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qu’il rapportât son édit et supprimât la liberté qu’il venait de rendre si malencontreusement aux donatistes. Ils furent entendus. Par une loi du 25 août ilO, adressée au comte d’Afrique, lléraclianus, il révoque la mesure prise l’année précédente et fait défense aux donatistes de tenir désormais des réunions publiques sous peine de proscription ou de mort. Code théodosien, XVI, tit. v, I. 51. Puis, rappelant cette loi. il donne pleins pouvoirs, le 14 octobre 410, au tribun et notaire Marcellinus pour qu’il convoque d’office à une conférence les catholiques et les donatistes. Code théodosien, XVI, lit. ii 1. 3.

10° Conférence de Carlhage, en 411. — La plupart dis pièces relatives à cette célèbre conférence se trouvent dans P. L., t. XI. Voir aussi dans P. L., t. xliii, col. 815-842 : l.Edictum Marcellini primum, quo per provincias misso utriusque partis episcopi convocantur ; 2. Edictum Marcellini secundum prsesentibus apud Carthaginem episcopis propositum, de loco et modo collationis ; 3. Notoria donalistarum, Marcellini edicto respondentium ; 4. Litterae calliolicorum, edicto Marcellini respondentium ; Epist., cxxviii ; 5. Litterae catholicorum ad Marcellinum datas, (/uilius Notoriae donalistarum respondent ; Epist., ccxxix ; 6. Mandalum catholicorum, quo lola causa comprehensa est, el eleclis ad disputandum septem episcopis injuncta est Calholicse defensio ; 7. Donalistarum lilterx, hac lertia die prolatæ quitus Mandalo catholicorum prima die collationis allegato respondere conantur ; 8. Augustin* responsiones ad Hueras donalistarum ; 9. Sentent ia Cognitoris.

Muni de pleins pouvoirs, Marcellinus prend aussitôt les dispositions nécessaires pour la convocation des évoques des deux partis. La conférence aura lieu en juin 411. Dès que les évêques furent rendus, au nombre de 286 pour les catholiques et de 279 pour les donatistes, il fixe le lieu et le mode de la conférence. Au nom de tous ses collègues, saint Augustin déclare par écrit que les évêques catholiques sont prêts, s’ils sont convaincus d’erreur, à se démettre de leurs sièges et décidés, s’ils ont gain de cause, à recevoir les évêques donatistes sans exiger leur démission pourvu qu’ils fassent retour à l’unité. On ne pouvait être plus conciliant. De part et d’autre, on désigna sept orateurs chargés de parler au nom de leur parti, sept autres évêques pour assister les premiers, et quatre autres pour surveiller l’exactitude du compte rendu de chaque séance. Parmi les orateurs du parti catholique se trouvèrent Aurélius de Carthage, Augustin d’IIippone, Alypius de Tagaste et Possidius de Calama, pour ne nommer que les principaux ; parmi ceux du parti donatiste, Primien de Carthage, Pétilien de Constantine, Émérite deCésarée.

Les réunions, au nombre de trois, n’allèrent pas sans contestations ni chicanes de la part des donatistes. Mais bon gré mal gré, il fallut en venir, pour établir la vérité des faits quant aux origines du schisme, à la production et à la lecture des documents officiels, puis, pour le fond doctrinal du débat, à une discussion des principes invoqués par les donatistes et des conséquences erronées qu’ils en tiraient. Ce n’est qu’à la troisième séance que saint Augustin put aborder le coté doctrinal. Il prouva que l’Église, tant qu’elle est sur la terre, peut compter des pécheurs dans son sein sans rien perdre de si sainteté, la présence de quelques pécheurs ne pouvant pas nuire à la communion catholique. Là (’lait le point capital qui tranchait le différend, et non dans des questions secondaires ou de futiles détails. Il obligea les donatistes à reconnaître cette vérité en leur prouvant que c’était sur ce principe même qu’ils avaient basé leur conduite à l’égard des maximianistes. La cause était des lors entendue et Marcellin, au nom de l’empereur, put procéderai ! pro noncé de la sentence, en connaissance de cause : il donna raison aux catholiques et tort aux donatistes. En conséquence, ces derniers devaient faire retour à l’unité, sous peine, s’ils s’y refusaient, d’encourir les pénalités déjà prescrites, la confiscation des édifices religieux et de leurs biens, la prison ou l’exil.

