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1859

DUGUKT — DULCIN

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caractères que saint Paul donne à la charité, Paris, 1727, qui a en douze autres éditions, et qui a été condamné par le Saint-Office, le 1 1 août 1745, donec corrigatur ; les Lettres sur divers sujets de morale et de piété, 10 volumes qui parurent séparément et eurent plusieurs éditions, de 1708 à I78-2 ; le Traité des devoirs l’un évêque, Cæn, 1710 ; les Dissertations théologiques et dogmatiques sur les exorcismes et autres cérémonies du baptême, sur l’eucharistie et l’usure, Paris, 1717 à 1722 ; le Traité des principes de la foi chrétienne, Paris, 1736, 1736, 1790 ; Toulouse, 1750, et dans les Démonstrations évangéliques de Migne, t. iii, col. 9 sq. ; l’Institution d’un prince ou traité des qualités, des vertus, des devoirs d’un souverain, Leyde, 1739 ; Londres, 1739, 1740 et 1743, mise à l’Index le 20 novembre 1742 ; les Conférences ecclésiastiques ou dissertations sur les auteurs, les conciles et la discipline du premier siècle, Cologne, 1742.

André, L’esprit de M. Dwjuel ; Sainte-Beuve, Port-Royal, t. VI ; Reuscli, Dcr Index, t. ii, p. 705 ; Ingold, Essai, p. 187-197 ; Chételat, Étude sur Duguel, Paris, 1879 ; Maulvsult, Répertoire des personnes et des choses de Port-Royal, p. 139.

A. Ingold.

DUBLHÉ DE SAINT-PROJET Marc-AntoineWlarie-François, né à Toulouse le 15 juillet 1822, mort en cette ville, le 15 mai 1897, après l’ordination sacerdotale (septembre 18Mi), fut nommé professeur de rhétorique au petit séminaire de l’Esquile, puis de philosophie en 1854, élu mainteneur de l’Académie des Jeux floraux en 1857, il soutint cette même année sa thèse de doctorat en théologie à la Sorbonne. Cette thèse parut en 1860 sous ce titre : Des études religieuses en France depuis le XVIIe siècle jusqu’à nos jours, ou Essai sur les causes qui ont produit dans les temps modernes la splendeur et la décadence des sciences théologiques, Paris, A la fin de l’année scolaire 1858, le professeur quitta sa chaire, et se fit prédicateur. De 1861 à 1866, il publia la Reyue de l’année. Au carême de 1869, il commença des conférences d’apologétique sur l’accord des sciences et de la foi, qu’il continua l’année suivante. Kn 1875, il devint secrétaire général du comité d’organisation de l’université catholique de Toulouse, et en 1877-1878, il fut chargé d’un cours public d’apologétique à la jeune université. Doyen de la faculté libre des lettres en 1879, il continua ses leçons d’apologétique à la faculté de théologie. En 1885, il publia son Apologie scientifique de la foi chrétienne, Toulouse, dont la 5e édition a été revue par M. Senderens, Paris, 1899, et qui a été traduite en huit langues étrangères. C’est son œuvre principale. Avec Mu r d’ilulsl, il prit l’initiative des Congrès internationaux des savants catholiques, et au mois de décembre 1894, il fut nommé recteur de l’Institut catholique de Toulouse, puis prélat de la maison de Sa Sainteté pendant sa dernière maladie.

Bulletin théologique, scientifique et littéraire de l’Institut catholique SeToulouse, Toulouse, 1897, t. t, p. 05-72, 289-292, 316-318.

E. Mangenot.

DULAURENS Louis, oralorien français, né à Montpellier en 1585. D’abord ministre calviniste, il se converti I et entra à l’Oratoire en 1649. Il y mourut le 1 er juillet 1671. Richard Simon, qui a l’habitude de déprécier le savoir de ceux qui couraient la même carrière que lui, le dénigre méchamment. Ses ouvrages, de controverse et de piété, sont démodés -ans doute, mais eurent à l’époque un réel succès.

Bordes, Supplément au traité des édits, p. 113 ; Ratterel, Mémoires, t. M, p. 515 ; Ingold, Supplément, », la lettre L.

A. Ingold.

DULCIN. — I. Histoire. II. Doctrines.

