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1789

DOSITHEE

1790

patriarche de Jérusalem (1645-1660), le prit à son service et lui témoigna beaucoup de bienveillance. Dosithée l’accompagna dans ses voyages à Jérusalem, en Roumanie et dans l’Asie-Mineure, et reçut son dernier soupir à Castelloryzon, vilayet d’Aïdin, le 2 décembre

1660. Un synode, tenu à Constantinople le 25 janvier

1661, donna comme successeur à Païsios le Cretois Nectaire (Pélopidés). Dilikanis, Ta… èxxXr l (jiaaT’.-Là îYYP=<9 « ! t. H, p. 365. Dosithée se rendit à Jérusalem et y assista à sa consécration, le 9 avril 1661. Nectaire lui accorda sa confiance, le nomma archidiacre de son patriarcat, et en 1666 l’éleva au siège métropolitain de Césarée. AcoSexâëtëXo ; , p. 1209. L’année suivante, il l’envoya en Roumanie en qualité d’exarque. Dosithée y déploya beaucoup de zèle en faveur du patriarcat grec de Jérusalem. En 1669, Nectaire, affaibli par l’âge et les maladies et impuissant à faire face aux besoins urgents de son église, démissionna et pria Méthode III, patriarche de Constantinople (1669-1671), de lui donner un successeur. Un synode tenu à Constantinople le 23 janvier 1669 nomma Dosithée au siège vacant. Il n’avait que 28 ans.

Le premier soin de Dosithée, après son élection, fut de trouver les ressources nécessaires pour acquitter les dettes énormes qui obéraient la confrérie grecque du Saint-Sépulcre. Celles-ci s’élevaientà une somme de plus de 100000 piastres turques, et les créanciers étaient surtout des Arméniens. Suivant l’exemple de ses devanciers, dès l’année même de son élévation au siège patriarcal, Dosithée quitta Jérusalem, et parcourut à plusieurs reprises les pays orthodoxes pour quêter de l’argent. Les offrandes qu’il recueillit en Roumanie. Bulgarie, Transylvanie, Géorgie, Russie, Asie Mineure, lui permirent de conjurer la crise économique de son patriarcat, et de tenir tête aux Latins et aux Arméniens qui voulaient évincer les Grecs des Lieux saints. Au mois de décembre 1670, à Conslantinople, il assista à un synode et y lit échouer les démarches d’Ananie, archevêque du Sinaï, qui s’efforçait d’obtenir pour son siège l’autonomie et l’indépendance vis-à-vis des patriarches de Jérusalem. Le synode excommunia Ananie, et lui interdit l’exercice de ses fonctions épiscopale>. Dilikanis, t. ii, p. 379-380. En 1671, il parvint à restaurer le sanctuaire de Bethléhem, AwSsxâëigXo ; , p. 12131214, et au mois de mars 1672, il convoqua à Jérusalem un synode, auquel prirent part 71 membres de son clergé, prêtres et évêques. Ce synode est d’une importance décisive au sujet des relations du protestantisme avec l’Église grecque. A Jérusalem il n’épargna rien pour chasser les franciscains des Lieux saints, et ses intrigues auraient été couronnées de succès sans l’énergique intervention du marquis de Nointel, ambassadeur de France auprès de la Sublime Porte. En 1675, il réussit à avoir du sultan Mahomet IV un trad. qui assurait aux Grecs la possession des sanctuaires de Jérusalem et de Bethléhem. Palamas,’IepocroXou.ict ; , p. 551. Ce succès l’engagea à restaurer plusieurs monastères grecs, parmi lesquels la fameuse laure de Saint-Sabbas, A<d6sxâ6(@Xoç, p. 1236, et à racheter en faveur des Grecs les couvents géorgiens de Jérusalem. En 1690, le marquis Castagnères de Chàteauneuf obtenait un trad. qui rendait justice aux franciscains et reconnaissait leurs droits sur les sanctuaires de Jérusalem et de Bethléhem. Dosithée en conçut un violent dépit, et exhala sa mauvaise humeur dans une lettre adressée, le 10 septembre 1690, à son peuple. Papadopoulo-Kérameus,’AvâXexTCc, t. i, p. 295-298. Sa colère fut telle qu’il ne mit plus le pied dans sa ville patriarcale ; mais il ne cessa pas, même de loin, de créer des ennuis et des difficultés aux franciscains, qui, dans un mémoire présenté en 1698 a l’empereur, l’appellent avec raison infensissimus latinæ Ecclesise liostis. Ranimer, Histoire de l’empire ottoman, Paris, 1838, t. xii, p. 548.

