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DUNS SCOT — 1934

. IV, loc. cit., n. 9. Veut-on admettre la rémission post ntorlem ? Duns Scot ne s’y oppose pas absolument. Il nie seulement que cette remise ait pour cause : motum aliquem bonum, per quem tanquam per dispositionem vel merilum de congruo vel cotuligno deleatur veniale. Luc cit., n. 10.

La résurrection des morts.

La raison ne saurait démontrer la réalité ou la nécessité de cette résurrection future. Trois vérités rationnelles et certaines seraient requises pour établir semblable démonstration, savoir : que l’âme intellective est la forme du corps, qu’elle est réellement et rigoureusement immortelle, qu’elle exige de nouveau l’union avec le corps qu’elle anima autrefois. Or, de ces (rois proposilions, une seule, la première, s’impose avec évidence à la raison ; la seconde ne dépasse point les bornes d’une très grande probabilité, et la troisième est encore moins certaine. In IV Soit., 1. IV, disl. XL111, q. ii, n. 11-33.

11 n’y a cependant rien de contradictoire dans ce fait révélé, que l’homme, après la corruption du tombeau, revienne à l’existence et se retrouve idem numéro. Duns Scot explique à sa manière cette possibilité. Il n’admet pas qu’elle soit seulement fondée — comme l’enseigne saint Thomas — sur la nature de l’âme humaine per se subsislens et l’unicité de forme dans le vivant en généra] et dans l’homme en particulier. La solution du docteur angélique est incompatible avec la résurrection des animaux, dont le docteur subtil voit des exemples racontés dans la vie des saints, et avec l’existence de la forme de corporéité, qui lui paraît philosophiquement nécessaire. A son avis. les êtres successifs, comme les animaux, peuvent être reproduits, après destruction, numerice eadem, non moins que les êtres permanents qui seraient annihilés. Il est du moins suffisant pour expliquer cette reproduction que la même matière retombe sous l’influence causale de l’agent qui en avait produit, une première fois déjà, les déterminations et les formes. Il ne serait donc pas impossible que des causes créées fussent causes de résurrection. Report., 1. IV, dist. LXIII, q. iii, n. 120. Toutefois la résurrection de l’homme n’est attribuable qu’à Dieu seul : a) parce que l’âme raisonnable ne peut être réunie au corps que par Dieu, lue. cil., n. 21, 11 ; b) parce que la forme de corporéité sera eilemême reproduite par Dieu dans la matière corporelle. Or cette restauration et cette animation du corps se feront in inslanti, et l’instantanéité ne peut convenir à la causalité limitée d’une nature créée. Loc. cit., q. v, n. 4-9.

Duns Scot indique encore les circonstances et les conditions de la résurrection. Il enseigne, sur l’autorité de saint Augustin, que les hommes, vivants au dernier jour, mourront pour ressusciter après les hommes antérieurement décédés, loc. cit., n. 10, et, avec la plupart des docteurs, que la résurreclion s’accomplira à la première heure du jour, déjà honorée par la résurrection du Christ, dans la vallée de Josaphat, n. 11, 12, où les cendres des morts seront transportées par le ministère des anges. Loc. cit., n. 3, 12.

Le corps ressuscité sera formé des éléments qui entrèrent dans sa constitution au cours de la vie et, comme disent les scolastiqiies, Pt<eP ! </ ? £ de veritale uaturæ ejus : principes matériels reçus des parents dans la génération, In IV Sent., 1.1V, dist. XLIV, q. i, n. 3, 4, et parties intégrantes acquises par la nutrition. Loc. cit., n. 5-1 i. Tous les éléments matériels qui ont fait partie du corps vivant et en ont été expulsés par le tourbillon vital, ne seront pas repris, mais ceux-là seulement qui suffisent pour rétablir le corps dans l’état quantitatif qu’il a eu vers la trentième année, n. 15. Dieu suppléera à ce qui manque aux corps des enfants et les établira dans un état de perfection semblable.