I. HISTOIRE.

Successeur de Segarelli comme chef des apostoliques, voir t. i, col. 1632-1634, dans les

diocèses de Novare et de Verceil, Dulcin, d’Ossula, se crut appelé, au commencement du xive siècle, à ramener l’Église à la simplicité et à la pauvreté des premiers temps du christianisme, dont elle s’était écartée déplus en plus, prétendait-il, depuis l’époque du pape saint Silvestre et de l’empereur Constantin, par son esprit de domination et l’abus des richesses. Vainement saint Benoit, au vie siècle, et, en dernier lieu, saint François d’Assise et saint Dominique avaient tenté d’enrayer ce mouvement de décadence. Vainement Segarelli avait essayé de se faire reconnaître et approuver par le SaintSiège ; son défaut d’orthodoxie, ses tendances et ses menées révolutionnaires l’avaient conduit au bûcher en 1300. Dulcin, malgré cette exécution et le discrédit dans lequel étaient tenus les apostoliques, se flatta de réussir, en accentuant le mouvement de révolte, au besoin même en l’appuyant par la force ; il s’agissait d’être habile, audacieux et résolu, lotit en s’entourant des précautions nécessaires. Au reste, les scrupules ne l’embarrassaient pas ; il savait garder une apparence d’orthodoxie et, pour échapper aux tribunaux de l’inquisition, le parjure ne lui coûtait pas.

Profitant de la liberté ainsi achetée. Dulcin continuait sa propagande auprès de populations crédules où il recrutait des disciples qui tournèrent facilement au fanatisme. Il se donnait pour un inspiré du ciel, un envoyé de Dieu, un prophète. La fin du monde était proche : il l’annonçait dans un délai de trois ans. Le roi de Sicile, Frédéric II, devait devenir empereur et prendre en mains la cause de la secte ; Boniface VIII et sa cour, les prêtres et les moines allaient subir le juste châtiment de Dieu ; un nouveau pape allait enfin restaurer l’Eglise, en la ramenant aux pratiques des premiers temps, à celles dont il se faisait honneur et gloire, c’est-à dire à la pauvreté absolue, à une vie exclusivement entretenue d’aumônes. Trois mille fanatiques s’enrôlèrent à sa suite sans se laisser déconcerter par la non-réalisation de ses prophéties. Le monde, en effet, s’obstinait à durer ; Boniface VIII était mort mais nullement massacré’ ; et quant au nouveau pape. Clément V, il ne paraissait guère disposé à soutenir les apostoliques ; au contraire, pour seconder les évoques de Verceil et de Novare, qui n’avaient pu réduire par la persuasion ces perturbateurs de l’ordre religieux et social, ni arrêter leur propagande subversive, il ordonna contre eux, en 1306, une croisade, seul moyen eflicace de les ramener à la foi ou de les rendre inoffensifs. Cf. Bernard Oui, Practica inquhilionis heretice pravitatis, Paris, 1886, p. 310. Dulcin, loin de se rendre et d’abjurer ses erreurs, se réfugia dans les montagnes et résisla par la force..Mais après quelques succès partiels, ses compagnons furent taillés en pièces ; lui-même fut pris, jugé et condamné ; le I" juin 1307, il expia, sur le bûcher, ses crimes contre la ré ligion et la société, sans s’être rétracté.

IL Doctrines. — Par ses tendances, par son attitude et par ses principes, Dulcin constituai ! un ferment de désordre, tant au point de vue religieux qu’au point de vue social. Son rêve eschatologique n’était pas ce qu’il y avait de plus dangereux ; mais son opinion sur le serment, qui n’était autre que celle desvaudois, accusait des rapports intimes avec une si cte hérétique déjà condamnée. Tout en interdisant le serment, sauf pour confesser sa foi en face de la mort, il admettait volontiers qu’on pouvait se soustraire à la mort par le parjure. Vis-à-vis de l’Église, il avait prôné l’indépendance de la volonté et la liberté de l’esprit ; et en annonçant à ses partisans que le pape réformateur, dont il leur prédisait la venue, établirait la communauté des femmes, il marquait que l’immoralité n’était pas étrangère à ses vues. Bref, sa conduite et ses actes suffisaient à justifier toute erreur contre la foi et tout attentat contre les mœurs.