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DUNS SCOT


sensibile ut verba prolata, habct tantum formarn et non proprie maleriam. Report., 1. IV, dist. XVI, q. VI, n. 6. Est-ce à dire qu’il n’y ait point, en ce sacrement, quelque chose qui joue le rôle de matière, qui soit quasi matériau

Ûuns Scot n’a pas enseigné le contraire. Quand il écrit que les actes du pénitent, la contrition, la confession, la satisfaction, nullo modo sunt partes [hujus sacramenti], In 1 V Sent., 1. IV, dist. XVI, q. I, n. 7, il prétend seulement qu’ils n’entrent point dans la constitution du signe sensible, cause efficace de la grâce, de a même manière que l’eau, versée par le prêtre sur le front du baptisé, entre dans la constitution du baptême. On défigure encore sa pensée, lorsqu’on entend à la lettre ce passage : sunt quædam dispositiones congrus : et prseambula convenientia ad susceptionem congruam pœnitentise sacramenti. Op. cit., dist. XVI, q. I, n. 13. Les actes du pénitent ne sont pas des dispositions ordinaires, requises dans le sujet pour recevoir validement l’absolution. On doit regarder la contrition et la confession comme des éléments préalables, requis nécessairement pour que l’acte judiciaire du prêtre soit possible, et la satisfaction comme le complément obligé du jugement. Ainsi la confession est exigée, car la sentence du prêtre serait arbitraire, nisi prias reus fuerit accusatus in foro illo ; l’utilité de l’absolution est subordonnée au repentir intérieur et la satisfaction doit compléter l’œuvre du pardon accordé par le prêtre : ista enim sententia absolvit a débita pœnse aeternse, sed ligat ad solulionem pœnw temporalis. In IV Sent., 1. IV, dist. XVI, q. i, n. 7 ; Report., ibid., n. 13, 14. Duns Scot admet donc que les trois actes du pénitent sont des parties intégrantes de la pénitence, tout en maintenant qu’ils n’entrent point dans la notion métaphysique et l’essence physique du acrernent lui-même. Psenitentia, sacramentum, nihil atiudest quani forma audibilis verborum prolatorum super psenitentem asacerdote. Report., 1. IV, loc. cit., n.12.

2. Matière.

Les actes du pénitent doivent donc être regardés comme la matière prochaine du sacrement, materia proxima circa quam, puisque la forme de l’absolution porte sur les péchés, dont ils sont la manifestation ou l’expiation douloureuse. C’est ce qu’indique Duns Scot lui-même, quand il définit le sacrement de pénitence : absolulio hominis pœnitentis, Le mot psenitere a plusieurs sens ; il signifie : vindicare commissum, detestari commissum, acceptare pœnam infliclam, patienter ferre pœnam inflictam. In IV Sent., 1. IV, dist. XIV, q. i, n. 14-16. Tous ces actes sont des actes de la vertu de pénitence, mais le premier seul la constitue essentiellement et contient son objet propre : peccalum vindicabile. La détestation du péché commis et l’acceptation de la peine n’appartiennent pas exclusivement à la pénitence. In IV Sent., 1. IV, dist. XIV, q. ii n. 11, 12 ; Report, ibid., n. 15. Cette vertu a son siège propre dans la volonté, In IV Sent., loc. cit., n. 5 ; elle se rattache à la vertu de justice et en dernière analyse à la justice vindicative : Est ergo iste actus juslitise punitivæ, quw distinguitur contra justitiam commulalivam et etiam amicitiam. Loc. cit., n. 8.

Deux motifs inspirent la vertu de pénitence ; l’un est d’ordre naturel et indépendant de la révélation, par conséquent général : il faut punir le péché, parce qu’il est une offense de Dieu et un mal ; l’autre est d’ordre surnaturel, révélé et spécial : peccatum est detestandum in ijtiantum est aversivum a Deo vel impeditivum acquisitionis beatitudinis [supernaturalis]. In IV Sent.. 1. IV, dist. XIV, q.m, n. 2. Un seul acte de justice vindicative semble exigé par la vertu naturelle : Ma régula non ostendit nisi imam pœnam in/ltgendam pro peccalo, scilicet dolorem et displi DICT. DE THÉOL. CAT1I0L.

