Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 4.2.djvu/281

Cette page n’a pas encore été corrigée
1829
1830
DRIEDO — DRIPT


il était promu au doctorat en théologie, après une brillante soutenance qu’avait présidée Adrien Boyens, son maître et son guide de prédilection. Du reste, ses mérites n’avaient pas attendu jusque-là pour percer et être reconnus dans le monde universitaire et au dehors. Dès 1509, il entrait au conseil de l’université, comme délégué de la faculté des arts ; l’année suivante (lôlOi, il devenait chanoine du chapitre de Saint-Pierre de Turnhout, et, en juin 1512, curé de la paroisse de Saint-Jacques, à Louvain. Il avait encore été chargé, quelques mois auparavant, de la direction du nouveau collège de Uouterlé, que le fondateur Jean de llouterlé lui confia en mourant, et il garda cette fonction jusqu’en 1521. Cependant, en 1520, il fut pourvu, dans l’église collégiale de Saint-Pierre de Louvain, d’un canonicat auquel était attachée une des chaires de la faculté de théologie de l’université. Il devint donc, à partir de ce moment, professeur de théologie, sans toutefois abandonner son ministère de curé ; et ses propres écrits, ainsi que d’autres documents contemporains, nous le montrent très appliqué à remplir l’un et l’autre de ces devoirs. Le Mire, Dibliolh. eccles., part. ii, c. DXLi.et l’oppens, loc. cit., attestent son ardeur et son habileté à exposer et à défendre de vive voix comme par écrit la doctrine chrétienne, et Nie. Yernulœus ajoute que ces qualités le firent surnommer l’arche de la divine parole, divini verbi arca. Pendant quinze ans, c’est-à-dire jusqu’à son dernier jour, il soutint vaillamment le poids de sa double tâche. Il mourut le 4 août 1535, « vivement regretté, dit Le Mire, de tous les gens pieux et instruits, bien que les livres publiés par lui fussent de nature à adoucir ces regrets. » Son corps fut inhumé dans son église paroissiale de SaintJacques, au pied de l’autel du Saint-Sacrement.

Driedo a laissé, comme monuments de son savoir et de son zèle religieux, cinq ouvrages principaux. Ils parurent avec l’approbation de Ruard Tapper, qui avait été l’élève de l’auteur et qui s’en faisait gloire. Nous les indiquerons suivant l’ordre chronologique de leur publication primitive. A" De ecclesiasticis Scripturis et dogmatibus libri I-V, in-fol., Louvain, 1533 ; réimprimé dans la même ville en 1543 et 1550. Le I er livre traite des diverses parties qui composent la sainte Ecriture et de leur authenticité ; le II e, des traductions en d i fie rentes langues ; le III e, de la chronologie des faits bibliques ; le IV e, des parties apocryphes, ainsi que de l’existence de certains dogmes transmis par la tradition seule. A l’exception des vues chronologiques, qui portent nécessairement la marque du temps, toute la doctrine coïncide parfaitement avec celle que le concile de Trente devait fixer quelques années plus tard. On a pu dire que les règles d’herméneutique ici formulées « eurent l’insigne honneur d’être adoptées par le concile. » De fait, voici, concernant la Vulgate, un passage où l’accord semble parfois s’étendre jusqu’aux mots, et qui a donné lieu à une singulière méprise littéraire : Apostolica sedes editionem Hieronymi vel approbavit vel acceptavit non tanquam penitus sic consonam Scripturis in suo fonte et in omnibus sic intégrant, puram ac reslitutam, ut non liceat ulli examinare illam collatione facla ad suuni fonlem, vel in lacis quibusdam dubitare si forsan Hieronymus sit asseculus veruni Sciipturæ sensum, sed tanquam omnibus lune factis prxferendam, et in regulis fidei ac moruni nusquam deviam, et tanquam qu<c publiée legatur et recipiatur in usum. Ces paroles représentent si bien la pensée théologique sanctionnée à Trente, que Serarius et d’autres après lui les ont citées comme interprétant, et interprétant fidèlement, la décision du concile. L’erreur vient de ce l’on a emprunté le texte de Driedo à une édition relativement récente, sans remarquer que la première est de 1533, tandis que la îv session conciliaire, où furent rendus les

