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DUNS SCOT


secundum potentiam spiritualem : par exemple, en illuminant les esprits célestes, loc. cit., n. 3 ; — c.habet virtutem motivam spiritualem respectu corporis. Loc. cit., n..">.

La notion de l’action évoque le concept métaphysique de passion, de mouvement passif, de passage d’un état antérieur à un état nouveau sous l’inlluence d’une cause étrangère. Qu’en est-il du corps du Christ dans l’eucharistie ? Duns Scot répond : a. corpus Christi, ut in eucharistie/, , non potest moveri primo, a virtute creata quacumque, secundum molum corporalem, proprie et stricte loquendo de motu, In IV Sent., 1. IV ; Report., I. tV, dist. X, q. vi, parce que les agents créés n’ont d’action que sur des corps qui sont circumscriptive, dans le lieu : de ce fait le Christ ne saurait rien pâtir. — b. Ce que ne peut la créature est possible à Dieu : corpus Christi potest nwveri, motu proprie dicto et immédiate, a Deo. Loc. cit. — c. Lorsque l’hostie consacrée change de lieu, le corps du Christ suit la réalité à laquelle il est comme enchaîné, mais ce n’est pas le prêtre qui le meut, rigoureusement parlant : corpus Christi movetur motahostia…, seda solo Deo niovetur corpus in hostia mota. Report., loc. cit., n. 5. — (L A cause de l’identité du corps naturel et du corps eucharistique, tout changement passif intrinsèque qui atteint le premier se manifeste dans le second ; d’où cette loi —.corpus in eucharislia movetur concomilanler œl oninem formant absolutam, quani recipit sub modo naturali. Luc. cit.. n. G.

Malgré cette sorte d’indépendance du corps du Christ à l’égard des êtres créés, sa présence dans le sacrement de l’autel est néanmoins intimement liée à l’existence des espèces. Cette union, suivant Duns Scot, ne mérite pas le nom de physique, elle est seulement morale, quia species non sunt ratio formalis corpori essendi hic. In JV Sent., 1. IV, dist. X, q. ni, n. 2.

c) Les accidents eucharistiques. — La persistance des accidents eucharistiques est une doctrine si certaine que Duns Scot ne s’arrête pas à la prouver. Il la défend seulement du reproche de contradiction dont on pour—. rait la poursuivre. Que les accidents absolus puissent demeurer virtute divina, sans sujet naturel d’inhérence, cela est fort possible : accidens absolulum secundum se est ens : donc il a son essence propre, et même suivant les principes de la philosophie scotiste, une existence propre. Report., I. IV, dist. XII, q. i, n. 3-9.

Dans la sainte eucharistie, la quantité joue le rôle de sujet immédiat relativement à la qualité, op. cit., q. ii n. 15, mais elle est elle-même sans sujet ; par un miracle, la cause première la maintient directement dans l’existence. L’activité étant une suite naturelle de l’existence, Duns Scot enseigne que les accidents séparés ne peuvent être les agents d’une production substantielle, ni comme causes principales, ni comme causes secondaires ou instrumentales, loc. cit., q. iii, n. 4-16, mais qu’ils gardent toute l’activité réelle et intentionnelle qui leur était propre dans leur état d’inhérence avec la substance. Loc. cit., n. 17 sq. Les accidents peuvent être aussi le sujet de changements, secundum ubi, secundum qualitatem, secundum rarum et itensum, secundum quantitatem. Loc. cit., n. ï ; q. iv. Parmi ces mutations, il en est qui peuvent amener la corruption des espèces, et l’altération profonde des qualités des accidents par les agents naturels est la cause occasionnelle de la disparition du corps du Christ. Aucun miracle nouveau n’intervient dans ce phénomène : desinil esse eucharislia, quia Deus instituit no)i conservare eucharisliam…, nisi quamdiu marient ibi qualitates natæ per/icere substantias jam conversas… nec ibi est aliquod miraculum novum, quia eadem voluntate antiqua, qua Deus voluit eucharistiam esse in Ecclesia, voluit eliam illam non manere nisi quamdiu qualitates aptœ… manent.