centiam pro offensa Dei interiorem. Report., 1. IV, dist. XIV, q. iii, n. 4. Duns Scot n’a en vue ici que l’acte essentiel de la vertu, suffisant pour la destruction du péché et n’exclut pas, par cette doctrine, la nécessité de la satisfaction. La vertu de pénitence, éclairée par la foi et placée dans l’ordre surnaturel, réclame au contraire plusieurs actes distincts : actus pœnales reducuntur ad actum interiorem displicentise vel passionem trislitise — et ad actum exteriorem confitendi proprium peccalum quodest valde pœnale, vel ad passionem concomilantem, scilicet verecundiani — et ad actum simpliciter exteriorem, scilicet macerando carnem, et omnis talis maceratio dicitur reduci ad jejunium, vel elevando mentem in Deum et /toc fil per orationem, vel sua temporalia erogando, quod fit per eleemosynam. In IV Sent., 1. IV, dist. XV, q. i, n. 7. Ces actes qui constituent la matière prochaine du sacrement, sont la contrition, la confession, la salisfaction.

a) La contrition. — La contrition consiste essentiellement dans un mouvement de la volonté : displicentia de peccalo commisso, In IV Sent., I. IV, dist. XIV, q. ii auquel s’ajoute par voie de conséquence le proposition cavendi de cœtero, q. iv, n. 9, et elle comporte plusieurs degrés.

La contrition est nécessaire pour obtenir le pardon des fautes commises après le baptême. Elle apparaît comme le premier acte volontaire du pécheur dans le châtiment de son péché, ad deletioneni culpse murtalis jiost baptismum commissaz requiritur punitio voluntaria vel voluntas punitionis, q. i, n. 17. Il n’y a cependant pas de contradiction à ce que Dieu pardonne sans cet acte personnel du pécheur. La contrition, et il s’agit de l’acte de contrition formel et explicite, n’est donc qu’une loi très raisonnable, régulièrement imposée par Dieu, quia sicut peccalum avertit a fine et convertit ad creaturam, ita rationabile quod non deleatur nisi per motum oppositum. Loc. cit., n. 18. En certaines circonstances, dans l’acte d’amour parfait et dans le martyre, le pécheur peut être justifié sans contrition formelle. Duns Scot reconnaît cependant que ces actes extraordinaires contiennent un acte virtuel de contrition : licel virtualité)— in illo molu [ » >artijris] esset pfenitere. Loc. cit., n. 17. Cette contrition formelle, requise régulièrement pour la justification, est accompagnée d’une tristesse mentale et parfois aussi d’une tristesse sensible, mais celle-ci n’est pas indispensable. Loc. cit., q. ii, n. 18. Enfin le ferme propos qui semble devoir être généralement explicite et formel, loc. cit., q. iv, n. 9, peut demeurer parfois à l’état implicite et virtuel, quotiescumque digne pœnilet, obligat se, saltem voto, ad non peccandum in posterum. In IV Sent., 1. IV, dist. XXII, q. i, n. 17.

Il y a deux sortes de contrition, la contrition parfaite et l’attrition. Le docteur subtil les étudie, mais chez lui, comme chez les anciens scolastiques, les mots contrition et attrition n’ont pas toujours le sens qu’on leur donne aujourd’hui. Duns Scot n’établit pas la distinction de ces deux actes sur la distinction de leurs motifs, mais sur le rapport différent qu’ils ont avec la grâce sanctifiante. Il appelle attrition la displacenlia, qui précède dans le temps l’infusion de la grâce habituelle, et contrition, cette même displacentia, quand elle est informée par la grâce. Sans aucun changement interne dans l’acte de détestation, par la seule présence de la grâce, l’attrition devient contrition. In IV Sent., I. IV, dist. XIV, q. ii n. 14, 15. Malgré cette conception, qui avait cours de son temps et qui est tombée en désuétude depuis le concile de Trente, Duns Scot admet très explicitement deux espèces d’attrition, l’une qui aboutit à la justification du pécheur, indépendamment de la réception réelle du sacrement : iste motus est dispositio sive meritum de congruo ad deletioneni

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