deux décrets De canonicis Scripturis et De editione et usu sacrorum librorum, se tint le 8 avril 1546. — 2. De captivitate et redemplione generis humani liber unus, in-4°, Louvain, 1534 ; réimprimé en 1548. C’est dans l’avant-propos de ce livre que Driedo raconte comment, mis en garde par Adrien Boyens contre une application trop exclusive aux sciences profanes, ut in hisce rébus ne quid nimis, il prit peu à peu une orientation plusconformeà ses sentiments religieux : Paululum lune relraxi aninnim, quod inteltexcrim, taies quidem has esse arles quas usque ad tenipus discere oporleat, sed ridiculum penitus velle immorari illis, quibus uli oportet lanquam S. l/ieologiæ ancillis. — 3° Ue concordia liberi arbitrii et prsedestinationis divinse liber unus, in-4°, Louvain, 1537. Le but de l’auteur est de défendre la liberté humaine contre ceux dont il définit ainsi l’erreur : Propter divinam prsedeslinationem, reprobationeni, indurationetn, excœcationem cl iil genus alia, i/use in Scripturis legimus, arbitrantur nullum esse /tominis arbitrium, et sulilatam esse voluntatem, ethominum opéra nbn prodesse ad sainte »), sed omuia pendere ex sola voluntate Dei aut prœdeslinanlis aut reprobantis. — 4° faisant naturellement suite au troisième ouvrage, le quatrième est intitulé : De gratta et libern arbitrio libri duo, 2 in-4°, Louvain, 1537. Sur cette question aussi, l’enseignement de Driedo est tel qu’il semblerait avoir inspiré celui du concile de Trente. Qu’on en juge par ce résumé : lia Dei gratia est defendenda, ut non negetur hominis arbitrium ; ila rursus liberum arbitrium statuendum est, ut non tollatur Dei gratia. Quisquis igitur Dei gratiam et liberum arbitrium reete intelligit, is in opère bono neulrum ab allero séparai. Après avoir lu les deux traités qui précèdent, personne ne s’étonnera de la remarque de R. Tapper, affirmant que Driedo avait déjà enseigné, sur la conciliation du libre arbitre et de la grâce, la théorie qui est devenue ensuite si célèbre sous le nom de molinisme. — 5° De liberlale christiana, Louvain, 1540. Comme les deux précédents, ce dernier ouvrage ne parut qu’après la mort de l’auteur, mais il semble en outre qu’il ne fut jamais imprimé à part. Il est d’ailleurs resté inachevé, et des lacunes se remarquent tant au commencement que dans le corps du livre. Tel qu’il est, il a trouvé place dans les Driedonis opéra omnia, dont trois éditions furent publiées par les soins de Ruard Tapper. Ces éditions comprennent chacune 1 in-fol., et portent les dates de 1510, 1552 et 155(5. Tous les écrits de Driedo ont un caractère polémique, tous tendaient plus ou moins directement à combattre les erreurs naissantes du protestantisme. Mais ce but ne les empêche nullement de présenter sur chaque question un expose théologique objectif et complet. Le ton de la controverse reste toujours calme et serein, le style est simple et coulant, à égale distance de la trivialité et d’une affectation excessive d’élégance. Érasme, si peu suspect de tendresse pour les scolastiques, affirme qu’entre les théologiens de Louvain, ses préférences vont à Driedo, en qui il loue spécialement la science jointe à une discussion nullement passionnée, docte et sine af]ectu disputare.

Aubert Le Mire, Bibliotheca ccclesiastica, 2 in-fol., Anvers, 1639 etl6’19 ; Nie. Veinuheus, Academia Lovanien sis, houyaiu, 1667 ; Foppens, Bibliotheca BeUjica, Bruxelles, 1739, t. Il ; Van den Broeck, De Joannis Driedonis vita nteritisque, dans [’Annuaire de l’université catholique de Louvain, de 1859. Louvain, 1859, p. 241 sq. ; Reusens, art. Driedo, dans la Bibliographie nationale de Belgique, Bruxelles, 1878, t. VI.

, 1. For g et. DRIPT (Laurent de), théologien de l’ordre de SaintBenoit, mort le 27 avril 1686. Il fit profession en 1632, âgé de 19 ans, à l’abbaye de Gladbach, de la congrégation de Bursfeld, enseigna la théologie dans son monas