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DOSITHEE


centre de la production théologique grecque, et tout ce qu’il y édita est imprégné de haine et de fanatisme contre l’Église catholique. Les gros volumes qu’il fit parailre, tendaient uniquement à combattre les progrès des uniates dans la Petite Ftussie, et à justifier les croyances orthodoxes contre les savantes réfutations d’Allatius, de Bellarmin, du P. Richard, etc. S’unir aux papistes, disait-il, c’est se séparer de Dieu et stipuler une convention éclatante avec le diable. Tôuo ; x a P* ? i préface.

Les dernières années de la vie de Dosithée s’écoulèrent en grande partie à Constautinople, Andtinople, et en Roumanie. Le 1. XIIIe de son Histoire des patriarches de Jérusalem, édité par PapadopouloKéramevs, contient des indications précises sur ses fréquents voyages jusqu’à l’an 1705. La mort le frappa à Constanlinople le 7 février 1707 ; il était patriarche depuis 38 ans. Ses restes furent inhumés dans l’église de Sainte-Paraskévé, et en 1715 transférés à Jérusalem par son neveu le patriarche Chrysanthe Nolaras, et déposés dans l’église des Quarante-Martyrs.

Les écrivains grecs ne tarissent pas d’éloges sur son compte. Selon Constantin Œconomos, il ne fut pas seulement le pasteur de la sainte cité de Jérusalem : c’est toute la grande famille orthodoxe qui vénère en lui le plus savant de ses maîtres, t. IV, p. 811. Le plus récent de ses biographes l’égale aux anciens Pères et docteurs de l’Église. Nia Eicôv, 1907, t. v, p. 168. Ricaut l’appelait un « prélat plein de feu, plein de hardiesse, remuant et entreprenant. » Ce dernier jugement est fondé. A l’époque où l’Eglise grecque croupissait dans l’ignorance, et subissait honteusement le joug des Turcs, il rêva d’étendre la suprématie intellectuelle et la juridiction religieuse de l’hellénisme sur toutes les Eglises orthodoxes. Il comptait sur l’appui de la Russie, dont il fut l’agent politique le plus dévoué à Constantinople, et de laquelle il attendait le rétablissement de l’empire byzantin au bénéfice des Grecs. Ses plans échouèrent complètement. Ses œuvres respirent la haine la plus forte contre les latins.

II. Écrits.

Dosithée a été un compilateur et un éditeur infatigable, plutôt qu’un écrivain original. Sa grande érudition est d’autant plus étonnante que ses nombreux voyages ne lui laissaient pas de loisir pour l’étude. Helladius assure qu’il savait parfaitement le turc, l’arabe, le russe, le géorgien, le grec et le latin. Chrysanthe affirme, au contraire, que pour consulter les ouvrages latins, il se servait de traducteurs. Démétrius Procope dit qu’il ignorait absolument le latin, et qu’il ne connaissait le grec que très superficiellement. Sathas, Meciaïunxri fS16’/c, 6ïyLf l, t. iii, p. 485. Son style manque de pureté et d’élégance. Ses écrits sont presque tous des traités ou des recueils de polémique contre les protestants et les latins. Leur autorité est très grande dans l’Eglise orthodoxe. En voici la liste complète avec quelques éclaircissements :

1°’Au7ti ; opOoSoïjta ; , : f omoloyla. y.ai k’/sy/o ; Ttpà ; touç StaT’jpovTa ; tt, v’AvaT<AlXY|V’KxxLyjii’av aipiiixtii ; spovsïv ï-i toï ; 7t£pi 0£oO y.ai îôv 8s£a>v, o> ; xaLOçpovoûaiv ojto ! auTot o KaXouïvot, BrpXovdrt <7’j7r16slira Tiapà Tcrç èv’Iepoaolviioi ; Tomxr)ç auvrfSov, ewi Ao<riOio’j Ilarpiàp/o’j’Iepo<ToVjpL<">v. Ce sont les actes du synode de Jérusalem de 1672. Dosithée en est l’auteur. Aymon bs appelle un coup de perfidie, un écrit forgé clandestinement et frauduleusement par lui, p. 369. Le Iml de Dosithée est la défense de l’Eglise orthodoxe contre les attaques des protestants qui, au xviii c siècle, en appelaient à la Confession de Cyrille Lucaris pour nier la transsubstantiation. Le patriarche y condamne avec vigueur la folie de Luther. Michalcescu, p. 128129. Il y retrace brièvement les luttes théologiques des coryphées du protestantisme avec les théologiens

