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1801

DOUCIN

DOUKHOBORS

1802

ralionum ad nestorianam historiam acvarios tuni veterum lum recentiorum auctorum qui eam atligerunt locos, in-12, Paris, 1698 ; Addition à l’histoire du nestorianisme, où l’on fait voir quel a été l’ancien usage de l’Eglise dans la condamnation des livres ; el ce qu’elle a exigé des fidèles à cet égard, in-12, Paris, 1703 ; Histoire de l’origénisme, histoire des mouvements arrivez dans l’Eglise au sujet d’Origène et de sa doctrine, in-12, Paris, 1700. Vers la fin du XVire siècle et durant les quinze premières années du xviiie, le P. Doucin était à Paris ; il fut alors très mêlé aux controverses suscitées par les Réjlejcions sur le Nouveau Testament de Quesnel et par la constitution Unigenitus condamnant 101 propositions extraites de ce livre (1713). On lui attribue à tort le Problème ecclésiastique (1098), qui appartient plutôt au bénédictin janséniste dom Hilarion Monnier. Voir Daniel Gabriel. L’activité anonyme qu’il déploya en faveur de la constitution Unigenitus fut considérable, mais a encore été exagérée par ses adversaires, dont le P. Doucin était comme la bète noire, presque à l'égal du P. Le Tellier. Il aurait eu, notamment, la principale part aux Tocsins, écrits ainsi dénommés par les quesnellistes, pour la vigueur avec laquelle l’erreur y était dénoncée. Ces écrits, publiés la plupart clandestinement et poursuivis par les parlements favorables à la secte, ont été réunis, en 1716, avec les réponses jansénistes, en un volume intitulé : Les Tocsins Avec les écrits et les arrêts publiés contre ces libelles violens et séditieux Et un recueil de mandemens et autres pièces qui ont rapport aux écrits précédens, in-12, s. 1. On y trouve quinze pièces, dont neuf sont désignées comme Premier Tocsin, Deuxième…, et ainsi de suite jusqu’au Neuvième Tocsin. Un autre recueil a été publié en 1717, également par les jansénistes, sous ce titre : Les auteurs des Tocsins confondus, et les Appellaus justifiez ou réflexions critiques sur la J ! éfu talion de la Lettre d’un magistrat à M. l'évêque d’Alet, et sur plusieurs autres libelles séditieux et schismatiques, queles Jésuites ont publiés, in-12, s. 1., mdccvii (sic pour mdccxvu) ; il ne contient que sept Tocsins, dont six étaient déjà dans le recueil précédent, mais en partie numérotés autrement. Deux de ces Tocsins, au moins, appartiendraient assez sûrement au P. Doucin, d’abord, celui qui est le second dans les deux recueils cités et est intitulé : Mémoire pour le corps des évêques qui ont reçu la constitution Unigenitus ; il a été supprimé par un arrêt du parlement de Paris du avril 1716 ; ensuite, celui qui est particulièrement critiqué dans le second recueil, où il est qualifié Septième Tocsin ; en voici le titre plus complet '.Réfutation d’un libelle intitulé Lettre d’un magistrat à M. l'évêque de '" servant de réponse à un Mémoire présenté à M. le duc d’Orléans au sujet des explications que les évêques demandent au pape sur la bxdle IJnigenilus, in-12, s.]., 1716. Le Mémoire présenté au duc d’Orléans est le « premier Tocsin » ; il avait pour auteur M'.J r Maboul, évêque d’Alet, à qui est adressée la Lettre d’un magistral. Pour aider à la bibliographie, qui n’est pas faite, de ces Tocsins, ajoutons qu’il en existe aussi une réimpression orthodoxe, dans Tocsins catholiques ou Recueil des pièces les plus fortes que les catholiques ont fait paraître contre les ennemis du saint-siège au sujet de ta constitution Unigenitus, in-12. Ce recueil, qui contient encore d’autres pièces que les Tocsins, a formé au moins 3 vol., parus à Avignon, chez Joseph Chastel, 1717-1718. Lorsque, après la mort de Louis XIV, l’opposition à la constitution Unigenitus triompha pour quelque temps, par la nomination du cardinal de Noailles, archevêque de Paris, comme chef du conseil de conscience du Régent, le P. Doucin dut sortir de Paris et fut relégué à Orléans (novembre 1715). Quelques mois plus tard, le parlement, voulant découvrir les auteurs des Tocsins et soupçon nant particulièrement le P. Doucin, ordonna des perquisitions chez les libraires et au collège des jésuites d’Orléans. On raconte qu’elles auraient établi le rôle actif du P. Doucin dans la composition et l’impression des Tocsins, avec l’appui de l'évêque d’Orléans, M’J 1 Fleuriau. Buvat, Journal de la Régence, publié par Campardon, t. i, p. 151, 154. Le P. Doucin mourut à Orléans, le 21 septembre 1726.