Cette sentence, d’une équité parfaite, aurait dû mettre un terme final au schisme qui durait depuis un siècle. Elle amena, il est vrai, de nombreux retours, mais ne supprima pas pour autant le mal. Ouelques obstinés, plus mécontents que jamais, recoururent à leur procédé habituel. Jetant calomnieusement la suspicion sur Marcellin, ils en appelèrent à l’empereur. Vaine tentative. Dès que les actes officiels de la conférence lui furent parvenus, Ilonorius, le 30 janvier 412, rejeta l’appel des donatistes et précisa les peines qui allaient être appliquées aux récalcitrants. Code théodosien, XVI, tit. v, 1. 52. Deux ans plus tard, le 22 juin 414, il déclarait infâmes les donatistes, ibid., 1. 54, et le 30 août suivant il ratifia pleinement les actes de la conférence et déclara bien jugé ce qu’avait fait Marcellinus, qui venait d’être mis à mort, le 12 septembre 413 : Notione et sollicitudine Marcellini, spectabilis mémorial viri, contra donalislas gesla sunt ea qnae translata in publica monumenla habere vol a mus perpétuant lirmilalem.Neque enim morte Cognitoris perire débet publica fuies. Ibid., 1. 55.

Il » Résistance des donatistes. — C’était le propre de cette race d’obstinés, qui se croyaient infaillibles et ne consentaient pas à reconnaître leur égarement, de nier l’évidence et de ne se soumettre à aucun jugement défavorable, qu’il vînt des catholiques ou du pouvoir civil. Ils recoururent donc à leurs procédés habituels, à la calomnie et à la violence ; ils se rendirent de nouveau coupables de crimes alroces. C’est ainsi que, dans le diocèse d’IIippone, ils tuèrent le prêtre Restitutus, enlevèrent un œil et coupèrent un doigt au prêtre Innocent. S. Augustin, Epist., CXXXIII, 1, P. L., t. xxxiii, col. 509. C’est ainsi encore qu’ils arrachèrent la langue à Ilogat, l’un de leurs évêques qui s’était converti. Epist., ci.xxxv, 30, P. L., t. xxxiii, col. 806 ; De gest. cum Emerito, 9, P. L., t. xliii, col. 703-704. D’aussi horribles crimes criaient vengeance, et la justice ne se montra guère disposée à les tolérer ; elle fut impitoyable. A plusieurs reprises, saint Augustin intervint pour modérer la sévérité de ses sentences, Epist., cxxxiii, cxxxiv, cxxxix ; il suppliait qu’on ne punit pas de la peine capitale les coupables, mais simplement qu’on leur ôlât le pouvoir de nuire en leur accordant le temps de faire pénitence.

12" Saint Augustin continue à combattre les donatistes. — L’évêque d’IIippone, malgré ses nombreux travaux et tant d’autres affaires qui sollicitaient sa vigilance et ses soins, ne perdit pas de vue les donatistes. Il jugea nécessaire d’intervenir encore à plusieurs reprises pour dissiper certains préjugés persistants, vaincre des résistances qui n’avaient plus leur raison d’être et compléter, si possible, la défaite du parti. Dans sa lettre à Iioniface, Epist., ci.xxxv, il ruine une fois de plus les faux raisonnements du donatisme ; il insiste sur la justice, l’utilité et la nécessité des lois portées par Ilonorius contre les donatistes et il prie le cointe de corriger et surtout de guérir les malheureux. Puis, pour mettre le public au courant de ce qui s’était passé à la conférence de 411, il compose le Breviculus collationis cum donatislis. Il adresse aux laïques un Liber ad donatistas post collationem pour les inviter plus que jamais à l’union et les mettre en garde contre les bruits calomnieux et intéressés que faisaient courir les évêques du parti condamné. Au nom de ses collègues du synode de Zerta, il écrivait entre autres choses ces paroles qui jettent la lumière sur l’attitude louche des donatistes pendant la conférence : « Ceux de vos