Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 4.2.djvu/310

Cette page n’a pas encore été corrigée

I SS7

DUNS SGOT

1888

Ce péché fut grave, moins grave on soi cependant que celui de la femme, qui fut strictement un péché d’orgueil, opposé directement à l’amour de Dieu et au précepte essentiel : Diliges Dominum, etc. Formaliter per se, mère et précise in se, peccatum Eviv fuit gretvius. Mais, étant données les circonstances secondaires du péclié d’Adam, celui-ci fut en fait le plus grave. Ces circonstances étaient : l’excellence et la dignité de celui qui tombait, l’inutilité et le non-usage des puissances dont il disposait pour résister à une tentation extérieure très légère, et surtout la valeur du trésor de la justice originelle qu’il devait conserver et transmettre à sa postérité, par sa propre fidélité à Dieu et que le péché lui faisait perdre. In 1 V Sent., . II, dïst. XXI, q. ii n.3, 4.

Adam et Eve ne sont pas excusables par l’ignorance : l’erreur ne pouvait alors se glisser dans leur esprit et les tromper sur la nature de leur décision. La loi prohibitive du Seigneur leur était connue : si quelques-unes des conséquences de leur acte leur demeuraient cachées, ce qui est possible, leur responsabilité n’en est point sensiblement diminuée. In IV Sent., I. II, dist. XXII.

Le péché de nos premiers parents nous intéresse surtout, parce que ce péché est en quelque sorte en nous.

3. Le péché originel.

Des preuves du dogme qui admet l’existence d’une faute originelle dans tous les descendants d’Adam, Duns Scot s’occupe peu ; il croit secundum auctoritates sanctorum quod sil Itoc peccatum in omnibus commitniter propagatis. In IV Sent., I. II, dist. XXXII, n. 8. Il veut en expliquer seulement la nature et le mode de propagation.

a) La nature. — Duns Scot rejette d’abord l’opinion soutenue par Henri de Gand, qui fait du péché originel une sorte de qualité morbide, d’infection laissée dans la chair par la faute du premier homme et susceptible de vicier l’àrne, au moment où Dieu l’unit à la matière. In IV Sent., 1. II, dist. XXXII, n. i-(i. Il admet que la concupiscence puisse être regardée à un certain point de vue comme le matériel du péché originel, mais elle n’en est point le formel, neque ut aclus neque ut habitas. En effet, le péché originel est formaliter carentia juslilise originalis débitée et non qualilercumque débitée, quia acceptée in primo parente et in ipso antissw, cui corresponde pâma dan mi d uni taxât ex prsemissa criminis transgressione proveniens. Loc. cit., n. 7. Le docteur subtil explique cette doctrine. L’enfant nait privé d’une justice qu’il devrait avoir es lege divina quee staluit per patreni non ponentem obicem per peccatum, quasi naturaliter justifiant originalem dari propagatis, n. 10. De la perte de cette justice, l’enfant n’est pas personnellement responsahle ; il est néanmoins débiteur à l’égard de Dieu, car la justice originelle, au moment même où Adam la reçut, fut donnée, par le fait même, à ses enfants : filio ejas data est, voluntate Dei antécédente, quantum erat ex parte Dei, quia speciali dono conferretur filio nisi adessel impedimentum, n. 9. Adam a posé l’empêchement ; Dieu n’accorde point le don conditionnel ex voluntate conséquente, mais le debitum justitiee demeure. C’est cette dette qui constitue formellement l’état de péché, dalio ex parte danlis, voluntate antécédente et non conséquente, ita est ratio volnntati ut sil debitrix, sicut dono ut sil debitum, n. 11.

