Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 4.2.djvu/226

Cette page n’a pas encore été corrigée
1719
1720
DONATISME


sives dans le genre de celles dont ils se félicitaient d’èlre débarrassés.

2° Pendant l’occupation des Vandales de 430 « 535. — Tout faisait prévoir, dos 430, qu’à bref délai les Vandales seraient les maîtres exclusifs de toute l’Afrique du Nord, de Tanger à Tripoli. En fait, dès 449, leur domination était complètement assurée : elle devait se prolonger jusqu’à la défaite de Gélimer par Bélisaire. Que devinrent pendant tout ce temps les donalistes ? C’est ce qu’il est difficile de savoir, tant les documents où il est question d’eux sont rares et peu explicites. Il est à croire pourtant qu’avec la ténacité qui les caractérisait, et aussi grâce aux leçons de l’expérience, ils se gardèrent bien de se mettre en révolte ouverte contre les nouveaux occupants, qui étaient facilement des despotes et qui n’auraient pas manqué de sévir avec plus de cruauté que les Romains. La prudence leur conseillait d’éviter tout conflit avec des maîtres dont ils ne partageaient pas la foi arienne, et par conséquent de louvoyer, et tout en maintenant leurs positions si réduites et si précaires qu’elles fussent, de se livrer à une propagande discrète mais continue. Ils étaient des homoousiens avérés ou des consubstantialistesjet malgré la persécution incessante et cruelle dont les partisans du consubstantiel furent l’objet, il ne paraît pas qu’ils y aient jamais été englobés. Lors de la mesure générale de vexations, de poursuites, d’exactions et d’exil prise par Hunéric, en 484, contre les bomoousiens, les catholiques seuls furent victimes. Et, chose remarquable, le roi vandale ne trouva rien déplus à propos que de leur appliquer, en les aggravant, les lois impériales qui jadis avaient frappé uniquement les donatistes ; il en reproduisit scrupuleusement le texte, Leclercq, L’Afrique chrétienne, t. n. p. 190-195, leur interdisant de tenir des réunions, de célébrer les offices religieux, sous peine d’emprisonnement, de confiscation et d’exil. Par quel subterfuge les donatistes échappèrent-ils à l’application de cet édil de persécution ? Il est à croire qu’ils lirent valoir leur opposition plus que séculaire avec les catholiques pour n’être pas confondus avec eux, et alléguèrent qu’ils n’avaient pas fait œuvre de polémique contre l’arianisme, à l’exemple des plus illustres représentants de la cause catholique. Et puis n’était-ce pas, de leur part, une tactique habile et un moyen approprié d’assouvir leurs anciennes rancunes et de retourner contre eux des lois répressives, dont ils n’avaient cessé de les rendre responsables ? Rien de plus vraisemblable. Toujours est-il que pendant que les catholiques étaient pourchassés, maltraités et exportés en masse, les donatistes restèrent indemnes.

Pendant cette dure période de la seconde moitié du Ve siècle, ce fut moins contre les donatistes que contre les ariens qu’eurent à combattre les catholiques. Ils le firent courageusement et furent les soutiens et les confesseurs de la foi orthodoxe. Ils comptèrent dans leurs rangs de grands évoques et des écrivains de valeur. Qu’il sufli.se de rappeler les noms glorieux de Victor de Vite, de Vigile de Tapse et de Fulgence de Ruspe dans la Byzacène, ceux d’Eugène et de Fulgence Ferrand à Carlhage, de Céréalis de Castellum Ripense et de Victor de Carlenna dans la Mauritanie Césarienne, et celui du poète Dracontius. Durant la même période, les donatistes n’offrent ni un nom ni une œuvre, dont le souvenir nous soit parvenu. Sans disparaître complètement, ils continuèrent de perdre de temps à autre quelques-uns de leurs partisans, qui passèrent à l’arianisme ou se convertirent au catholicisme. C’est ainsi qu’en 442, le pape saint Léon I", Epist., 1. I, episl. xil, 6, P. L., t. i.iv, col. 653, consentit à ce que l’un de ces convertis, devenu évèquo catholique dans la.Mauritanie Césarienne, conservât son siège à la condition de lui faire parvenir sa profession de foi.

