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1907

DUNS SGOT

1908

ipse est veritas infailibilis, cerlius débet esse quid(jiiid ah ipso in Scriptura est revelatum, quant illtul adquod quicumque intellec tus potes t naturali lunûne allingere. In IV Sent., I. IV, dist. XIV, q. iii, n. 5. Quant à la raison de celle supériorité, Duns Scot la place surtout dans le principe surnaturel de l’acte : à cause de ce principe surnaturel, aucune erreur n’est possible dans l’objet : /ides infusa non potest inclinare in aliquod fais uni, Quodl., q. xiv, n. 17 ; par lui l’assentiment reçoit une particulière intensité. In IV Sent., 1. III, dist. XXIII, n. 18.

L’objet de la foi reste pourtant toujours obscur. Le docteur subtil, avec saint Tbomas, répond négativement à la question controversée : an de credibilibus revelatis possit aliquis habere siniul scientiam et (idem ? In IV Sent., 1. III, dist. XXIV. En ceux qui sont favorisés des révélations divines, la foi est compatible avec l’évidence que Dieu révèle réellement, parce que la certitude de la vérité n’est pas produite ex evidenlia rei. La foi y gagne seulement en certitude à cause de la lumière qui entoure l’un des motifs de crédibilité. Loc. cit., n. 17.

Grâce à cette obscurité, l’acte de foi est libre : aucune évidence intrinsèque ne force l’esprit à accepter les vérités proposées : ijuia proionens credibile intelleclui nondemonslrat, ita non cogel intellectum ad assentiendum ; ideo non crédit nisi volens. In IV Sent., 1. III, dist. XXV, n. 11.

Obscurité des vérités proposées et liberté d’assentiment, aucune de ces choses n’empêche l’acte de foi d’être raisonnable. On ne doit croire qu’aux vérités révélées de Dieu, par conséquent, il est nécessaire de demandera des motifs de crédibilité, une évidence morale que Dieu a parlé. Cf. motifs de crédibilité aux saintes Ecritures, In IV Sent., prol., q. il.

4. Nécessita de la foi.

La foi est nécessaire : sans elle, le salut est impossible : actus fidei necessarius fuit pro omni statu, in habenle usuni ralionis. In IV Sent., 1. III, dist. XXV, q. i, n. 4. Cette foi nécessaire a pour objet implicite toute vérité révélée par Dieu et pour objet explicite indispensable deux articles seulement, Dieu lui-même et un médiateur, depuis la chute d’Adam. Nullus salvatur nisi sil niembrum Ecclesiae post lapsuni, quod non est nisi in fuie medialoris. In IV Sent., 1. III, dist. XXV, n. 9. Avant l’incarnation, il suffisait de croire à un médiateur sans connailre explicitement qu’il serait Dieu. Loc. cit. Depuis la promulgation de l’Évangile, faut-il une foi explicite à la Trinité et au Christ, Dieu et homme ? Sur ce point, la doctrine de Duns Scot manque de précision. Comme il ne dislingue pas assez ce qui est de nécessité de moyen et de nécessité de précepte, il est difficile de savoir quel acte de foi explicite est requis absolument selon lui pour le salut.

L’espérance.

A l’époque où vivait Duns Scot, on mettait en doute l’existence de la vertu théologale d’espérance, ou du moins sa distinction d’avec la foi et la charité infuses. Sur l’un et l’autre point, le docteur subtil est très affirmalif : spes est virtus theologica unica et distincta a fuie et charitate. lu IV Sent., 1. III, dist. XXVI, n. 10. L’autorité de saint Paul, I Cor., xiii, lui semble plus décisive que les arguments de raison. Loc. cit., n. 2.

Toute sa doctrine sur cette vertu peut se rattacher à la description qu’il fait de l’acte d’espérer : actum expeclandi bonum infinilum a Deo liberaliler se communicante, et hoc mediante gratin prseria collata et merilis. Report., 1. III, dist. XXVI, n. 14. L’espérance réside dans la volonté. Sans vouloir introduire dans cette faculté un appétit concupiscible et un appétit irascible réellement distincts, c’est dans l’ordre de l’appétit concupiscible cependant que Duns Scot place l’espérance ; il l’identifie même avec le désir, In IV Sent-,

1. III, dist. XXVI, n. 10, 19-21, dont elle se distingue uniquement par la persuasion ou la certitude du succès dont elle est accompagnée. Loc. cit., n. 22.

