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1819
1820
DOUTE — DOXOPATRIS


bases de la connaissance et de la croyance, Paris, 1907.

6° Les auteurs que nous venons d’examiner sont touchés dans la théorie du doute rationnel par un zèle intempestif pour la foi. Ils ont eu des successeurs dont l’action théologique s’est exercée surtout, toujours au nom du doute originel auquel la raison, abandonnée à elle-même, leur paraissait irréinédiablementcondamnée, à étendre d’une façon excessive, et partant illégitime, le domaine de la foi. Ce sont d’abord les (idéisles, dont le père fut Huet, évêque d’Avrancbes, dont l’un des derniers tenants fut lirunetiére, et dont les principaux défenseurs furent Bautain et Bonnetty, voir Bautain ; ce sont ensuite les traditionalistes, avec le vicomte de Bonald, pour chef ; ce sont enfin les mennaisiens ou disciples de Lamennais. Leur souci commun est d’échapper au doute et de sauver par la foi la raison qui, par elle-même, ne peut que douter. « Il ne faut pas commencer l’étude de la philosophie morale par dire je doute, car alors il faut douter de tout, et même de la langue dont on se sert pour exprimer son doute, ce qui est au fond une illusion de l’esprit et peut-être une imposture ; mais il est, au contraire, raisonnable, il est nécessaire, il est surtout philosophique de commencer par dire je crois. Sans cette croyance préalable des vérités générales qui sont reconnues, sous une expression ou sous une autre, dans la société humaine… il n’y a plus de base à la science, plus de principes aux connaissances humaines, plus de point fixe auquel on puisse attacher le premier anneau de la chaîne des vérités, plus de signe auquel on puisse distinguer la vérité de l’erreur, plus de raison en un mot au raisonnement. » De Bonald, Recherches philosophiques, p. 6263. Telle est la caractéristique générale de tousces systèmes qui se distinguent entre eux seulement par l’autorité sur laquelle ils s’appuient pour exclure le doute et asseoir leur foi. Les fidéistes établissent leur foi sur la révélation surnaturelle, les traditionalistes sur la société organe, par la tradition orale, de la révélation primitive, les mennaisiens sur le sentiment universel du genre humain qui sert de critère pour discerner les traditions fausses. Voir FidéiSme, Traditionalisme, Lamennais.

7° Dans les systèmes précédents, on marquait une réelle estime pour la raison qui, avant la chute et quand elle avait son intégrité, était réellement capable de vérité et de certitude. Le péché originel avait blessé la nature de l’homme et brisé les forces de la raison : d’où les impuissances de celle-ci et son état fatal de doute. La foi venait au secours de la raison pour la relever, l’éclairer et nouer avec elle une alliance salutaire. Newman tint envers la raison une attitude très différente. Sans doute avec les fidéistes, il soutint qu’il faut faire reposer la raison sur la foi et non la foi sur la raison, mais, avec un radicalisme outré, il dénonça dans la raison l’ennemi-né de la foi contre laquelle elle ne cesse de susciter des objections et des négations. « La raison, écrit-il, est un fruit de la chute. On ne la trouve pas dans le paradis terrestre ni chez les enfants. C’est tout au plus si l’Église la tolère, tout au plus si elle n’est pas incompatible avec les dons d’une âme régénérée. » I’arochial and plain sermon, v, VIII, cité par Brémond, Newman, Psychologie de la foi, Paris, 1905, p. 66-67. Croyez d’abord, écrit-il encore, les preuves viendront après… Les preuves sont bien plus la récompense que le fondement de la foi… Ibid., vi, xxiii, dans Brémond, op. cit., p. 841.

