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DONATISME


cien et Prétextât, se sont mis en contradiction avec eux-mêmes et se sont donné absolument tort ; Epist., i.xxvi, où il rappelle les trois jugements en faveur de Cécilien, les crimes d’Optat, l’histoire récente des maximianistes. Voir t. i, col. 2294-2296.

Changement de lactique.

Augustin avait beau parler, écrire et composer, les donatistes ne se montrèrent guère décidés à entrer en pourparlers. Aux mesures conciliantes proposées, à l’invitation réitérée de vider le différend dans une conférence contradictoire, ils fermèrent obstinément l’oreille ; aux lettres et aux traités de l’évêque dllippone ils répondirent par des accusations mensongères, des libelles injurieux, surtout par un redoublement d’attaques violentes contre les catholiques, irrités qu’ils étaient d’une loi récente de Théodose, de 392, Code théodosien, XVI, tit. v, I. 21, qui les condamnait à l’amende et à d’autres pénalités, et de celle d’Honorius, de 398, contre les envahisseurs d’églises et de biens privés. Code théodosien, XVI, tit. ii, 1. 31 ; P. L., t. xi, col. 1192 ; Cont. Cresc, iii, 51, P. L., t. xliii, col. 524 ; Epist., clxxxv, 25, P. L., t. XXXIII, col. 804. Saint Augustin dut constater, à l’expérience, sinon l’inutilité de ses procédés, du moins leur insuccès auprès de gens aussi irritables et vindicatifs. Lui-même n’avait pas été sans courir un grave danger de la part des circoncellions toujours entreprenants ; son ami Possidius, évêque de Calama, n’avait dû le salut qu’à sa fuite, Cont. Cresc., iii, 50, P. L., t. xliii, col. 523 ; moins heureux, son collègue de Bagaï, Maximien, avait été horriblement maltraité et laissé pour mort. Cont. Cresc, ni, 47, col. 521. Il n’y avait plus de sécurité nulle part ; la force publique seule pouvait réduire ces malfaiteurs. Nonduni, écrirat-il plus tard, expertus eram vel quantum mali eorum auderet impiniitas, vel quantum in eis in nielius mutandis conferre possit diligenlia disciplinée. Retracl., II, v, P. L., t. XXXII, col. 632. Aussi, sans renoncer à son projet d’une conférence, en vint-il peu à peu au Compelle intrare qu’on lui a tant reproché, mais qui, dans sa pensée toujours inspirée par la mansuétude évangélique, ne devait dans aucun cas aller jusqu’à l’effusion du sang et à la peine capitale, car il ne cessa jamais de protester dans la suite contre les excès de la répression, bien qu’ils fussent excusés par la résistance obstinée et par les crimes des schismatiques.

Intervention de l’autorité publique.

Coûte que coûte, il fallait aviser. Aussi, au concile tenu en juin 404 à Carthage, fut-il décidé qu’on enverrait à l’empereur deux évêques pour lui exposer le refus de tout colloque de la part des donatistes, le redoublement de leurs déprédations et de leurs atrocités, et solliciter l’application des lois de Théodose. P. L., t. XI, col. 1202-1203 ; t. xliii, col. 812. Ces deux évéques seront traités par Pétilien, à la conférence de 411, d’émissaires des traditeurs, d’ambassadeurs et de ministres de leur cruauté, qui allaient partout semant la terreur, les dangers et la mort. Or, avant même l’arrivée de ces délégués, l’empereur Honorius, en février 405, avait édicté une loi suivie de quelques autres et connue sous le nom d’édit de l’unité, contre les donatistes récalcitrants et révoltés. Code théodosien, XVI, tit. ii, 1. 2 ; tit. v, 1. 38, 39 ; tit. vi, I. 4, 5. Le bienfait s’en fit sentir aussitôt à Carthage et dans la Proconsulaire, Epist., xciii, P. L., t. xxxiii, col. 321 sq. ; Cont. Cresc, ni, 71, P. L., t. xliii, col. 535, si bien que les évoques catholiques, réunis à Carthage dans le courant de cette même année, remercièrent l’empereur de son heureuse intervention et le prièrent de nouveau d’obliger les donatistes à accepter enfin cette conférence, dont ils auguraient les meilleurs résultats. Saint Augustin se félicitait des succès partiels de cette législation récente. « Beaucoup, disait il, sont heureux qu’on les ait obligés à se convertir, afin de donner moins de prétexte aux circoncellions pour les persécuter. » Epist., cv, P. L., t. xxxiii, col. 396 sq. « Les lois, dit-il ailleurs, Epist., clxxxv, en ont ramené et en ramènent chaque jour plusieurs qui rendent grâces à Dieu de se voir revenus d’une fureur si pernicieuse (celle des circoncellions), qui aiment ce qu’ils détestaient, qui, depuis qu’ils sont guéris, se louent de la violence salutaire dont ils se plaignaient si fort dans l’accès de leur frénésie, et qui, remplis de la même charité que nous avons eue pour eux, se joignent actuellement à nous pour demander qu’on traite comme eux ceux qui résistent encore et avec lesquels ils se sont vus en danger de se perdre. L’expérience, en effet, nous a appris et nous fait constater encore chaque jour qu’il a été utile et salutaire à plusieurs d’être forcés par la crainte et même par quelques peines, et que c’est ce qui les a mis en état de s’instruire de la vérité ou de la suivre lorsqu’ils la connaissaient. » Voir t. i, col. 2277-2280.