Nous savons d’autre part qu’ils prétendaient comme toujours que la société des méchants contamine les bons, c’est là, du moins, le reproche que leur faisait, au témoignage de saint Fulgence de Ruspe (j 533), Epist., ix, P. L., t. LXV, col. 375, l’évêque arien Faslidiosus.

3° Pendant la période byzantine, de 533 à l’invasion îles Arabes ou Sarrasins en 031. — La défaite de Gélimer mit heureusement fin à l’occupation des Vandales en Afrique et installa pour un siècle l’autorité des empereurs de Byzance. Les catholiques, délivrés de leurs cruels persécuteurs, purent respirer après tant d’atroces persécutions. C’est à peine si, de temps à autre, entre deux éclaircies, ils avaient pu se réunir en synodes particuliers pour aviser aux mesures urgentes que leur imposaient les circonstances. Mais ils allaient reprendre leurs anciennes traditions et se réunir d’une façon plus régulière. Ils tinrent, des l’année 535, un concile général. Il s’agissait de savoir comment on recevrait les évoques et les clercs ariens qui se convertiraient, et on résolut de prendre l’avis du pape. En même temps, on envoya un délégué à l’empereur pour lui demander la restitution des biens et des églises dont ils avaient été injustement dépossédés par les Vandales. Justinien leur répondit par la Novelle xxxvii, adressée à Salomon, préfet du prétoire en Afrique. Ordre était donné de faire rendre aux catholiques les domaines injustement enlevés, confisqués ou désaffectés, tout le matériel du culte, avec licence de les revendiquer en justice. En même temps, des mesures d’exclusion étaient prises, contre les donatistes et les ariens, de tous les édifices religieux, et interdiction leur était faite de tenir des réunions cultuelles, d’ordonner des évêques ou des clercs, de procéder au baptême ; de plus les donatistes étaient déclarés inhabiles à toute fonction publique.

Les nouvelles dispositions impériales en faveur des catholiques et contre les donalistes étaient de bon augure. Qu’elles persévérassent et que le schisme fût réduit à l’impuissance, l’Eglise d’Afrique pouvait espérer des jours prospères. Malheureusement éclata l’affaire religieuse des Trois-Chapitres, en 544. Le clergé africain n’hésita pas à prendre aussitôt position en faveur de l’orthodoxie contre les prétentions de Justinien et les décisions du concile de Constantinople de 533. Des hommes, tels que Facundus d’IIermiane, Verecundus de Juncæt Primasius d’Adrumète en Byzacène, les deux diacres de Carlhage, Fulgence Ferrand et Liberatus, ne se lirent pas faute d’engager une vive polémique ; et les évêques d’Afrique, dans cette circonstance critique, ne voulurent nullement accepter la condamnation des TroisChapitres prononcée par le concile et ratifiée par le pape Vigile sous la pression du gouvernement impérial. Naturellement les donatistes mirent à profit ces discussions religieuses, qui les mettaient momentanément à couvert de l’action des lois. Quand le calme fut revenu, le donatisme, grâce à l’esprit de tolérance de la fin du vi c siècle, eut un retour de prospérité. On lui accorda le droit de posséder des églises et d’élire des évêques, à la condition que ces prélats n’ambitionneraient pas le titre de primat. La Numidie redevint le foyer actif de la propagande et même de la persécution contre les catholiques. Les fonctionnaires byzantins se laissèrent acheter, fermèrent les yeux sur les agissements des donatistes et ne donnèrent pas suite aux réclamations des catholiques.

Devant l’audace renaissante des sectaires, l’apathie ou la complicité de l’administration civile, le manque d’énergie de certains évêques, il fallut aviser. Le pape saint Grégoire le Grand intervint à plusieurs reprises soit auprès des évêques africains, soit auprès des représentants de l’autorité impériale, soit auprès de l’empereur Maurice. Plusieurs lettres de lui ont trait aux affaires donatistes. Gennade, palriceetexarqued’Afrique,