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DURAND DK SA INT-POURCA IN — DURIE

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Discours historique de la dévotion à Notre-Dame du Puy-en-Velay, Lyon, 1020. — 5 U C. Oudin, Comm. de script. eccl., t. iii, p. 792, attribue encore à Durand de Saint-Pourçain un commenta ire de la physique d’Aristote. III. Opinions.

Ce qui caractérise avant tout Guillaume Durand, c’est la hardiesse et l’indépendance de l’esprit. Il fait peu de cas des autorités humaines et veut penser par lui-même en matière de philosophie. Sans doute, lorsqu’il s’agit de la foi, l’autorité doit être invoquée et garder le dernier mot ; mais, sur toute autre question, il est préférable de ne s’en rapporter en définitive qu’à la raison naturelle. Commentai-…, Prsef., p. 3 ; 1. I, dist. IV, q. v, p. 63. Aussi, pendant que les dominicains du XIVe siècle se font un honneur et une loi de suivre pas à pas saint Thomas d’Aquin, Durand, après avoir été, parait-il, un thomiste ardent, vire de bord, et, sous l’iniluence très probablement de Guillaume d’Ockam, passe au nominalisme.il n’en tire pas à la vérité les dernières conséquences Idéologiques ; mais sa grande affaire sera dorénavant de dégager la doctrine de saint Thomas des superlluités réalistes qui la déparent, dût-il la contredire nettement au besoin. AVerner, Der h. Thomas von Aquin, t. iii, p. 15b’sq. Nominaliste décidé, Durand repousse avec énergie la réalisation des abstractions. L’universel dans leschoses n’existe pas ; il n’y a dans la nature que des individus, et tout y est régi par cette loi de la singularité ; en sorte que l’unique raison d’être des existences individuelles est le moteur externe qui produit, qui met au nombre des êtres toute substance actuellement déterminée. Durand, avant Leibniz, supprime le fameux problème scolastique de l’individuation. Aux antipodes de saint Thomas, il ne distingue point entre l’intellect agent et l’intelligence possible ; il estime que l’intelligence humaine est une, et rejette sans aucune transaction la thèse des espèces mentales. Sentir et penser, dit-il, sont des actes simples, qui résultent du commerce de l’âme avec le monde extérieur, et ce commerce a lieu directement, sans le concours d’un intermédiaire quelconque ; les espèces, antérieures ou postérieures à l’intellection, ne sont que chimères. C’en était fait de la théorie réaliste. Durand n’est pas moins en désaccord avec les thomistes sur tous les points de controverse qui se rattachent à la question de la volonté.

Comme Guillaume d’Ockam, il fait assez bon marché de la science humaine et relève au contraire d’une façon générale l’autorité de la théologie, quoique la théologie, reposant sur la foi, non sur l’évidence, ne mérite pas le nom de science, au vrai sens du mot. Dans la préface de son Commentaire îles Sentences, il proteste de sa soumission absolue aux jugements de l’Église. Protestation prudente et non hors de propos ; car, sur mainte question théologique, Durand s’esl écarté, non seulement de la pensée de saint Thomas. mais aussi du sentiment commun de l’Ecole et a soulevé contre lui des orages ; il s’attirerait de nos jours d’expresses condamnations. Ainsi, en reconnaissant, avec le docteur angélique, l’efficacité de la volonté humaine et en se refusant, comme lui, à transporter toute causalité en Dieu, Durand, pour enlever à Dieu toute part dans le péché, conteste le concours immédiat de Dieu avec les causes créées ; Dieu, selon lui, n’opère que par l’entremise des facultés qu’il a disposées et qu’il entretient dans la créature ; il « est la cause des actions du libre arbitre, en tant seulement que le libre arbitre est créé et conservé par lui », 1. II, dist. XXXVII, q. i. Ainsi encore, Durand réduit les sacrements à n’être que la cause occasionnelle, non pas la cause instrumentale, de l’effusion de la grâce en nous, et à ne nous imprimer dans l’âme aucune qualité réelle et permanente, 1. IV, dist. IV, q. v. De même, sans dénier au mariage le titre de sacrement, 1. IV, dist. XXVI, q. iii, Durand

soutient, du moins comme probable, que le mariage est un sacrement d’une nature tout à fait à part, puisqu’il ne confère pas la grâce, comme les autres, ex opère operalo, mais seulement e.r opère opérant is, 1. IV, dist. I, q, iv ; dist. II, q, n. En ce qui est de l’eucharistie, Durand n’altère point la vérité du dogme catholique ; mais il prétend que Dieu aurait pu, de absoluta potentia, assurer la présence réelle de Jésus-Christ sur l’autel, sans la transsubstantiation, rémanente