III. Applications.

La question du doute se pose souvent en théologie et dans presque tous les compariments de la science sacrée : nous ne pouvons ici que signaler les problèmes qui peuvent surgir et renvoyer aux articles où ils sont traités et résolus. En dogmatique, on peut se demander si le doute méthodique ou le doute réel est un point de départ légitime pour les

recherches religieuses ou théologiques, voir Descartes, t. iv, col. 537 sq., ou bien s’il peut être un aboutissant permis chez ceux qui ont déjà connu et professé la foi. Voir Foi ; voir aussi le concile du Vatican, qui, dans la constitution Dci Filins, c. iii, affirme que « ceux qui ont reçu la foi par les enseignements de l’Eglise, ne peuvent jamais avoir aucune cause juste de changer cette foi ou de la révoquer en doute » : aussi prononce-t-il « anathème à qui dirait que les fidèles sont dans les mêmes conditions que ceux qui ne sont pas encore parvenus à la foi seule véritable, de telle sorte que les catholiques peuvent avoir une juste cause de suspendre leur assentiment pour mettre en doute la foi qu’ils ont déjà reçue par les enseignements de l’Eglise, jusqu’à ce qu’ils aient terminé la démonstration scientifique de la crédibilité et de la vérité de leur foi ». Ibid., can. 6.

En morale, la question du doute revient au sujet de l’obligation morale qui peut se présenter sous la forme d’une loi précise ou d’une prescription douteuse, voir Loi, ou d’une connaissance imprécise et flottante de la loi. Voir Conscience, Probabilité. Les principes qui dirigent la conscience dans la détermination de ses obligations, présentent une rigueur spéciale, lorsqu’il s’agit des sacrements plus intimement nécessaires à la vie spirituelle ; aussi y a-t-il lieu d’examiner à part les doutes relatifs à la matière, à la forme ou à la réception des sacrements. Voir Sacrement.

A. Chollet.

DOWGIRD Ange, théologien et philosophe polonais, né en 1776, mort en 1835. On a de lui plusieurs ouvrages philosophiques et oratoires, et un traité théologique : De miraculis, Vilna, 1826.

Encyklopedja kosciel/ia, Varsovie, 1874, t. iv, p. 331-332.

A. Palmieri.

DOWNAROW1CZ Dominique, théologien polonais du xviiie siècle. On a de lui : 1° Tractalus théologiens de e.ristenlia Dei juxta nientem divi Thomas Aquinatts, Vilna, 1782 ; 2° Prælectionum theologicarum tractalus : de Dco rclribulore prsemiorum atque pœnarum, Vilna, 1782.

Encyklopedja koscielna, Varsovie, 1874, t. IV, p. 332.

A. Palmieri. 1. DOXOPATRIS Jean, moine rhéteur et théologien au xie siècle, de la célèbre famille sicilienne des Doxopatris ou Doxapatris. Le codex Madritensis 01, du xvie siècle, attribue à un moine Doxopatris une somme théologique fort étendue, en forme de chaîne, divisée en cinq livres et dont les deux premiers seuls sont conservés dans ce manuscrit ; ils traitent d’Adam et du Christ. E. Miller, Notices et extraits des manuscrits, Paris, 1886, t. xxxib, p. 29-56, a reproduit les titres des 263 chapitres du 1. I e1, et des 203 chapitres du 1. II. Les trois autres livres s’occupaient, le III e des Évangiles et des dogmes chrétiens, le IVe des apôtres, le Ve des hérésies et des conciles oecuméniques. L’auteur cité le plus récent est le patriarche SergiusII de Constanlinople, 999-1019, qui était déjà mort au moment où écrivait l’auteur. Celui-ci a donc vécu au plus tôt au XIe siècle. Or, Mai a édité, Nova Patruni bibliolheca, Borne, t. VI b, p.512, et P. G., t. cxx, col. 12921296, sous le nom du diacre Jean, vers l’année 1075, un fragment théologique, et le titre du premier chapitre correspond mot pour mot à celui du Doxopatris de Miller. De même, la fin du 1. I ei de celui-ci correspond mot pour mot à la fin du 1. 1 er du diacre Jean, édité par Mai. Voir Miller, op. cit., p. 32, et P. (’, ., t. cxx, col. 1293 ; Miller, op. cit., p. 47, et P. G., t. cxx, col. 1296. Nous sommes donc bien en présence d’un même ouvrage dû au diacre Jean Doxopatris. Cette somme théologique dépend beaucoup des ouvrages de saint Jean Damascène, et elle a beaucoup servi ellemême à la Panoplie dogmatique d’Euthyme Zigabé