De Backer-Sommei’vogel, Bibliothèque de la O' de Jésus. t. iii, col. 159-163 ; t. ix, col. 239-240 ; Hurter, Nomenclator, t. iv, col. 1204-1205 ; Biographie universelle.

J. Bricker.

DOUKHOBORS. - I. Histoire. 11. Doctrines.

I. Histoire.

Les Doukhohors forment peut-être la secte la moins nombreuse des sectes russes ; néanmoins les péripéties de son histoire lui ont valu naguère une grande célébrité, même en Occident. Elle tire son nom de deux mots russes : duch (esprit), boretz (lutteur). Les Doukhobors seraient donc les lutteurs de l’esprit. Mais on attache à ce nom un double sens. Les Doukhobors lui donnent un sens positif, en raison duquel ils se considèrent comme les défenseurs de l’Esprit. Ils luttent pour sa gloire, pour spiritualiser la religion chrétienne, en la débarrassant de son formalisme extérieur, du culte, où ils voient un oubli des principes du christianisme primitif. Mais leurs adversaires prennent leur nom dans un sens négatif. Les Doukhobors seraient les ennemis de l’esprit, puisqu’ils rejettent l’inlluence surnaturelle du Saint-Esprit sur les âmes. En rejetant les sacrements et la visibilité de l'Église, ils réduisent le christianisme à un code rudimentaire de morale, fondé sur l’adogmatisme religieux. Le bas peuple appelle encore les Doukhobors des molokans (de moloko, lait), parce qu’ils ne gardent pas l’abstinence du lait et de la viande les jours de jeûne, et des farmazony (altération du mot franc-maçon), parce qu’ils ne tiennent pas compte des lois et des préceptes de l’Eglise. Les Doukhobors, de leur côté, se nomment les fils de bien, les hommes de Dieu, les chrétiens spirituels, pour indiquer que Dieu répand sur eux, avec plus d’abondance, les effusions intérieures de sa grâce. Le nom de Doukhobor a été employé la première fois en 1792 par Ambroise Sérébrennikov, archevêque d’Ekaterinoslav (1786-1789). Novitzky, p. 2 ; Ltirioukov, p. 6-7.

Les origines des Doukhobors sont très obscures. Nous n’avons, pour les éclaircir, ni documents, ni même une tradition orale. Les Doukhobors affirment qu’ils ont reçu leurs théories religieuses et sociales des trois jeunes hébreux, jetés dans une fournaise ardente, parce qu’ils avaient refusé d’adorer la statue de Nabuchodonosor. Novitzky suppose que cette donnée est une simple allégorie, qui désigne peut-être les chefs de la secte, condamnés à mort au xviie et au XVIIIe siècle. par exemple, Kuhlman et Nordmann, brûlés vifs en 1689, pour avoir prêché le secondavènement du Christ, et Dimitri Tvéritinov, qui, avec ses adhérents, monta sur le bûcher, à Moscou, en 1713, p. 13 l(i. Celle supposition ne repose sur rien, et l'élément légendaire se rencontre au berceau de toutes les secles russes.

Le premier renseignement positif sur les Doukhobors remonte à l’an 1791. Le comte Kakhovsky, gouverneur d’Ekatérinoslav, invita les nombreux Doukhobors de sa province à lui exposer les poinls principaux de leurs croyances. Ceux-ci lui remirent une Confession de foi ou Mémorandum, qui est une pièce de premier ordre pour l’histoire doctrinale de la secte. Elle a été publiée par N. Tikhonravov, dans les Lectures de la société d’histoire et d’antiquités russes, de l’université de Moscou : Zapiska podannaia Dukhoborlzami Ekaterinoslavskoi gubernii v 1691 godu gubernatoru Kakliovskomu, 1871, t. ii, p. 26-79. Ils y déclaraient avoir reçu leurs croyances d’un paysan du village de Nikolskoe o Nikolaëvka, district de Pavlograd, gouvernement