; subslantia panis et vini, 1. IV, dist. XI, q. i. Telle a

I été cependant, de compte fait, la renommée de Durand j au moyen âge, que l’on a institué dans linéiques universités une chaire spéciale en son honneur, comme on l’a fait pour saint Thomas, pour saint Conaventure et pour Uuns Scot.

Echard et Quétif, Script, ord. prxd., t. i, p. 586 sq. ; Stockl, Geschiehte der Philos, im Mittelalter, t. ii p. 976 sq. ; Ch. Jourdain, La philosophie de suint Thomas, Paris, 1858, t. ii, p. 152 sq. ; Hauréau, De ta philosophie scolastique.U partie, Paris, 1880, t. ii p. 346 sq. ; H. Hurler. Nomenclator, Inspruck, 1906, t. ii col, 533-536 ; Féret, La /acuité de théologie de Paris, t. ni. p. 4tii-41.8.

P. Godet.

DURANTY DE BONRECUEIL, oratorien français, né à Pontoise en 1062, mort à Paris, en 17.">6. Longtemps professeur dans diverses maisons de l’Oratoire, où il passa 711 ans, « s’occupant dans ses derniers jours de donner diverses traductions des ouvrages des Pères ». Il publia ainsi Les lettres de S. Jean Chrysostome…, Paris, 1732 ; les Panégyriques des martyrs du même l’ère, Paris, 1735 ; les Œuvres de S. Ambroise sur la virginité, Paris, 1729, avec une dissertation historique très curieuse sur l’étal des vierges dans l’antiquité ; les Lettres de S. Ambroise, Paris, 1741 ; les Psaumes de David expliqués par Théodoret, S. Basile, S. Chrysostome, 7 in-12, Paris, 1741. Versions généralement exactes et d’un style assez pur. [agold, Essai de bibliographie oratorienne, p. 45.

A. Im.oi.ii.

DURET Noël, mineur de l’observance, originaire du Forez, et religieux de la régulière observance, appelé theologus Parisiensis par Wadding, qui ne nous donne pas d’autre renseignement, publia Admiranda opéra ordinum religiosorum in universa Ecclesia Dei militantium, in-fol., Le Puy, 1647.

Wadding, Scriptores ord. miiivrion ; Micbaud, Biographie universelle ; Hœfer, Nouvelle biographie générale.

P. Edouard d’Alençon. DURHAM Nicolas, carme anglais, après avoir fait profession au couvent de Newcastle, fut envoyé à l’université d’Oxford où il conquit le diplôme de docteur. i Devenu professeur à cette même université, il se distingua par le talent et l’ardeur qu’il déploya à combattre les erreurs de Wicleff. Il vivait vers la seconde moite du XIVe siècle. Ses écrits ne sont malheureusement pas venus jusqu’à nous.

Cosme de Villiers, Bibliotheca carmelitana, Orléans, 1752, t. ii col. 488.

P. Servais.

DURIE ou DURY Jean, ministre presbytérien (1596-1680), est célèbre par les tentatives infructueuses auxquelles il dépensa sa vie, afin d’unir toutes les églises a évangéliques » en un seul corps par l’adoption de certaines vérités fondamentales. I>e cette union, les catholiques devaient d’abord être exclus. Sur la lin de sa vie, Durie, gagné par les idées de Georges Calixte, en vint à les y comprendre. Il voyagea dans ce but, de 1628 à 1671, dans les pays protestants et en France, prêchant et écrivant sans relâche en faveur de l’union sur quelques points fondamentaux admis par tous. Malgré l’appui que lui donnèrent successivement Gustavevdolphe, Crornwell et plusieurs princes allemands, il échoua complètement, en particulier auprès des lulhé