Réduit à l’impuissance dans son patriarcat, Dosithée se posa en défenseur de l’orthodoxie sur le terrain doctrinal, et poursuivit de sa haine tous ceux qui lui semblaient pencher vers l’Eglise catholique ou le protestantisme. En sa qualité de patriarche, il s’arrogeait le droit de surveillance sur toutes les Eglises orthodoxes. Ce droit il cherchait tout particulièrement à l’exercer sur l’Église russe, qu’il visait, en bon patriote, à soumettre à l’influence de l’hellénisme. En 1691, il poussa le patriarche Callinique 11(1689-1693) à réunira Constantinople deux synodes pour y condamner les théories de Jean Caryophylles sur la sainte eucharistie. Voir t. ii col. 1812, et Gédéon, Kavovixal Siaràletç, t. i, p. 99-105. En Russie, il fut d’une sévérité inexorable à l’égard de Païsios Ligarides, métropolite de Gaza (1609-16781, qu’il excommunia en 1671, Legrand, Bibliographie hellénique du xviv-sièele, t. iv, p. 58-59, le soupçonnant, après son apostasie du catholicisme, d’être latin de sentiments et de doctrine. A(oo5xâëiëXoç, p. 1180. Sur les instances de Joachim, patriarche de Moscou (1674-1690), il envoya en Russie les deux frères, Sophrone et Joannikios Likhoudi, qui ouvrirent, dans la capitale, l’Académie gréco-slavo-latine. Il leur défendit d’y enseigner le latin, el les doctrines favorables aux théologiens de l’Occident. Mais les Likhoudi ne suivirent pas ses prescriptions, et leurs élèves de Moscou apprenaient le latin de pair avec le grec. Dosithée en fut informé par son neveu l’archimandrite Chrysanthe que les Likhoudi avaient reçu très mal. Il mit tout en œuvre pour les faire passer pour hérétiques, et pour des ennemis de la Russie à la solde des Turcs. Il réussit à les faire expulser, de l’Académie d’abord, et ensuite, de Moscou.

Le métropolite Etienne lavorsky, loeum tenens du patriarche russe sous Pierre le Grand (1702-1721), fut aussi l’objet de son aversion. Dosithée lui reprochait d’être rempli de sympathies pour la culture de l’Occident, et de pencher du côté du latinisme sur plusieurs points théologiques. Il insista auprès de Pierre le Grand pour qu’il fut déposé de sa charge, mais ces démarches n’aboutirent pas. Avant de mourir il eut la douleur de constater que la Russie s’émancipait totalement de l’inlluence religieuse et littéraire de l’hellénisme.

Dans l’affaire du patriarche Nicon (1652-1666), Dosithée joua un rôle considérable. Nicon avait été chassé de son siège et anathématisé par le synode de Moscou de 1666, auquel intervinrent les patriarches Païsios d’Alexandrie et Macaire d’Antioche. Les intrigues de Païsios Ligarides furent pour beaucoup dans cette condamnation. Après la mort du tsar Alexis Mikhaïlovitch (1676), son fils Théodore Alexiévitch (1676-1682), voulant réparer les injustices commises à l’égard de Nicon, envoya à Constantinople deux ambassadeurs, chargés de demander au patriarcat grec sa réhabilitation.

Dosithée fut invité à négocier cette affaire, et il s’en tira fort adroitement. Grâce à ses démarches, le patriarche Jacques (1679-1683], dans une lettre officielle, composée par Dosithée, Nci -ion, 1906, t. iv, p. 482, déchargea Nicon des accusations et des anathèmes lancés contre lui par le s ode de Moscou. Dosithée, tout en réhabilitant la mémoire de Nicon, y déclarait néanmoins que les décisions du synode de 1666 gardaient force de loi.

Pour combattre l’inlluence latine en matière théologique, Dosithée établit, en 1680, aux frais du patriarcat grec de Jérusalem, une typographie grecque à Jassy, et en confia la direction au moine Métrophane, qui fut plus tard évoque de Husi. Le premier ouvrage sorti de cette imprimerie fut le traité de Nectaire de Jérusalem contre la primauté du pape. Aco8exdcë16Xoç, p. 1237. La Roumanie devint, grâce à ses efforts, le