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DONS DU SAINT-ESPRIT


nations, etc., pleno septem virtutum spiritualium fervens mealu. C’estce texte, repris par saint Grégoire le Grand, qui guidera saint Thomas d’Aquin dans son article sur les dons au ciel. Suni. theol., I a II æ, q.LXvm, a. 6, sed contra. Un peu plus loin, n. 159, est affirmée l’unité de ['Esprit sous la multiplicité des sept dons spirituels. Le nombre sept signifie la plénitude des vertus. P. L., t. xvi, col. 740. Le Pseudo-Ambroise, Xicétas de Romatiana († 485), selon dorn Morin, dans le De sacrameutis, l. III, n. 8-10, texte que nous avons par méprise attribué à saint Ambroise, voir CARDINAL, donne aux sept dons le nom de vertus cardinales, ou principales. P. L., t. xvi, col. 431. Saint Jérôme (y 420) donne l’explication littérale d’Isaïe, iv, 1, puis reproduit et adopte l’explication allégorique d’Origène : Septem mulieres, id eut, septem gratise Spirilus Sancli appréhendent Jesnm quem multo tempare desideraverunt, quia nullum alium poluerant invenire in quo œterna statione requiescerent, Joa., i, 33. In Isaiam, l. II, c. v, P. L., t. xxiv, col. 74-75. Au passage classique, Is., xi, 2, il appuie à son tour sur la permanence du Saint-Esprit dans le Sauveur, et cite, à ce propos, une glose de l'Évangile des Hébreux, col. li.j ; cf. Ilennecke, NeutestamentUchevpucryphen, ïubingue, 1904, p. 19 ; il note aussi l’unité des sept dons dans une même source, à savoir le Christ, sans lequel personne n’est sage, ni intelligent, etc. Ibid., col. 145. Dans le commentaire sur Joël, il, 28, il insiste sur la diffusion universelle, sans acception des personnes, des dons de l’Esprit, mais il s’agit ici, semble-t-il, des charismes prophétiques, P. L., t. xxv, col. 978. Est-il le premier parmi les Latins à avoir lixé le nombre des dons d’une manière voulue et réflexe, comme le pense M. Touzard ? Revue biblique, art. cit., p. 261. Il semble bien que saint Hilaire tout au moins a la priorité.

Résumons, avant de passer à saint Augustin, les principales acquisitions de cette première période. 1° Est acquise, dès Tertullien, l’application des textes d’Isaïe, xi, 2, 3, à la plénitude de la grâce du Christ. — 2° Les dons sont des documenta spiritalia (Tertullien), des grâces (Novatien), des mimera (saint Hilaire qui les distingue nettement des dons surnaturels communs et des charismes), des souffles de l’Esprit-Saint. — 3° Le Christ les a possédés d’une manière spéciale, permanente (Tertullien, Novatien, S. Victorin, Explanalio fidei, S. Jérôme), maisils se trouventaussi dans les fidèles (Novatien, S. Hilaire, S. Jérôme). —4° L’idée d’un ordre ascendant, opposé à l’ordre de l'énumération d’Isaïe, se fait jour chez saint Hilaire, est développée chez saint Ambroise, qui le premier esquisse sur ce thème une synthèse de leur organisme. — 5° L’unité et la connexion des dons de l’Esprit septiforme sont affirmées par saint Ambroise et saint Jérôme, leur existence au ciel par saint Ambroise. —6° Le chiffre sept semble bien fixé à partir de saint Hilaire.

Saint Augustin. Le nombre sept a éveillé souvent la subtilité de saint Augustin. Pro cujusque rci universitate poni solet. Propter hoc codent siepenumero significatur Spirilus Sanctus. De civilale Dei, l. XI, c.xxxi, P.L., t. XLi, col. 311.Cf. Contra Faustum, . XII, e. xv, P. L., t. XLH, col. 263. Spécialement dans Isaïe et dans l’Apocalypse, ubi apertissime septem Spiritus Dei perhibentur proj.ler operationem septenariam unius ejusdemque Spirilus. Enarr. in ps. CL, P. L., t. xxxvii, col. 1960-1961. Et un peu plus loin, à propos de la capture des 153 poissons : In décent autem 1er ; in septem vero gratia siyni/icatur : quia legem >m>t implet nisi charitas diffusa in cordibus no s tris per Spiritum Sanctum, qui seplenario numéro tignificatur. Ibid. Cf. Serm., ccxlviii, ccxi.ix, P. L., t. xxxviii, col. 1161 sq., où ces idées sont appuyées sur le texte d’Isaïe, xi, 2-3, avec ce commentaire : Istee septem operaliones commendant seplenario numéro Spiritum

