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1953

DUPANLOUP

DU PERRON

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l’Avenir ne l’avait pas atteint ; il était resté le disciple de Saint-Sulpice, de Mu 1 Horderies, de Mur (]e Quélen, du cardinal de Rohan. Voir son appréciation du mouvement mennaisien dans sa Vie, par Mfl r Lagrange, t. I, c. vin. Le zèle sacerdotal, éclairé par l’expérience, détermina chez Dupanloup une évolution dont les âmes bénéficièrent, et dont l’orthodoxie n’eut jamais à se plaindre. Il a maintes fois réprouvé les thèses absolues du libéralisme doctrinal. Voir son Elude sur la francmaçonnerie. L’évêque d’Orléans se plaçait résolument sur le terrain des libertés proclamées par la loi, pour les faire servir à la défense et au triomphe de la vérité catholique.

Le libraire Herluison a donné le répertoire des oeuvres complètes de Mu r Dupanloup, in-8°, Orléans. Parmi celles que nous n’avons pas mentionnées, indiquons les écrits relatifs au catéchisme : Manuel des catéchismes, ou recueil de prières, billets, cantiques ; La chapelle Saint-Hyacinthe, souvenirs des catéchismes de la Madeleine, 2 in- 12 ; Méthode générale des catéchismes ; L’œuvre par excellence, ou Entreliens sur h’s catéchismes ; Le catéchisme chrétien, ou exposé de la doctrine de Jésus-Christ offert aux hommes du monde ; Vie de M.9* Borileries, laissée manuscrite et publiée en 1901. Nommons aussi des ouvrages de piété : Le christianisme présenté aux hommes du monde, extrait des œuvres de Fénelon ; La journée du chrétien par Bossuet, ou manuel de piété recueilli des œuvres de liossuet ; La vraie et solide piété, recueillie des œuvres de Fénelon ; La vraie et solide piété sacerdotale, recueillie des œuvres de Fénelon ; Vie de M"’e Acarie (la B. Marie de l’Incarnation) ; Vie de Notre-Seigneur Jésus-Christ.

Journal intime, publié par M. Brancbereau, Paris, 1902 ; M*’Lagrange, Vie de M*’Dupanloup,’S vol., Paris, 1883-1884 ; Michel Salomon, M’1 Dupanloup, avec préface du comte Hilaire de Lacombe, dans Les grands hommes de l’Église au rLt’siècle, Paris, 1904 ; Notice sur M" Dupanloup par M. le chanoine Cochard, dans L’épiscopat français depuis le concordat et la séparation, Paris, 1907, p. 433-439 ; Discours de M*’Bessonpour l’inauguration du tombeau de M" Dupanloup, Orléans, l*ss ; Falloux, Mémoires d’un royaliste, 1888, t. i, c. xiii ; duc d’AudiUret-Pasquier, Discours de réception à l’Aca française, 1880 ; marquis Cosla de Beauregard, Deux éducaleurs, dans le Correspondant du 10 octobre 1883 ; Cecconi, Storia del concilia ecumenico Vaticano, Rome, 1878, part. II, t. il (reproduit dans ses Documenti plusieurs lettres et brochures de M" Dupanloup relatives à la discussion de l’infaillibilité pontificale) ; P. Th. Granderath, Histoire du concile du Vatican, trad. franc., Bruxelles, 1908, t. i, passim (voir tables, p. 5 : 4).

A. Larcent.

1. DU PERRON (Jacques Davy), cardinal français, orateur, controversiste, diplomate et homme d’État des plus influents de son temps, né à Saint-Lô le 25 novembre 1556, mort à Paris le 5 septembre 1618. Il était d’une famille normande, noble et calviniste ; son père, médecin, puis ministre de sa religion, 1res instruit, lit lui-même l’éducation de son fils. D’après les contemporains, du Perron fut un enfant prodige qui apprit très vite le latin, le grec, l’hébreu, et toutes les sciences alors enseignées : mathématiques, physique, astronomie. A dix ans, il étudiait la philosophie et lisait Aristote. Toute sa vie il gardera la réputation d’un « rare et admirable génie », comme le définira encore Bossuet. En réalité, son génie était moyen : il n’a innové en rien ; mais son esprit était souple, sa mémoire prodigieuse et jusqu’au dernier jour son travail fut opiniâtre ; très érudit, il put, mieux que tout autre, répondre au goût de ses contemporains et prendre part â leurs discussions, toutes de philologie et d’histoire. D’autre part, il était ambitieux ; de 1576 à 1591 il ne négligea rien pour se pousser â la cour, à Paris, dans les milieux savants ou influents, à travers toutes les complications politiques et religieuses. En 1576, au moment où vont

