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1869 DUNS SCOT 1870


a un nombre beaucoup plus grand dans les autres, parfois 20 ou 30. Tous les Theoremata, à l’exception des theor. XIV-XVI, ont pour objet des matières purement philosophiques : objet et terme de l’intellection, theor. I-X ; le simple et le composé, theor. XI-XII ; les causes et leurs effets, theor. XVII-XXII ; la perfection et le parfait, theor. XXIII. Le procédé d’exposition est simple et uniforme : la maxime est énoncée, puis elle est suivie d’une explication généralement trop concise pour être très claire. De là vient le caractère un peu obscur de ces maximes, dont une critique malveillante a plus d’une fois abusé pour jeter le discrédit sur le docteur franciscain. Les Theoremata théologiques XIV-XVI ont dû former primitivement un traité spécial sous le titre De creditis. Sbaralea, Supplementum ad scriptores, p. 412. L’être de Dieu, la trinité, le péché et les sacrements en sont l’objet. En plusieurs de ces maximes, Duns Scot se montre plus sévère que les autres théologiens sur la valeur des démonstrations rationnelles. On ne saurait cependant le taxer de scepticisme, même quand il écrit : non potest probari Deum esse vivum, esse intelligentem...,esse volentem. Ces négations sont exigées par une conception très rigoureuse de la science, que Duns Scot s’est faite, à la suite d’Aristote. Mais Duns Scot lui-même prouve et avec combien de rigueur, a posteriori cependant, que Dieu a l’intelligence et la volonté, et il a foi dans ses démonstrations. Cf. De primo rerum principio ; In IV Sent., l. I, et Report., passim.

5. Collationes, p. 341-480. Dans ce recueil, Duns Scot semble avoir voulu donner à ses disciples une mine féconde d’arguments pour et contre les questions communément agitées dans l’École. Presque jamais le docteur subtil n’indique de conclusion : le but qu’il poursuit ne le permet pas. On serait injuste, si on voulait regarder un ouvrage de ce genre comme un amusement de sophiste. Les questions qui en forment la trame peuvent se grouper ainsi : l’intelligence et la volonté dans leur activité murale, q. i-vi ; l’intelligence dans son activité physique, q. vii-xiii ; la volonté au même point de vue, q. xiv-xvii ; l’intelligence et la volonté dans leurs rapports avec Dieu, q. xviii-xxi ; Dieu dans son être et sa nature une et simple, q. xxii-xiiii ; dans son activité ad intra, q. xxiv-xxviii ; ad extra, q. xxix-xxxv : compléments sur l’activité ad intra, q. xxxvi-xxxix.

G. De eognitione Dci, p. 431-441. Huns Scot y développe, en six questions, les différents modes de connaissance que l’esprit créé peut avoir de Dieu : la connaissance parla foi ; la connaissance intuitive du ciel ; et une connaissance en quelque sorte intermédiaire qu’il appelle abstractive.

7. Qusestiones miscellanese, p. 441-484. Sous ce titre Wadding a réuni un certain nombre de questions assez disparates, trouvées en différents manuscrits et attribuées à Duns Scot. L’authenticité n’en est peut-être pas toujours incontestable. Voici les sujets de cette mosaïque. Les attributs divins, q. i et ii ; la sainteté requise pour exercer les fonctions ecclésiastiques, q. III ; les indulgences, q. iv ; le concept d’infini, le plus parfait que nous ayons de Dieu en ce monde, q. v ; le salut de Salomon, d’après la sainte Ecriture, q. vi ; l’unité de la science humaine, q. vii.