/ ; ) La propagation. — Le péché originel se propage avec la vie humaine dans toute la postérité d’Adam. Ce n’est pas à dire toutefois que la cause immédiate de cette transmission soit ou la propagalio libidinosa parentum, In IV Sent., 1. II, dist. XXXII, n. 17, 18, ou quelque qualité mauvaise laissée dans la chair par le péché du premier homme. Loc. cit., n. 12. La cause prochaine de la transmission est tout simplement la formation d’un homme nouveau, l’union de l’âme au corps engendré par les parents, descendant par voie

de génération du premier homme. Ex hoc quod… ea carne formatur corpus organicum, cui infunditur anima constiluens personam quee est filius Adæ. Isla. persona, quia naturalis fiitus Adee, ideo debitrix est juslilinc originalis datée a Deo ipsi Adæ pro omnibus ftliis, et caret ea : ergo habet peccatum originale. Loc. cit., n. 12.

Le péché originel entraîne un châtiment. On verra plus loin en quoi Duns Scot le fait consister. Voir ce qu’il dit de l’enfer, col. 1938-1939.

v. L’INCARNATION. — L’incarnation du Verbe avec ses conséquences est, par excellence, l’œuvre de Dieu ail extra. Voici sous les deux titres de christologie et de rédemption les positions de Duns Scot relatives à ce point de nos croyances.

Christologie.

1. L’union hyposlatique. — a) Nature de l’union hyposlatique. — Si profond que soit le mystère d’un Dieu incarné, il ne répugne pas à la raison humaine. Alin de le démontrer, Duns Scot précise la nature de l’union qui existe entre la nature humaine et la personne du Verbe. Comme toute union, l’union hyposlatique implique essentiellement une relation. De quelle nature ? Ce n’est point une relation per informalionem, quia Verbuni non est potentiale, nec informabile, nec aclu informaus naturam liumanam. Ce n’est point une simple relation de rapprochement extrinsèque, per aggregationem, quia sic Verbum habet uniorwm ad naturam meam. Il ne reste plus que la relation d’ordre et de dépendance ; mais cette relation n’est réelle que du côté de la nature humaine. L’union hypostatique consiste donc dans une relation non mutuelle. A noter encore que cette dépendance non est causait ad causant, parce qu’alors la Trinité tout entière y serait intéressée comme élément de l’union même. Elle a donc finalement pour terme d’une part la nature humaine et d’autre part l’entité personnelle de la personne du Verbe. Quod., q. xi, n. 2 ; In I V Sent., 1. III, dist. I, q. i, n. 3.

b) Possibilité de l’union hyposlatique. — Rien ne s’oppose à une union de ce genre. On ne voit aucun obstacle exporte personse assumentis. Cette personne est divine, mais du fait de l’union, non sequitur aliqua composilio, non potentialitas, nec dependentia. In IV Sent., 1. III, dist. I, q. i, n. 4. Seule la personne du Verbe entre dans cette union, cela n’est point impossible, puisqu’elle est réellement distincte des autres, et que, suivant notre docteur, l’entité personnelle est encore formellement distincte de la nature. Loc. cil. Enfin cette personne doit terminer modo incomntttnicabili et personali la nature humaine et être le terme ultime de ses opérations : 1 ? raison ne saurait rien objecter de sérieux, car cnlitas personalis est independens et independens in quantum tale, potest terminare dependentiani alterius ad ipsum quod nalum est habere terminant lalem. Loc. cit.

De même, il n’y a aucun obstacle ex parte natura assumptee. La nature humaine ne saurait être prise par le Verhe en union de personne, si elle était déjà personnifiée, et elle le serait nécessairement si eodem formaliter cssel hme natura, et eodem esset persottata propria personalilate. In 1 V Sent., 1. III, dist. I, q. I. n. 3..Mais il n’en est pas ainsi. Saint Thomas explique la différence qui existe entre la nature et la personne en faisant de la personnalité un mode positif, réellement distinct de la nature singulière. Duns Scot, au nom dejla philosophie et de la théologie, rejette seinblable conception, In I’Seul., 1. 111, dist. I, q. i, n. 5 ; Report., ibul., n..">, (i. Dans la personnalité créée, il ne voit rien fine de [négatif. Est personne toute nature singulière qui n’est pas unie de fait, ni destinée à être unie en droit, in quantum de se est, à une autre nature ou une autre personne. Isla negalio, scilicet non dependentia… actttalis et aplitudinalis complet ra