IHCT. DE THÉOL. CAT1IOL.

s’ouvrir les premiers États de Blois, le maréchal de Matignon, lieutenant-général de la Basse-Normandie, le présente à Henri III qu’il étonne par son savoir. Il vient à Paris où il se fait des protecteurs et des amis, comme le poète Desporles, et soutient dans les chaires publiques des « discussions » retentissantes. Enfin, sur les conseils de Desporles, dit-on, il se convertit. Les questions religieuses lui étaient depuis longtemps aussi familières que les autres. Il avait étudié les Pères, surtout saint Augustin, les scolastiques, particulièrement saint Thomas, les théologiens catholiques ses contemporains, ainsi Bellarmin, et aussi les théologiens protestants, spécialement le fameux du Plessis-Mornay, son futur adversaire. La suite de sa vie fait bien voir la sincérité de sa conversion ; mais cette démarche a pour lui des conséquences fécondes : il est lecteur du roi avec une pension de 1200 livres et il reste de ses occupalions d’alors un in-4°, intitulé : Premier discours tenu à la table du Roy à Fontainebleau avec C.J. de Guersen par.L D., professeur ordinaire du Roi…, Paris, 1581, et où il est question de philosophie, de mathématiques, de physique et d’astronomie ; il est membre de l’Académie des Valois ; l’on a le résumé ou le texte de deux discours qu’il y tint, l’un sur l’âme, l’autre sur la connaissance ; il est de la congrégation de Notre-Dame de Vie-Saine, qu’a fondée Henri III et où n’entrent que ses intimes : des discours spirituels qu’il y tint, il nous est venu entre autres un Discours spirituel sur le premier verset du Psaume’VA/L in-8", Paris, 1586 ; 2° édit., Évreux, 1600 ; il est poète du roi qui lui fait célébrer en vers Marie Stuart, puis le duc de Joyeuse ; toute sa vie, d’ailleurs, il s’occupera de poésie, protégeant les poètes : il fera connaître Malherbe à la cour en 1600, et composant lui-même des pièces de vers en l’honneur des personnages ou des événements contemporains, des poésies spirituelles, des poésies légères ; il traduira le l" et une partie du IV’livre île l’Enéide, etc. Ces poésies ont été impri méesdans le Cabinet des Muses, 1619, et les Délices de

la poésie française, 1620 et 1627. C’est cependant avec quelque injustice que Sainte-Beuve a appelé du Perron « le Bernis de son temps ». Tableau historique ei critique <le la poésie au XVI » siècle, Paris, 1843, p. 141. Du Perron fut autre chose. Son triomphe dans celle période est l’oraison funèbrede Ronsard qu’il prononça, encore laïque, le 24 février 1586, dans la chapelle du collège de Boncourt et qui passa pour un chef-d’œuvre ; il en donna deux éditions eu 1586 et deux autres dans la suite. Ce fut lui qui composa, croit-on d’après ses papiers, le discours que prononça Henri III à l’ouverture des seconds Élats de lllois en 1588. Après la mort de ce roi, il fut un moment de la maison.du cardinal de Bourbon, mais il abandonna bientôt, avec quelque apparence de trahison, cette cause sans espoir, pour se rallier â Henri IV auprès de qui il usa de toutes les flatteries et en même temps de toutes les protections, même de celle de Gabrielle d’Estrées. Enlin, en 1591, Henri IV le nommait évêque d’Évreux, pour succéder à un violent ligueur, Claude de Saintes. C’est â cette occasion que du Perron entre dans les ordres. Sûr de son avenir, il rend des lors de grands services â son roi, â la France et â l’Église. Il pousse Henri IV à se convertir ; c’est lui qui joue le principal rôle aux conférences de Manies, en lace des ministres Rotan et Hérault. Il estde la fameuse conférence du 22 juillet 1593 â Saint-Denis. Enlin de juillet à septembre 1595, il mené a Rome, avec le concours de d’Ossat qui y était depuis novembre 1594, les négociations qui amenèrent la réconciliation du roi avec le saint-siège, tout en ménageant les susceptibilités nationales et gallicanes, et il reçut à cette occasion le titre de premier aumônier du roi et de conseiller d’Etat. Revenu de Rome, où il a été sacré évêque, il se consacre presque exclusivement à la controverse religieuse où

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