6° In XI] libras metaphysicorum Aristotelis, t. iv. Duns Scot a laissé sur la métaphysique aristotélicienne un volumineux travail, qui se divise en deux parties : une exposilio textus sous forme de commentaire litté- ral et des qusestiones sur des points particuliers. L’expositio textus est très méthodique : chaque livre est divisé en sommes, chaque somme en chapitres, chaque chapitre en paragraphes. Elle se termine par un résumé attribué à Duns Scot lui-même, sous le titre de : Conclusiones utilisslmse ex XTT libris metaphysicorwn ArisL, quidquid in illis ab ipso resolulum est mira comprehensione et brevitate complectentes, collectai a U. V. ./. Duns Scolo, 0. M., t. iv, p. 463-495. Dans les quœstiones, Duns Scot fixe ses sujets d’éludé sur des matières connexes ou semblables pour donner plus d’unité à son travail. C’est ainsi qu’il s’occupe presque exclusivement de la nature et des conditions de la science dans toutes ses questions sur les 1. I, U et VI. Aucune note discordante ne se fait entendre au sujet de l’authenticité des neuf premiers livres, mais le doute plane encore sur celle des 1. X et XII. Le I. XI est perdu.

l a Qusestiones in libros IV Sententiarum, t. v-x. Ce travail est l’œuvre théologique par excellence du docteur subtil, celle où il développe avec le plus d’ampleur les questions doctrinales, celle qui a été la plus commentée par ses disciples et est devenue en quelque sorte le manuel de son École. On la désigne aujour-d’hui sous le nom de Commentaires sur les Sentences :; jadis on l’appelait de préférence Scriptum Oxoniense, (t/)ns Oxoniense. La marche générale et le plan d’en- semble des commentaires sur les Sentences sont identiques chez tous les docteurs scolastiques, seule la méthode d’exposition peut varier dans les détails.

Duns Scot prend, dans ses commentaires, un rôle de critique très accentué. A la vérité, il n’était pas un novateur ; les autres maîtres avaient déjà marché par cette voie, mais avec moins d’éclat toutefois. Les circonstances dans lesquelles il paraissait, le poussaient dans cette direction. Les plus illustres docteurs étaient morts ou sur le point de descendre dans la tombe. Leurs opinions méritaient d’être prises en considération et le nouveau docteur se trouvait dans la nécessite de leur demander leur sentiment, avant de se former le sien. De là aussi, la nécessité- de critiquer ce qui lui semblait erroné, ou arbitraire. Jamais critique ne fut plus soumis à l’Église catholique et aux enseignements des Pères, ni plus respectueux à l’égard de ses adver- saires, ni plus ami de la conciliation. Cf. P. Déodat de Basly, Étude sur le V. Duns Scot. 111. Méthode critique, Rome, 1 ( J0 :î. Par respect, il ne nomme presque jamais ses adversaires et se contente de les désigner d’une manière anonyme, ilirit quidam iluctor..., est alia opinio,... de hoc dicitur. Ces docteurs on les connaissail bien autour de lui ; leurs noms venaient spontanément à l’esprit de ses disciples qu’il entraînait ainsi à la recherche de la vérité avec une ardeur extraordinaire. Dans le ton, d’ailleurs, aucun fiel amer, dans l’expression aucun sentiment de mépris. On n’y trouve de parti pris ni contre saint Thomas, ni contre les autres maîtres. L’amour qu’il a pour ses illustres frères, Alexandre de Halès, saint Honaventure, Richard de xMiddletown.ne les met pas à l’abri de ses critiques, quand il le juge nécessaire. Humble dans ses conclusions, Duns Scot s’abstient parfois de porter un juge- ment définitif ; il se contente de montrer les fondements et les conséquences des diverses opinions, en disant : eligalur quae magis placel ; ailleurs il propose des solutions mitigées, évilant avec soin les extrêmes : potesl dici quodam modo mediando inter opiniones.

Un autre caractère de ces commentaires d’Oxford est un recours trop fréquent aux discussions philosophiques. Duns Scot était entraîné de ce côté par la pente de son esprit et les traditions de l’université d’Oxford. Il greffe de longues dissertations philosophiques sur les questions théologiques : étude de la connaissance intellectuelle, 1. I, dist. 111 ; théories de l’univocation de l’être, 1. I, dist. VIII, q. iii, de la distinction formelle, q. iv, du principe d’individuation, 1. II, dist. III, de la matière et de la forme, dist. XII ; de la permanence des éléments dans le mixte, dist. XV ; de la forme de corporéité, 1. IV, dist. XI. Là où les autres docteurs touchent discrètement ces sujets, Duns