La providence en usera de même à l’égard de tous ceux qui n’arrivent pas ad perfeclam et débitant quanlitalent perfeclibilis animæ. Report., 1. IV, loc cit., n. 17. ISref, nous ressusciterons avec les mêmes éléments constitutifs, avec les mêmes organes, partes heterogenese, et les mêmes parties homogènes qui les constituent. De tout cet ensemble résulte l’identité numérique réclamée par le concept même de résurrection. La résurrection générale sera suivie du jugement.

Le jugement universel.

A la mort de chaque homme, s’accomplit dans le secret le jugement particulier, qui est déjà vraiment : imperiunt ef/icax voluntatis alicujus habentis auctoritatem ad reddendum prsemium pro meritis et infligendum pœnatn pro malts. Report., 1. IV, dist. XLVII, q. i, n. 3.

Si la raison ne peut prouver l’existence d’un jugement universel et public, elle est capable d’en montrer les hautes convenances. In IV Sent., . IV, dist. XLVII, q. i, n. 5. Les particularités du jugement, indiquées par Duns Scot, différent peu de celles qu’exposent les autres docteurs. A noter seulement sa pensée sur le juge de ce tribunal suprême. Ce juge sera le Christ, comme l’enseigne la théologie catholique, mais le pouvoir de prononcer la sentence efficace lui appartient principaliler comme Dieu et non comme homme. La nature humaine du Christ ne possède celle puissance que commissarie et quasi instrumentante}’. Voluntas animée Christi mm imperat principaliter sicut nec principaliter dominatur ; lamen bene imperat, sicut habens dominium respecta imperati, sed commissarie imperat, quia ut habens dominium suburdittatum… et adhuc sic imperat quod imperium ejus efficaciam complétant Itabel ab eadem persona [divina]. In IV Sent., 1. IV, dist. XLVIII, q. i, n. 9.

C’est dans sa nature humaine glorifiée que le Christ paraîtra au jour du jugement. Les yeux du juste le contempleront. Loc. cit., n. 10. Il en sera de même des damnés, mais de cette vision, ils ne ressentiront aucune joie ; au contraire, m agis erit eis confusibilis et trislabilis quant delectabilis. Et s’il fallait dans ce but une intervention particulière de Dieu, cette intervention est fort admissible dans la doctrine du docteur subtil, qui enseigne que, de putentia absbluta, Dieu pourrait se laisser voir lui-même intuitivement et empêcher le bonheur béatifique. Loc. cit., n. 5, 11.

Après le jugement, le monde étant purifié et renouvelé par le feu de la conllagration universelle, In IV Sent. ; Report., 1. IV, dist. XLVII, q. II, et le mouvement des cieux arrêté, In 1 V Sent., 1. IV, dist. XL II, q. ii, les hommes ressuscites se partageront avec les anges les deux situations linales, la béatitude ou la damnation.

4° La béatitude : le ciel. — Cette question est une de celles que Duns Scot a marquées d’un cachet tout particulier. Il faut donc l’exposer avec quelques détails. Toutes les questions secondaires se groupent pour lui autour de la béatitude formelle.

1. Caractère essentiel de la béatitude.

11 en commence l’élude par la réfutation de la doctrine d’Henri de Gand qui faisait consister la béatitude dans une descente de la divinité dans l’âme, d’où, par rayonnement, elle se répand dans les facultés. La question : Utrum beatitwlo immediatius perficial essentiam vel potentiam beati n’a pour le docteur subtil qu’une’signification très restreinte, puisque d’après son enseignement les facultés de l’âme ne sont que formellement distinctes de l’essence. Il se contente donc de dire que la béatitude est principalius in potentia, In IV Sent., 1. IV, dist. XLIX, q. ii n. 13-18, car c’est immédiatement par l’activité de la puissance que l’âme est mise en possession de l’objet béatitique. Loc. cit., n. 27. Cet objet béatifique est unique. Duns Scot en affirme