8° Saint Augustin poursuit sa campagne de lettres et de traités pour étendre les quelques avantages obtenus. Il compose quatre livres Contra Cresconium grammalicum partis Donati, P. L., t. xliii, qui avait blâmé ce qu’il appelait l’abus de son éloquence et de sa dialectique, et qui lui reprochait son esprit de contention et son peu de modération à l’égard de Pétilien. Puis, coup sur coup, il écrit un livre Probationum et testinwniorum contra donalistas, ou collection d’actes publics et de documents civils et ecclésiastiques relatifs au donalisme ; un autre Contra donatestamentscio quem, en réponse à un anonyme qui avait attaqué l’ouvrage précédent ; une Admonitio donatislarum de maximianislis et un De maximianistis. Retract., II, xxvn-xxix, xxxv, P. L., t. xxxii, col. 641, 642. 645. Ces quatre derniers ouvrages sont perdus.

D’autant plus irrités que leurs rangs s’éclaircissaient par de nombreuses conversions, donatistes et circoncellions redoublaient leurs attaques et leurs cruels attentats. Saint Augustin s’en plaint. Epist., i.xxxvni, 8, P. /--, t. XXXHI, col. 302 ; cf. Cont. Cresc, ni, 46. Ils profitèrent surtout de l’assassinat de Stilicon, en 408, pour faire courir le bruit que les lois, dont ce général avait poursuivi l’exécution, n’avaient plus de valeur ; en conséquence, ils multiplièrent leurs sévices contre les catholiques et assassinèrent quelques-uns de leurs évêques. Epist., xliii, cv, P. L., t. xxxiii, col. 351, 396. Augustin écrit aussitôt au proconsul d’Afrique, Donat, pour le prier de contenir ces factieux et de leur prouver que les lois de répression tiennent toujours. Epist., c, col. 361.

Action de l’empereur.

A la nouvelle de tant de crimes, Honorius n’attendit pas. Le 10 janvier 409, il donnait l’ordre d’exécuter contre les donatistes toutes les lois portées contre eux et de leur appliquer toutes les pénalités prescrites, l’amende, la perte des charges, la confiscation, l’exil. Code théodosien, XVI, tit. v, 1. 46. Nouvelle loi, le 26 juin 409, déclarant sans effet tout ce que les donatistes avaient pu obtenir au préjudice des lois. Code théodosien, XVI, tit. v, 1. 47. Puis, la même année, revirement complet et changement de front. Sans qu’on sache pourquoi ni sous quelle influence, l’empereur abroge toutes les mesures prises et rend la liberté aux donatistes. L’expérience du passé aurait dû faire prévoir ce qui allait en résulter. Comme jadis, sous Constantin, ce nouvel édit de tolérance ne fit que donner une confiance et une audace nouvelles à ces fanatiques depuis si longtemps habitués à imposer leur volonté par la force. Aussi leurs excès devinrent-ils bientôt absolument intolérables. Le 10 août 410, les évéques catholiques réunis en concile à Carthage décidèrent d’insister auprès d’Honorius pour