaine, et dont il donna une édition corrigée en 1613 ; Libelli de suprema Romani pontificis in Ecclesiam potestate disputalio quadriparlita, in-4°, Paris, 1614, en réponse à Simon Vigor, qui avait défendu Richer, reproduit par Bocaberli, Bibliotheca maxima pontificia, t. ni, p. 405589 ; Vie admirable de sœur Marie de l’Incarnation (M, lie Acarie), in-8°, Paris, 1625; In II’"" partem Summse D. Thomas commentarii, 2 in-fol., Paris, 1636, à la fin desquels l’auteur a réédité la Disputatio quadriparlita ; Fleurs des vies îles Saints, in-i", 1646,

P. Féret, Lu faculté de théologie de Paris et ses docteurs les plus célèbres. Epoque moderne, Paris, 19U6, t. îv, p. 329339 ; Hurter, Nomenclator, t. m, col. 641-642, 1222.

A. Ingold.

DU VERGIER ou DU VERGER DE HAURANNE Jean, plus connu sous le nom d’abbé de SAINT-CYRAN, l’un des fondateurs du jansénisme et son premier apôtre en France, né à ISayonne en 1581, mort à Paris le 11 octobre 1643. Après avoir fait ses humanités à Hayonne, il alla faire sa théologie à Louvain où il soutint, le 26 avril 1604, sur toute la théologie scolastique une thèse qui lui valul les (doues de Juste-Lipse, un de ses juges. De Louvain, où les doctrines de Baius survivaient malgré tout et même venaient de reprendre vigueur à l’occasion du molinisme, il rapporta probablement le germe de ses futures doctrines ; en tous cas, c’est là qu’il commença avec.lansénius une amitié que douze années de rapports quotidiens et comme une complicité dans les desseins allaient rendre inébranlable. Dans cette amitié, c’est lui qui jouera le rôle prépondérant, car il a « un vouloir absolu et sans ménagements,’• Hanotaux, Histoire de Richelieu, t. i, p. 113, et un véritable besoin de dominer les âmes. Vers Miu."), en effet, il revient à Paris ; Jansénius l’j rejoint ; comme il est sans fortune, du Vergier lui procure une place de précepteur qui le fait vivre et tous deux suivent les cours de Sorbonne. En 1611, ils vont à Bayonne, où l’évêque, Bertrand d’Eschaux, nomme de llauranne chanoine de sa Cathédrale cl.lansénius supérieur d’un collège qu’il vient de fonder. Mais ce qui

occupe surtout les deux amis, c’est l’étude de saint Augustin. Il ne s’agit de rien moins que de régénérer le catholicisme en le détournant des scolasliques pour le rapprocher des Pères, de faire revivre en particulier la pure doctrine de la grâce, d’après le Père qui l’a le mieux exposée, saint Augustin. Les protestants leur reprocheront à ce sujet de s’être arrêtés à mi-chemin et de n’être pas allés directement à l’Fcriture.Cf. Lichtenberger, Encyclopédie, t. xi, p. 399. Dés ce moment donc, ils préparent VÀugustinus. Cela dura six ans. En 1617, Bertrand d’Eschaux succédant, à Tours, à Sébastien Gabgaï, démissionnaire, tous deux quittaient Bayonne ; Jansénius retournait à Louvain ; de llauranne, après un court séjour à Paris, se rendait à Poitiers où l’appelait, sur la recommandation de l’archevêque de Tours, l’évêque Chasteignier de la Bocheposay. Grand-vicaire, chanoine de Poitiers, de llauranne fut ensuite prieur de Bonneville. En 1620, il se démettait de ce prieuré en faveur de son neveu, M. de Barcos, pour devenir abbé de Saint-Cyran, abbaye sur la frontière du Berry, du Poitou et de la Touraine, dont La Bocheposay se démettait pour lui. Cf. Marlineau, Le cardinal de Richelieu, 1. 1, p. 298, note. A Poitiers, par l’intermédiaire de Le Bouthilier, alors abbé de la Cochère et doyen de Luçon, très lié avec La Bocheposay, il connut Armand du Plessis, évêque de Luçon, le futur Richelieu, et Arnauld d’Andilly, qui le mit en relations avec toute sa famille, particulièrement avec la mère Angélique, alors à Maubuisson. D’autre pari, il est en correspondance avec Jansénius qui poursuit ses éludes sur saint Augustin ; en 1621, il va le voir à Louvain et ils arrêtent définitivement les doctrines à propager et les moyens de propagande. Saint-Cyran, qui se réserve la propagande, fixe encore les principales grandes lignes de l’ouvrage à composer. Ils se reverront en 1623 à Péronne. en 1624 et en 1626, à Paris, lors de deux voyages que Jansénius fera en Espagne pour se justifier. Enfin leur correspondance deviendra plus active, se servant toutefois de pseudonymes et de mots convenus. Il y a ainsi comme une conspiration à l’origine du jansénisme et c’est à cela qu’il faut rattacher le récit répandu par ses ennemis des conférences de Bourg-Fontaine, sur lesquelles pleine lumière n’est pas faite. D’après Filleau, Réfutation juridique de ce qui s’est passé ù Poitiers louchant la nouvelle doctrine des jansénistes, in-8", Poitiers, 1654, six personnages se seraient rencontrés, dans l’été de 1621, à la chartreuse de Bourg-Fontaine et se seraientenlendus pour discréditer les sacrements de pénitence et d’eucharistie et arriver au déisme. Filleau ne donnait que des initiales, mais l’on désigna bientôt Saint-Cyran, Jansénius, Cospéan, Camus, Arnauld d’Andilly et Viguier. C’était invraisemblable. Néanmoins Pascal crut devoir réfuter la chose dans sa XVI* Lettre provinciale. Au xvin e siècle, la controverse reprit entre le P. Sauvage, jésuite lorrain, qui écrivit : Réalité du projet de Bourg-Fontaine démontrée par l’exécution, 2 in-12, Paris, 1755, et dom Clémencet, bénédictin, qui répondit par La vérité et l’innocence victorieuse de la calomnie nu huit lettres sur le projet de Bourg —Fontaine, 2 in-8°, Paris, I75S. Dans l’intervalle, c’est-à-dire de II ili.") a 1621, Saint-Cyran a l’ait parai Ire deux brochures qui révèlent en lui un esprit paradoxal et bizarre : la première, qui répond a une question posée par Henri IV a ses courtisans, a pour titre complet : Question royale, ou est montré en quille extrémité, principalement en temps de paix, le sujet pourrait être obligé de conserver la vie du Prince aux dépens de la sienne, et pour titre abrégé : Question royale et sa décision, in-12, Paris, 1609, sans nom d’auteur ; du Vergier y distingue trentequatre cas où un homme peut se tuer innocemment ! Les ennemis du jansénisme firent réimprimer cette brochure, en 168(1, avec des commentaires défavorables et sous ce titre Les /tourelles et anciennes répliques de