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1905

DUNS SCOT

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plicitev ilal acceptabilité)’operari et etiam dat alit/uam aclivitatem respectu actus. lu IV Sent., 1. I, dist. XVII, q. iii, n. 33. Ils n’apportent donc qu’une nouvelle perfection surnaturelle aux puissances et parfois une certaine intensité d’activité, ce qui semble ressortir de ce lexle relatif à la foi infuse : dico quod fides infusa est propter actum primum et propter perfectionem gradiis actus secundi : quem gradum non posset liabere intellectus cum fuie acquisita solum.In IV Sent., 1. III, dist. XXIII, n. 16.

Duns Scot ne reconnaît pas d’autres vertus infuses que les vertus théologales, et celles-là il les admet surtout propter auctoritates Scripturie et sanctorum. Il écrit donc : non videtur nécessitas ponendi rirtiites morales infusas scd acquisitas tanluni in his qui habent eas acquisitas aut habere passant. In IV Sent., 1. III, dist. XXXVI, n. 28. Ni les enseignements de la foi, ni les raisons théologiques ne lui semblent prouver avec rigueur l’existence de vertus morales infuses ; il s’en tient donc aune maxime qui lui est chère : ne pas multiplier les réalités sans raison suffisante. Or, de raison suflisante, il n’en trouve point, qu’il considère, dans ces vertus, modum, médium et fineffi : omnisenim finis determinetur suf/icienter ex inclinatione charitatis, modus autem et médium per /idem infusamIn IV Sent., 1. III, dist. XXXVI, n. 28. Ce que Duns Scot se refuse à admettre sous le nom de vertus morales infuses, ce sont uniquement des habilus surnaturels distincts. Par la grâce, la volonté, siège des vertus de justice, de force et de tempérance, est suffisamment surélevée pour produire des actes surnaturels de ces vertus. D’ailleurs, n’est-ce point exclusivement de l’inlluence qu’ils reçoivent de la grâce ou de la charité que ces actes sont réellement surnaturels et méritoires ? non erunt ad fmem idtimum nisi mediante charilale. In IV Sent., 1. III, loc. cit., n. 2ti. — Pour les mêmes raisons, il se refuse à voir dans les dons de l’Esprit-Saint, des habitas distincts des vertus théologales infuses et des vertus morales acquises. In IV Sent., I. III, dist. XXXIV, n. 20. De la sorte, le traité des vertus infuses se trouve réduit à l’étude des vertus théologales.

Trois conditions, suivant Duns Scot. sont rigoureusement requises pour constituer une véritahle vertu théologale : prima est respicere Deum pro primo objecto, serunda habere pro régula primant regulam humanomm actuum, tertia immédiate infundi a Deo, sicut a causa efficiente. In IV Sent., . III, dist. XXVI, n. 14. Cette troisième condition est révélée par la foi seule, et dans un sens moins exclusif, il est permis de donner le nom de vertus théologales à la foi, à l’espérance et à la charité acquises. Avec les habitudes surnaturelles infuses, Duns Scot admet donc les habitudes acquises, physiques, d’ordre naturel, distinctes des précédentes par la seule origine et provenant dès lors soit d’actes antérieurs. In IV Sent., I. III, dist. XXIII, n. 5, soit d’actes postérieurs à l’infusion des vertus surnaturelles, n. 4. Cette particularité est la seule qui mérite d’être signalée. Duns Scot ne s’écarte plus de ses devanciers. La vertu théologale n’a point de uiedium ex parte objecti, sed ex parte excessus qui potest esse in actu, In IV Sent., 1. III, dist. XXVI, n.24 ; elle a Dieu seul pour cause efficiente, dist. XXXIII, n. 14 ; nos actes ne peuvent la détruire effective, mais seulement demeritorie, dist. XXIII, n. 18. Les vertus infuses de foi et d’espérance sont données avec la charité dans la sanctification, suivant une disposition spéciale de Dieu, mais non de nécessité absolue, dist. XXXVI, n. 30. Enfin la perte de la charité n’entraîne ni la disparition de la foi, ni celle de l’espérance, dist. XXIII, n. 18.

La foi.