Sanctum, qui quasi descendens ad nos, incipit a sapientia, finit ad limorem. Nos autem ascendenles meipimus a timoré, perficimur in sapientia. Comme le remarque M. Touzard, art. cit., p. 263, ce qu’il faut noter dans ce passage, c’est tout d’abord l’application des dons au fidèle ; et cela, ajoutons-nous, non seulement pour l’ordre ascendant, mais aussi pour l’ordre descendant, ordinairement interprété des dons dans le Christ. C’est ensuite une sorte d’essai de synthèse doctrinale dans laquelle sont marquées les étapes de l’ascension spirituelle du chrétien, synthèse que le saint docteur développe complètement dans le Serm., cccxlvii, P. L., t. xxxviii, col. 1524-1525 ; dans le De doctrina christiana, l. II, c. vii, P. L., l. xxxiv, col. 39, ainsi que dans le Sermo Domini in monte, l. I, c. IV, P. L., t. xxxiv, col. 1234. Elle forme comme une sorte de dialectique divine : Ille (Isaias) cum privposuisset sapientiam, lumen scilicet mentis indeficiens, adjunxit intelleclum : lanquam quærenlibus unde ad sapientiam veniretur, responderet : ab intelleclu ; unde ad intellectum ? a consilio ; unde ad consilium ? a scientia ; unde ad scienliam’i' a pietate ; unde ad pielatem ? a timoré. Ergo ad sapientiam a timoré ; quia initium sapienliee timor Domini. Serm., cccxi.vn, c. ii, P. L., t. xxxviii, col. 1525. Mais ce qu’il y a de plus nouveau etde plus original dans ce sermon ceexi. vu. et surtout dans le Sermo Domini in monte, c’est la synthèse des dons du Saint-Esprit, ainsi gradués de bas en haut, avec les béatitudes que saint Thomas a largement mise à contribution. Nous nous en sommes expliqués ailleurs. Voir Béatitudes. En résumé, saint Augustin fournit quatre solides contributions à la doctrine des dons : 1° un septénaire de grâces spéciales bien distinct ; 2° une organisation de ce septénaire ; 3° une description des activités spéciales de chacun des dons, désormais identifiées avec les vertus décrites dans les béatitudes de saint Matthieu ; 4° la distinction très nette des dons qui relèvent de la charité et des charismes qui sont compatibles avec le péché. Cf. De divers, quæstad Simplicianum, l. ii, q. I, n. 8 sq., P. L., t. xli, col. 135-136.

Fauste de Riez (-[-vers 480), dans son traité De Spiritu Sancto, autrefois attribué à Paschase le Diacre, pour montrer que le Saint-Esprit est bien une personne distincte du Père, allègue le texte d’Isaïe, xi, 2, et le commente ainsi : De hoc itaque spiritu Domini qui super Salvatorem sacro descendit illapsu, per Isaiam Filins dicit : Spiritus Domini super me, Is., L, 1, 1. 1, c., P.L., t. lxii, col. 15. Cet ouvrage fait l'éloge du Saint-Esprit comme distributeur des charismes dans le sens large de dons surnaturels, c. IX sq. ; et aussi dans le sens précis, 1. U.c. x, de grâces gratis dutse, dans le but de conclure sa divinité. Cf. Pseudo-Vigile, Contra Varimadicm, .U, P. L., t. lxii, col. 400 sq. Sur l’attribution du De Spiritu Sancto de Paschase à Fauste, cf. Bardenhewer, Patrologie, trad. franc., 1899, t. iii, p. 96. — Eugippius (511), dans son Thésaurus, c. cccxv, ne fait que reproduire l’enseignement de saint Augustin sur la correspondance des dons, des béatitudes et des sept demandes de l’oraison dominicale, P. L., t. LXII, col. 1031. — Saint Fulgence (533) admet que, dans l’Apocalypse, ubicumque seplent spiritus nominantur septem doua unius Spiritus Sancti agnoscantur ; et il réfute vivement toute autre interprétation. Son long commentaire à ce sujet n’est pas de notre ressort. Contra Fabianum, fragmentum XXIX, P. L., t. Lxv, col. 795. — Cassiodore (f575) est probablement le premier qui ait vu dans la septuple répétition du mot vox Domini, au Ps. xxvill, une allégorie des sept dons. Son commentaire très étendu, d’une grande variété d’aspects, d’une haute élévation, caractérise chacun des spiritus d’Isaïe, xi, 2. Il suit l’ordre descendant dans son énumération. Cette belle interprétation fera école dans la suite. Ex-