In IV Sent., I. IV, dist. XII, q. vi, n. 4. C’est encore sans nouveau miracle que Dieu, à ce moment, produit, par création, à la place du corps du Christ qui disparait, une substance nouvelle, celle que réclament les accidents qui sont le résultat de l’altération. In IV Sent. ; Report., loc. cit., q. vi.

2 » Le sacrifice. — 1. Nature. — Duns Scot n’a traité du sacrifice eucharistique que d’une manière incidente, particulièrement dans la Quodl. quæst., xx : utrum sacerdos obligatus ad dicendam unamnnssam pro uno, obligatus etiam ad dicendam missam pro alio, sulvat debilum, dicendo unam nnssam pro ambobus ? Suivant la doctrine qu’il énonce plus qu’il ne développe, le sacrilice de la messe est l’acte de culte par excellence que l’on rend à Dieu sous la loi nouvelle. / ;  ; IV Sent., 1. III, dist. IV, n. 4. Le Christ lui-même est à la fois la victime de l’autel : ut conlentus in sacrificio, Quodl., q. xx, n.22, et le principal sacrificateur : Christus ut summus sacerdos offert. Loc. cit., n. 2. Le prêtre visible est de son côté vraiment sacrificateur ; on doit même dire que le peuple présent l’est aussi, à sa manière : populus etiam offert spiritualiter. In IV Sent., 1. III, dist. IX, n. 4. Enfin le sacrifice de la messe est essentiellement la représentation et l’application du sacrilice de la croix : fit missa tam represenlando illam oblalionem in cruce, quani per eam observando ut scilicet per eam Deus acceplet sacrificium Eccîesise. Quodl., q. xx, n. 22. C’est de la distinction de ce double point de vue, la représentation objective du sacrilice de la croix et la prière de l’Église qui otfre officiellement le sacrifice représentatif par son prêtre visible, que le docteur subtil déduit ses enseignements théoriques et pratiques sur la valeur de la messe.

2. Valeur du sacrifice eucharistique.

Cette valeur est finie, quelle que soit la valeur du sacrifice de la croix. Eucharislia oblata acceplatur non ratione voluntatis Christi ut immédiate offerentis ; ratione ergo voluntatis Eccîesise generalis : illa autem habet ralioneni meriti finilam. Quodl., q. xx, n.22. Admeltrait-on que le sacrifice de la messe est agréé de Dieu ratione voluntatis Christi ut immédiate offerentis, la conclusion serait la même parce que, intrinsèquement en dehors de cette acceptation exlrinsèque divine, d’où vient seulement une sorte de valeur infinie à la passion réelle du Sauveur, l’offrande de l’autel demeure finie. Loc. cit. Si donc on doit distinguer, dans le sacrifice de la messe, un fruit très spécial, patrimoine inaliénable du sacrificateur, un fruit très général, destiné à être partagé par tous les membres de l’Église, et un fruit spécial dont le prêtre a la libre disposition, loc. cit., n.’’>. il faut affirmer que ce fruit spécial est fini. En conséquence, una missa dicta pro duobus non lantum valet hoc modo isli, quantum valeret si pro eo solo diceretur, n. 4.

Un ne saurait mettre en doute le pouvoir qu’a le prêtre de disposer, au gré de ses volontés, d’une partie du sacrifice, n. 16. La tradition catholique lui reconnaît ce droit, comme elle reconnaît aussi et la licéité du stipendium et tes obligations qui en découlent. Loc. cit., n. 17.

mi. LA PÉNITENCE. — 1° L’essence du sacrement de pénitence. — Duns Scot définit ce sacrement : absolulio hominis pœnitentis, facta certis verbis, cum débita intentione prolatis, a sacerdote, jurisdiclionem habente, ex institutione divina efficaciler significanlibus absolutionem animae apeccalo. In IV Sent., 1. IV, dist. XIV, q. iv, n. i. Par cette définition et dès les premiers mots, il veut mettre en pleine lumière l’élément essentiel de ce signe sacramentel : l’absolution prononcée par le prêtre. Il va plus loin ; à son avis, seule, l’absolution mérite le nom de signe sensible : hoc sacramentum mm habet nisi unum signurn