orthodoxes, el y traite la question de l’authenticité de la Confession de Cyrille Lucaris. A son jugement, cette pièce n’est pas authentique. L’Église orthodoxe n’a jamais su que Cyrille Lucaris avait enseigné des théories favorables aux nouveautés doctrinales de la Réforme. Si même il était l’auteur de cette pièce, il ne s’ensuivrait pas que sa doclrine soit la doctrine de l’Eglise orthodoxe. Dosithée croit que cette Confession a été fabriquée par les protestants dans un but de propagande. Il cite de nombreux extraits des sermons et des écrits de Cyrille, qui prouvent que les doctrines qu’il professait étaient contraires aux erreurs protestantes. Il explique aussi comment il faut entendre les anathèmes portés contre Cyrille dans les synodes de Constantinople (1633) et de Jassy (1642).

2°’0^.o).oyia…Toîç èpuiTùat, xai nvv6avou.évoi ; itïp’itïjs ttittîo) ; xai 8pr|<T>ietaç : <iiv FpaiLaiv, ïjtoi rr, ; àvaro/txr, ;’lvA’LLï ; T : 3( ; Tt(ô ; SvjXovdtlTCSpl t/) ; op6086 ! jo’J ui’arsti) ; çpovîï. Cette Confession est divisée en 8 chapitres et i questions. Les premiers contiennent un exposé systématique de la doctrine de l’Eglise orthodoxe sur Dieu, la Trinité, l’Ecriture sainte et son interprétation, la prescience divine et la liberté humaine, la création du monde et la bonté de Dieu, le premier péché et l’origine du mal, l’incarnation du Fils, la rédemption, la médiation

! des saints, la foi et les bonnes œuvres, l’Eglise, sa

hiérarchie et son infaillibilité, les sacrements, en particulier l’eucharistie, et les fins dernières. Dans les questions l’auteur examine s’il convient de permettre aux fidèles la lecture de la Bible ; il indique les règles à suivre pour éviter les fausses interprétations du texte sacré, détermine le nombre des livres qui font partie du canon, cf. M. Jugie, Histoire du canon de l’Ancien Testament d<ois l’Eglise grecque et l’Eglise russe, Paris, 1909, p. 51-52, 68, 69, 75, 78, et prouve la légitimité du culte des saints. En terminant, il conseille le silence aux protestants, frivoles novateurs, et les engage à ne point abuser de quelques textes pour altérer la doclrine chrétienne et déblatérer contre les saints, p. 181.

Le style de cet ouvrage est clair et coulant. La doctrine dogmatique de l’Eglise orthodoxe y est exposée sans digressions et sans invectives. Dosithée n’attaque pas les latins, dont il subit l’inlluence dans sa manière d’exposer la doctrine orthodoxe, notamment au sujet de la transsubstantiation, Michalcescu, p. 174-175, de la défense faite aux fidèles de lire la Cible, et dans sa théorie sur l’état mitoyen des âmes après la mort. Sur ce dernier point il paraît admettre le purgatoire. Les protestants en profitèrent pour insinuer que sa Confession est un exposé pur et simple de la doctrine catholique romaine. Les théologiens grecs à leur tour admettent que Dosithée a subi les influences latines, mais ils l’excusent en disant que c’est sur des points non essentiels de la foi orthodoxe. Selon l’archimandrite Chrysostome Papadopoulos, les théories dogmatiques de Dosithée ressemblent aux théories de la théologie latine, mais cette ressemblance n’implique pas leur identité. En entrant pour la première l’ois en lice avec le protestantisme, la théologie orthodoxe n’était pas suffisamment armée pour le combattre. Elle dut donc emprunter des armes à la théologie latine, qui, depuis un siècle, buttait en brèche la théologie de la Réforme. Dosithée adopta relie tactique par nécessité, maison se tromperait, si pour cela on le considérait comme un >.omvcS ? p<.>v. Plus tard, en effet, il échappa entièrement à l’inlluence latine, et en 1690, il rétracta même ce qu’il avait dit dans sa Confession au sujet de l’état mitoyen des âmes. Cette Confession n’a donc pas, d’après le même écrivain, une valeur dogmatique absolue, mais une valeur relative seulement, valeur à la fois dogmatique et historique : il ne faudrait pas l’assimiler aux symboles et aux décisions des conciles