1. Objet de cette vertu. — Duns Scot enseigne avec les autres docteurs que l’objet matériel,

total et adéquat de la foi comprend toute vérité révélée, In IV Sent., 1. III, dist. XXIII, n. 6, que Dieu en est néanmoins l’objet principal, n. 10, 15, que les doctrines révélées sont conservées dans le double dépôt de l’Écriture et de la tradition, In IV Sent., 1. I, dist. XI, q. iii, n. 5, et que parmi ces vérités il y en a d’implicites et d’explicites : nihil est tenendum de substantia fidei, nisi quod potest expresse liaberi de Scriptura, vel expresse dcclaratum est per Ecclesiam, vel evidenler scquitur ex aliquo plane contenta in Scriptura, vel plane delerminato ab Ecclesia. In IV Sent., I. IV, dist. XI, q. iii, n. 5. Au cours des âges, l’objet matériel de la foi est demeuré immuable ; ni la substance, ni le sens précis des dogmes n’a changé. In IV Sent., 1. III ; Beport., 1. 111, dist. XXV, q. i. Par des révélations successives, Dieu a enrichi le domaine de la foi ; les docteurs, sous l’autorité doctrinale de l’Eglise, n’ont fait qu’expliciter les vérités secondaires, déjà contenues dans la doctrine immédiatement révélée. In IV Sent., 1. IV, dist. XI, q. iii, n. 5.

L’autorité de Dieu révélant constitue, à elle seule, V objet formel total de la foi : fides infusa assentit alicui revelato, quia crédit Deo, vel veracitali Dei asserentis illud. In IV Sent., 1. III, dist. XXIII. On ne doit donc faire entrer, comme élément intégrant, dans l’objet formel, ni la révélation même des vérités divines, loc. cit., n. 7, ni l’autorité et le témoignage de l’Eglise qui peut les proposer. In IV Sent., 1. I, dist. XI, q. iii, n. 15.

2. L’habitus de foi est formellement un et simple, malgré la diversité de ses objets secondaires. In 1 VSeut., 1. III, dist. XXIII, n. 5. D’ordre pratique et non d’ordre spéculatif, In IV Sent., prol., q. IV, n. 3, la vertu de foi fut un des apanages de nos premiers parents, ht IV Sent., 1. III, dist. XXV, n. 2 ; elle est donnée dans la sanctification première, dist. XXXVI, n. 30 ; elle demeure à l’état informe dans les pécheurs ; le péché d’infidélité ou l’hérésie la faisant seul disparaître, dist. XXIII, n. 4 ; elle ne doit plus exister ni dans le ciel, avec la vision, puisqu’elle n’a plus d’objet, dist. XXXI, n. 2 ; dist XXXVI, n. 30, ni dans l’enfer avec la damnation irrévocable. Cet habitua fidei réside formellement dans l’intelligence, dist. XXIII, n. H. Bien que les actes de cette vertu réclament une motion, un concours de la volonté, Duns Scot ne pense pas que l’on doive metlre, dans cette dernière faculté, un autre habilus infus, surnaturel, spécial, dist. XXV, n. 2.

3. L’acte de foi.

L’habitus de la foi surnaturalise l’intelligence en la plaçant in esse quodam supernaturali. In IV Sent., 1. III, dist. XXIII, n. 14. Cependant l’acte de foi surnaturelle, en tant qu’acte, a la même nature essentielle que l’acte de loi naturelle, qui se peut accomplir lui aussi pvopter Dei veracitatem. Loc. cit., n. 5. L’acte de foi n’est donc pas, à ce point de vue, surnaturel enlilalive.

On range parfois Duns Scot parmi les théologiens qui considèrent l’acte de foi comme discursif. Le texte invoqué, In IV Sent., 1. III, dist. XXIV, n. 14, ne favorise point cette interprétation. Qu’il s’agisse de vérités simplement affirmées dans la révélation, ou prouvées sous forme de conclusions par les auteurs sacres, l’adhésion est simple et immédiate : cuilibel divin in canone assentit, non quia probatur modo dicto, sed solum propter auctoritatem Dei, ratione cujus assentit immédiate omnibus traditisin Scriptura, non uni propter aliud per syllogislicum discursum, dist. XXIV, n. 4. Ces paroles ne sont pas assez explicites toutefois pour affirmer que Duns Scot rejette tout raisonnement virtuel.

Cette adhésion immédiate, uniquement basée sur la véracité divine, donne à l’acte de foi une certitude absolue, supérieure à toute certitude naturelle : habenti fidem quod Deus inspiravit totam Scriptwamel quod