La vertu d’espérance a, pour objet matériel, Dieu luimême : illud circa quod est actus spei est bonum infinitum et ita seternum, désiré soit comme notre bien, soit comme le bien de ceux que nous aimons. Dieu est toujours au terme du mouvement d’espérance. Loc. cit., n. 11. C’est évidemment à la bonté, et, d’une certaine manière aussi, à la puissance et aux avances divines que Duns Scot ramène l’objet formel ou le motif de l’espérance : la définition citée est claire : nous attendons le bien infini a Deo seipsum liberaliler communicante et hoemedinnte gratia prseria collaln. Loc. cit.

i 8 La charité. — Les enseignements de Duns Scot relatifs à la charité — si l’on excepte le problème de l’identification réelle de cette vertu avec la grâce — s’écartent fort peu des opinions communément reçues. A cette vertu théologale, distincte de l’espérance, In IV Sent., 1. III, dist. XVII, n. 2, il assigne pour objet formel, propre, la bonté infinie de Dieu, considérée en elle-même — sans méconnaître toutefois que cette bonté infinie nous attire et nous invite à la charité par son amour prévenant et le bonheur qu’il nous promet. In Deo autem prima ratio diligibilitalis est lamestas sua ; secunda ratio prxcedens actum est quia aniavil nos, creando, etc. ; et tertia quia est bonum meum in quantum… bealificuni objectum. Report., 1. III ; In IV Sent., 1. III, loc. cil. La charité envers Dieu a tous les caractères de l’amitié, à condition qu’on ne prenne pas dans un sens trop rigoureux la formule connue : icqualilas est de rnlione amicitix. Loc. cit., n. 20. Celte amitié, à cause de l’habitude infuse dont la foi, plus que la raison, révèle l’existence, est réellement surnaturelle, mais sans ce don spécial, elle demeure possible comme vertu acquise.

Avec les seules forces de la nature, l’homme est capable d’aimer Dieu super omnia ; il en est capable au moins in statu naturæ institutse. In IV Sent., 1. III, n. 15. En serait-il de même aujourd’hui ? Tantôt Duns Scot semble le dire, In IV Sent., 1. III, dist. XXVIII, tantôt il en doute. Report., 1. III, dist. XXVII, n. 13. La vertu infuse ajoute bien aux puissances naturelles une intensité que ne saurait avoir la volonté, même aidée par une vertu acquise naturelle, loc. cit., n. 14, mais ce n’est là malgré tout qu’un rôle secondaire et l’on peut croire que de soi la volonté humaine est capable transitoirement d’un acte d’amour super omnia. Loc. cit.

Le docteur subtil semble réclamer pour l’acte de charité plus que ne demandent les autres théologiens. Il écrit : debemus aliquando diligere Deum cum lola inlensione possibili et appreliare eum super omnia, Report., 1. III, dist. XXVII, n. 15, et il explique cet amour intensif par ces mots ex majori afjectu. Au fond, sa doctrine est semblable à celle des autres docteurs ; il parle seulement de l’affection de la volonté et non de celle qui appartient à la sensibilité et se manifeste par les douceurs ou l’impétuosité de la passion. In IV Sent., 1. III, dist. XXVII, n. 16, 17.

La même vertu surnaturelle de charité embrasse Dieu et le prochain. Duns Scot en exprime ainsi la raison : Deum respicil pro primo objecto et secundario vult cum diligi et per dilectionem haberi a quoeumque quantum est in se. In IV Sent., 1. III, dist. XXVIII, n. 2. Le prochain est plutôt un objet accidentel qu’un objet secondaire : quia diligo eum… ul aliquid potens condiligere mecum perfecte dileclum, et ad hoceum diligo ut condiligal… non propter cuni sed propter objectum quod volo ab eo condiligi. Loc. cit., n. ; 5. Et parce que le prochain est un objet quasi accidentel de la vertu théologale, ce n’est point par la nature même des choses, mais par suite d’un